Ce blog est consacré à mes coups de coeur dans l'actualité, dans la littérature et dans mes voyages
jeudi 30 janvier 2020
Franck Conroy: Corps et âmes
Je dédie l'entrée de ce blog à Anis, Ons et Laïla qui connaissent la musique et son pouvoir.
Ce roman de Franck Conroy est tout a fait superbe. Il a été publié en France dans la collection Folio. C'est 'histoire d'un jeune enfant, né dans un milieu défavorisé etqui découvre et dont on découvre qu'il a un don extraordinaire por la musique, la musique dans toutes ses formes: classique, mais aussi Jazz, et même sériel! Une sorte de Mozart et celui-là n'est pas assassiné pour reprendre l'expression connue. Il trouve sur son chemin des personnes, elles-même très versée dans la musique qui se rendent compte de ses possibilités et qui vont l'aider. Il ya ,notamment un vieux marchand d'instruments de musique très doué et qui va prendre le jeune enfant sous son aile et devenir le père qu'il n'a pas eu., ce monsieur Weinstein dont on connaîtra à la fin la tragique hsitoire. De là l'enfant fera la rencontre de musiciens illustres qui l'aideront de toute les manières et par leurs leçons.
Il fera un parcours superbe en tant qu'interprète mais aussi en tant que compositeur et suivra parallèlement un excellent parcours universitaire .
Ce roman est une prouesse sur le plan de l'écriture car l'auteur entre dans le détail de l'écriture musicale et de son enseignement, il le fait d'une manière technique et pourtant le lecteur n'a pas de mal a suivre et finit ,lui aussi, par comprendre l'esprit de la musique. Personnellement je ne connais rien à la musique et surtout à la technique de son écriture et, pourtant non seulement je n'ai pas eu de mal a suivre mais je crois que j'ai compris certaines choses.
Dans une critique quelqu'un a dit que c'était le grand roman de la musique et il a évoqué aussi le roman de Robert Power: "Quand nous chantions" que j'ai évoqué dans ce blog. Je dirai que le roman de Power me semble plus tourné vers l'environnement , l'histoire et celui-ci plus vers la technique mlusicale proprement dite. Mais de fait ces deux romans sont magnifiques.
Il y a dans Corps et âmes des moments émouvants et drôles comme la collaboration avec le Maestro Frescobaldi un violoniste hors pair et une sorte d'ogre!
Ce que j'ai aussi beaucoup aimé c'est lafaçon dont cet enfant puis ce jeune homme reste humble, gentille, trvailleur acharné malgré une réussite et de rencontres qui auraient pu lui monter à la tête.
On suit ce jeune homme talentueux mais qui a eu la chance de rencontres essentielles jusqu'à ce qu'il retrouve aussi d'où il vient ce que sa mère s'est toujours refusé à lui dire.
Emouvant, beau et fort.
lundi 27 janvier 2020
Philippe Laïk: Sous le soleil les armes.
Les Editions "Le temps des cerises"publie un roman de Philippe Laïk: "Sous le soleil les armes" qui est d'abord un bel objet avec une très joli couverture qui utilise un tableau de Mohammed Khadda: "La femme à la harpe" qui se trouve au musée de Besançon.
Ce livre que j'ai reçu dans le cadre d'une opération "Masse critique " de Babelio je l'ai demandé parce qu’il évoque la guerre d'Algérie et que cette guerre je l'ai vu et subi de mon côté , jeune étudiant né en Algérie.
Le livre s'ouvre sur l'arrivée dans le bled d'un jeune homme de vingt ans, issu d'une famille qui semble aisée e, qui jouissait des plaisirs que donne Paris lorsque''on est jeune et qui se destinait à une carrière dans le cinéma.
Autant dire que le voyage et l’arrivée dans un casernement éloigné de tout , avec la promiscuité, la rudesse des conditions de vie, le mélange des jeunes issus de toutes les catégories sociales est une épreuve et tout cela est fort bien rendu par les premières pages du roman.
Le fait que le jeune homme ait été victime d'une erreur: on a confondu cinéphile et cynophile est assez drôle et le voilà en stage pour devenir maître chien! La petite pause à Pau a touché le palois que je suis qui a retrouvé des lieux connus: L'Hôtel Continental, Chez Ruffet ou encore l'auberge Labarthe! Ce jeune va finir par aimer son chien.... En tous cas de cette guerre tous ces jeunes n'en n'ont rien à faire,ils ne la comprennent pas, beaucoup la trouvent injuste.Cette sale guerre ( mais toute guerre n'est-elle pas sale?) est bien rendue avec ses expéditions,ses morts dont celle de Fable le chien de notre héros, ces militaires de carrière et ces appelés.
