dimanche 17 novembre 2024

Remi Larue: Albert Camus face à la violence. A l'épreuve du "siècle de la peur"

 

Ce livre de Rémi Larue qui vient de paraitre aux Editions « Le bord de l’eau » et qui s’intitule : Albert Camus face à la violence » a pour objectif d’analyser les positions de Camus sur la violence et c’est, en effet, une analyse complète de l’évolution de la pensée de cet écrivain sur la violence.

On peut dire d’abord que Camus a toujours été préoccupé par la violence et notamment la violence politique mais ce livre démontre bien l’évolution de sa pensée et il cite, notamment, cet extrait datant de 1947 et qui cerne assez bien la position de Camus.

« Ce n’est pas me réfuter en effet que de réfuter la non-violence. Je n’ai jamais plaidé pour elle. Et c’est une attitude que l’on me prête pour la commodité d’une polémique. Je ne pense pas qu’il faille répondre aux coups par la bénédiction.

Je crois que la violence est inévitable, les années d’occupation me l’ont appris. Pour tout dire, il y eu, en ce temps-là, de terribles violences qui ne m’ont posé aucun problème. Je ne dirai donc point qu’il faut supprimer toute violence, ce qui serait souhaitable, mais utopique, en effet. Je dis seulement qu’il faut refuser toute légitimation de la violence, que cette légitimation lui vienne d’une raison d’Etat absolue, ou d’une philosophie totalitaire. LA violence est à la fois inévitable et injustifiable. Je crois qu’il faut lui garder son caractère exceptionnel et la resserrer dans les limites qu’on peut. »

Et ailleurs il écrit : « J’ai commencé la guerre de 1939 en pacifiste et je l’ai finie en résistant. »

Comme on le voit dans ces extraits Albert Camus est toujours dans la nuance et dans l’analyse de la complexité des situations.

L’auteur examine aussi l’expression souvent employé par Camus : « Ni victime ni bourreau. » et montre les liens qui se nouent entre ces deux attitudes et Camus nous montre qu’en réalité , bien souvent, celui qui a été bourreau devient victime et l’inverse est également vrai. Il conste qu’à la « haine des bourreaux a succédé la haine des victimes et c’est contre cet enchainement qu’il lutte.

Voici une citation très claire à cet égard.

« Eh bien, c’est de cela que nous devons triompher d’abord. Il faut guérir les cœurs empoisonnés. Et demain, la plus difficile victoire que nous ayons à remporter sur l’ennemi, c’est en nous-mêmes qu’elle doit se livrer, avec cet effort supérieur qui transformera notre appétit de haine en désir de justice. Ne pas céder à la haine, ne rien concéder à la violence, ne pas admettre que nos passions deviennent aveugles, voilà ce que nous pouvons faire encore pour l’amitié et contre l’hitlérisme. »

Cet essai revient évidement longuement sur la position de Camus au moment de la guerre d’Algérie qui montre aussi, très clairement, cette dialectique ente victimes et bourreaux.

Je cite, ici, pour terminer cette phrase qui montre bien sa position :

« Le silence, la misère, l’absence d’avenir et d’espoir, le sentiment aigu d’une humiliation particulière au moment où les peuples arabes prenaient la parole, tout a contribué à faire peser sur les masses une sorte de nuit désespérée d’où fatalement devaient sortir des combattants. Alors a commencé à fonctionner une dialectique irrésistible dont nous devons comprendre l’origine et le mortel mécanisme si nous voulons lui échapper. »

Camus confronté à la violence du siècle et des totalitarismes a tout fait pour limiter cette violence et faire qu’elle épargne ,au moins, les innocents.

Ce livre nous donne une clé de lecture des évènements actuels.

En Ukraine il n'est pas douteux que les règles voulues par Camus entrainent la condamnation ferme de la Russie et pour deux raisons. D'abord cette utilisation de la violence par la Russie est illégitime car elle n'a pas de raisons acceptables. L'Ukraine n'a jamais attaqué ni voulu attaqué la Russie.

En second lieu les moyens utilisés par la Russie qui ne s'attaque pas uniquement aux soldats mais aux civils innocents et qui  commet des crimes de guerre doit être condamnée selon ces analyses.

En Palestine nul doute que Camus (qui aimait beaucoup Israël et qui l'a dit à plusieurs reprises) aurait cependant pensé que les Palestiniens en  raison de la façon dont ils sont traités à Gaza, prison à ciel ouvert et en Cisjordanie ou le pouvoir Israélien , contrairement au droit international développe sa colonisation, ont des raisons de se révolter. Dans le même temps il aurait clairement et d'une voix forte condamner les attaques du Hamas contre des civils innocents et avec des moyens d'une grande barbarie.

D'un autre côté Israël a des raisons d'utiliser la violence pour se défendre mais, là encore,  une condamnation aurait été porté contre l'attaque de milliers de civils innocents et par des pratiques (déplacement de population et limite à l'aide humanitaire) qui ne peuvent se justifier. Quand on a , ainsi, des milliers de morts civils il est impossible de parler sérieusement de dommages collatéraux.

Mais,  bien entendu , de la même façon que Camus n'avait pas été compris ,  à l'époque ,ni par les Algériens ni par les Européens d'Algérie, dans le feu de l'action il ne serait pas compris ni des Palestiniens ni des Israéliens et c'est à désespérer de l'humanité.

 

 

 

 

dimanche 3 novembre 2024

Christophe Bigot: Un autre m'attends ailleurs.

