lundi 3 janvier 2011

Klaus Mann

Je viens de voir la série de téléfilm sur Thomas Mann et sa famille: remarquable travail mêlant la fiction et le témoignage de survivants. A cette occasion j'ai découvert la personnalité de Klaus Mann le fils, écrivain lui aussi, mais longtemps méconnu en raison de l'immense notoriété de son père et de son oncle Heinrich Mann.
Klaus Mann restera connu pour son opposition résolue au Nazisme qui le conduira à l'exil, à l'abandon de la langue allemande et à son enrôlement dans l'armée américaine.
Voici le texte d'une lettre qu'il adressa à la comédienne Sonneman  qu'il connaissait et qui avait épousé Goering. On ne peut être plus net. 


"Franchement, chère Générale, êtes-vous une femme heureuse ? (…) Votre bedonnant mari n’est pas à la maison -il est peut-être dans son bureau en train de signer des arrêts de mort ou d’inspecter des bombardiers. La nuit est tombée, vous êtes seule dans votre beau palais. N’est-ce pas l’heure des fantômes ? Ne voyez-vous surgir de derrière les lourdes tentures ceux que l’on a assassinés dans les camps de concentration, ceux que l’on a tués à la tâche, les fuyards que l’on a abattus, les suicidés (…) Vos pensées -qui devraient être formées à l’école des classiques 
250px-klaus_mann.1237334361.jpgallemands, mais qui sont sans doute déjà perverties par la nouvelle éthique allemande-, vos pensées parviennent-elles à se mettre à distance de tout cela ? (…) Et à supposer que vous ne soyez pas insensible aux terrifiantes grimaces des fantômes -n’imaginez-vous pas parfois qu’un jour des vivants pourraient envahir des pièces de votre château ? Et croyez-moi, ceux-là ne plaisanteront pas. Que répondrez-vous, Madame Sonnemann, quand on vous demandera des comptes -oui, à vous aussi, puisque vous vous faites complice de ces gens (…) Vous avez drôlement bien joué la comédie, Madame l’actrice, vous ressemblez à s’y méprendre à l’une de ces femmes du répertoire classique dépourvues de toute conscience morale : pour une poignée de pierres précieuses, pour un beau nom et une belle robe, vous oubliez tout, vous ne voulez rien voir, vous acceptez le pire - et finalement vous n’êtes pas mieux que votre criminel de mari et serez autant détestée que lui”.

J'ai extrait cette lettre d'une chronique  paru dans  un blog que je lis régulièrement et que vous pouvez trouver avec le lien suivant:




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