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vendredi 26 juillet 2019
Albert Camus :journaliste
Je viens de terminer la lecture du livre de madame Santos Sainz Albert Camus journaliste qui vient de paraître. Cette spécialiste de l'information s'e'st attaché à décrire en détail toute l'activité journalistique de Camus et son livre est divisé en deux parties essentielles: dans une première partie elle se consacre à l'époque où Camus est un véritable journaliste de terrain en Algérie à Alger Républicain puis a Soir Algérie.Il n'a que 26 ans quand il commence et sa production très variée et importante. Elle revient ,bien sûr, en détail sur son enquête de terrain et ses articles "Misères en Kabylie" qui ont le sait ont fait beaucoup de bruit à l'époque même si le pouvoir et les colons n'ont pas tiré de ces textes les leçons qu'ils auraient dû tirer.
Je n'ai rien appris que je ne savais déjà mais j'ai ,à nouveau , admirer la clarté et le style par moment magnifique et émouvant que Camus emploie et le livre analyse mieux que beaucoup cette production journalistique.
Elle revient aussi sur ses chroniques judiciaires en nous racontant dans le détail ses articles sur les affaires Hodent et El Okbi et là Camus est à la hauteur de Voltaire et de Zola et toujours avec un style qui sait intéresser son lecteur et lui faire prendre conscience des injustices et des dérives de la justice.
Un grand nombre de ces éditos évoquent le problème du mal, de la violence et il est très proche des analyses de la philosophe Anna Arendt sur la "banalité du mal". Je découvre , a cette occasion un fait que j'ignorai. Anna Arendt en visite à Paris demande a rencontrer Camus qu'elle considère comme l'intellectuel important en France. On lui propose de rencontrer aussi Jean Paul Sartre ce qu'elle refuse avec cette formule : "Mais il n'a rien à m'apprendre"!
Et quand on referme ce livre on se dit que décidément voilà un homme juste qui ne s'est guère trompé.Il a toujours défendu des causes justes et il l'a fait avec mesure mais fermeté.Ainsi on voit comment il a réagi lorsque le pouvoir français a été si odieux avec les réfugiés espagnols en Algérie et ailleurs et l'on se dit que sa voix serait certainement au rendez vous pour défendre les migrants.
On se dit aussi qu'il est vraiment a part des intellectuels d'hier et d'aujourd'hui qui se trompent si souvent.
Il ya cependant un point dans ce livre qui m'a déplu et qui à mon sens démontre que l'auteur malgré sa très brillante analyse des articles de Camus n'a rien compris à l'homme c'est le rapprochement qu'elle fait a plusieurs reprises de Camus et d'Eddy Pleynel le responsable de Mediapart! Et ce n'est pas parce qu 'Eddy Pleynel se revendique de Camus et qu'il cite souvent l'éthique camusienne qu'il s'en approche.Je suis absolument sûr que Camus n'aurait pas du tout apprécié les pratiques de Mediapart, l'attaque répétée jour après jour sur des faits certes critiquables mais qui ne sont pas les grands problèmes de la politique, qu'il n'aurait pas apprécié les méthodes douteuses de recherche de la vérité par des accointances malsaines avec certains magistrats et policiers et par le recours a des intrusions inacceptables dans la vie des gens avec des écoutes téléphoniques digne de régime totalitaires que Camus a toujours combattu. Il n'aurait pas aimé ces Torquemada aux petits pieds qui défendent nous disent ils la morale! Un de mes confrères Dupont-Moretti nous dit qu'il n'aimerait pas vivre dans le monde de Mediapart et j'en suis certain Camus n'aurait pas aimé non plus. Il était Zola et Voltaire pour défendre les victimes d'injustice mais il n'aurait pas aimé du tout être un procureur. Pierre Péan le journaliste d'investigation qui vient de mourir était ,lui aussi , inquiet des dérives d'une certaine presse et déclarait que "la transparence absolue c'est la dictature absolue." Et Pean ajoutait encore : : “Attendre sur son bureau les PV des juges, ce n’est pas ce que j’appelle de l’enquête, mais de la gestion de fuites. Le journaliste devient un pion, rentrant dans les objectifs des uns et des autres, devenant l’outil de vengeances ou de stratégies judiciaires.”
Il n'aurait pas non plus été comme Pleynel un islamo-gauchiste défendant une idéologie qui est le contraire absolu des valeurs de Camus. Cela fait beaucoup!
Le critique est donc en face de ce livre comme un professeur face a une copie brillante mais qui est basée sur un énorme contre sens.
Dés lors ce livre laisse une impression regrettable car il fait un contre sens absolu sur la véritable éthique de Camus.L'avocat et écrivain François Sureau semble bien partager cette analyse
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