 

Parmi mes écrivains préférés il y a Marguerite Yourcenar dont j’ai pratiquement tout lu. Ses « mémoires d’Hadrien » sont un des très grands livres de la littérature. Je ne pouvais donc pas passer à côté de ce livre de Christophe Bigot : Un autre m’attend ailleurs. C’est un roman mais nourri de beaucoup d’éléments biographiques.

On est presque à la fin de la vie de l’écrivain. Elle vit dans sa maison dans l’île de Mont Désert avec sa compagne de 40 ans, Grace Frick qui est sa traductrice et qui tient sa maison. Grace Frick est atteinte d’un cancer et proche de la phase terminale.

C’est alors qu’à l’occasion de la venue d’une équipe de télévision qui veut faire un documentaire sur Marguerite Yourcenar elle fait la connaissance de Jerry Wilson, un jeune homme, d’une trentaine d’année, assistant du réalisateur et pour lequel elle éprouve une sorte de coup de foudre malgré les nombreuses années qui les séparent.

On assite à l’agonie et à la mort de Grace Frick et très vite après sa disparition, trop vite penseront certains, elle part ave Jerry Wilson pour un long voyage à travers les Etats Unis et pour une croisière. Elle fait ainsi de très longs voyages, toujours en bateau car elle ne veut pas prendre l’avion. Elle revoit, ainsi, des lieux qu’elle a connus et aimés dans sa jeunesse en compagnie de Grace : L’Egypte et le Nil à la recherche d’Antinoüs un des héros des Mémoires d’Hadrien. Elle revoit l’Angleterre, la Belgique de sa naissance, le Maroc, le Japon. Elle revit et étonne par son énergie.

Mais la fin sera une véritable tragédie. Les relations entre Marguerite Yourcenar et Jerry Wilson se dégrade. Jerry a un comportement de plus en plus violent dû à la drogue et à des relations toxiques et on voit cette femme âgée, très célèbre pardonner l’impardonnable.

On a du mal à comprendre comment Marguerite Yourcenar a pu accepter d’être ainsi traitée. L’explication se trouve, sans doute, dans cet amour singulier qu’elle a eu pour ce jeune homme.

Jerry Wilson meurt du Sida en 1986 et Marguerite Yourcenar disparaît à son tour en 1987.

Ce livre est absolument captivant en nous dévoilant la dernière partie, singulière de sa vie et en nous dépeignant une femme indépendante, éloignée des convenances sociales. La soirée où elle se rend, dans le Marais à Paris, après sa réception à l’Académie Française où elle quitte la réception officielle laissant en plan tous les invités est le trait d’une indépendance totale.

C’est un éclairage sur le caractère de cette femme et c’est captivant pour ceux qui l’ont lu. Voici un lien d'une émission dans laquelle s'exprime l'auteur du livre:  Marguerite Yourcenar : mystères et génie d'une écrivaine inclassable   

               

samedi 2 novembre 2024

Kamel Daoud : Houris

 

Je viens de terminer la lecture du dernier roman de Kamel Daoud : « Houris » Ce livre figure parmi les finalistes pour le prix Goncourt et cela me paraît tout à fait justifié.

Ce roman est l’histoire d’Aube, une jeune femme qui a été victime d’une très grave attaque des islamistes pendant la décennie noire en Algérie dans les années 90.

Victime d’une tentative d’égorgement ne peut plus parler, elle ne peut respirer que grâce à une canule installée dans sa gorge et elle a une horrible trace de sa blessure sur la gorge qui fait peur aux enfants et détourne le regard des adultes.

C’est, cependant une femme libre. Elle n’est pas mariée et subvient a ses besoins en tenant un salon de coiffure. Elle est , ce faisant , une anomalie pour les milieux conservateurs en Algérie.

Au moment où débute le roman, Aube est enceinte. Elle ne l’annonce à personne pas même à sa mère mais s’adresse à son futur bébé à qui elle raconte ce qu’elle a vécu et comme ce futur bébé est une fille elle lui montre qu’elle sera sa place dans ce pays.

Rien ne nous est épargné de la barbarie des islamistes et leur incommensurable bêtise. La scène chez le gynécologue serait très drôle si elle n’était aussi le reflet de la bêtise absolue qui se donne des airs de religion !

On va suivre un long périple de cette jeune femme qui veut retourner sur les lieux de son malheur et ce sera l’occasion pour l’auteur de revenir sur l’ensemble des drames du pays à cette époque. Aube pense à avorter car, comme elle l’explique a son futur bébé elle ne veut le laisser venir dans un tel monde et elle lui explique et à nous par là même pourquoi.

Tout au long de son périple elle fait des rencontres. Ces destins ont été, eux-aussi, bouleversés par les islamistes et c’est une façon, pour l’auteur ,de protester contre la décision du pouvoir d’effacer cette guerre, de passer l’éponge sur ces crimes, sans jugement, sans récit comme si cela n’avait pas existé

Le lecteur est amené à réfléchir sur cet oubli volontaire, sur l’absence de tous récits historiques dans un pays, par ailleurs si soucieux d’histoire dans sa guerre contre la France !

Ce roman est fort et il revient, en détail sur cette période historique. Il fera date et il amène le lecteur à affronter des questions essentielles sur la place des femmes, sur l’idéologie islamiste, sur le rôle de la mémoire et de l’histoire.

mercredi 25 septembre 2024

Thomas Clerc: Le dix-huitième arreondissement.

