J'ai entrepris la lecture du livre que vient de publier Dominique Fernandez sur son père Ramon.Je n'en suis qu'au début des presque huit cent pages mais déjà, je trouve que ce livre sera , sans doute un des plus réussi de l'auteur qui a ,pourtant écrit de très beaux livres. C'est qu'il est aussi le plus personnel et qu'à travers la recherche de ce père, très brillant critique littéraire fourvoyé dans le soutien à l' Allemagne nazie, Dominique Fernandez nous parle aussi de lui et de sa souffrance. Je ne résiste pas à transcrire ci-dessous ces quelques lignes dans lesquelles il montre que finalement toute son oeuvre, à lui, Dominique n' a été qu'une façon de chercher Ramon son père.
"Voilà les seuls souvenirs que j'ai de mon père. je n'ai jamais eu l'occasion de lui exprimer combien je l'aimais, ni même le soulagement de pleurer quand il est mort. Amoureux de mon père,je l(ai toujours été, et je le reste. ma mère, je l'ai admirée, je l'ai crainte, je ne l'ai pas aimée. Lui, c'était l'absent et c'était le failli, l'homme perdu, sans honneur. C'était le paria.
Jamais d'occasion directe, devrais-je ajouter. Les personnages des romans que je me suis mis à écrire plus tard-héros fourvoyés, partagés entre la célébrité professionnelle et la flétrissure sociale-sont à l'image de la première idée que je me suis formée de mon père. Tous ils adressent, en quelque sorte, un message de solidarité à mon père. Porporino le castrat ou Pasolini le maudit, le grand duc de Florence Jean Gaston, dernier de sa lignée, qui a traîné le grand nom des Medicis dans la boue par des orgies répugnantes, Tchaikowski le scandaleux, Caravage le proscrit- il n'y en a aucun que n'ai stigmatisé, tôt ou tard quelque action ou catastrophe honteuse. Chacun, malgré sa gloire, porte un sceau d'infamie. Et quels titres, déjà: La gloire du paria, La course à l'abîme...Tous ces livres pourraient avoir en sous-titre: Prestige et infamie, y compris celui que je suis en train d'écrire."
dominique fernandez a porté , a pensé ce livre toute sa vie, ilest octogénaire!..Alors que tant de ses confrères auraient commencé par là, le temps qu'il a mis,le fait que tous ses"héros" précédents sont des réprouvés ( mais jamais totalement indignes) et manifestement aimes par leur créateur, comme est aimé RAMON par DOMINIQUE, nous confronte magnifiquement aux insondables mystères de notre nature humaine
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