L'atmosphère de cette époque avec le rappel des chansons d'alors est très bien rendu. J'ai aussi aimé le rappel du poète Jean Senac qui apparaît ,à plusieurs reprises dans le livre dont le titre est tiré d'un vers du poète. On y voit aussi le drame vu du côté algérien et la fin tragique de l''un des camarades de l'auteur .Cette guerre fut une tragédie et tout dans ce roman , leger par moment , le démontre. Autotal on beau roman qui donne a réfléchir et qui plaira non seulement a ceux qui ignorent tout de ce conflit mauis plus encore a ceux qui l'ont vécu d'un côté ou de l'autre.
Voici une critique
mercredi 22 janvier 2020
Gide et l'affaire Dreyfus
J'ai assisté à une conférence sur Gide et l'affaire Dreyfus qui était donnée par un des biographes de Gide M Franck Lestringant dans une bibliothèque se trouvant pas loin de chez moi dans l'Avenue Parmentier.
Quand il m'est arrivé de parler d'André Gide je résume souvent en disant : "courage et lucidité" or concernant cette affaire si Gide n'a pas manqué de lucidité il a semble t-il manqué de courage où plutôt il a été selon la formule de Sartre d'une' "audace précautionneuse"! Après la lettre fameuse de Zola "J'accuse" il signe en faveur de Dreyfus et autorise la publication de sa signature mais on le sent tout de même gêné par cette affaire.
C'est qu'en réalité il est entouré de deux groupes qui exercent des pressions amicales sur lui. D'un côté sa femme Madeleine, son oncle Charles Gide, professeur d'Economie politique, son ami Léon Blum sont des Dreyfusards convaincus. Par ailleurs il est protestant et les protestants dans leur grande majorité soutiennent Dreyfus.
Mais d'un autre côté Gide est très ami avec Valery , Rouart et Pierre Louis et ceux là sont des antisémites et des réactionnaires déterminés. Gide ne veut pas se fâcher avec eux au point qu'il hésite de parler de l'affaire avec eux et évite de leur dire qu'il a signé!
Le professeur Lestingant nous dit aussi que Gide était légèrement antisémite! Je ne sais ce que c'est qu'être "légèrement" antisémite et je n'ai pas rencontré dans ma lecture de Gide de traces d’antisémitisme mais je ne suis pas un spécialiste.
En bref Gide aura soutenu Dreyfus mais il n'a pas été un intellectuel actif et agissant. Il n'a pas été Zola. On pourra écouter ici une conférence sur ce sujet.
dimanche 19 janvier 2020
La correspondance entre Louis Guilloux et Camus
Cette correspondance vient d'être publié dans la collection Folio et elle nous permet de retrouver Louis Guilloux un écrivain, un peu oublié mais qui a connu de beaux succès dans les années 40-60 avec notamment son roman Le pain noir. Ils ont fait connaissance grâce à Jean Grenier qui fut le professeur de Camus au Lycée Bugeaud et de Guilloux. Camus et Guilloux gardèrent une vive amitié pour Jean Grenier qui est très présent dans cette correspondance.
On se rend compte que Louis Guilloux et Camus furent vraiment très proches, s'écrivant mais se voyant aussi assez souvent, passant des vacances ensemble et se donnant mutuellement des conseils dans tous les domaines et bien sûr pour leurs oeuvres.
Louis Guilloux , breton se rendit avec Camus plusieurs fois en Algérie, déjeuna à Belcourt dans le petit appartement avec la mère de Camus et participa aux journées de Sidi Madani sortes de journées littéraires.
Camus fit visiter Tipaza a son ami Louis et ce dernier eut une réaction surprenante et il trouva que le ciel était trop bleu et qu'il aurait mérité quelques nuages; Quoi d'étonnant de la part d'un breton habitué aux ciels à la "Boudin"!
Le livre contient aussi en annexe la préface de Camus à la réédition de la Maison du Peuple le roman de Louis Guilloux et cette préface tr_s élogieuse donne envie de lire ce roman.
Suit quelques documents sur la polémique qui suivit. Claude Roy écrivain proche des communistes fit une critique très élogieuse du roman de Guilloux mais dans la deuxième partie de son texte attaqua assez bassement la préface de Camus . Le texte de Claude Roy montre la détestation des communistes et qu'ils font feu de tout bois pour lui nuire. Guilloux fut choqué par ces attaques contre son ami et prit fermement sa défense.
Le livre contient aussi en annexe la belle préface de Camus et des souvenirs de Louis Guilloux. Parmi ces derniers un petit fait émouvant : "A l'instant même où les amis de Camus l'accompagnaient au cimetière de Lourmarin, les autorités municipales de Saint Brieuc allaient porter des fleurs sur la tombe de son père. Tous ceux qui aimaient Camus seront profondément touchés par ce geste pieux."