 On vient de m'offrir un livre volumineux (plus de 500 pages) de Thomas Clerc ,publié aux Editions de Minuit et qui fait partie d'un projet plus vaste intitulé:  "Paris musée du XXI siècle."

L'auteur a déjà publié un livre consacré au X° arrondissement et celui que je lis est consacré au XVIII ° .

C'est un travail assez particulier dans lequel l'auteur qui vient d'emménager dans cet arrondissement le parcours dans tous les sens, explorant rues après rues et livrant des descriptions des lieux, les rencontres qu'il y fait, les pensées qui lui viennent dans cette déambulation.

Quand on en commence la lecture on se demande si tout cela ne vas pas être un peu fastidieux et très répétitif (ce qui est le cas) mais on se laisse prendre et on continue avec l'auteur rue après rue, bâtiments après bâtiments, commerce après commerces. Dans le fond j'aime moi-même déambuler dans cette ville mais l'idée de décrire mes sensations sur des vues minuscules tout au long des rues et places parcourues ne me serait pas venu à l'esprit.

Quant au XVIII ° arrondissement  il comporte nombre d'endroits sordides, de population dans la misère et dans les différents trafics qu'elle engendre. C'est une véritable cour des miracles et l'auteur reconnaît qu'il lui arrive d'avoir un peu peur! L'auteur reconnaît qu' "il doit avoir une sorte d'attirance pour les quartiers à problèmes".

Tout cet étalage de la misère, de la drogue de la délinquance m'ennuie. Je sais que cela existe mais à quoi bon le rappeler sans cesse?

Il y a donc dans ce livre des milliers de petits histoires, des histoires minuscules, imaginées, incomplètes mais qui donnent assez bien une image de cet arrondissement.

Il y a   un côté un peu fastidieux dans ces descriptions minutieuses et dans le rappel de quelques moments de vie que le romancier expose .

Ce roman me pose problème. Avec ce que je viens d'en dire comment expliquer que j'en ai poursuivi la lecture jusqu'au bout? 

Le lecteur est attiré tout de même par cette répétition et il espère toujours découvrir quelque chose de nouveaux et d'intéressant à la page suivante, à la rue suivante , à la rencontre suivante et il poursuit sa lecture en se lassant quelques fois de ce sentiment de déjà lu. Ce livre n'aborde pas l'histoire de Paris avec un grand H et ne ressemble pas au travail de Loran Deutch avec son Metronome.

mercredi 14 août 2024

James Baldwin: La chambre de Giovani

  •  On fête les cents ans de la naissance de ce grand écrivain. James Baldwin est né pauvre en 1924 en Amérique. Noir et homosexuel il a été victime et du racisme et du conservatisme et son œuvre est ,  en partie, nourrie de sa lutte contre ces deux formes d'exclusion et il a abordé ces questions à la fois dans des romans et dans des essais.
  • Comme certains noirs discriminés ( je pense à Joséphine Backer) il vient en France, à Paris, alors qu'il a la vingtaine, vivra dans cette ville et en Provence où il finira ses jours dans sa maison de St Paul de Vence.
  • La chambre de Giovanni est un de ses chefs d'œuvre. Quand le roman débute celui qui raconte l'histoire, son histoire, est seul dans une maison du Sud de la France et à la veille de l'exécution de son ami Giovanni qui a été condamné à mort.
  • Il repense alors à cette histoire et à sa part de responsabilité dans ce drame.
  • Arrivée à Paris il est ami avec Héla, une jeune américaine comme lui et se destine à l'épouser. Hela veut réfléchir et part quelques temps en Espagne. Pendant ce temps le narrateur va fréquenter des bars du milieu homosexuel et faire la rencontre de Giovanni, un jeune italien barman dans un de ces bars.
  • Il vivra , un moment, avec lui dans sa chambre de bonne prés de Nation mais il sera partagé, ne s'acceptant pas vraiment et continuant à espérer un mariage et une vie de famille "normale" avec Hela.
  • Au retour d'Hela il se fiance , en effet, et quitte Giovanni au grand désespoir de celui-ci. Giovanni ,abandonné sera, par la suite maltraité" et humilier par son employeur et il finira par me tuer.
  • Le roman est une fine et profonde analyse psychologique des incertitudes, des refus de s'accepter du narrateur et il m' a fait me souvenir du très beau roman de Marguerite Yourcenar : Alexis ou le traité du vain combat.
  • Le roman se termine. Le narrateur quitte la maison de Provence et espère oublier. Le lecteur sait qu'il n'oubliera pas.
  • "Enfin, je sors dans le petit matin et verrouille la porte derrière moi. Je traverse la route et dépose les clefs dans ma boîte aux lettes de la vieille femme.
  • Et je regarde cette route où quelques hommes et quelques femmes attendent le car du matin. Ils paraissent, sous le ciel qui s'éveil ,pleins de vie et l'horizon qui s'enflamme, Le matin fait peser sur mes épaules un insoutenable espoir et , prenant, dans ma poche la lettre bleue que Jacques m'a envoyée, je la déchire lentement en mille morceaux que je regarde danser dans le vent, le vent qui les emporte au loin. Mais, tandis que je me retourne et m'avance vers le groupe qui attend, le vent m'en rapporte quelques morceaux."
  • En déchirant cette lettre le narrateur veut oublier mais il n' y réussira pas, le vent lui ramène des bribes de cette lettre.


