vendredi 18 novembre 2022

Tarik Djerroud: Camus et le FLN

 

                                                         


 



Ce livre de Tarek Djerroud : « Camus et le FLN » qui vient de paraître aux Editions Bonnier tente de comprendre l’attitude de Camus face à la guerre d’indépendance et plus précisément à l’égard de la politique du FLN. C’est, à ma connaissance, la première fois que l’on aborde de front cette question.

Je dirai, pour résumer mon sentiment que c’est un livre qui se lit agréablement, son auteur ayant un agréable style, que c’est ,aussi, un livre très complet, qui retrace bien les évènements de l’époque, donne de nombreuses citations de Camus et c’est , enfin et surtout, un livre qui donne une analyse très subtile de la pensée de Camus.

Je dois dire qu’il m’a amené a revoir un peu sur le fond et sur ma manière, un peu abrupt, de dire les choses dans les textes de mon blog.

L’auteur rend hommage au combat d’Albert Camus pour les Algériens et cela depuis son plus jeune âge jusqu’à la fin de sa vie, mais il montre aussi que cette position de Camus ne va pas jusqu’à la condamnation de principe de la colonisation.

Camus a toujours espéré que la situation pourrait être redressée et que la justice pourrait s’établir dans le cadre de la colonisation. Selon l’auteur Camus est donc un « colonisateur de bonne volonté » selon l’expression d’Albert Memmi.

Même dans ses articles de 1939 sur la Misère en Kabylie Albert Camus souhaite que le pouvoir colonial agisse différemment mais il ne le conteste pas dans son principe. Peut-on lui en faire grief alors qu’à cette époque les mouvements politiques algériens militaient tous, eux aussi, pour l’assimilation ?

Cependant l’auteur montre aussi qu’à un certain moment Camus acceptait l’idée d’indépendance mais à la condition qu’elle s’ouvre sur une Algérie plurielle, ouverte, protectrice de la minorité européenne comme le proclamait, aussi, au début le projet FLN.

L’auteur montre que ce projet a ensuite évolué sous l’effet des idéologies panarabiste, islamiste et que cette Algérie ouverte et plurielle n’était plus à l’ordre du jour.

C’est , à ce moment( ,que Camus revient sur l’idée d’indépendance .

Je partage tout à fiat cette idée même sir je suis plus net et que soutiens clairement qu’il était impossible pour Camus de soutenir une révolution qui utilisait le terrorisme ,lui qui avait dans divers écrits et dans son théâtre, condamné absolument le terrorisme qui s’en prend aux innocents.

Il lui était, aussi, intellectuellement impossible de soutenir un projet qui s’orientait assez clairement vers un totalitarisme islamique mâtiné de communisme, lui qui avait avec l’homme révolté ,condamné toutes les idéologies totalitaires.

Voilà donc un livre complet et subtil dont je conseille la lecture.

 

1 commentaire:

  1. Je n'ai pas encore lu ce livre, mais le compte rendu que vous en donnez est éclairant - Camus ne peut pas être accusé de soutenir sans changement le colonialisme - L'usage de la violence à l'égard des civils lui fut intolérable - Que le FLN, les pieds noirs et les juifs n'aient pu imaginer que la disparition des populations autres que celle des arabo-berbères, serait un drame surtout pour les arabo-berbères, est l'un des plus grand exemple de la bêtise humaine à l'échelle du monde - Camus, lui-même n'avait rien vu - Cette remarque vaut pour tout le monde arabo-berbère !

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