Au total le livre d'une très belle amitié.On pourra lire cette critique dans Le Figaro
On se rend compte que Louis Guilloux et Camus furent vraiment très proches, s'écrivant mais se voyant aussi assez souvent, passant des vacances ensemble et se donnant mutuellement des conseils dans tous les domaines et bien sûr pour leurs oeuvres.
Louis Guilloux , breton se rendit avec Camus plusieurs fois en Algérie, déjeuna à Belcourt dans le petit appartement avec la mère de Camus et participa aux journées de Sidi Madani sortes de journées littéraires.
Camus fit visiter Tipaza a son ami Louis et ce dernier eut une réaction surprenante et il trouva que le ciel était trop bleu et qu'il aurait mérité quelques nuages; Quoi d'étonnant de la part d'un breton habitué aux ciels à la "Boudin"!
Le livre contient aussi en annexe la préface de Camus à la réédition de la Maison du Peuple le roman de Louis Guilloux et cette préface tr_s élogieuse donne envie de lire ce roman.
Suit quelques documents sur la polémique qui suivit. Claude Roy écrivain proche des communistes fit une critique très élogieuse du roman de Guilloux mais dans la deuxième partie de son texte attaqua assez bassement la préface de Camus . Le texte de Claude Roy montre la détestation des communistes et qu'ils font feu de tout bois pour lui nuire. Guilloux fut choqué par ces attaques contre son ami et prit fermement sa défense.
Le livre contient aussi en annexe la belle préface de Camus et des souvenirs de Louis Guilloux. Parmi ces derniers un petit fait émouvant : "A l'instant même où les amis de Camus l'accompagnaient au cimetière de Lourmarin, les autorités municipales de Saint Brieuc allaient porter des fleurs sur la tombe de son père. Tous ceux qui aimaient Camus seront profondément touchés par ce geste pieux."
Au total le livre d'une très belle amitié.On pourra lire cette critique dans Le Figaro
lundi 13 janvier 2020
Vincent Duclert! Camus des pays de liberté
Vincent Duclert publie en ce mois de janvier aux Editions Stock une étude sur Albert Camus.
Une nouvelle étude direz-vous? Et oui et gageons qu'il y en aura beaucoup d'autres tant cet écrivain fascine et intéresse. Vincent Duclert qui est avant tout historien (spécialiste notamment de l'Affaire Dreyfus) indique d'ailleurs que des mises au point sont de plus en plus nécessaire alors que le nom et l'oeuvre de Camus font l'objet d'un engouement de plus en plus répandu au risque justement de brouiller un peu ses messages.
Je dirai d'abord que ce nouveau livre est d'abord agréable à lire en raison de la fluidité de son style, de la simplicité des analyses qui savent trouver dans la complexité de l'oeuvre et de la vie les lignes directrices et les leçons essentielles.
Il aborde les problèmes de manière approfondie et par exemple les réactions des intellectuels à la sortie du livre :"L'homme révolté" sont décrites et analysées de manière approfondie et l'on constate ,une nouvelle fois, la médiocrité des attaques de Sartre et de Simone de Beauvoir.
Une partie originale est consacrée à la démonstration convaincante de ce que Camus était et est resté anticolonialiste ce que l'on a souvent oublié à cause de ses positions sur la guerre d'Algérie et sur l'issu du conflit.
Il ya aussi ( comment en aurait-il pu être autrement) des pages superbes sur l'Algérie et l'attachement de Camus a ce pays.
J'ai aussi aimé les pages consacrées aux réactions très nombreuses , très sincères et qui durent toujours à la mort de Camus. On y apprend des faits touchants comme ce couple d'instituteurs qui veillent la dépouille de Camus la première nuit après l'accident, le nom de ceux qui le veillent à Lourmarin :René Char, Louis Guilloux, Jean Grenier et le fidèle Emmanuel Robles.
On y trouve aussi les lettres tr-s émouvantes que reçu Francine Camus et par exemple celle de Mouloud Ferraoun qui avait déjà écrit longtemps auparavant un texte magnifique rendant justice a Camus. L'analyse des rapports de Camus avec les Algériens est complète et l'auteur a toujours un point de vue très original.
Vincent Duclert s'attache ensuite longuement à étudier la façon dont la connaissance de Camus a évolué, comment sa correspondance est peu à peu apparu et comment la publication du Premier homme a modifié en partie le regard porté sur son oeuvre.
Le livre se termine par l'analyse des pays et des villes où Camus a vécu et c'est passionnant.
