lundi 3 mars 2025

Jean Pélégri : Les oliviers de la justice

 Ce roman a été publié par Jean Pélégri en 1959 et je le découvre qu'aujourd'hui. C'est une très belle découverte d'un romancier Algérien qui fut un juste.

Le roman se situe en 1955 alors que la guerre d'indépendance vient de commencer et que le père de l'auteur est en train de mourir. Tout le début du roman est l'évocation de cette mort d'un père respecté et aimé qui fut un des ces agriculteurs pionniers qui défrichèrent et assainirent à force de travail ce qui deviendrait la belle région agricole de la Mitidja. 

C'est l'occasion pour l'auteur de se souvenir de son enfance , de son adolescence , de la naissance de son amour pour cette terre. Dans ces évocations de la jeunesse et de l'admiration pour son père  on pense aux souvenirs de Pagnol dans la Gloire de mon père.

Le roman m'a plu car il évoque des endroits que j'ai bien connu. La ferme des Pélégri était situé pas très loin du petit village colonial où ont vécu mes grands parents maternels: Le Fondouk. La description des paysages que l'auteur fait avec talent me renvoi à mes propres souvenirs et à mes propres impressions. 

De même lorsqu'il évoque ses pérégrinations d'adolescent dans l'Alger d'autrefois je m'y retrouve totalement et lors de mon dernier séjour à Alger j'ai suivi ces itinéraires.

Mais ce roman n'est pas qu'un livre de souvenir il est une réflexion sur le sort fait aux Algériens. Dans la famille Pélégri on travaillait avec les Algériens mais on allait plus loin car se créaient des liens de fraternité profonds et un respect et une admiration pour la culture de cette population et tout cela est bien rendu dans le roman.

Le roman se passe en 1955. les Algériens et les pieds noirs ont connu, très peu d'années avant, la fraternité d'armes. Les Algériens se sont montrés courageux et ont défendu la France avec bravoure. Or bien loin d'en être reconnaissant on les a traités avec une grande injustice  qui révolte Jean Pélégri. Il pousse un cri  émouvant contre cette injustice.

Le roman nous amène à réfléchir à nouveau sur l'injustice coloniale qu'il décrit très bien et à un moment il a cette formule:

"Ce que je comprenais pas, c'est que, d'abord, pour qu'un paysage devienne un pays, il ne suffit pas qu'il soit beau. Encore faut-il que tous les hommes s'y sentent égaux."

Jean Pélégri a dédicacé son roman  un poète Jean Sénac et tous deux, mais aussi Camus partageaient cette espoir d'une Algérie plurielle et libre. On sait ce qu'il en est advenu. Sans doute ,  contrairement à eux, Camus n'a pas pu envisager l'indépendance du pays mais il a , comme eux, contester le colonialisme et il aurait adhéré pleinement à ces rêves de fraternité qui court tout au long de ce très beau roman.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire