En ces
moments de confinement où je ne peux me rendre à Venise je lis un ouvrage d’un
auteur Néerlandais Cees Nouteboom qui vient d’être publié par Actes Sud en
octobre 2020.
Encore un
livre sur Venise ! Et oui, et l’on se demande comment faire du nouveau sur
cette ville si souvent décrite. Eh bien l’auteur réussit encore à nous
apprendre des choses et à nous donner des aperçus nouveaux sur la Sérénissime.
L’auteur
réside à Venise très souvent depuis 1964 et il a habité toutes sortes de logements
dans tous les quartiers de la ville. En cela il diffère de moi qui ai toujours
résidé à la Giudecca entre l’Eglise du Redentore et Sainte Eufemia, une autre
église, à peine visible et qui est la plus vielle de ce quartier.
C’est un
amateur d’art et notamment de peinture et il sait nous décrire certains des
chefs d’œuvres qui peuplent Venise d’une manière qui donne envie d’aller les
voir.
Je pense à
son texte sur le tableau de Véronèse : « Le repas chez Simon »
qui est une cène peinte pour les dominicains qui ont tout de suite beaucoup
aimé ce tableau. Malheureusement l’Inquisition qui sévissait à Venise et que
l’auteur compare fort justement à la Stasi ou à la Gestapo ouvrit une enquête
car elle trouvait que ce tableau n’était pas assez, disons, austère pour cette
scène sacrée. L’auteur nous retrace l’échange qui eut lieu alors entre le
peintre et les inquisiteurs.
Je citerai
encore ce passage concernant la statue d’un certain Paolo Sarpi que j’ai
souvent vu au cours de mes pérégrinations et dont j’ignorai tout. L’auteur nous
montre dans un récit captivant, cet homme luttant contre le pouvoir du Pape, du
Vatican dans un combat qui préfigure à la fois la Réforme et la naissance de la
laïcité. (P. 108 et s)
Il nous
raconte aussi l’histoire des Doges de Venise en regardant leurs tombeaux dans
les différentes églises de la ville et dont il s’étonne que ces tombeaux soient
toujours placés en hauteur, peut être par peur des inondations nous dit-il.
Il y a aussi
de belles observations sur les « vrais vénitiens » et l’auteur a la
conviction que je crois très vrai que malgré ses nombreux séjours il ne sera
jamais un vrai vénitien. Il rapporte cette phrase de Brodsky :
« Malgré
le temps, le sang, l’encre, l’argent et le reste épanché ou dépensé ici, je
n’ai jamais pu prétendre de manière tant soit peu crédible, même à mes propres
yeux, avoir acquis aucun des traits locaux, être devenu si infiniment que ce
soit un Vénitien. »
Ce livre me
donne aussi des idées de visite, par exemple ce cheminement sur une bande
étroite entre le Lido et Chioggia. Je ferai cette visite la prochaine fois.
Un livre qui
donc plaira aux amoureux de Venise.
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