Au total un beau livre dans lequel l’auteur a réussi -chose difficile après tout ce qui a été écrit jusqu’à nos jours- a donner un point de vue nouveau. Ceux qui liront ce livre n'ignoreront pas grand chose de Camus et de son oeuvre et partagerons les sentiments de l'auteur pour l'écrivain, à la fois admiratifs et "fraternels".
Une nouvelle étude direz-vous? Et oui et gageons qu'il y en aura beaucoup d'autres tant cet écrivain fascine et intéresse. Vincent Duclert qui est avant tout historien (spécialiste notamment de l'Affaire Dreyfus) indique d'ailleurs que des mises au point sont de plus en plus nécessaire alors que le nom et l'oeuvre de Camus font l'objet d'un engouement de plus en plus répandu au risque justement de brouiller un peu ses messages.
Je dirai d'abord que ce nouveau livre est d'abord agréable à lire en raison de la fluidité de son style, de la simplicité des analyses qui savent trouver dans la complexité de l'oeuvre et de la vie les lignes directrices et les leçons essentielles.
Il aborde les problèmes de manière approfondie et par exemple les réactions des intellectuels à la sortie du livre :"L'homme révolté" sont décrites et analysées de manière approfondie et l'on constate ,une nouvelle fois, la médiocrité des attaques de Sartre et de Simone de Beauvoir.
Une partie originale est consacrée à la démonstration convaincante de ce que Camus était et est resté anticolonialiste ce que l'on a souvent oublié à cause de ses positions sur la guerre d'Algérie et sur l'issu du conflit.
Il ya aussi ( comment en aurait-il pu être autrement) des pages superbes sur l'Algérie et l'attachement de Camus a ce pays.
J'ai aussi aimé les pages consacrées aux réactions très nombreuses , très sincères et qui durent toujours à la mort de Camus. On y apprend des faits touchants comme ce couple d'instituteurs qui veillent la dépouille de Camus la première nuit après l'accident, le nom de ceux qui le veillent à Lourmarin :René Char, Louis Guilloux, Jean Grenier et le fidèle Emmanuel Robles.
On y trouve aussi les lettres tr-s émouvantes que reçu Francine Camus et par exemple celle de Mouloud Ferraoun qui avait déjà écrit longtemps auparavant un texte magnifique rendant justice a Camus. L'analyse des rapports de Camus avec les Algériens est complète et l'auteur a toujours un point de vue très original.
Vincent Duclert s'attache ensuite longuement à étudier la façon dont la connaissance de Camus a évolué, comment sa correspondance est peu à peu apparu et comment la publication du Premier homme a modifié en partie le regard porté sur son oeuvre.
Le livre se termine par l'analyse des pays et des villes où Camus a vécu et c'est passionnant.
Au total un beau livre dans lequel l’auteur a réussi -chose difficile après tout ce qui a été écrit jusqu’à nos jours- a donner un point de vue nouveau. Ceux qui liront ce livre n'ignoreront pas grand chose de Camus et de son oeuvre et partagerons les sentiments de l'auteur pour l'écrivain, à la fois admiratifs et "fraternels".
vendredi 3 janvier 2020
Jean Paul Dubois : « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon »
Le roman de Jean Paul Dubois : « Tous les hommes
n’habitent pas le monde de la même façon » a reçu le Prix Goncourt et je
suis sûr a plu a des milliers de lecteurs.
Il y a dans ce roman des destins à la fois courants et originaux et
une réflexion sur la vie, sur la vie qui passe. Je suis entré lentement dans ce
livre qui ne m’a pas « accroché » dès le début et ce n’est qu’à la
fin (le dernier tiers) émouvant, que le sens du livre apparaît ainsi que sa
richesse.
Si l’on veut énumérer les thèmes, on dira qu’il y a, d’abord, une
analyse de l’emprisonnement, une description que je crois très juste du milieu
carcéral avec sa violence mais aussi ses moments d’humanité. L’ évocation
de Hurton, ce géant quelques fois violent mais qui a aussi ses moments
touchants.
Il y a aussi la description très bien vue d’une grande copropriété
avec la mesquinerie, la bêtise de certains de ses membres, copropriété qui vit
repliée sur elle-même et qui vieillit en même temps que ses membres.
Il y a de belles histoires d’amour, heureuses quelques fois,
banales et malheureuses d’autres fois.
Mais ce qui domine tout le roman, c’est le regard de celui qui
raconte ; son goût de la justice, sa révolte contre l’injustice et la
médiocrité des petits chefs qui le conduira au drame et son amour de Nouk la
petite chienne dont il parle si bien et qui prend une si grande place dans sa
vie.
Avec certaines pages, Nouk deviendra un de ces chiens que la
littérature a mis en scène et que l’on n’oublie pas.