C'est le 17 octobre 1957 qu'Albert Camus est désigné par l'académie Nobel "pour son importante oeuvre littéraire qui met en lumière, avec un sérieux pénétrant, les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes". Le Monde d'hier contient deux articles consacrés au rappel de cet évènement. En effet les archives de l'Institution suédoise sont accessibles après cinquante ans et l'on découvre que le nom de Camus a été envisagé depuis 1954 et chaque année après 1954. On apprend aussi qu'en 1957 il était en concours avec quarante neuf écrivains dont une douzaiene de français parmi lesquels Malraux et Sartre.
On apprend aussi que cette année là, 1957, Sylvère Monod, professeur à l'Université de Caen a écrit le 10 janvier au Comité Nobel:
"Puisque vous m'avez aimablement invité à suggérer un candidat pour le prix Nobel 1957, honneur que j'apprécie grandement, je suis heureux de désigner l'écrivain français Albert Camus, dont les romans, l'oeuvre dramatique et les essais sont, je suppose, suffisamment bien connus, et dont la maîtrise du langage et la courageuse indépendance de pensée font, selon moi, à la fois un artiste accompli et un grand homme dans tous les sens du terme."
Voici un lien vers Sylvère Monod:
http://www.cairn.info/revue-etudes-anglaises-2006-3-page-383.htm
Ce blog est consacré à mes coups de coeur dans l'actualité, dans la littérature et dans mes voyages
dimanche 28 décembre 2008
samedi 27 décembre 2008
Lire Montaigne
Je reproduis ci-dessous le texte que j'ai trouvé sur un blog du monde et qui fait une synthèse absolument excellente de la pensée de Montaigne, texte essentiellement nourri de citations de l'auteur des Essais. Ces textes sont en vieux français mais on peut aller sur le livre que j'ai déjà signalé dans ce blog où Montaigne est traduit en excellent français d'aujourd'hui et dont je redonne le site en fin de cette entrée.
Difficile de se peindre soi-même puisque l’on change sans cesse. Pour être fidèle, il faut rester vrai et se dire scrupuleusement jour après jour, avec ses contradictions et évolutions. « Le monde n’est qu’une branloire pérenne. Toutes choses y branlent sans cesse : la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Egypte, et du branle public et du leur. La constante même n’est qu’un branle plus languissant. Je ne puis assurer mon objet. Il va trouble et chancelant d’une ivresse naturelle. Je le prends en ce point, comme il est, en l’instant que je m’amuse à lui. Je ne peins pas l’être. Je peins le passage… » (III 2)
Comme tout change, pourquoi rêver de l’Être ? C’est l’erreur des philosophes idéalistes ou de l’absolu. En quoi cette philosophie de l’ailleurs et de l’idéal nous sert-elle à quoi que ce soit ? Montaigne est un pragmatique, la philosophie est pour lui une sagesse pratique : elle apprend à mourir – donc à bien vivre jusqu’à la fin. Comme tout branle constamment (tout change, disent les Chinois), prenons l’homme branlant « divers et ondoyant », et non point la statue déifiée, immobile et figée, de l’homme idéal. « Comme il est, en l’instant ». L’« être » n’a pas d’intérêt, seul intéresse « le passage ». « Nous n’avons aucune communication à l’être, parce que toute humaine nature est toujours au milieu entre le naître et le mourir, ne baillant de soi qu’une obscure apparence (…). Et si, de fortune, vous fichez votre pensée à vouloir prendre son être, ce sera ni plus ni moins que lui voudrait empoigner l’eau. » (II 12) ‘Tu es pierre’, disait le Christ à son disciple préféré ; Montaigne y voit plutôt de l’eau – comme les philosophies asiatiques. Dans le changement, comment saisir une quelconque substance ? Mais avec cette puissance de la souplesse : l’eau ne fait pas bloc mais s’infiltre obstinément dans la moindre faille.
« C’est un sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant que l’homme » (I.1). Le jugement humain est inconstant. « Je ne fais qu’aller et venir : mon jugement ne tire pas toujours en avant ; il flotte, il vague…(…) Chacun à peu près en dirait autant de soi, s’il se regardait comme moi. Les prêcheurs savent que l’émotion qui leur vient en parlant les anime vers la créance et qu’en colère nous nous adonnons plus à la défense de notre proposition, l’imprimons en nous et l’embrassons avec plus de véhémence et d’approbation que nous ne faisons en étant en notre sens froid et reposé. » (II 12) La plupart des raisonnements qui se tiennent ont besoin des passions comme impulsion. Ce n’est qu’ensuite que l’esprit ordonne et maîtrise.
Les humains restent pétris de contradictions. « Vu la naturelle instabilité de nos mœurs et opinions, il m’a semblé souvent que les bons auteurs mêmes ont tôt de s’opiniâtrer à former de nous une constante et solide contexture. Ils choisissent un air universel et, suivant cette image, vont rangeant et interprétant toutes les actions d’un personnage et, s’ils ne les peuvent assez tordre, les vont renvoyant à la dissimulation. » (II 1) Chacun va selon son appétit et non selon la sagesse, « selon que le vent des occasions nous emporte », dit Montaigne. « Nous n’allons pas ; on nous emporte ». Cela pour les gens hors sagesse, qui sont le commun des hommes. Le but de la philosophie est justement de nous faire réfléchir et devenir sages.
D’autant que la tyrannie des habitudes nous tient. Elle aveugle le jugement et détruit la liberté, rendant l’humain faible devant le monde, puisque « le monde n’est qu’une branloire pérenne » ! « C’est, à la vérité, une violente et traîtresse maîtresse d’école que la coutume. Elle établit en nous peu à peu, à la dérobée, le pied de son autorité ; mais par ce doux et humble commencement, l’ayant rassis et planté avec l’aide du temps, elle nous découvre tantôt un furieux et tyrannique visage contre lequel nous n’avons plus la liberté de hausser seulement les yeux. » (I 23) D’où l’intérêt d’établir un esprit sûr de lui, capable de juger par lui-même des nouveautés qui viennent. La coutume est donc la pire et la meilleure des choses – selon qu’on la subit faute de jugement, ou qu’elle nous a formés au jugement. L’éducation est la grande affaire de Montaigne. « Il faut apprendre soigneusement aux enfants de haïr les vices de leur propre contexture, et leur en faut apprendre la naturelle difformité, à ce qu’ils les fuient, non en leur action seulement, mais surtout en leur cœur ; que la pensée même leur en soit odieuse, quelque masque qu’ils portent. » (I 23) Il s’agit moins de charger la mémoire que de rendre capable de discerner par soi-même ce qui est bien et de forger la volonté de l’accomplir. Montaigne écrit tout un essai sur l’éducation pour la comtesse de Gourson. Ce sujet lui tenait à cœur. « Je voudrais qu’on fût soigneux de lui », dit-il de l’enfant, « choisir un conducteur qui eût plutôt la tête bien faite que bien pleine, et qu’on y requît tous les deux [ces deux qualités doivent être équilibrées], mais plus les mœurs et l’entendement que la science. » (I 26) L’éducation anglaise gardera ce pli de Montaigne ; alors que la « Raison » française pousse plutôt à négliger de forger le caractère au profit d’ingurgiter le savoir…
Or, « le pire état de l’homme, c’est quand il perd la connaissance et gouvernement de soi » (II 2). Le but de la sagesse est la maîtrise du sujet « ondoyant », inconstant et pétri d’habitudes. La sagesse est une éducation. « Le prix de l’âme ne consiste pas à aller haut, mais ordonnément » (III 2) « Ramenons à nous et à notre vrai profit nos cogitations et intentions. Ce n’est pas une légère partie que de faire sûrement sa retraite. (…) La plus grande chose du monde, c’est de savoir être à soi. » (I 39) Ne pas vouloir changer le monde, s’efforcer de changer d’abord soi-même. « L’estimation et le prix d’un homme consiste au cœur et en la volonté ; c’est là où gît son vrai honneur ; la vaillance, c’est la fermeté non pas des jambes et des bras, mais du courage et de l’âme. » (I 31) Nietzsche ne dira pas autre chose.
