mercredi 14 juin 2017

Le fils du pauvre de Mouloud Feraoun

Je viens de terminer la lecture du "Fils du pauvre" de Mouloud Feraoun. Ce texte est paru en 1954 aux Editions du Seuil et c'est le premier livre de l'écrivain, celui qui l'a fait connaître et apprécié.C'est une sorte d'autobiographie consacrée a sa jeunesse dans le petit village Kabyle de son enfance  où il mène une vie pauvre mais dans une famille aimante et dans une nature qui apporte beaucoup à la jeunesse même si elle est dure.Il y a dans ce texte une belle évocation de l'enfance. Il a la chance d'être entouré par des parents aimants et par deux tantes qui ouvriront son imaginaire par le récit qu'elles font des légendes de l'endroit.
Il y a aussi l'évocation des drames que connaît cette famille avec la mort d'une tante et la folie de l'autre, le récit du départ du père en France pour travailler et subvenir aux besoins de sa famille, ce père qui sera accidenté et reviendra très vite dans son village.
Et puis, et c'est la partie qui m'a le plus touché il y a le récit de son parcours scolaire, de sa réussite au concours des bourses, son départ pour le collège à Alger et comment ne pas rapprocher ce parcours de celui du jeune Albert Camus "fils de pauvre" lui aussi?
Comme Albert Camus a connu M. Louis Germain qui l' a aidé a poursuivre ses études (Il faut lire Le Premier homme) l'auteur connaîtra aussi un missionnaire protestant qui l’hébergera et l'aidera.Comment ne pas aussi penser à l'autre "fils du pauvre" l'écrivain Emmanuel Robles que Mouloud Feraoun rencontra à l'école normale et qui devint son ami.
Le récit se termine par une page très émouvante. Il vient d'être reçu à l'école normale d'instituteur et il va quitter son petit village de Kabylie pour Alger. Il est a avec son père sur la route qui va le conduire a Alger:
"Tu vas à Alger, dit celui-ci. Vous serrez très nombreux là bas.On n'en choisira que quelques uns..  Le choix, c'est toujours le hasard qui le fait. Tu vas à Alger comme tes camarades.Nous,là haut, nous attendrons. Si tu échoues, tu reviendras à la maison. Dis-toi bien que nous t'aimons. Et puis ton instruction, on ne te l’enlèvera pas, hein? Elle est à toi. Maintenant je remonte au village. Ta mère saura que je t'ai parlé. Je dirai que tu n'as pas peur.
-Oui, tu diras là haut que je ne n'ai pas peur."
Mouloud Feraoun sera reçu, deviendra instituteur puis directeur puis inspecteur tout en continuant à écrire.
De ce premier livre il dira:
"J'ai écrit le Fils du pauvre pendant les années sombres de la guerre, à la lumière d'une lampe à pétrole. J'y ai mis le meilleur de mon être."

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