jeudi 30 avril 2020

Jean Giono: Roman. Tome 1 de la Pléiade.

En relisant récemment;"La recherche du bonheur" de Jean Giono, une série de chroniques j'ai pris goût à cet écrivain et je me suis offert , en cette période de confinement son oeuvre romanesque dans la belle collection de la Pléiade.
Giono a vécu toute sa vie  à Manosque, résistant aux sirènes de Paris et il connaît cette région comme personne. on est là dans une Provence rude, rude dans ses paysages , rude dans son climat et rude dans cette vie au début du siècle. On a , aussi , ces villages abandonnés et qui tombent peu à peu en ruine, ces sources qui tarissent et ce petit peuple ignorant pense à des forces obscures pour expliquer une nature ,quelques fois violente et qu'ils ne savent expliquer.  On est loin de la Provence riante  du Lubéron.
On y rencontre encore cette paysannerie frugale et ses ouvriers qui louaient leur force de travail à la semaine ou à la saison et qui erraient dans toute la région.
C'est ce milieu et ces gens que nous retrouvons dans des romans comme Colline où un hameau ,loin de tout, va se croire maudit et penser que la malédiction vient d'un viel homme du village au point que tous voudront le tuer pour faire cesser la malédiction.
Dans : "Un de Baumugne"c'est l'histoire cruelle et émouvante d'Angèle la fille de deux propriétaires d'une ferme isolée qui a été victime d'un salaud qui l'a trompé et lui a fait un enfant. Nous sommes dans un temps où cela ne pardonne pas et où c'est le déshonneur des familles. Les parents enfermeront Angèle et son fils, les déroberont aux yeux de tous jusqu'au jour où Albin, un de Baumugne ,aidé par un vieil ami délivrera Angèle, se mariera avec elle en adoptant son enfant. Il faut lire la fin émouvante de ce roman.
Regain beaucoup connaisse ce roman grâce au film de Marcel Pagnol avec ce couple de rémouleur qui traverse une campagne aride et venteuse e ton se souvient de la scène où Angèle  voit dans le lointain une forme qui bouge qui fait "hop" C'est la Mamèche une vielle femme , italienne installée a Aubignane et qui a perdu son mari, tombé au fond d'un puit qu'il creusait et son enfant. A Aubignane tout le monde est parti et il ne reste qu'elle , la Mamèche et Panturle jusqu'au jour où Panturle rencontre Angèle et s'unit à elle. Alors la vie repart.
La solitude de la pitié est un recueil de nouvelles et Giono ,lui-même disait qu'il n'était pas à l'aise dans ce format. Il y a cependant de très belles nouvelles et surtout une unité entre tous ces récits.Ils évoquent tous la solitude fondamentale des hommes qui ne se connaissent pas entre eux et Giono décrit avec vérité et cruauté les égoïsmes, les petitesses.Le titre est enigmatique mais il semble que Giono ait voulu mettre l'accent sur la fraternité des hommes
Le grand troupeau  est un beau roman sur la guerre de 14-18 vue de cette terre de Provence , de ses villages de ses fermes que quittèrent tant de jeunes hommes pour n'y plus revenir , tués par cette horrible guerre. Il y a là des scènes poignantes comme ces annonces de la mort dans ces mas reculés, ses veillées mortuaires "corps absent" que décrit si bien Jean Giono. Le roman alterne les scènes au front, du côté de Verdun et en haute provence où sont demeurés les vieux et les femmes.
Il y a des pages horribles où Giono dépeint les horreurs de la guerre dans les tranchées, les bléssés , les morts et les cadavres attaqués par les rats et les corbeaux. Mais ce roman tout plein d'histoires douloureuses se termine,comme toujours chez Giono, par une note d'épèrance.
Je voudrai ajouter que dans tous ces romans , sans exception, il y a des pages magnifiques consacrées à l'amour des animaux qu'avaient ces paysans, un amour rustre mais très fort et le grand troupeau se tremine aussi avec la présence d'un animal aimé.

