Albert
Camus : Littérature et politique de Jean Yves Guérin vient de paraître aux
éditions Champion Classiques et je viens d’en terminer la lecture. Pour dire le
vrai je n’y ai rien appris de nouveau mais cela m’a confirmé dans l’idée que
Camus est un de ceux qui a le mieux vu les problèmes de son siècle et ses
analyses sont encore d’actualité. Il a, en effet, été très critique contre les
idéologies du Xx° siècle et notamment contre le communisme dont il a vu les
dérives alors que tant d’intellectuels se sont gravement fourvoyés. Mais ce
qu’il dit des idéologies de l’époque
peut être repris aujourd’hui contre les idéologies liberticide et mortifère du
moment je pense bien sûr à l’islamisme politique, ce cancer de notre époque.
Camus
s’est toujours intéressé de très prés à la politique et il a beaucoup appris en
étant journaliste, un journaliste honnête, sachant écrire et qui tire les
leçons de ce qu’il constate. A travers les faits divers et les affaires
judiciaires il comprend la politique. On se souviendra de ces articles qui ont
fait date sur la »Misère en Kabylie » et dont j’ai longuement parlé
dans mon livre : « Albert camus et les Algériens ».
Camus
est aussi confronté avec les horreurs de son temps le nazisme, les camps,
l’épuration mais également les camps soviétiques qu’il est assez seul à
condamner avec force.
Il
y a dans tous ses écrits, journalistiques mais aussi de fiction une analyse et
une condamnation des idéologies totalitaires. C’est ainsi que la Peste est un
roman, pour l’essentiel, sur le totalitarisme et sur qu’il faut faire pour le
combattre.
Par
petites touches dans la Peste, Caligula, l’Etat de siège, les Justes il cerne
la question du totalitarisme qui a été le cancer du XX° siècle mais qui renaît aujourd’hui sous une autre
forme : l’islamisme.
On
lira avec intérêt les pages 181 à 185 ou l’auteur fait l’analyse de la démarche
de Camus. Camus montre notamment que « A mesure que l’idéologie se
systématise, les inhibiteurs éthiques et culturels cèdent. Camus pose un lien
entre l’esprit d’orthodoxie et l’Etat totalitaire. D’où la féconde notion de
« théocraties totalitaires » et à un moment il parle de manière
significative, a propos du nazisme qui est le régime de « la destruction
des âmes » Peut on mieux dire ? Et est-ce que cela ne vous rappelle
pas quelque chose de très actuel ?
Et
dans le fond sa pensée profonde qui montre la difficulté de la question est
contenue dans cette phrase essentielle : « «
Si l'homme échoue à concilier la justice et la liberté, alors il échoue à tout.
» Voilà qui nous donne une grille de lecture des politiques.
Il y a donc beaucoup a
apprendre de camus et il permet une réflexion sur des questions qui sont,
malheureusement, encore d’actualité.
Je n’évoque pas ici
les pages captivantes aussi concernant les rapports de Camus avec l’Algérie sur
le plan politique ni son rôle pendant la
guerre.