Une amie vient de m'offrir L'or de l'écrivain suisse Blaise Cendrars et j'ai commencé par la préface de Francis Lacassin qui est une réflexion sur les rapports de l'histoire et de la littérature, sur un travail universitaire et une oeuvre littéraire. C'est une question que j'avais déjà rencontré lors de mes lectures de Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar. Blaise Cendrars raconte, à sa manière, la vie du Général Sutter qui fut celui qui rattacha la Californie, autrefois dirigée par les Espagnols aux Etats Unis d'Amérique et qui très riche fut ensuite ruiné par la découverte de l'or dans cette contrée. Des universitaires ont raconté cette histoire et ont donné mille détails mais c'est Blaise Cendrars qui a fait revivre ce général tout en commettant mille petites erreurs factuels. Dans les travaux universitaires le Général Sutter succombe sous les détail et revit dans le roman de l'écrivain suisse.
Le roman quant à lui est une épopée et l'on suit ce Sutter venu de sa Suisse natale en Amérique et qui va conquérir la Californie. Quant on connaît un peu , ne serait-ce que par les photos la Californie d'aujourd'hui on a du mal a imaginer ce qu'était ce territoire lorsque Sutter l'aborde. On ne peut qu'admirer son énergie , son intelligence des situations et des hommes dans cette contrée où tout est à faire. L'amie qui m'a offert ce livre m'a dit en me le donnant qu'il évoquerait ,pour moi, les ancêtres Suisses partis aussi en Algérie un peu comme des pionniers et qui sont arrivés dans un Setif où tout était à construire. Lisant le roman de Blaise Cendras je mesure, en effet, ce qu'il leur a fallu de courage, de persévérance , de lutte permanente pour arriver a créer les domaines qui furent ceux de la Compagnie Genevoise des colonies Suisses de Sétif et encore dans ce lien une histoire plus complète
Mais dans le roman ce qu'il y a de tragique c'est que toute l'oeuvre accompli par Sutter allait lui être arrachée par la découverte sur ces terres de l'or. Aussitôt ce fut la ruée d'une foule innombrable.
Le roman revient sur les péripéties de cette vie extraordinaire, sur le procès qu'il intente pour faire reconnaître ses droits sur les terrains sur lesquels s'est bâtie la ville de San Francisco. Il gagne ce procès mais cela ne lui servira a rien car il ne sera jamais exécuté.
On assiste à ses dernières démarches auprés des autorités. C'est un viel homme qui a perdu toute sa famille et qui passe maintenant pour un fou.
Il meurt en 1830 et il ne lui reste absolument plus rien de la prodigieuse fortune qu'il avait réussi a se constituer.
Le roman est passionnant et peu importe si l'auteur a pris de nombreuses libertés avec la réalité. Je pense que l'on prend mieux la mesure de cet individu hors du commun dans ce roman que dans les biographies savantes qui lui ont été consacrées.
Ce blog est consacré à mes coups de coeur dans l'actualité, dans la littérature et dans mes voyages
samedi 25 août 2018
mardi 21 août 2018
La corrida
Deux entrées récentes sur Facebook m’ont fait réagir. La première évoque un entretien avec un « philosophe » dans un journal du midi dans lequel il défend la corrida et la rédaction lui fait dire que « supprimer la corrida serait un assassinat » rien de moins !
La seconde entrée évoque, photo à l’appui, la présence de l’évêque de Bayonne dans son habit de cérémonie à une corrida.
J’avoue que j’ai réagi, assez vivement, a ces entrées mais, dans le fond sur un mode émotionnel puisque je suis résolument hostile à la corrida depuis toujours.
J’ai voulu dépasser ces réaction spontanées et émotives et réfléchir, de nouveau , à la question et je dois avouer que je n’ai pas trouvé un seul argument qui puisse justifier ces cruautés infligés sans utilité à des animaux.
Reprenons les arguments des partisans de cette cruauté.
Il y a d’abord et toujours mise en avant le respect de la tradition et d’ailleurs la loi Gramont justifie la corrida dans quelques lieux en France au nom d’une « tradition durable ».
Pour moi cet appel à la tradition ne vaut absolument rien. La progrès moral des peuples et le progrès tout court s’est toujours fait en rompant avec les traditions anciennes héritées de temps d’ignorance. Dans la Rome antique et ailleurs les jeux du cirque qui mettaient en jeux la vie d’animaux mais aussi d’hommes constituaient une solide tradition. Elle a été heureusement mise à néant parle progrès des peuples. Qui le te contesterai aujourd’hui ?