Et voilà des images du pays de Giono et notamment du plateau de Valensole et on verra aussi avec intérêt ce documentaire

samedi 25 avril 2020

François Mauriac Les romans

J'ai profité du confinement pour extraire des rayons de ma bibliothèque un gros volume édité par Flammarion et qui contient en deux tomes tous les romans de François Mauriac. Ces deux gros volumes avait été acheté par mon père et je ne les avais jamais lu. je ne connaissais de François Mauriac que son "Bloc-note" passionnant et au style vif et ses souvenirs d'enfance écrits dans la dernière partie de sa vie "Mémoires intérieurs".
J'avais lu également la dernière biographie parue publiée par Jean Luc Barré et qui a été remarquée car elle fait état de "l'homosexualité" cachée de François Mauriac.
L'ensemble de son oeuvre romanesque (une vingtaine de romans) se lit avec intérêt et elle se situe à la fois dans le milieu bordelais dont est issu la famille Mauriac et dans les Landes dont François Mauriac décrit très bien le climat.
On sait qu'il avait le dent dure et cela se confirme dans ces romans où ,notamment , il décrit avec férocité ce milieu bordelais du négoce de vin , ces familles enrichies et qui se croient sortie de la "cuisse de Jupiter"! Un roman comme "Préséances" par exemple décrit ce snobisme du statut social avec une cruauté magnifique.
En ce qui concerne les Landes il décrit les paysages , le climat, la solitude dans ces propriétés au milieu des pins, les occupations de ces terriens qui ne connaissent que la terre , la chasse et qui , eux aussi, ont cette attachement au nom , à la propriété et qui ne se marient entre eux que pour étendre leurs domaines.
Ces milieux et cette époque c'est aussi un attachement à la religion et l'on rencontre nombre de jeunes gens déchirés entre les appels de la vie et une religiosité étriquée.
Les femmes sont souvent des êtres mauvais, des mères abusives comme dans "Genitrix" ,des belles mères très dures avec leurs belles filles où des femmes compliquées comme cette Thérèse Desquyroux qu'il a décrite dans deux romans : "Thérèse Desqueyrous et "La fin de la nuit" ou encore dans Noeud de vipères ou  La pahrisienne Ces romans ont tous un peu vieillis car ils dépeignent une époque qui n'existe plus, des sentiments passés de mode mais on s'attache cependant a ces personnages et à leurs psychologie compliquée.

mercredi 22 avril 2020

Leïla Menchari: La Reine Mage

Je connaissais de loin la vie et le parcours de Leila Menchari depuis que j'avais lu , il y a une quinzaine d'année le très beau roman de Catherine Hermary-Vielle: Le jardin des Henderson. Leïla Menchari née d'une famille tunisienne de la bonne bourgeoisie, son père était avocat, sa mère descendante d'un des derniers rois de Touggourt en Algérie, avait fait la connaissance de Jean et de Violet Henson , des américains qui s'étaient installés à Hammmet dans les années 1920 et avait , ensuite fait un magnifique parcours artistique et était devenu la décoratrice de la Maison Hermes.
Leila Menchari vient de mourir et , à cette occasion , j'ai commandé le beau livre édité conjointement par Actes Sud et par Hermes et qui retrace sous la plusme de Michèle Gazier la vie de cette artiste.
Le livre comprend du texte et de très belles photos, toutes consacrées aux vitrines d''Hermès , avenue Saint Honoré à Paris, vitrine qu' a crée Leila Menchari pendant des années et quatre fois par an, une pour chaque saison.
Les photos sont magnifiques et le texte évoque  cette vie extraordinaire de la jeune tunisoise qui, depuis son "adoption" par Violet et Jean Henson a fait des rencontres enrichissantes tout au long de sa vie.
J'ai ainsi appris qu'elle avait pendant des années partagé la vie de Jean Claude Pascal qui,on le sait avait une magnifique maison dans les remparts d'Hammamet. Elle fut aussi la grande ami d'Azedine Alaia ce couturier cèlèbre qui lui aussi est mort il y a peu.
Je retrouve dans ce récit toutes les célébrités qui résidèrent a Hammamet et furent souvent les invités des Henson puis de Laila Menchari dans la très belle maison qui n'est pas très loin de celle de Seabstian avec son parc magnifique. C'est toute une époque , bien sûr révolue qui renaît avec ce récit.
Turent reçu dans cette maison et ce jardin : Gide, Paul Klee, Visconti, Jean Duvignaud , Michel Tournier et bien d'autres encore.
J'apprends aussi à titre anecdotite que Jean Claude Pascal et Michel Tournier furent ensevelis dans des suaires créés par cette artiste.
Disons aussi que sa mère fut , en son temps, une militante active des droits des femmes et qu'elle se déplaça dans toute la Tunisie pour faire avancer cette question au point que le Prédident Bourguiba a dit ,un jour, que dans le fond il n'avait fait que reprendre les idées de Habiba Menchari.