Erri De Luca: Montedidio

 Encore un beau livre d'Erri De Luca. Montedidio est le nom d'un quartier populaire de Naples et nous retrouvons dans ce roman toute la vie du petit peuple, la gouaille, la superstition, la débrouille.

Il s'agit de l'histoire d'un jeune garçon qui grandit et découvre la vie. Il est un petit employé  chez un menuisier où il apprend un métier et  va aussi voir, très souvent, souvent un vieux cordonnier qui va l'initier à la vie.

En dehors de son travail il est souvent seul car son père travaille au port et sa mère ,malade est hospitalisée. Il rencontre une petite voisine Maria et les deux enfants vont grandir ensemble , finiront par s'aimer et Maria viendra s'installer chez le père et le fils après la mort de la mère.

On lit de très courts chapitres et l'on est ému par le destin de ce jeune garçon et tout Naples est là, cette ville si particulière.

mercredi 31 juillet 2024

Jack London: Michaël chien de cirque

 Jacq London est cet écrivain bien connu et chacun se souvient, sans doute, de Croc Blanc. Dans ce livre émouvant il nous raconte la vie  mouvementée et cruelle d'un chien Michaël , devenu par les hasards de la vie un chien de cirque.

Dire cela vous fera peut être penser à de petits spectacles charmants que l'on voit souvent dans les cirques et j'en ai vu un récemment au Cirque d'hiver où quels chiens étaient à l'école et se comportaient comme de gentils écoliers!

Mais ce roman m'apprend que ces petits spectacles sont souvent le résultat de maltraitance diverses et Michaël le héros de ce roman passe par toutes sortes d'épisodes cruels et le lecteur suit sa vie avec intérêt et colère contre ses bourreaux successifs.

La fin se terminera a peu prés bien pour Michaël mais sans qu'il puisse jamais retrouver son bonheur ancien.

Jack London écrit dans son roman et l'on trouve cette phrase sur la couverture du livre: "Il est une chose, également que l'on ne saurait nier, c'est que Michaël était capable d'aimer, avec le même dévouement intégral, le même cœur et la même abnégation folle que n'importe quel être humain."

Je lis ici dans une vidéo le belle préface que Jacq London donne à son roman. Cette préface vous dira tout.




vendredi 12 juillet 2024

Erri de Luca : Impossible.

 

Le roman d’Erri de Luca : « Impossible » est un bijou d’intelligence. Le roman raconte la relation entre un jeune Juge d’instruction et un homme beaucoup plus âgé que lui et qui, dans sa jeunesse a fait partie de ces mouvements révolutionnaires qui ont commis des crimes dans l’Italie des années 1980.

Le vieil homme est en prison, à l’isolement et il est convoqué, à plusieurs reprises, par le Juge qui l’interroge sur ce qu’il pense être un crime perpétré par le vieil homme.

L’accusé se serait rendu coupable d’avoir tuer au cours d’une escalade en montagne un homme dont il avait été l’ami et qui l’avait trahi lui et ses comparses en les dénonçant à la Justice pour obtenir le statut de repenti.

Les interrogatoires montrent le travail de ce Juge et c’est captivant. Il montre aussi les réactions intelligentes et fermes de l’accusé qui nie avoir tué cet ancien ami qu’il avait perdu de vue depuis des années.

Parallèlement à ces interrogatoires le vieil homme écrit a sa compagne et donne ses impressions.

Un beau roman sur la Justice qui passionne de bout en bout.

 

 

jeudi 11 juillet 2024

Jean Noel Pancrazi: Les années manquantes

 

Je termine ce livre de Jean Noel Pancrazi : « Les années manquantes » publié en 2022 et paru dans la collection Folio en ce mois de juin 2024.

J’ai lu presque tous les livres de cet auteur que j’admire beaucoup, Madame Arnoul, La Montagne, Renée Camps, Les quartiers d’hiver, Long séjour, Dollars de sable et tous ces livres je les ai aimés tout d’abord en raison de la façon d’écrit de Jean Noel Pancrazi. Tous ces livres sont émouvants par ce qu’ils racontent mais surtout par la façon dont l’auteur sait faire courir l’émotion tout au long de son texte.

On pleure en lisant Jean Noel Pancrazi car tous les protagonistes de ses livres ont des destins cruels, des vies contrariées, des besoins d’amour ou de reconnaissance non satisfaits.

Dans les années manquantes Jean Noel Pancrazi évoque la partie de sa vie qui a suivi le départ de l’Algérie où ses parents étaient employés dans une minoterie du côté de Sétif, la difficulté de leur installation, le mauvais accueil reçu dans cette région (Perpignan).

Ses parents vont très vite repartir en Algérie pour tenter d’y rester.

Pendant cette période il est confié à sa grand-mère Joséphine, une vieille femme harcelée par un eczéma qui lui rend la vie difficile mais qu’elle affronte avec courage, son seul plaisir étant les visites de son fils Noel qui, pourtant, sombre dans l’alcool et les plaisirs. L’auteur fait un très joli portrait ce cette grand-mère jusqu’au jour où elle décèdera.

Ses parents rentreront à ce moment et s’ouvrira une période très douloureuse pour le jeune homme qui devra vivre avec des parents qui se détestent, qui sont en permanence dans la violence verbale.