Dans certains pays la tradition est d’exciser les petites filles. Doit-on au nom du respect dû à la tradition l’accepter ? Evidemment non.
Il n’ y a guère , dans nos campagnes ,la femme ne s’asseyait pas a table et servait le mari. Devait-on respecter cette belle tradition ancienne ?
Malgré l’absence de texte juridique aucune femme n’a été ,très longtemps, admise à l’Académie française au nom de la tradition. Aurait-il fallu continuer ?
Marguerite Yourcenar (qui au passage était résolument hostile à toute souffrance animale) qui fut la première a être admise à l’Académie a évoqué, avec une forme d’ironie ,la place de la tradition dans son magnifique discours de réception
« D’autre part j’ai trop le respect de la tradition, là, où elle est encore vivante, puissante et, si j’ose dire, susceptible, pour ne pas comprendre ceux qui résistent aux innovations vers lesquelles les pousse ce qu’on appelle l’esprit du temps , qui n’est souvent je le leur concède, que la mode du temps……. » et après avoir donné son coup de chapeau aux vieux académiciens elle s’attarde sur toutes les femmes qui auraient dû recevoir avant elles cet honneur !
Par conséquent ce premier argument de la tradition est absolument sans portée ,il n’est que le conservatisme, le dogmatisme semblable a celui des Eglises et qui a été, fort justement combattu.
Le second argument des partisans est le recours à l’esthétique, à la beauté du spectacle dans le sable, sous le ciel bleu et au milieu d’une musique a flonflon et dans le rouge et jaune des couleurs de l’Espagne ! Et cette beauté devrait selon eux faire oublier la cruauté non pas seulement de la mort qui n’est qu’un mauvais passage mais de tout ce qui précède : la cruauté des engins destinés a meurtrir la chair du taureau, a faire ne sorte de le stresser au maximum. Ah vraiment elles sont belles, en effet les piques semblables a d’horribles hameçons qui s’enfoncent dans les chairs mais qui, il est vrai sont si joliment surmontés de décorations rouges et jaunes
Ces mêmes qui admirent l’esthétique de la corrida s’offusquent, sans doute et pince le nez, quand on évoque Céline et son antisémitisme écœurant Mais la beauté du style ne devrait-elle pas justifier à leurs yeux les pires ignominies!
En conclusion je ne pense pas que la beauté ou la jouissance que donne un spectacle puisse justifier la cruauté et la souffrance animale. Une telle beauté est salie et n’est plus la beauté.
Je rappellerai que l’on connaît des assassins qui jouissent de la souffrance de leurs victimes et il ne viendrait à l’idée de personne de justifier leur crime par la jouissance qu’ils en obtiennent
Il y a, enfin, deux derniers arguments : l’argument économique et celui prétendument « écologique ».
L’argument économique est d’ailleurs celui qui a le plus de succès et notamment auprès des élus. La corrida est, en effet, une affaire à la fois pour ses divers participants et pour les endroits où elle se déroule. Cela est indéniable. Mais cet argument peut-il justifier la souffrance infligée ?
Je rappellerai seulement que l’esclavage des noirs d’Afrique a été une grande affaire économique, et qu’il a enrichi des familles et des villes a un point assez difficile a imaginer. Aurait t on dû maintenir l’esclavage pour autant ? Évidement les taureaux ne sont pas des hommes et ils ne peuvent ni se révolter ni se plaindre.
Enfin il y a le dernier argument hypocrite et cynique qui se voudrait écologique !
Faute de corridas on n’élèvera plus de taureaux de combats et ces magnifiques animaux n’existeront plus ! Et puis, pensez y ,certes il meurt dans l’arène mais auparavant ils ont eu une vie de rêve dans les prés verts. Mais que ne les laisse t on pas terminer leur vie dans les prés verts si on se soucie tant de leur bien être ? Et puis s’ils ne viennent pas au monde qu’elle importance et ne doivent-ils y venir ,dans ce monde, que pour justifier que quelques hommes se repaissent du spectacle de la cruauté et de la mort. Belle raison en vérité !
Enfin qu’un évêque assiste en grande tenue à une corrida cela peut , en effet ,choquer mais cela n’étonnera pas ceux qui savent que l’Eglise peut faire bien pire et n’a t on pas vu, en Espagne l’Eglise d’Espagne bénir les fusils qui allaient tuer les républicains !
En conclusion je dirai que j'adhère entièrement a cette phrase : "
"La tauromachie est l'art scélérat et vénal de torturer et de mettre à mort des animaux (...), elle est une fête de la douleur et de la mort.