Une telle philosophie est une joie. « L’âme qui loge la philosophie doit, par sa santé, rendre sain encore le corps. Elle doit faire luire jusqu’au dehors son repos et son aise, doit former à son moule le port extérieur et l’armer par conséquent d’une gracieuse fierté, d’un maintien actif et allègre et d’une contenance contente et débonnaire. La plus expresse marque de la sagesse, c’est une éjouissance constante. » (I 26) La vertu vraie est « facilité, utilité et plaisir de son exercice » - au contraire de la vertu fausse qui est fouet, austérité et contrainte. Ou hypocrisie, Tartuffe le montrera, cette quintessence du bourgeois intello à la française satirisé par Molière. Il faut régler sa vie mais ne pas vivre pour la règle : « le règlement, c’est son outil, non pas sa force » (avis aux divers ayatollahs et aux étatistes qui voudraient tout régenter). Les plaisirs humains, en « les modérant, elle les tient en haleine et en goût. » La sagesse « aime la vie, elle aime la beauté et la gloire et la santé. Mais son office propre et particulier, c’est savoir user de ces biens-là réglément et les savoir perdre constamment. » (I 26) De tout un peu, éviter les excès, régler une passion par une autre, instaurer des contrepouvoirs, ne jamais hésiter mais ne pas aller trop loin – telle est la sagesse de Montaigne, issue des Anciens.
Lisez Montaigne, n’hésitez pas à le lire en français moderne. Pas de superstition de la “langue originale”, sauf pour les érudits. Montaigne vaut qu’on le lise parce qu’il nous parle encore, et bien plus que certains contemporains en leur jargon !
Michel de Montaigne, Les Essais (mis en français moderne par Claude Pinganaud), Arléa Poche 2002, 806 pages, 21.85€
http://homepage.mac.com/guyjacq/index.htlm
Difficile de se peindre soi-même puisque l’on change sans cesse. Pour être fidèle, il faut rester vrai et se dire scrupuleusement jour après jour, avec ses contradictions et évolutions. « Le monde n’est qu’une branloire pérenne. Toutes choses y branlent sans cesse : la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Egypte, et du branle public et du leur. La constante même n’est qu’un branle plus languissant. Je ne puis assurer mon objet. Il va trouble et chancelant d’une ivresse naturelle. Je le prends en ce point, comme il est, en l’instant que je m’amuse à lui. Je ne peins pas l’être. Je peins le passage… » (III 2)
Comme tout change, pourquoi rêver de l’Être ? C’est l’erreur des philosophes idéalistes ou de l’absolu. En quoi cette philosophie de l’ailleurs et de l’idéal nous sert-elle à quoi que ce soit ? Montaigne est un pragmatique, la philosophie est pour lui une sagesse pratique : elle apprend à mourir – donc à bien vivre jusqu’à la fin. Comme tout branle constamment (tout change, disent les Chinois), prenons l’homme branlant « divers et ondoyant », et non point la statue déifiée, immobile et figée, de l’homme idéal. « Comme il est, en l’instant ». L’« être » n’a pas d’intérêt, seul intéresse « le passage ». « Nous n’avons aucune communication à l’être, parce que toute humaine nature est toujours au milieu entre le naître et le mourir, ne baillant de soi qu’une obscure apparence (…). Et si, de fortune, vous fichez votre pensée à vouloir prendre son être, ce sera ni plus ni moins que lui voudrait empoigner l’eau. » (II 12) ‘Tu es pierre’, disait le Christ à son disciple préféré ; Montaigne y voit plutôt de l’eau – comme les philosophies asiatiques. Dans le changement, comment saisir une quelconque substance ? Mais avec cette puissance de la souplesse : l’eau ne fait pas bloc mais s’infiltre obstinément dans la moindre faille.
« C’est un sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant que l’homme » (I.1). Le jugement humain est inconstant. « Je ne fais qu’aller et venir : mon jugement ne tire pas toujours en avant ; il flotte, il vague…(…) Chacun à peu près en dirait autant de soi, s’il se regardait comme moi. Les prêcheurs savent que l’émotion qui leur vient en parlant les anime vers la créance et qu’en colère nous nous adonnons plus à la défense de notre proposition, l’imprimons en nous et l’embrassons avec plus de véhémence et d’approbation que nous ne faisons en étant en notre sens froid et reposé. » (II 12) La plupart des raisonnements qui se tiennent ont besoin des passions comme impulsion. Ce n’est qu’ensuite que l’esprit ordonne et maîtrise.
Les humains restent pétris de contradictions. « Vu la naturelle instabilité de nos mœurs et opinions, il m’a semblé souvent que les bons auteurs mêmes ont tôt de s’opiniâtrer à former de nous une constante et solide contexture. Ils choisissent un air universel et, suivant cette image, vont rangeant et interprétant toutes les actions d’un personnage et, s’ils ne les peuvent assez tordre, les vont renvoyant à la dissimulation. » (II 1) Chacun va selon son appétit et non selon la sagesse, « selon que le vent des occasions nous emporte », dit Montaigne. « Nous n’allons pas ; on nous emporte ». Cela pour les gens hors sagesse, qui sont le commun des hommes. Le but de la philosophie est justement de nous faire réfléchir et devenir sages.
D’autant que la tyrannie des habitudes nous tient. Elle aveugle le jugement et détruit la liberté, rendant l’humain faible devant le monde, puisque « le monde n’est qu’une branloire pérenne » ! « C’est, à la vérité, une violente et traîtresse maîtresse d’école que la coutume. Elle établit en nous peu à peu, à la dérobée, le pied de son autorité ; mais par ce doux et humble commencement, l’ayant rassis et planté avec l’aide du temps, elle nous découvre tantôt un furieux et tyrannique visage contre lequel nous n’avons plus la liberté de hausser seulement les yeux. » (I 23) D’où l’intérêt d’établir un esprit sûr de lui, capable de juger par lui-même des nouveautés qui viennent. La coutume est donc la pire et la meilleure des choses – selon qu’on la subit faute de jugement, ou qu’elle nous a formés au jugement. L’éducation est la grande affaire de Montaigne. « Il faut apprendre soigneusement aux enfants de haïr les vices de leur propre contexture, et leur en faut apprendre la naturelle difformité, à ce qu’ils les fuient, non en leur action seulement, mais surtout en leur cœur ; que la pensée même leur en soit odieuse, quelque masque qu’ils portent. » (I 23) Il s’agit moins de charger la mémoire que de rendre capable de discerner par soi-même ce qui est bien et de forger la volonté de l’accomplir. Montaigne écrit tout un essai sur l’éducation pour la comtesse de Gourson. Ce sujet lui tenait à cœur. « Je voudrais qu’on fût soigneux de lui », dit-il de l’enfant, « choisir un conducteur qui eût plutôt la tête bien faite que bien pleine, et qu’on y requît tous les deux [ces deux qualités doivent être équilibrées], mais plus les mœurs et l’entendement que la science. » (I 26) L’éducation anglaise gardera ce pli de Montaigne ; alors que la « Raison » française pousse plutôt à négliger de forger le caractère au profit d’ingurgiter le savoir…
Or, « le pire état de l’homme, c’est quand il perd la connaissance et gouvernement de soi » (II 2). Le but de la sagesse est la maîtrise du sujet « ondoyant », inconstant et pétri d’habitudes. La sagesse est une éducation. « Le prix de l’âme ne consiste pas à aller haut, mais ordonnément » (III 2) « Ramenons à nous et à notre vrai profit nos cogitations et intentions. Ce n’est pas une légère partie que de faire sûrement sa retraite. (…) La plus grande chose du monde, c’est de savoir être à soi. » (I 39) Ne pas vouloir changer le monde, s’efforcer de changer d’abord soi-même. « L’estimation et le prix d’un homme consiste au cœur et en la volonté ; c’est là où gît son vrai honneur ; la vaillance, c’est la fermeté non pas des jambes et des bras, mais du courage et de l’âme. » (I 31) Nietzsche ne dira pas autre chose.
