dimanche 2 février 2020

Benjamin Stora: Retours d'histoire: L'Algérie aprés Bouteflika


                                                             



Benjamin Stora ,l'historien bien connu de l'histoire algérienne vient de publier en ce début d'année 2020 aux Editions Fayard un livre dans lequel il tente de comprendre et de nous faire comprendre le mouvement du "Hirak" qu'il qualifie de "révolution" et dont il essaie de montrer la profondeur.Il reconnaît dés l’introduction que c'est évidement très difficile et que l'historien est assez démuni car  il manque de ses sources habituelles et ,ici, notamment des sources étatiques. Mais, évidement sa connaissance en profondeur de l’histoire algérienne fait qu'il est tout de même un des mieux placé pour analyser ce phénomène à la fois enthousiasmant et déroutant.
Ce livre est d'abord l'occasion pour le lecteur de revenir sur l’histoire algérienne récente c'est à dire depuis la guerre de libération. Benjamin Stora fait cette analyse de cette époque de manière  à la fois approfondie et claire et il montre que derrière l'histoire officielle servi par le pouvoir depuis des années et des années il y a en fait de très grande divisions. Il montre comment le Hirak fait, dit-il , réapparaître des noms que l'on a voulu occulter pendant des années et comment donc la jeunesse algérienne est en train de se réapproprier l’histoire.
Cette histoire que l'on connait maintenant assez bien notamment grâce aux thèses soutenues dont Benjamin Stora donne quelques exemples, les titres qu'ils citent sont assez évocateurs des questions posées.
Il évoque aussi dans le détail tous les discours des Présidents français qui petit à petit on fait évoluer le discours et si l'on veut bien être honnête ils ont admis avec leurs mots tous les crimes de la colonisation. Exigez plus comme le font certains c'est en réalité vouloir non la vérité qui est dite mais l'humiliation. et cela n'est pas très sain. (Cela c'est moi qui le pense Stora ne le dit pas!)
L'auteur décrit l'effondrement du système Bouteflika à la fois rapidement et avec des mesures jamais vues en Algérie.
Le livre insiste aussi sur la désespérance de la jeunesse qui conduit à des départs mais aussi a des drames. Cette tristesse je l'avais ressenti lors de mon voyage en 2016 et M. Stora l'explique non seuklment par le manque d'emploi mais aussi par le manque de lieu de culture, de liberté créatrice de fermeture de la pensée. Il note comme chacun l'a fait qu'un des mérites du Hirak est c'avoir libéré cette jeunesse et qu'elle se soit réapporprié la rue et la joie. C'est pour moi un des grands acquis.
Dans son analyse du Hirak Benjamin Stira écrit  :
 " Et l'on peut se demander si l'unanimité de ce mouvement, sans vrai programme, ne constitue pas une façon commode qui dissimule les profondes fractures internes de l'Algérie. Qu'il s'agisse ndu rapport à l'économie de marché, du patriarcat et du code de la famille, des relations entre citoyenneté et religion....S'en tenir aux slogans dégagistes évite le devoir de se confronter à cette réalité complexe." (p. 142) et il conclut par cette formule que je partage entièrement : "Le simple fait pour une socièté, de sortir d'une domination par la peur, l'ouvre sur un processus de rreprise en main de son propre destin, sur lequel il sera bien difficile de revenir ( à moins d'une épreuve sanglante....).

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