Enfin la dernière partie du livre est constituée par le récit de son départ pour Paris. Il vient d’être reçu en hypokhâgne au Lycée Louis Legrand et il va, petit à petit, tout en menant de brillantes études, connaître la vie parisienne et connaître la période si cruelle du Sida qu’il a magnifiquement raconté dans : Les quartiers d’hiver.

Pour vous donner une idée du style de cet écrivain voici la dernière page du livre. Sa mère est morte. Il va reprendre son train pour Paris, seul et désespéré :

« J’attendais le train de nuit que je n’avais pas pris depuis longtemps ;il aurait dû être supprimé comme les autres lignes de nuit avec les anciens wagons-couchettes, mais il résistait, était encore maintenu pour encore quelque  temps grâce à la pétition de ceux qui aimaient la lenteur, traverser longtemps la France, éterniser sur les rails leur rêve de la capitale. Paris n’était plus pour moi un but, une promesse, mais seulement une escale, un lieu commode de départ pour tous ces voyages, ces villes étrangères- il y en avait tant eu- où j’aimais rester sans lien, sans donner de nouvelles, sans rien décider ni même cher à aimer. Je n’avais rien acquis depuis le soir où j’étais parti de Perpignan avec la cantine et les draps brodés ; la vie avait passé, je n’avais rien anticipé, je n’avais pas fait attention, je n’avais rien à moi ; tous mes livres tenaient dans un unique sac… J’étais seul, sans croyance ni compagnon à rejoindre ; il n y avait pas de maison, de terre de retour, de place pour revenir mourir

.

Le train allait partir

; la gare semblait déserte ; il n’y avait plus aucun écho de roulements de valises ou de  chariots ; mais ils étaient là-bas, réunis dans la nuit ; c’était les miens, ils ne m’avaient pas oublié ;ils venaient me dire au revoir, me rappeler que je n’étais pas aussi seul que je le croyais, avançaient sur le quai, embarrassés, ne sachant s’ils avaient le droit de monter ou non, essayant de retrouver l’origine de leur erreur dans le trajet, mais ils n’en avaient pas fait -c’était la vie ;oscillant avec cette case en moins qu’on avait en commun, ce petit groupe de déracinés, tendres et cinglés ,ces romanichels d’un autre temps qui ne jugeaient jamais, habitués à ne rien attendre, à ne rien demander, à ne pas s’installer, à ne pas se soucier d’être sauvés et qui, sans le savoir, m’avaient tout donné. »

 

 

Après avoir lu ce livre j’ai pris la décision de relire, cet été, tous les livres de l’auteur.

 

 

 

 

dimanche 23 juin 2024

Erri de Luca : Les règles du Mikado

 

Une amie vient de m’offrir un roman de l’écrivain italien Erri de Luca que je ne connaissais pas et qui porte le titre : Les règles du Mikado ».

Un vieil homme, très solitaire, a l’habitude de camper, seul, dans des forêts.

Un soir une toute jeune fille se présente prés de sa tente et l’on apprend qu’elle est gitane et qu’elle fuit sa famille qui voulait la marier sans son consentement. Elle est recherchée et dans la crainte d'être contrainte de retourner vivre chez les siens.

S’en suit l’évocation de cette relation dans laquelle le vieil prend cette jeune fille sous sa protection et un échange singulier intervient entre ce vieux monsieur et cette jeune fille qui a été éduqué dans une culture différente. Chacun enseigne à l’autre dans cet échange et la jeune gitane lui montre les relations que l’on peut avoir avec les animaux.

On apprend que le vieux monsieur est riche mais aussi qu’il a un secret que l’on ne découvrira qu’à la fin du roman.

Histoire intéressante mais qui permet surtout à l’auteur de nous inviter à la réflexion sur les cultures et sur les comportements différents, sur la vieillesse et sur le rôle de l’impondérable, du hasard dans la vie des humains.

Si le roman porte le titre : »Les règles du Mikado » c’est aussi parce que le vieil homme qui a été horloger, amateur de ces mécanismes complexes et fragiles joue souvent au Mikado et il en tire une philosophie qu'il enseigne à sa jeune protégée.

Une belle histoire.

« Les Règles du mikado » : la théorie du chaos d’Erri De Luca (lemonde.fr)

 

mardi 11 juin 2024

Philippe Collin : Le barman du Ritz

Le barman du Ritz est un roman à partir du destin de personnages ayant existé et qui captive le lecteur du début à la fin car il veut connaître la fin et le sort des protagonistes. Ce roman donne , aussi, une bonne idée de l'atmosphère  qui régnait à Paris pendant la période de l'occupation allemande.
Le roman nous fait aussi nous poser des questions sur l'attitude que nous aurions eu nous même à cette époque compliquée.
Le rôle du barman de ce bar mythique du Ritz, fréquenté par de nombreuses personnalités, son double jeu qui le met à tous les instants en péril au milieu des officiers supérieurs allemands mais ,aussi, des opposants à la collaboration plus ou moins cachés.
Tous les caractères et les comportements des français apparaissent et montrent toute la complexité de la situation.
Ce roman est présenté par l'éditeur comme le grand roman de l'occupation et c'est très juste.

lundi 20 mai 2024

Pierre Assouline: Le dernier des Camondo.

 C'est un livre que j'ai déjà lu dans le passé et que je viens de relire après une nouvelle visite au Musée Nissim de Camondo jouxtant le Parc Monceau.

Ce livre est , en tous points ,passionnant qui retrace le destin de la famille de Camondo de l'Espagne à Paris après que leurs aïeux aient vécu à Venise et dans l'Empire Ottoman.

