samedi 2 novembre 2024

Kamel Daoud : Houris

 

Je viens de terminer la lecture du dernier roman de Kamel Daoud : « Houris » Ce livre figure parmi les finalistes pour le prix Goncourt et cela me paraît tout à fait justifié.

Ce roman est l’histoire d’Aube, une jeune femme qui a été victime d’une très grave attaque des islamistes pendant la décennie noire en Algérie dans les années 90.

Victime d’une tentative d’égorgement ne peut plus parler, elle ne peut respirer que grâce à une canule installée dans sa gorge et elle a une horrible trace de sa blessure sur la gorge qui fait peur aux enfants et détourne le regard des adultes.

C’est, cependant une femme libre. Elle n’est pas mariée et subvient a ses besoins en tenant un salon de coiffure. Elle est , ce faisant , une anomalie pour les milieux conservateurs en Algérie.

Au moment où débute le roman, Aube est enceinte. Elle ne l’annonce à personne pas même à sa mère mais s’adresse à son futur bébé à qui elle raconte ce qu’elle a vécu et comme ce futur bébé est une fille elle lui montre qu’elle sera sa place dans ce pays.

Rien ne nous est épargné de la barbarie des islamistes et leur incommensurable bêtise. La scène chez le gynécologue serait très drôle si elle n’était aussi le reflet de la bêtise absolue qui se donne des airs de religion !

On va suivre un long périple de cette jeune femme qui veut retourner sur les lieux de son malheur et ce sera l’occasion pour l’auteur de revenir sur l’ensemble des drames du pays à cette époque. Aube pense à avorter car, comme elle l’explique a son futur bébé elle ne veut le laisser venir dans un tel monde et elle lui explique et à nous par là même pourquoi.

Tout au long de son périple elle fait des rencontres. Ces destins ont été, eux-aussi, bouleversés par les islamistes et c’est une façon, pour l’auteur ,de protester contre la décision du pouvoir d’effacer cette guerre, de passer l’éponge sur ces crimes, sans jugement, sans récit comme si cela n’avait pas existé

Le lecteur est amené à réfléchir sur cet oubli volontaire, sur l’absence de tous récits historiques dans un pays, par ailleurs si soucieux d’histoire dans sa guerre contre la France !

Ce roman est fort et il revient, en détail sur cette période historique. Il fera date et il amène le lecteur à affronter des questions essentielles sur la place des femmes, sur l’idéologie islamiste, sur le rôle de la mémoire et de l’histoire.

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