dimanche 2 avril 2017

Pièces détachées de Colette Fellous

Colette Fellous est un écrivain, producteur à la radio qui est né et a vécu en Tunisie jusqu'à ses 17 ans et qui y passe encore du temps dans sa maison de Sidi-Bou Saïd. Voilà qu'un jour, sur sa terrasse qui donne sur la baie de Tunis et sur le Boukornine, cette petite montagne tant peinte par les artistes tunisiens et qui est pour la Tunisie ce qu'est le Chenoua pour Camus et Tipaza, elle apprend par un coup de téléphone la mort de son ami Alain Nadaud, écrivain, sur son bateau, d'une crise cardiaque prés d'une île grecque. (Alain Nadaud dont j'ai aimé le livre: "Dieu est une fiction" dont j'ai parlé ici C'est aussi l'époque des attentats meurtriers en France , au musée du Bardo et sur la plage de Sousse.
Voilà que tout a coup son monde est ébranlé,bouleversé et elle se met a songer à sa vie, a ses parents, aux amis et à cette vie dans la Tunisie paisible d'autrefois. Des souvenirs remontent en pièces détachées, en fragments dans cette maison qu'elle songe à quitter.
Il y a de belles pages sur son père,sur sa mère bi-polaire, sur de nombreuses femmes rencontrées, sur des visages tels celui de cette petite fille dans la ville cimetière du Caire et dont les destins lui reviennent en mémoire.
Et il y a pardessus tout, une évocation, dans un style superbe avec une émotion poignante qui court sur les lignes, de la Tunisie d'autrefois et d'aujourd'hui, sur le départ des européens qui fut un drame même si son père n'en parlai jamais. "Face à cette mer qui a été la sienne, j'écris mon adieu au pays, et cet adieu je le lui offre,pour tenir ma promesse. Je l'offre aussi à tous ceux qui, comme lui, se sont tus, croyant protéger leurs enfants. Tous ceux qui ont caché en eux-même leur souffrance, qui ont fait comme si ce n'était rien de partir et de laisser ce qu'on avait construit lentement, de génération en génération."
Elle a été la seule de la famille a revenir s'installer  dans ce pays et elle dit magnifiquement pourquoi en évoquant sa vie à Sidi Bou Said et sa maison devant la mer.
Toute cette partie ne pouvait qu'éveiller des échos en moi en remplaçant la Tunisie par l'Algérie.
Et le livre se termine avec son départ qu'elle pense définitif mais elle rajoute cependant et ce sont les derniers mots du livre: "On y reviens toujours""Je savais que je ne pourrais pas, c'était plus fort que moi, j'y reviendrais toujours."
Enfin il y a dans ce livre sa crainte devant l'évolution de la Tunisie, une crainte partagée par tant et tant d'amoureux de,ce pays.

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