Une telle philosophie est une joie. « L’âme qui loge la philosophie doit, par sa santé, rendre sain encore le corps. Elle doit faire luire jusqu’au dehors son repos et son aise, doit former à son moule le port extérieur et l’armer par conséquent d’une gracieuse fierté, d’un maintien actif et allègre et d’une contenance contente et débonnaire. La plus expresse marque de la sagesse, c’est une éjouissance constante. » (I 26) La vertu vraie est « facilité, utilité et plaisir de son exercice » - au contraire de la vertu fausse qui est fouet, austérité et contrainte. Ou hypocrisie, Tartuffe le montrera, cette quintessence du bourgeois intello à la française satirisé par Molière. Il faut régler sa vie mais ne pas vivre pour la règle : « le règlement, c’est son outil, non pas sa force » (avis aux divers ayatollahs et aux étatistes qui voudraient tout régenter). Les plaisirs humains, en « les modérant, elle les tient en haleine et en goût. » La sagesse « aime la vie, elle aime la beauté et la gloire et la santé. Mais son office propre et particulier, c’est savoir user de ces biens-là réglément et les savoir perdre constamment. » (I 26) De tout un peu, éviter les excès, régler une passion par une autre, instaurer des contrepouvoirs, ne jamais hésiter mais ne pas aller trop loin – telle est la sagesse de Montaigne, issue des Anciens.
Lisez Montaigne, n’hésitez pas à le lire en français moderne. Pas de superstition de la “langue originale”, sauf pour les érudits. Montaigne vaut qu’on le lise parce qu’il nous parle encore, et bien plus que certains contemporains en leur jargon !
Michel de Montaigne, Les Essais (mis en français moderne par Claude Pinganaud), Arléa Poche 2002, 806 pages, 21.85€
http://homepage.mac.com/guyjacq/index.htlm
vendredi 26 décembre 2008
Les Fernandez ( Ramon et Dominique)
J'apprécie depuis longtemps les oeuvres de Dominique Fernandez: " Dans la main de l'Ange" (biographie romancée de Pasolini), "Le Tribunal d'honneur" (biographie romancée de Tchaikovski), "La course à l'abîme" (vie du peintre Le Caravage), "Le dernier des Medicis" et bien d'autres livres encore.
Dominique Fernandez vient de publier un très beau livre sur son père , le grand critique littéraire Ramon Fernandez, bien oublié, en raison de son comportement pendant la guerre et sa compromission avec les allemands.
Déjà, lors de sa récente élection à l'académie Française, Dominique Fernadez était revenu sur la vie et l'oeuvre de son père et il avait prononcé , notamment , cette très belle phrase dans son discours de réception à l'académie française, le jeudi 13 décembre 2007 :
« L'illustre d'Alembert, dont vous m'avez fait l'honneur, et je vous en remercie, de m'appeler à occuper le fauteuil, parlait de « l'égalité académique ». Il voulait dire que tous les académiciens, quelles que soient leur origine sociale, leurs convictions, leurs erreurs ou celles de leurs parents, sont égaux. Au nom de cette égalité, je vous demande d'accueillir avec moi l'ombre de quelqu'un qui avait plus de titres à prendre ma place, et à qui je dois d'être celui que je suis : Ramon Fernandez, mon père. Il s'est fourvoyé en politique, et j'ai toujours condamné, publiquement, sa conduite pendant l'Occupation. [...] Mais est-ce une raison pour oublier, occulter, son œuvre littéraire ? [...] Autant les opinions professées pendant la guerre par mon père - je parle d'opinions, car il ne s'est rendu coupable d'aucune action répréhensible, sauvant au contraire des Juifs, prononçant, seul parmi les écrivains collaborateurs, l'éloge funèbre de Bergson, publiant ce livre sur Proust -, autant ses opinions politiques ont toujours été pour moi inacceptables, autant j'admire son œuvre. Et je vous ferai cet aveu : parmi les motifs qui m'ont poussé à souhaiter faire partie de votre Compagnie, le dernier n'a pas été de faire retentir sous la Coupole, à côté de celui de Richelieu, le nom de Ramon Fernandez. »
http://bibliobs.nouvelobs.com/blog/les-livres-des-livre/20081226/9605/ramon-fernandez-lhomme-presse
Dans son très beau livre sur ce père qu'il a très peu connu il y a un passage qui m'émeut particulièrement: celui où Dominique Fernandez nous dit que tous ses livres et notamment tous ceux consacrés a des êtres aux talents magnifiques mais qui ont été socialement déchus (Portofiro, Tchaïkovski, Caravage, Pasolini) ont été une recherche de son propre père, lui aussi très brillant critique littéraire mais qui s'est gravement fourvoyé pendant la guerre en collaborant.
Dominique Fernandez vient de publier un très beau livre sur son père , le grand critique littéraire Ramon Fernandez, bien oublié, en raison de son comportement pendant la guerre et sa compromission avec les allemands.
Déjà, lors de sa récente élection à l'académie Française, Dominique Fernadez était revenu sur la vie et l'oeuvre de son père et il avait prononcé , notamment , cette très belle phrase dans son discours de réception à l'académie française, le jeudi 13 décembre 2007 :
« L'illustre d'Alembert, dont vous m'avez fait l'honneur, et je vous en remercie, de m'appeler à occuper le fauteuil, parlait de « l'égalité académique ». Il voulait dire que tous les académiciens, quelles que soient leur origine sociale, leurs convictions, leurs erreurs ou celles de leurs parents, sont égaux. Au nom de cette égalité, je vous demande d'accueillir avec moi l'ombre de quelqu'un qui avait plus de titres à prendre ma place, et à qui je dois d'être celui que je suis : Ramon Fernandez, mon père. Il s'est fourvoyé en politique, et j'ai toujours condamné, publiquement, sa conduite pendant l'Occupation. [...] Mais est-ce une raison pour oublier, occulter, son œuvre littéraire ? [...] Autant les opinions professées pendant la guerre par mon père - je parle d'opinions, car il ne s'est rendu coupable d'aucune action répréhensible, sauvant au contraire des Juifs, prononçant, seul parmi les écrivains collaborateurs, l'éloge funèbre de Bergson, publiant ce livre sur Proust -, autant ses opinions politiques ont toujours été pour moi inacceptables, autant j'admire son œuvre. Et je vous ferai cet aveu : parmi les motifs qui m'ont poussé à souhaiter faire partie de votre Compagnie, le dernier n'a pas été de faire retentir sous la Coupole, à côté de celui de Richelieu, le nom de Ramon Fernandez. »
http://bibliobs.nouvelobs.com/blog/les-livres-des-livre/20081226/9605/ramon-fernandez-lhomme-presse
Dans son très beau livre sur ce père qu'il a très peu connu il y a un passage qui m'émeut particulièrement: celui où Dominique Fernandez nous dit que tous ses livres et notamment tous ceux consacrés a des êtres aux talents magnifiques mais qui ont été socialement déchus (Portofiro, Tchaïkovski, Caravage, Pasolini) ont été une recherche de son propre père, lui aussi très brillant critique littéraire mais qui s'est gravement fourvoyé pendant la guerre en collaborant.