Est évoqué plus précisément, ici, la vie du Comte Moïse de Camondo, riche banquier qui fit édifier un Hôtel particulier Parc Monceau pour y loger une somptueuse collections de meubles, tableaux et œuvres d'art variées du XVIII° siècle.

Le début du livre nous raconte en détail cette passion pour le mobilier et l'art de vivre du XVIII° siècle que nourrissait le Comte de Camondo dont la richesse lui permit d'acquérir des œuvres d'art et ,notamment, des meubles et des tableaux de cette époque.

Après avoir lu ce livre il faut absolument visiter sa maison du Parc Monceau restée en l'Etat. J'avais déjà visité cette demeure en 2011

La dernière de couverture dit clairement ce que le lecteur trouvera dans ce livre :


"La saga des Camondo, de l'Inquisition espagnole au génocide nazi, n'est pas seulement un récit historique retraçant l'épopée de ces grands seigneurs séfarades . C'est aussi une méditation sur la solitude d'un homme abandonné par sa femme, inconsolé de la mort de son fils, qui consacra sa vie à reconstituer au cœur de la plaine Monceau une demeure aristocratique du XVIII° siècle, laissant à la France le plus éclatant témoignage d'un monde disparu"

On ne peut qu'être ému devant ce destin tragique d'une famille.

samedi 18 mai 2024

Hervé Le Tellier: Le nom sur le mur

 C'est un petit livre paru chez Gallimard dont j'ai entendu parler dans une émission de la Grande Librairie.

L'auteur, à partir d'un nom  gravé dans la pierre de la façade de sa maison, va procéder à une enquête pour en savoir plus sur  la personne dont le nom est ainsi gravé. Il va apprendre que ce nom est celui d'André Chaix un jeune résistant mort à vingt ans et il va retracer le peu de choses que l'on sait sur sa vie, bien oubliée aujourd'hui.

Le livrez évoque ainsi ,non seulement la courte de vie d'André Chaix avec les indices qu'il peut retrouver, les rencontres qu'il fait mais aussi la vie des résistants dans la France agitée de cette période.

Les deux parties sont intéressantes et l'on en apprend beaucoup sur la résistance vue au niveau des français , sa place dans l'histoire et sur la question si fondamentale du choix entre honneur et déshonneur.

Sur le plan personnel le point de départ de la recherche de l'auteur est touchant. Il reçoit un jour une petite boîte en fer  qui contient quelques maigres affaires du jeune homme: des pièces d'identité ,une photo, quelques lettres. A partir de ces quelques traces l'auteur va essayé de reconstituer la courte vie de ce jeune homme et l'auteur de nous dire en conclusion:

"Je n'avais pas l'ambition démesurée de te redonner vie, André. Tu auras à jamais vingt ans, deux mois et 30 jours et c'est bien ainsi. Je me tenais tout à l'heure devant ces lettres gravées dans le crepi grège, et je crois que j'ai voulu donner du sens à mon regard pour pouvoir sourire toujours avec fraternité face à ton nom sur le mur."

dimanche 21 avril 2024

Villas et Palais d'Alger du XVIII Siècle à nos jours: Marion Vidal-Bué

 Voilà un livre magnifique que l'on vient de m'offrir pour mon anniversaire et je le feuillette souvent avec un grand intérêt. Il y a ,à la fois du texte, des photos récentes et anciennes et des reproductions nombreuses de tableaux ce qui en fait un très beau livre.

Les textes d'introduction et ceux concernant chacune des villas et des Palais sont des textes très documentés ,nourris de références historiques et qui nous racontent les histoires quelques fois singulières de tous ces bâtiments dispersés dans Alger et aux alentours. Dans l'introduction (Alger au fil du temps) l'auteur nous montre bien comment s'est développé cet environnement d'Alger, comment les habitants de ces époques anciennes quittaient la ville pour bénéficier de la beauté des environs et y bâtissaient de superbes demeures à l'architecture particulière mais venant d'une lointaine histoire ,notamment romaine.

J'a y apprends aussi qu'Alger fut aussi ,à une époque, la résidence de riches étrangers qui venaient passer l'hiver et pour se soigner par l'effet bénéfique du soleil. Clin d'œil me rappelant Pau, destination ,elle aussi, des riches anglais et bien sûr Nice te la côte d'Azur!

Après l'introduction le livre présente une a une toutes ces maisons. Il y a ,bien sûr les Grands Palais des gens  de pouvoir et dont certains sont très connus, beaucoup sont le siège de grande administration  mais il y a ,aussi les Palais plus modestes et les villas et domaines .On y trouve les résidences luxueuses de Mustapha Supérieur, les maisons blanches d'El Biar, celles sur la pente de la Bouzarea etc...

Impossible de citer tous ces domaines et leurs histoires et je me contenterai de citer la Villa Abdel-Tif car elle fut une sorte de Villa Médicis qui accueillait et accueille toujours des artistes. Elle se situe dans un cadre idyllique au dessus du Jardin d'Essai.


                                                                           


                                                                           


                                                                                   

Ce livre est malheureusement trop volumineux pour l'emporter dans ses bagages mais  il pourrait permettre d'organiser un circuit magnifique où l'on pourrait ainsi visiter sous la conduite d'un guide toutes ces merveilles architecturales. 


samedi 20 avril 2024

Hubert Védrine : Camus, notre rempart.


