lundi 9 septembre 2019

Camus et Nicola Chiaramonte

Je termine en ce moment, à Hammamet, la lecture de la correspondance échangée entre Albert Camus et Nicola Chiaramonte entre 1945 et 1959 et publiée chez Gallimard en 2019.

Albert Camus a connu Nicola Chiaramonte lorsque ce dernier, fuyant une Europe et une France inhospitalière débarqua en Algérie, à Oran, en 1943.
Une amitié profonde naquit à ce moment là entre les deux intellectuels anti fascistes et Nicola Chiaramonte fut particulièrement touché par l’accueil généreux de Francine et Albert Camus qui l’hébergèrent chez eux à Oran. Nicola Chiaramonte fut sensible à cet accueil alors qu'il admirait déjà Albert Calus et son oeuvre naissante.

Ils s'écrivirent alors régulièrement, Nicola Chiaramonte de New-York ou de Rome, se virent plusieurs fois à Paris et firent ensemble quelques voyages en Italie et en Grèce.
La correspondance entre deux écrivains a ceci d’intéressant qu'elle touche, à la fois, au quotidien des des artistes mais aussi à leurs préoccupations intellectuelles, à leur travail, chacun se nourrissant des informations venues de l'autre.

Ces lettres portent, pour l'essentiel sur la situation de l'Europe dans ces années 1938-1945, sur l'incertitude, les menaces sur les horreurs commises à cette époque. Les deux écrivains se demandant comment réagir, comment s'organiser, comment réarmer moralement l'Europe contre les dérives totalitaires et populistes. Ces réflexions ne peuvent pas ne pas avoir d’écho à notre époque. Je ne peux reprendre, ici, tous les signes d'amitié réelle que se donnent les deux hommes ni le détail de leurs réflexions mais les lecteurs de cette correspondance y prendront sans conteste intérêt.

Il y a, aussi, des pages intéressantes et émouvantes sur la longue période où Camus évoque franchement la maladie de sa femme Francine, victime d'une grave dépression à laquelle son comportement à l'égard des femmes n'est pas étranger.

Au total une correspondance attachante sur une belle amitié entre deux intellectuels amoureux des idées mais aussi de la vie, des voyages, de la mer et connaissant comme chacun de nous des hauts et des bas de l'humeur.

L'oeuvre de Camus est mondialement connue, celle de Nicola Chiaramonte (que l'on peut approfondir dans l'introduction de ce livre) seulement de quelques spécialistes et, au milieu, de cela, surnagent pour quelques temps encore, ces lettres porteuses d'amitié.

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