jeudi 25 décembre 2008
Le peintre Giorgione
Adhérent au site Babelio j'ai reçu, pour en faire une critique le livre de Claude Chevreuil:" Les mémoires de Giorgione" paru aux éditions de fallois en 1994 et réédité en livre de poche. Il s'agit de la lettre qu'écrit le peintre Gorgione en 1511 l'année de sa mort de la peste à son éléve et ami et qui revient sur l'ensemble de sa vie.Petit paysan pauvre il devient l'élève de Bellini et vit une grande partie de sa vie à Venise où il devient un peintre recherché. Ces mémoires sous forme de lettre me rapelle les Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar. Voici, ci-dessous , un site consacré au peintre Giorgione.
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Giorgione
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Giorgione
mardi 23 décembre 2008
Un nouveau comportement honteux
Sarkozy vient d'accorder une grâce partielle à l'ancien préfet Marchiani, ce qui va permettre à ce dernier d'obtenir une libération conditionnelle. Le Président a le front de le présenter comme un simple cas parmi les 27 grâces concernant des détenus "particulièrement méritants". C'est une honte et nous sommes décidément de plus en plus dans une république bananière ou seul compte le fait du Prince. J'éspère que cette décision scandaleuse entrainera de nombreuses et vives réactions.
dimanche 21 décembre 2008
Souvenirs d'André Labarrére
La ville de Pau ne cesse de regretter son Maire. Quand les discussions de café du commerce s'engagent sur la politique municipale il n'est pas rare que les interlocuteurs déclarent regretter le temps d'André Labarrère. Quel plus bel hommage!
Voici un petit texte paru sur le site : Alternatives Paloises que je reproduis parcequ'il traduit, avec humour, ce sentiments très partagé.
Tout le monde en rêvait. Alternatives Paloises l’a réalisé. Notre correspondant Carmontelle a réussi - dieu sait comment - a obtenir un entretien avec notre regretté maire de Pau, en direct du Purgatoire où il a pris sa nouvelle résidence, par ligne inter satellitaire, grâce au très haut débit dont il fut l’initiateur. Voici l’essentiel de cet entretien.
A@P - Bonjour, monsieur le ministre...AL - Je vous interromps immédiatement, mon cher ami, ici, les titres, les civilités et autres entregents n’ont pas cours - si je puis m’exprimer ainsi, vous savez qu’on me qualifiait dans votre monde d’éternel courtisan (petit rire saccadé) -, mais bref l’ordre hiérarchique des priorités n’obéit point aux mêmes contingences.A@P - C’est-à-dire ? AL - Comprenez-moi, dans votre monde, j’étais l’éternel maire de Pau, ici, je ne suis plus qu’un éternel défunt, la nuance est savoureuse, n’est-ce pas ? Mais venons-en à l’objectif de votre appel. Si les jours ne me sont plus comptés - et la comptabilité ne fut pas mon fort autrefois, j’aimais à citer cette phrase de Figaro qui se présentant à un emploi public dit : « il y fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint » (nouveau petit rire saccadé) - mais vos heures sont précieuses, alors n’en abusons point. Posez vos questions, mon ami.
A@P - Depuis votre... départ.AL - Décès, dîtes le mot juste, foin de la langue de bois !
A@P - Donc depuis votre décès, nous assistons à Pau, à la déliquescence de la politique culturelle : point d’harmonisation, aucune programmation concertée, déchéance du pôle des abattoirs, suppression de subventions pour certaines compagnies, augmentation démesurée pour d’autres sans contrepartie négociée, mépris des artistes et créateurs, il semble que seul l’OPPB tire son épingle du jeu... Qu’en pensez-vous ?AL - Vous savez, lorsque Périclès mourut, les sénateurs élirent à sa place le stratège le plus niais qu’ils trouvèrent. Cette pale figure contribua à élever dans la conscience populaire celle du défunt qui devint un mythe populaire. Je veux dire par là que je n’ai pas fait mieux ni pis que mes prédécesseurs et que mes successeurs ne feront pas autrement. En matière de culture, il faut dissocier la programmation officielle, forcément arbitraire et bourgeoise, de l’initiative populaire. L’élu dispose du pouvoir et des cordons de la bourse. Il ne maîtrise pas - dieu merci - la conscience du peuple. Les mouvements littéraires et philosophiques les plus marquants de l’humanité se développèrent contre le pouvoir en place, son inertie, sa bêtise ou son obscurantisme. En conséquence, il me semble que le meilleur service que mes héritiers (nouveau petit rire saccadé) puissent rendre à la culture paloise, c’est de poursuivre la politique absurde et insipide que j’ai promue durant mon règne.
A@P - Cependant l’Orchestre de Pau...AL - J’ai été séduit par un jeune homme, faiblesse trop humaine...
A@P - Que diriez-vous à Martine ?AL - Tu as choisi d’exercer le métier de prince, sois en digne et souviens-toi que le meilleur chemin vers la réussite est l’humilité.
A ces mots, notre maire regretté fut pris d’une légère toux. Comme je m’inquiétais de cette indisposition, il me répondit :
AL - Oh ! ce n’est rien, un accident de nuage : j’ai l’âme un peu frileuse à l’approche de ce long hiver qu’est l’immortalité.
A@P - Je ne vais donc pas vous importuner davantage. Un dernier mot cependant.AL - Dernier mot, l’expression ne manque pas de piquant ici... Je vous écoute.
A@P - Vous êtes au Purgatoire, pourquoi pas l’Enfer ou le Paradis ?AL - Oh ! vous savez, on ne choisit pas ses défunts. Le Paradis, pour moi, ce fut être maire de Pau pendant 35 ans, et comme dit Sartre, l’Enfer, c’est les autres...
A@P - Les autres ?AL - Les autres élus !Il y eut des fritures sur la ligne, comme les soubresauts d’un rire distrait et lointain, et la communication fut interrompue. Je n’eus pas le temps de lui souhaiter un joyeux Noël ni de lui demander quels étaient ses vœux pour l’avenir de notre ville.
Je pense qu’il nous aurait régalé de quelque ironique épigramme à la sauce béarnaise et au piment d’Espelette - dont il avait le secret - ou d’anecdotes truffées de vertes saillies à l’adresse du bouillant François ou de la sémillante Martine...