 

                                 
Hubert Védrine , ancien Ministre des Affaires étrangères de Mitterrand publie chez Plon  un livre très personnel sur Albert Camus  sous le titre Camus, notre rempart et je dis d'emblée c'est un très beau livre.
Hubert Védrine est un grand lecteur depuis son plus jeune âge et il évoque dans quelques pages tous les livres qu'il a aimé .Ils sont nombreux et j'y retrouve beaucoup de livres que j'aime et d'écrivains que j'admire  comme, par exemple, la belle page qu'il consacre à Marguerite Yourcenar.
Qua t à Camus Hubert Védrine le découvre à 13 ans et c'est un coup de foudre, un choc, et d'abord les pages lyriques, cette écriture magnifique par lesquelles il célèbre la  beauté de l'Algérie son pays et Tipaza ,bien sûr..(Je signale au passage une petite erreur sur le sculpteur de la stèle qui a été dressée à  Tipaza: elle est de Benisti et non Benedetti )
L'auteur écrit (p.22) : 
"J'ai commencé mon parcours Camus par ce moment de beauté, de la langue pure et claire, de sensualité hellénique te panthéiste. Il ne m'a jamais quitté."

Hubert Védrine revient sur l'amitié avec René Char et j'ai découvert dans cette partie du livre un texte que je connaissais pas, une lettre adressée par Char à un certain "Monsieur le Professeur" et j'ai relu ,avec émotion, ce que René Char écrivit après la mort de son ami:
"Toutes les parties-presque excessives- d'une présence se sont d'un coup disloquées......Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n'est pas le silence." (p. 52)
L'auteur cite aussi cette phrase de Denis Salas qui va au cœur de ce qu'est la pensée de Camus:
"Pétri de culture grecque, Camus est porteur d'un refus indéfectible de l'hubris, de la démesure, de cette violence illimitée qui engendre un mimétisme dévastateur."
Et la conclusion : 
"Source pure et inaltérable. Camus nous protège des temps sans esprit, ceux de la morne bêtise, de l'attraction de la haine et de la vindicte, de la démesure, de la justice sommaire et expéditive, du sectarisme imbécile, du lynchage et de l'esprit de lourdeur. Camus, notre rempart."
Un beau livre ou vous retrouverez tout Camus.

mardi 16 avril 2024

Les yeux de Mona de Thomas Schlesser

 Les yeux de Mona est un roman d'éducation et d'éveil à l'art en général et surtout à la peinture. Tout commence lorsque Mona, âgée d'à peine huit ans, connaît un court épisode de cécité et l'on craint , alors, qu'elle ne perde la vue. En dehors des soins proprement oculaires, en guise de thérapie psychologique son grand père va alors avoir l'idée de l'emmener, chaque semaine dans les grands musées de Paris (Le Louvre, Orsay, Beaubourg...)pour lui faire admirer une œuvre à chaque visite, pour en discuter avec elle et pour lui apprendre le regard que l'(on peut avoir sur une toile. Le Grand Père a, aussi , le souci de lui créer une banque d'images pour ;le cas où elle deviendrait aveugle.

Ces visites s'intercalent dans le roman avec les soins médicaux, les batteries de tests mais aussi avec ses petites histoires d'écolière.

Mona et son Grand Père verrons ainsi 40 tableaux, la plus part célèbres et l'on verra, au fur et à mesure, le sens de l'observation et la capacité d'analyse de la jeune Mona se développer. ON sera étonné pare les réactions vives et intelligentes de l'enfant au point de se demander si cela est vraiment réaliste.

Le roman invite le lecteur à une réflexion globale sur l'art., sur ce qui est beau. Est évoqué le procès que fit Brancusi à l'administration des Douanes Américaines qui avaient taxé sa sculpture intitulé :"L'oiseau" comme un simple objet et non comme une œuvre d'art qui n'aurait pas dû supporter la taxe.

Le livre évoque aussi les traumas psychiques de l'enfance et il y a, aussi quelques belles pages sur l'euthanasie dont je partage totalement l'analyse..

Et le roman nous conduit pet it à petit à sa fin que je ne dévoilerai pas pour laisser aux lecteurs le plaisir de la découvrir.

Peut-être la descriptions et les discussions autour des tableaux lasseront elles certains lecteurs, mais ,même s'ils paissent un peu vite ils découvriront beaucoup de grands tableaux. la jaquette de couverture qui se déplie contient la représentation des toutes les toiles évoquées et en lisant le roman je conseillerai aux lecteurs de de regarder la reproduction du tableau au moment ou Mona et son grand-père le voient.

L'auteur  Thomas Schlesser est un historien d'art et le lecteur apprendra beaucoup tout en s'attachant à la petite Mona

.Les Yeux de Mona | Éditions Albin Michel (albin-michel.fr)


https://youtu.be/iEmNFtWesBk?si=ceg4OpLlKBI8qoHF    


Thomas Schlesser : « Les Yeux de Mona n'est pas une histoire de l'art, c'est une initiation à la vie par l'art » | Beaux Arts



jeudi 1 février 2024

Finkielkraut: Pêcheurs de perles

                                                                 


   Autant le dire tout de suite ,je n'appréciais pas beaucoup la personne de Finkielkraut et ses interventions dans les médias .Je le trouvai trop agité et, du coup, je commettais une sorte de délit de facies et je n'ai lu aucun de ses livres. Ayant entendu dire du bien de ce "Pêcheurs de perles" je viens d'en faire la lecture et cette lecture m'a beaucoup plu. Je la conseille à tous.