La seconde entrée évoque, photo à l’appui, la présence de l’évêque de Bayonne dans son habit de cérémonie à une corrida.
J’avoue que j’ai réagi, assez vivement, a ces entrées mais, dans le fond sur un mode émotionnel puisque je suis résolument hostile à la corrida depuis toujours.
J’ai voulu dépasser ces réaction spontanées et émotives et réfléchir, de nouveau , à la question et je dois avouer que je n’ai pas trouvé un seul argument qui puisse justifier ces cruautés infligés sans utilité à des animaux.
Reprenons les arguments des partisans de cette cruauté.
Il y a d’abord et toujours mise en avant le respect de la tradition et d’ailleurs la loi Gramont justifie la corrida dans quelques lieux en France au nom d’une « tradition durable ».
Pour moi cet appel à la tradition ne vaut absolument rien. La progrès moral des peuples et le progrès tout court s’est toujours fait en rompant avec les traditions anciennes héritées de temps d’ignorance. Dans la Rome antique et ailleurs les jeux du cirque qui mettaient en jeux la vie d’animaux mais aussi d’hommes constituaient une solide tradition. Elle a été heureusement mise à néant parle progrès des peuples. Qui le te contesterai aujourd’hui ?
Dans certains pays la tradition est d’exciser les petites filles. Doit-on au nom du respect dû à la tradition l’accepter ? Evidemment non.
Il n’ y a guère , dans nos campagnes ,la femme ne s’asseyait pas a table et servait le mari. Devait-on respecter cette belle tradition ancienne ?
Malgré l’absence de texte juridique aucune femme n’a été ,très longtemps, admise à l’Académie française au nom de la tradition. Aurait-il fallu continuer ?
Marguerite Yourcenar (qui au passage était résolument hostile à toute souffrance animale) qui fut la première a être admise à l’Académie a évoqué, avec une forme d’ironie ,la place de la tradition dans son magnifique discours de réception
« D’autre part j’ai trop le respect de la tradition, là, où elle est encore vivante, puissante et, si j’ose dire, susceptible, pour ne pas comprendre ceux qui résistent aux innovations vers lesquelles les pousse ce qu’on appelle l’esprit du temps , qui n’est souvent je le leur concède, que la mode du temps……. » et après avoir donné son coup de chapeau aux vieux académiciens elle s’attarde sur toutes les femmes qui auraient dû recevoir avant elles cet honneur !
Par conséquent ce premier argument de la tradition est absolument sans portée ,il n’est que le conservatisme, le dogmatisme semblable a celui des Eglises et qui a été, fort justement combattu.
Le second argument des partisans est le recours à l’esthétique, à la beauté du spectacle dans le sable, sous le ciel bleu et au milieu d’une musique a flonflon et dans le rouge et jaune des couleurs de l’Espagne ! Et cette beauté devrait selon eux faire oublier la cruauté non pas seulement de la mort qui n’est qu’un mauvais passage mais de tout ce qui précède : la cruauté des engins destinés a meurtrir la chair du taureau, a faire ne sorte de le stresser au maximum. Ah vraiment elles sont belles, en effet les piques semblables a d’horribles hameçons qui s’enfoncent dans les chairs mais qui, il est vrai sont si joliment surmontés de décorations rouges et jaunes
Ces mêmes qui admirent l’esthétique de la corrida s’offusquent, sans doute et pince le nez, quand on évoque Céline et son antisémitisme écœurant Mais la beauté du style ne devrait-elle pas justifier à leurs yeux les pires ignominies!
En conclusion je ne pense pas que la beauté ou la jouissance que donne un spectacle puisse justifier la cruauté et la souffrance animale. Une telle beauté est salie et n’est plus la beauté.
Je rappellerai que l’on connaît des assassins qui jouissent de la souffrance de leurs victimes et il ne viendrait à l’idée de personne de justifier leur crime par la jouissance qu’ils en obtiennent
Il y a, enfin, deux derniers arguments : l’argument économique et celui prétendument « écologique ».
L’argument économique est d’ailleurs celui qui a le plus de succès et notamment auprès des élus. La corrida est, en effet, une affaire à la fois pour ses divers participants et pour les endroits où elle se déroule. Cela est indéniable. Mais cet argument peut-il justifier la souffrance infligée ?
Je rappellerai seulement que l’esclavage des noirs d’Afrique a été une grande affaire économique, et qu’il a enrichi des familles et des villes a un point assez difficile a imaginer. Aurait t on dû maintenir l’esclavage pour autant ? Évidement les taureaux ne sont pas des hommes et ils ne peuvent ni se révolter ni se plaindre.