- par Carmontelle
Voici un petit texte paru sur le site : Alternatives Paloises que je reproduis parcequ'il traduit, avec humour, ce sentiments très partagé.
Tout le monde en rêvait. Alternatives Paloises l’a réalisé. Notre correspondant Carmontelle a réussi - dieu sait comment - a obtenir un entretien avec notre regretté maire de Pau, en direct du Purgatoire où il a pris sa nouvelle résidence, par ligne inter satellitaire, grâce au très haut débit dont il fut l’initiateur. Voici l’essentiel de cet entretien.
A@P - Bonjour, monsieur le ministre...AL - Je vous interromps immédiatement, mon cher ami, ici, les titres, les civilités et autres entregents n’ont pas cours - si je puis m’exprimer ainsi, vous savez qu’on me qualifiait dans votre monde d’éternel courtisan (petit rire saccadé) -, mais bref l’ordre hiérarchique des priorités n’obéit point aux mêmes contingences.A@P - C’est-à-dire ? AL - Comprenez-moi, dans votre monde, j’étais l’éternel maire de Pau, ici, je ne suis plus qu’un éternel défunt, la nuance est savoureuse, n’est-ce pas ? Mais venons-en à l’objectif de votre appel. Si les jours ne me sont plus comptés - et la comptabilité ne fut pas mon fort autrefois, j’aimais à citer cette phrase de Figaro qui se présentant à un emploi public dit : « il y fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint » (nouveau petit rire saccadé) - mais vos heures sont précieuses, alors n’en abusons point. Posez vos questions, mon ami.
A@P - Depuis votre... départ.AL - Décès, dîtes le mot juste, foin de la langue de bois !
A@P - Donc depuis votre décès, nous assistons à Pau, à la déliquescence de la politique culturelle : point d’harmonisation, aucune programmation concertée, déchéance du pôle des abattoirs, suppression de subventions pour certaines compagnies, augmentation démesurée pour d’autres sans contrepartie négociée, mépris des artistes et créateurs, il semble que seul l’OPPB tire son épingle du jeu... Qu’en pensez-vous ?AL - Vous savez, lorsque Périclès mourut, les sénateurs élirent à sa place le stratège le plus niais qu’ils trouvèrent. Cette pale figure contribua à élever dans la conscience populaire celle du défunt qui devint un mythe populaire. Je veux dire par là que je n’ai pas fait mieux ni pis que mes prédécesseurs et que mes successeurs ne feront pas autrement. En matière de culture, il faut dissocier la programmation officielle, forcément arbitraire et bourgeoise, de l’initiative populaire. L’élu dispose du pouvoir et des cordons de la bourse. Il ne maîtrise pas - dieu merci - la conscience du peuple. Les mouvements littéraires et philosophiques les plus marquants de l’humanité se développèrent contre le pouvoir en place, son inertie, sa bêtise ou son obscurantisme. En conséquence, il me semble que le meilleur service que mes héritiers (nouveau petit rire saccadé) puissent rendre à la culture paloise, c’est de poursuivre la politique absurde et insipide que j’ai promue durant mon règne.
A@P - Cependant l’Orchestre de Pau...AL - J’ai été séduit par un jeune homme, faiblesse trop humaine...
A@P - Que diriez-vous à Martine ?AL - Tu as choisi d’exercer le métier de prince, sois en digne et souviens-toi que le meilleur chemin vers la réussite est l’humilité.
A ces mots, notre maire regretté fut pris d’une légère toux. Comme je m’inquiétais de cette indisposition, il me répondit :
AL - Oh ! ce n’est rien, un accident de nuage : j’ai l’âme un peu frileuse à l’approche de ce long hiver qu’est l’immortalité.
A@P - Je ne vais donc pas vous importuner davantage. Un dernier mot cependant.AL - Dernier mot, l’expression ne manque pas de piquant ici... Je vous écoute.
A@P - Vous êtes au Purgatoire, pourquoi pas l’Enfer ou le Paradis ?AL - Oh ! vous savez, on ne choisit pas ses défunts. Le Paradis, pour moi, ce fut être maire de Pau pendant 35 ans, et comme dit Sartre, l’Enfer, c’est les autres...
A@P - Les autres ?AL - Les autres élus !Il y eut des fritures sur la ligne, comme les soubresauts d’un rire distrait et lointain, et la communication fut interrompue. Je n’eus pas le temps de lui souhaiter un joyeux Noël ni de lui demander quels étaient ses vœux pour l’avenir de notre ville.
Je pense qu’il nous aurait régalé de quelque ironique épigramme à la sauce béarnaise et au piment d’Espelette - dont il avait le secret - ou d’anecdotes truffées de vertes saillies à l’adresse du bouillant François ou de la sémillante Martine...
- par Carmontelle
vendredi 19 décembre 2008
La suite des Misérables
C'est une très longue procédure qui vient de se terminer par un arrêt de la Cour d'appel de Paris en date de ce jour. La Cour donne raison à l éditeur des deux romans de François Ceresa qui constituaient une suite au célèbre roman de Victor Hugo " Les Misérables" contre les héritiers de Victor Hugo. J'avais déjà, brièvement évoqué cette question dans mon livre "Justice et Littérature" paru en 2004 mais la procédure ne venait que de commencer.
Les descendants de Victor Hugo voulaient faire juger qu' en donnant une suite au célèbre roman l'éditeur et l'auteur portaient atteinte au droit moral de l'écrivain.
Il faut en effet noter que la création entraîne deux droits au profit de l'auteur:
-un droit patrimonial qui est protégé pendant soixante dix ans, l'oeuvre tombant ensuite dans le domaine public
-un droit moral qui, lui, est perpétuel et se transmet aux descendants.
Le 12 septembre 2001 le Tribunal de Grande Instance de paris avait donné raison à l'éditeur.
La Cour d'appel réforme ce jugement et estime , au contraire , que les deux romans de François Ceresa portent atteinte au droit moral de Victor Hugo.
La Cour de cassation par un arrêt en date du 30 janvier 2007 casse la décision de la Cour et renvoie devant la Cour " autrement composée".
Cette dernière vient de rendre l'arrêt qui donne raison à l'éditeur et au romancier.
On ne peut que se féliciter de cette décision qui respecte d'ailleurs ce que pensait Victor Hugo lui-même et qu'il avait déclaré le 21 juin 1878 lors d'un Congrès littéraire:
"Avant la publication, l'auteur a un droit incontestable et illimité sur son oeuvre. Dés que l'oeuvre est publiée, l'auteur n'en est plus le maître. C'est alors l'autre personnage qui s'en empare, appelez le du nom que vous voudrez: esprit humain, domaine public, société.
L'héritier du sang est l'héritier du sang. L'écrivain, en tant qu'écrivain, n'a qu'un héritier, c'est l'héritier de l'esprit, c'est l'esprit humain, c'est le domaine public. Voilà la vérité absolue."
http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/12/20/javert-ressucite-et-relaxe/
Les descendants de Victor Hugo voulaient faire juger qu' en donnant une suite au célèbre roman l'éditeur et l'auteur portaient atteinte au droit moral de l'écrivain.
Il faut en effet noter que la création entraîne deux droits au profit de l'auteur:
-un droit patrimonial qui est protégé pendant soixante dix ans, l'oeuvre tombant ensuite dans le domaine public
-un droit moral qui, lui, est perpétuel et se transmet aux descendants.
Le 12 septembre 2001 le Tribunal de Grande Instance de paris avait donné raison à l'éditeur.