L'auteur part de citations empruntées à de grands écrivains , à des philosophes ou à des politiques et ,en partant de ces citations, donne son analyse des problèmes actuels de notre société
Alors ,il y a bien sûr dans tout cela du "c'était mieux avant" et certains penseront que cela fait un peu réactionnaire, ancien combattant! Ils auraient tort. De même auraient tort, selon moi, ceux qui penseraient que ce sont les analyses d'un vieux réactionnaires et que son analyse est d'un homme de droite ce qui justifierait qu'elle soit rejetée sans examen.
Pour répondre a ce grief il nous dit que le passé ne doit pas être rejeté, qu'il doit être étudié et que tout n'est pas mauvais.
L'auteur aborde de très nombreux thèmes qui, tous, concernent notre monde et son actualité, la façon dont il va ou, plutôt ce qui ne vas pas mais je ne les aborderai pas tous me contentant de quelques exemples qui ont particulièrement retenus mon attention.
Il y a un chapitre captivant sur la mort et sur la fin de vie.
Il y a d'excellentes pages sur la situation de l'éducation , de l'école sur le le mérite.
Sans doute dira t on que ce sont des propose de droite. Je ne le pense absolument pas et je dirai avec Camus "Si la vérité était à droite je se(ai de droite" mais, en réalité je pense que bien au contraire il y a dans son analyse et dans ce qu'il souhaiterait une position qui devrait être celle de la gauche. J'y vois beaucoup des idées chères à Emmanuel Macron et que j'applaudis des deux mains.
Quelques citations. dans deux domaines sur la dizaine que traite l'auteur: L'école et le néo féminisme.
Sur l'école :" Les choses ne s'améliorent pas, on peut même dire qu'elle s'aggravent. De moins en moins d'enfants d'ouvriers et d'employés accèdent aux grandes écoles et autres filières d'excellence. Mais contrairement à ce qu'affirme Bouveresse  ce n'est pas faute d'avoir pris Bourdieu au sérieux que ce malheur advient, c'est pour avoir mettre l'Ecole à son école. La politique compassionnelle et réparatrice née de la lecture des Héritiers pénalise d'abord ceux à qui elle est censée tendre la main et qui n'ont que l'école pour s'élever."
De belles pages aussi et salutaires sur l' écoféminisme et  ses abus que j'ai déjà souvent dénoncés;
Sur ces dérives il cite l'écrivain Philip Roth qui écrit : é J'entends les femmes insultées et blessées. Je n'ai que sympathie pour leur douleur et leur besoin de justice. Mais je m'inquiète aussi de la nature du Tribunal qui délibère sur  ces accusations. Je m'inquiète parce que de Tribunal, on ne voit pas la couleur. Ce que je vois à la place, c'est qu'une accusation publique est aussitôt suivie d'un châtiment péremptoire. je vois qu'on dénie à l'accusé l'Habeas corpus, le droit de faire face à son accusatrice et de la questionner, enfin le droit de se défendre au sein de ce qui pourrait ressembler à un cadre juridique authentique."
Je place à la suite de mon texte les photos des pages de conclusions.
Alors oui vous verrez que l'on a bien à faire à un vieux réactionnaire mais il a le grand mérite de faire réfléchir.

                                             
                                                      

                                                       


                                                         

  
                                                              

mercredi 3 janvier 2024

Franz Olivier Giesbert: Histoire intime de la V° République: Tragédie Française

 








                                                                





                                                                          

 


Ce livre qui est le tome 3 d'une réflexion de Franz Olivier Giesbert  sur l'histoire contemporaine est d'abord un livre bien écrit et qui se lit avec plaisir en nous faisant remonter un temps pas si ancien mais que l'on a un peu perdu de vue.

Franz Olivier Giesbert juge cette période politique avec une grande sévérité tout en manifestant une admiration voire une très grande sympathie pour les personnages influents de cette époque. 

La politique de François Mitterrand  ne trouve pas grâce aux yeux de l'auteur qui n'a pas d'analyses assez dure pour les erreurs politiques majeures, selon lui, commises par les différents gouvernement: dépenses excessives, nationalisation destructrices mais il ne peut s'empêcher d'admirer l'homme, l'homme cultivé, amateurs de littérature et sachant n'être pas totalement accaparé par ses fonctions. Les pages sur la fin de vie de François Mitterrand sont bouleversantes.

Même position sur Chirac. Politique nulle mais homme attachant.

Seul Emmanuel Macron ne trouve pas grâce! Tout est mauvais la politique et le caractère!

Je dirai seulement que décrire une politique et la critiquer est, somme toute assez facile mais c'est oublier un peu trop les contraintes auxquelles sont soumis les dirigeants dans un système démocratique dans lequel ils doivent tenir compte de la réaction des électeurs même quand une réforme leur paraît bonne et nécessaire.

Ceci dit  son appréciation des deux grandes erreurs commises par notre temps à savoir l'absence de réaction suffisante et suffisamment à temps contre l'islamisme et les dérives de l'Institution judicaire dont il montre les aberrations est intéressante et fort bien analysée. Je les partage entièrement et sa grande sévérité contre les dérives de la gauche me paraît également totalement justifié.

Aprés cette analyse cruelle de la réalité politique l'auteur croit encore au sursaut possible. Peut-être.