                                                                                 

vendredi 17 avril 2020

Un cours sur Proust

Confinement oblige je me suis mis a suivre des cours sur internet. C'est ainsi que je suis un cours sur Nietzsche et plus précisément sur son premier livre: La naissance de la tragédie .Il s'agit d'un MOOC de la Sorbonne. Il y a à la fois l'exposé du professeur et des exercices.
Je viens de démarrer aussi, et cela m'intéresse davantage, un cours du Professeur Compagnon au Collège de France sur Proust  essayiste.
Dans le premier cours ,introductif en quelque sorte j'apprends que pour l'écriture  de  La Recherche du Temps perdu , Proust avait beaucoup hésité au début sur la forme à donner à ce qu'il envisageait d'écrire. Car , aussi étonnant que cela paraisse, il avait pour ambition, au début , d'écrire "quelque chose, une étude , un article " sur le critique littéraire Sainte Beuve!
On a même des documents (lettres a des amis)dans lesquelles il leur demande leur avis sur la forme a donner à ce trvail sur Sainte Beuve qui deviendra donc à la fois  son "Contre Sainte Beuve" et La recherche.
L'objet de ce cours est donc de rechercher ce qu'il y a d'essai dans le roman.
On assiste à la naissance du roman ,aux hésitations de Proust qui sont bien mises en évidence dans les carnets et notamment le carnet n°1 .
Lorsque l'oeuvre paraît les critiques de l'époque constatent son originalité, rien n'a jamais été écrit de tel jusqu'alors et ils ont du mal à la qualifier de roman. On dit que 'est une autobiographie et un essai.

mercredi 1 avril 2020

Emily Brontë : Les Hauts du Hurlevent

Confinement oblige je relis des livres de ma bibliothèque que j'avais perdu de vue. Je suis tombé sur un livre qui avait été commandé par  mon père et qu'il a reçu à Guinguette en 1949 ainsi qu'il l'avait noté en tête du livre à une date où il gérait cette ferme appartenant a son père et située dans la campagne sétifienne prés de Saint Arnaud.
Chacun connaît un peu l'histoire des Brontë cette famille particulière du Pasteur Brontë et qui donna trois filles écrivains: Emily mais aussi Anne et Charlotte (Jane Eyre) et un fils qui sombra dans l'alcool .
Le cinéma s'est emparé du roman d'Emily Les Hauts du Hurlevent et de celui de Charlotte ,Jane Eyre
Les Hauts du Hurlevent( Wuthering Heights) est le seul roman d'Emily Brontë mais c'est aussi un chef d'oeuvre qui résiste au temps, un grand classique de la littérature anglaise. L'histoire se déroule dans une lande désolée, balayée par le vent  et le mauvais temps et le titre du roman vient du nom du domaine  Wuthering Heights.
On a là  deux familles dont l’histoire  nous est contée et au centre un personnage que le lecteur n'oubliera pas tant  sa personnalité est forte et étrange: Heathcliff.
Ce Heathcliff a été adopté au début du roman et son caractère étrange, son comportement va influer sur la vie de toute la famille. Il va s'éprendre , tout jeune, de la fille de maison Catherine d'un amour sauvage et passionné , d'une certaine manière pathologique.
On dirait que tous les membres de cette famille sont voués au malheur et leurs caractères bien trempés les conduisent au conflit, ce que l'auteur raconte très bien.
ON se souvient longtemps de cet atmosphère particulière.