La Cour d'appel réforme ce jugement et estime , au contraire , que les deux romans de François Ceresa portent atteinte au droit moral de Victor Hugo.
La Cour de cassation par un arrêt en date du 30 janvier 2007 casse la décision de la Cour et renvoie devant la Cour " autrement composée".
Cette dernière vient de rendre l'arrêt qui donne raison à l'éditeur et au romancier.
On ne peut que se féliciter de cette décision qui respecte d'ailleurs ce que pensait Victor Hugo lui-même et qu'il avait déclaré le 21 juin 1878 lors d'un Congrès littéraire:
"Avant la publication, l'auteur a un droit incontestable et illimité sur son oeuvre. Dés que l'oeuvre est publiée, l'auteur n'en est plus le maître. C'est alors l'autre personnage qui s'en empare, appelez le du nom que vous voudrez: esprit humain, domaine public, société.
L'héritier du sang est l'héritier du sang. L'écrivain, en tant qu'écrivain, n'a qu'un héritier, c'est l'héritier de l'esprit, c'est l'esprit humain, c'est le domaine public. Voilà la vérité absolue."
http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/12/20/javert-ressucite-et-relaxe/
jeudi 18 décembre 2008
Encore la prison
Voici un document qui devrait aider à changer les choses. Des détenus ont filmé clandestinement pendant plusieurs mois les conditions de la détention à Fleury-Merogis.On connaissait par de nombreux rapports les conditions inadmissibles de détention et les atteintes à la dignité humaine que cela entraîne mais il est certain que les images auront un autre poid. On peut aller les voir dans cet article du Monde d'aujourd'hui.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/12/18/la-prison-de-fleury-merogis-filmee-de-l-interieur_1132482_3224.html
Et maintenant je redis que les politiques sont au premier chef responsables de cette situation, mais que les magistrats ont, eux aussi , leurs parts de responsabilité. Ils ne peuvent ignorer, lorsqu'ils envoient en prison qu'ils participent à une atteinte à la dignité humaine. Ils répondront qu'ils appliquent la loi. certes. Mais quand la loi conduit à une violation des droits de l'homme, c'est à eux juges des libertés de s'y opposer. En s'y opposant ils contraindront les politiques à ne pas se contenter de discours hypocrites mais à agir.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/12/18/la-prison-de-fleury-merogis-filmee-de-l-interieur_1132482_3224.html
Et maintenant je redis que les politiques sont au premier chef responsables de cette situation, mais que les magistrats ont, eux aussi , leurs parts de responsabilité. Ils ne peuvent ignorer, lorsqu'ils envoient en prison qu'ils participent à une atteinte à la dignité humaine. Ils répondront qu'ils appliquent la loi. certes. Mais quand la loi conduit à une violation des droits de l'homme, c'est à eux juges des libertés de s'y opposer. En s'y opposant ils contraindront les politiques à ne pas se contenter de discours hypocrites mais à agir.
mardi 16 décembre 2008
Un Procureur devant les Juges
Monsieur de Montgolfier, procureur connu, est aujourd'hui poursuivi
devant le tribunal correctionnel pour atteinte à la liberté individuelle ce qui fait, évidemment tâche pour un procureur.Sur le fond je ne me pronnoncerai pas, mais je veux seulement citer ces quelques remarques savoureuses de M.de Montgolfier sur la façon dont la justice se comporte.En ce qui me concerne je le savais et je ne peux que m'étonner que ce Procureur ne s'en rende compte que maintenant qu'il est poursuivi.... Mieux vaut tard que jamais.
Cela fait trente ans que je suis magistrat et j'avais cru comprendre que l'instruction se faisait à charge et à décharge
"Je n’ai pas la déférente soumission qu’on attend des justiciables"
On m’a rapporté, poursuivra-t-il, que les juges s’étaient émus de ce que je les aurais pris de haut. Il faudrait cajoler les juges pour obtenir justice ? C’est quelque chose que j’ai du mal à accepter."
devant le tribunal correctionnel pour atteinte à la liberté individuelle ce qui fait, évidemment tâche pour un procureur.Sur le fond je ne me pronnoncerai pas, mais je veux seulement citer ces quelques remarques savoureuses de M.de Montgolfier sur la façon dont la justice se comporte.En ce qui me concerne je le savais et je ne peux que m'étonner que ce Procureur ne s'en rende compte que maintenant qu'il est poursuivi.... Mieux vaut tard que jamais.
Cela fait trente ans que je suis magistrat et j'avais cru comprendre que l'instruction se faisait à charge et à décharge
"Je n’ai pas la déférente soumission qu’on attend des justiciables"
On m’a rapporté, poursuivra-t-il, que les juges s’étaient émus de ce que je les aurais pris de haut. Il faudrait cajoler les juges pour obtenir justice ? C’est quelque chose que j’ai du mal à accepter."
samedi 13 décembre 2008
Jean François Blanco Bâtonnier
Le 11 décembre le Barreau de Pau vient de désigner son nouveau Bâtonnier en la personne de Jean François Blanco. En fait ce n'est pas une surprise puisque que l'an dernier , à la même époque , il avait été désigné en qualité de dauphin. J'avais dit à l'époque ma satisfaction car je considère qu'il s'agit d'un excellent avocat , capable défendre au mieux les intérêts de la profession.
Le nouveau bâtonnier a fait ce 11 décembre un très beau discours, plein d'humanité et il a très bien défendu l'idée du rôle éminent des avocats dans une société démocratique. Il a souligné son hostilité à l'idée d'une grande profession dans laquelle serait intégrés notamment les juristes d'entreprises et qui dénaturerait complètement la profession. Je partage ce point de vue car j'ai toujours pensé qu'en dehors de la technique pure l'avocat remplit un magister moral.
Dés que j'obtiendrai une copie du discours je le ferai paraître dans ce blog
Le nouveau bâtonnier a fait ce 11 décembre un très beau discours, plein d'humanité et il a très bien défendu l'idée du rôle éminent des avocats dans une société démocratique. Il a souligné son hostilité à l'idée d'une grande profession dans laquelle serait intégrés notamment les juristes d'entreprises et qui dénaturerait complètement la profession. Je partage ce point de vue car j'ai toujours pensé qu'en dehors de la technique pure l'avocat remplit un magister moral.
Dés que j'obtiendrai une copie du discours je le ferai paraître dans ce blog
mardi 9 décembre 2008
L'Eglise catholique ne progresse vraiment pas!
Deux évènements récents me montrent que l'Église Catholique ne progresse pas et que la liberté est un mot qu'elle a du mal à admettre. Ces deux évenements n'ont évidement pas la même portée.
Le premier est la censure par la RAI (oui, je sais ce n'est pas l'Eglise!) de deux scènes gay dans le très beau film "Brokeback Mountain" tiré du livre de Annie Proulx, prix Pulitzer . Je trouve choquant à tous points de vue et notamment en raison du respect dû à la liberté des spectateurs et aux droits du créateur de censurer ainsi un tel film. Autant ne pas le programmer. Va t-on assister à de nouveaux autodafés?
Le deuxième évènement beaucoup plus grave et, pour moi scandaleux, c'est le vote par le Vatican contre une résolution de l'ONU tendant à dépénaliser l'homosexualité. Ce vote est particulièrement choquant quand on sait que dans certains pays on, emprisonne et même quelquefois on condamne à mort.
