Les résultats des élections régionales sont, quelque soit la manière dont on les analyse une claque pour l’UMP et l’on doit se demander quelles sont les raisons de cette situation. Je pense qu’il ya d’abord le rejet de la façon dont Sarkozy remplit son rôle entre agitation vaine, promesses non tenues ou mal tenues et contradiction entre le discours et les faits.
Il y a aussi le fait que chacun se rend compte que sa politique fiscale (bouclier fiscal et heures supplémentaires) particulièrement injuste n’a pas remplie son prétendu objectif : a savoir favoriser l’emploi.
Il y a aussi ce débat nauséeux sur l’identité nationale, mal mené et qui a laissé s’exprimer les sentiments les plus bas. Le Front National en a certainement profité, les électeurs préférant l’original à la maladroite copie.
Enfin et ce n’est pas la moindre des raisons, Sarkozy a voulu brouiller les pistes entre droite et gauche avec sa politique d’ouverture et de débauchage. Cela n’a absolument pas marché et un des exemples de cet échec programmé est évident dans la Région avec la situation du Nouveau Centre et de la gauche moderne !
La position d’Yves Urieta est ainsi assez symptomatique. Il s’est présenté aux élections municipales de Pau à la tête d’une liste qui comprenait de nombreux UMP, l’UMP au demeurant et tout a fait exceptionnellement ne présentant elle-même aucune liste,et il a toujours expliqué cette candidature comme étant dans le droit fil de l’Association « Convergences » qu’il avait créée il y a plusieurs années.
Depuis il a rejoint la Gauche Moderne de Bockel, lui aussi, transfuge du Parti Socialiste et il continue de prétendre qu’il est fidèle à sa démarche de « Convergences » et que c’est une autre façon de faire de la politique.
La vision d’Yves Urieta derrière Darcos lors de la dernière campagne des régionales m’à peiné. Je ne reconnaissais plus celui que j’avais connu.
Je pense que son positionnement est dicté par ses qualités humaines indiscutables. Yves Urieta, que je connais bien et depuis longtemps est un humaniste, soucieux de rapprocher et de dialoguer.
C’est une démarche que j’ai moi-même approuvé et qui me convenait bien et j’ai fait partie de « Convergences » qui était un lieu où pouvaient se retrouver des hommes venus d’horizons différents, de religion et d’idées diverses. C’était une sorte de « Club de réflexion » bien utile à un moment où les affrontements politiques notamment droite/gauche étaient assez vifs et Yves Urieta avait eu le mérite, à l’époque, d’ouvrir des portes.
Mais ce qui était un excellent lieu de débat ouvert ne pouvait pas devenir, comme l’a cru Yves Urieta, un positionnement politique.
C’est là la grande erreur qu’il a commise et qui fait qu’en réalité aujourd’hui, et quelque soit ses dénégations, il est maintenant positionné à droite avec l’UMP.
En effet ce qui est possible dans un Club de réflexion où l’on peut aborder tous les problèmes et entendre les avis les plus éloignés, n’est pas viable en politique où il faut des rapports de force pour faire prévaloir des valeurs et trancher entre des positions nécessairement différentes.
Ainsi on peut très bien organiser un colloque sur le bouclier fiscal où l’on entendra toutes les positions, mais, le moment venu, en politique, il s’agira de trancher et il y aura sur ce thème, et heureusement comme sur beaucoup d’autres, une position de droite et une position de gauche.
Monsieur Bockel en appartenant à ce gouvernement est, qu’il le veuille ou non, solidaire du bouclier fiscal et c’est tout sauf une position que la gauche peut admettre. Ainsi prétendre que l’on est encore de gauche, dans ce cas, est une illusion pour soi-même et une tromperie pour les autres.
Cette position d’Yves Urieta a, aussi, comme conséquence, et ce n’est pas la moindre, de diluer les clivages politiques et d’affaiblir ainsi la valeur du véritable débat politique.
Quand on laisse entendre, contre toute vérité, que le gouvernement de l’UMP fait une politique que des hommes de gauche pourraient soutenir, on enlève au débat politique toute consistance et on éloigne l’électeur et, à l’inverse, si l’on admet l’évidence c’est à dire que ce gouvernement fait une politique de droite et que l’on y est associé, il n’est plus permis de se dire de gauche.
Je trouve donc extrêmement regrettable que l’idée généreuse et intelligente de faire dialoguer des gens d’horizons différents ait conduit Yves Urieta, au prix d’une grave erreur d’analyse, à oublier qu’après le débat il y a le choix et que son choix l’ait conduit à soutenir une politique de droite.
Et tout cela n’a visiblement pas servi l’UMP, les électeurs n’ayant pas admis ces errements politiques.