Enfin il y a le dernier argument hypocrite et cynique qui se voudrait écologique !
Faute de corridas on n’élèvera plus de taureaux de combats et ces magnifiques animaux n’existeront plus ! Et puis, pensez y ,certes il meurt dans l’arène mais auparavant ils ont eu une vie de rêve dans les prés verts. Mais que ne les laisse t on pas terminer leur vie dans les prés verts si on se soucie tant de leur bien être ? Et puis s’ils ne viennent pas au monde qu’elle importance et ne doivent-ils y venir ,dans ce monde, que pour justifier que quelques hommes se repaissent du spectacle de la cruauté et de la mort. Belle raison en vérité !
Enfin qu’un évêque assiste en grande tenue à une corrida cela peut , en effet ,choquer mais cela n’étonnera pas ceux qui savent que l’Eglise peut faire bien pire et n’a t on pas vu, en Espagne l’Eglise d’Espagne bénir les fusils qui allaient tuer les républicains !
En conclusion je dirai que j'adhère entièrement a cette phrase : "
"La tauromachie est l'art scélérat et vénal de torturer et de mettre à mort des animaux (...), elle est une fête de la douleur et de la mort.
En cela, la tauromachie constitue un défi majeur à la morale, à l'éducation, à la science et à la culture."
Alfred Kastler
vendredi 10 août 2018
Fatrasies de Jacques Rouviere
Des amis m'on prêté un petit livre édité par Jacques Rouviere aux éditions de la Société des écrivains. Ils me l'on prêté parce que c'est une forme d'édition qui pouvait m’intéresser mais je dois dire que j'ai pris plaisir à lire ce livre.
D'abord j'ai appris ce que signifiait "Fatrasies" car je dois bien avouer que je n'avais jamais rencontré ce mot et j'en ignorais ,évidement, le sens. Au moyen-âge nous dit l'auteur les "fatrasies" comme les "fatras" étaient des poèmes en vers rigidement codifiés dans la forme, par opposition avec le fond, volontiers plus libre.
Le livre se compose de petits récits très variés mais qui tous sont écrits avec humour. On s'amuse mais on apprend aussi et le mérite de ce genre d'ouvrage c'est que vous pouvez le prendre à tous moments et n'importe où.
Il y a de nombreuses petites pièces charmantes comme par exemple "Les funérailles de l’Évêque de la Garenne-Bezons (p.13), "Esprit es-tu là?!" (p.15) ou encore "Lettres de noblesse" (p.41) et enfin " La preuve de l'existence de Dieu" (p.61) de petits morceaux ciselés et qu'on lit en riant.
Enfin je noterai ce "Sonnet a quatre mains" où chaque vers est d'un poète différent et qui donne un ensemble très homogène. Le lecteur aurait du mal, sans la solution que donne l'auteur a reconnaître des poètes différents a chaque vers! (p.31)
Au total ce livre fait passer un bon moment et il est de ceux que l'on devrait emporter pour un voyage en train ou en avion ou pour se distraire en vacances au bord de sa piscine.
D'abord j'ai appris ce que signifiait "Fatrasies" car je dois bien avouer que je n'avais jamais rencontré ce mot et j'en ignorais ,évidement, le sens. Au moyen-âge nous dit l'auteur les "fatrasies" comme les "fatras" étaient des poèmes en vers rigidement codifiés dans la forme, par opposition avec le fond, volontiers plus libre.
Le livre se compose de petits récits très variés mais qui tous sont écrits avec humour. On s'amuse mais on apprend aussi et le mérite de ce genre d'ouvrage c'est que vous pouvez le prendre à tous moments et n'importe où.
Il y a de nombreuses petites pièces charmantes comme par exemple "Les funérailles de l’Évêque de la Garenne-Bezons (p.13), "Esprit es-tu là?!" (p.15) ou encore "Lettres de noblesse" (p.41) et enfin " La preuve de l'existence de Dieu" (p.61) de petits morceaux ciselés et qu'on lit en riant.
Enfin je noterai ce "Sonnet a quatre mains" où chaque vers est d'un poète différent et qui donne un ensemble très homogène. Le lecteur aurait du mal, sans la solution que donne l'auteur a reconnaître des poètes différents a chaque vers! (p.31)
Au total ce livre fait passer un bon moment et il est de ceux que l'on devrait emporter pour un voyage en train ou en avion ou pour se distraire en vacances au bord de sa piscine.