Le premier est la censure par la RAI (oui, je sais ce n'est pas l'Eglise!) de deux scènes gay dans le très beau film "Brokeback Mountain" tiré du livre de Annie Proulx, prix Pulitzer . Je trouve choquant à tous points de vue et notamment en raison du respect dû à la liberté des spectateurs et aux droits du créateur de censurer ainsi un tel film. Autant ne pas le programmer. Va t-on assister à de nouveaux autodafés?
Le deuxième évènement beaucoup plus grave et, pour moi scandaleux, c'est le vote par le Vatican contre une résolution de l'ONU tendant à dépénaliser l'homosexualité. Ce vote est particulièrement choquant quand on sait que dans certains pays on, emprisonne et même quelquefois on condamne à mort.
Venise et ses peintres
Voici un site qui nous présente une très belle exposition des peintres à Venise. Cela se passe à la Fondation Beyeler à Bâle et le site permet d'admirer quelques uns des plus beaux tableaux consacrés à Venise.
Voici donc le lien qui vous conduit au catalogue et le site de la Fondation Beyeler.
http://www.beyeler.com/fondation/f/html_11sonderaus/35venedig/00_intro.php?pos=1
http://www.beyeler.com/
Voici donc le lien qui vous conduit au catalogue et le site de la Fondation Beyeler.
http://www.beyeler.com/fondation/f/html_11sonderaus/35venedig/00_intro.php?pos=1
http://www.beyeler.com/
lundi 8 décembre 2008
La Méditérranée: son histoire et ses civilisations
Voici un très beau site pour ceux qui s'intéresse à l'histoire des pays méditerranéens. Il y a notamment une carte que l'on peut faire évoluer dans le temps et qui montrent les différents pouvoirs qui se sont succédés. C'est clair et les textes sont à la fois complets et simples.
En dehors de l'histoire proprement dite il y a de nombreux documents sur les arts et traditions de ces différentes régions aux différentes époques. Il suffit de se laisser guider par la curiosité.
http://www.qantara-med.org/qantara4/public/index.php
En dehors de l'histoire proprement dite il y a de nombreux documents sur les arts et traditions de ces différentes régions aux différentes époques. Il suffit de se laisser guider par la curiosité.
http://www.qantara-med.org/qantara4/public/index.php
dimanche 7 décembre 2008
Discours de J-M Le Clezio devant l'Académie Suédoise
Je dois reconnaître ici le goût que j'ai depuis longtemps pour les discours académiques car je sais que , dans ces occasions, l'écrivain fait un véritable effort pour chercher sa vérité profonde. Les deux discours qui me paraissent les plus beaux sont ceux de Marguerite Yourcenar lorsqu'elle fut reçue ( première femme à l'être) à l'Académie Française et dans lequel, au milieu des remerciements , elle décocha quelques fortes vérités sur la misogynie des Académiciens et celui que prononça Albert Camus devant l'Académie Suédoise qui reste le meilleur du genre. Voici maintenant celui de J-M Le Clezio que l'on peut trouver sur le site de l'Académie Suédoise.
http://www.svenskaakademien.se/web/Conference_Nobel_2008_en.aspx
http://www.svenskaakademien.se/web/Conference_Nobel_2008_en.aspx
Sois prés de moi: un roman d' Andrew O'Hagan
Sois prés de moi est un trés beau roman d'Andrew O'Hagan que je viens de terminer et dont je recommande la lecture.Voici tout d'abord la derniére de couverture qui résume bien les faits:
Le père David Anderton, 57 ans, s'installe dans la petite ville ouvrière de Dalgarnock, en Ecosse, pour prendre en charge la paroisse. Arrivant d'Angleterre, il se heurte à l'hostilité de ses concitoyens et peine à trouver sa place dans cet univers si éloigné du sien. Il se lie néanmoins avec Mark et Lisa, deux adolescents rebelles, ainsi qu'avec son étonnante gouvernante, Mrs Poole. Mais son amitié avec le jeune homme éveille une certaine suspicion. Le père David devient alors la cible de l'hystérie collective... Dans ses moments de solitude, il est submergé par les réminiscences de son enfance et de ses études à Oxford dans les années 1960, en plein cœur des révoltes estudiantines. Il porte un regard amer sur ses amours et ses idéaux perdus .
Comme toujours l'histoire ne serait pas grand chose sans le style de l'auteur. Ce romancier écrit de manière à la fois rigoureuse et tendre. Autrement dit on se laisse charmer par cette écriture.
Mais ce qui m'a particulièrement touché, en tant qu'ancien avocat, c'est la démonstration de ce que j'ai toujours pensé, à savoir que la complexité de certains êtres et de certaines situations ne peut être réellement comprise par l'institution judiciaire. Seul l'art du romancier peut y parvenir ou le talent d'un grand avocat.
Le père David Anderton, 57 ans, s'installe dans la petite ville ouvrière de Dalgarnock, en Ecosse, pour prendre en charge la paroisse. Arrivant d'Angleterre, il se heurte à l'hostilité de ses concitoyens et peine à trouver sa place dans cet univers si éloigné du sien. Il se lie néanmoins avec Mark et Lisa, deux adolescents rebelles, ainsi qu'avec son étonnante gouvernante, Mrs Poole. Mais son amitié avec le jeune homme éveille une certaine suspicion. Le père David devient alors la cible de l'hystérie collective... Dans ses moments de solitude, il est submergé par les réminiscences de son enfance et de ses études à Oxford dans les années 1960, en plein cœur des révoltes estudiantines. Il porte un regard amer sur ses amours et ses idéaux perdus .
Comme toujours l'histoire ne serait pas grand chose sans le style de l'auteur. Ce romancier écrit de manière à la fois rigoureuse et tendre. Autrement dit on se laisse charmer par cette écriture.
Mais ce qui m'a particulièrement touché, en tant qu'ancien avocat, c'est la démonstration de ce que j'ai toujours pensé, à savoir que la complexité de certains êtres et de certaines situations ne peut être réellement comprise par l'institution judiciaire. Seul l'art du romancier peut y parvenir ou le talent d'un grand avocat.
samedi 6 décembre 2008
Retour au Pays: critique de mon livre par Renée Mourgues
J'ai appris par des amis que Renée Mourgues, journaliste à la république des Pyrénées et chargée de la critique des livres avait rédigé le 16 septembre dernier une critique de mon dernier livre:" Retour au Pays". Je me suis donc procuré ce numéro du journal pour lire cette critique que j'ai failli ne jamais voir. Je reproduis ci-dessous ce texte que j'ai apprécié
"L'Afrique du Nord en bandoulière,Jean-Pierre Ryf poursuit des investigations philosophiques et humaines ressemblant fort à une introspection, le tout ficelé en trois nouvelles traitant de la souffrance de l'exil. Avocat honoraire du barreau de Pau, l'auteur a déjà effleuré le thème de l'attachement et de l'arrachement dans des ouvrages brefs et incisifs dont "Albert camus et les Algériens:Noces ou divorce".
Au moment ou l'immigration et l'intégration, deux antiennes de la société occidentale, suscitent des réactions passionnelles, manichéennes, démagogiques ou haineuses, il est bon de réfléchir tranquillement dans le sillage d'une plume fine, sensible, littéraire. Il faut savoir prendre de la hauteur pour essayer de saisir un peu de la complexité de l'expatriation.
Toutes les histoires ouvrent une brèche sur l'identité que l'on trahit ou triture pour s'adapter à un autre réel. Gros des des déchirures de la séparation, les textes parlent surtout de l'exil intérieur, peut-être le pire de tous parcequil touche au moi profond.
Qu'y a t-il de commun entre la douleur du Français d'Algérie obligé de plier bagages et celle de l'immigré lorgnant sur de possibles "el dorado" occidentaux? Rien d'autre que la m^me douleur et la même impuissance;;;aussi poignante et lancinante " qu'une petite musique de fado portugais". Ainsi Jean-Pierre Ryf, enfant de Constantine et Sétif, exprime t-il avec pudeur "ce regret que les deux peuples n'aient pas su vivre ensemble". L'incomptaibilité ne provient-elle pas, précisément, de ce colonialisme cupide et dévastateur dont personne aujourd'hui ne peut feindre de croire aux vertus altruistes? La malédiction impérialiste ne saurait toutefois suffire à gommer ou relativiser la peine légitime des rapatriés du Maghreb.
Un exercice d'imagination parachève la réflexion vagabonde sous la forme d'un dialogue entre deux défunts:Mgr Dupuch, premier évêque d'Alger et Abdel Kader, entré en résistance contre l'envahisseur. Héros du monde arabe, l'émir capitula et fut emprisonné( notamment à Pau) puis libéré par Napoléon III en 1852. Jusqu(à sa mort, il se consacra à la méditation religieuse et composa des oeuvres mystiques. Les deux humanistes se retrouvent au gré d'une fantaisie d'auteur dans une tentative désespérée de fraternisation par delà le temps et les évènements.
Renée Mourgues
"L'Afrique du Nord en bandoulière,Jean-Pierre Ryf poursuit des investigations philosophiques et humaines ressemblant fort à une introspection, le tout ficelé en trois nouvelles traitant de la souffrance de l'exil. Avocat honoraire du barreau de Pau, l'auteur a déjà effleuré le thème de l'attachement et de l'arrachement dans des ouvrages brefs et incisifs dont "Albert camus et les Algériens:Noces ou divorce".
Au moment ou l'immigration et l'intégration, deux antiennes de la société occidentale, suscitent des réactions passionnelles, manichéennes, démagogiques ou haineuses, il est bon de réfléchir tranquillement dans le sillage d'une plume fine, sensible, littéraire. Il faut savoir prendre de la hauteur pour essayer de saisir un peu de la complexité de l'expatriation.
Toutes les histoires ouvrent une brèche sur l'identité que l'on trahit ou triture pour s'adapter à un autre réel. Gros des des déchirures de la séparation, les textes parlent surtout de l'exil intérieur, peut-être le pire de tous parcequil touche au moi profond.
Qu'y a t-il de commun entre la douleur du Français d'Algérie obligé de plier bagages et celle de l'immigré lorgnant sur de possibles "el dorado" occidentaux? Rien d'autre que la m^me douleur et la même impuissance;;;aussi poignante et lancinante " qu'une petite musique de fado portugais". Ainsi Jean-Pierre Ryf, enfant de Constantine et Sétif, exprime t-il avec pudeur "ce regret que les deux peuples n'aient pas su vivre ensemble". L'incomptaibilité ne provient-elle pas, précisément, de ce colonialisme cupide et dévastateur dont personne aujourd'hui ne peut feindre de croire aux vertus altruistes? La malédiction impérialiste ne saurait toutefois suffire à gommer ou relativiser la peine légitime des rapatriés du Maghreb.
Un exercice d'imagination parachève la réflexion vagabonde sous la forme d'un dialogue entre deux défunts:Mgr Dupuch, premier évêque d'Alger et Abdel Kader, entré en résistance contre l'envahisseur. Héros du monde arabe, l'émir capitula et fut emprisonné( notamment à Pau) puis libéré par Napoléon III en 1852. Jusqu(à sa mort, il se consacra à la méditation religieuse et composa des oeuvres mystiques. Les deux humanistes se retrouvent au gré d'une fantaisie d'auteur dans une tentative désespérée de fraternisation par delà le temps et les évènements.
Renée Mourgues
jeudi 4 décembre 2008
Télévision: une regression indiscutable
Le texte permettant que PDG de France Télévision soit nommé et révoqué par le Président de de la République a été voté par l'Assemblée. Malgré les barrières apparentes ( avis conforme du CSA et de l'Assemblée) c'est une regression considérable et une atteinte certaine à la démocratie.Le Service Public sera , c'estr assez évident,entre les mains du Président dont on connaît les liens ,par ailleurs avec la Télévision et la presse privée. Pense t-on vraiment que cela garantit une information libre? Quand on ajoute que le budget de France télévision sera à la merci du pouvoir on, de fait ,une télévision d'Etat comme dans les pays autoritaires. Est-ce vraiment ce que les français veulent?
Le système ancien n'était pas,non plus, à l'abri de toutes critiques en raison de la composition du CSA mais on fait un très net pas en arrière alors qu'il aurait fallu en faire un en avant. C'est une dérive.
http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias__pouvoirs/20081205.OBS4059/marianne_lance_un_appel_pour_lindependance_des_medias.html
Le système ancien n'était pas,non plus, à l'abri de toutes critiques en raison de la composition du CSA mais on fait un très net pas en arrière alors qu'il aurait fallu en faire un en avant. C'est une dérive.
http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias__pouvoirs/20081205.OBS4059/marianne_lance_un_appel_pour_lindependance_des_medias.html
mercredi 3 décembre 2008
La bonne insécurité!!
Les quotidiens reviennent sur cette descente de gendarmerie dans un collège du Gers pour rechercher de la drogue. Selon le témoignage d'une élève cette descente s'est faite de façon plutôt musclée et Madame Chantal Firmigier-Michel, Procureur de la république trouve cela très bien.
"Les élèves ont peur de ces contrôles,ça crée de la bonne insécurité"
On croit rêver! Voilà qu'un Procureur de la république estime qu'il faut créer de l'insécurité dans la société pour" faire peur". On fera ainsi peur à ceux qui le méritent et à tous les autres enfants qui n'ont rien à se reprocher mais qui sont traumatisés par de tels agissements. Je dis haut et fort que c'est un comportement de société totalitaire et que ce n'est pas comme cela que l'on va responsabiliser la Police et la rendre plus proche des citoyens. Là encore y aura t-il des sanctions? J'en doute et je le regrette.
"Les élèves ont peur de ces contrôles,ça crée de la bonne insécurité"
On croit rêver! Voilà qu'un Procureur de la république estime qu'il faut créer de l'insécurité dans la société pour" faire peur". On fera ainsi peur à ceux qui le méritent et à tous les autres enfants qui n'ont rien à se reprocher mais qui sont traumatisés par de tels agissements. Je dis haut et fort que c'est un comportement de société totalitaire et que ce n'est pas comme cela que l'on va responsabiliser la Police et la rendre plus proche des citoyens. Là encore y aura t-il des sanctions? J'en doute et je le regrette.
mardi 2 décembre 2008
Pascal Jardin
Pascal Jardin est un écrivain connu et qui a du succès mais il est aussi un citoyen engagé et il a mis en place une association dont le but est de promouvoir la lecture chez les jeunes enfants:vaste programme. Comme il le dit l'idée est de faire lire des personnes âgées à de petits groupes d'enfants. Dans le groupe de quatre ou cinq gamins il y en aura bien un qui sera " accroché". Cette idée est formidable et elle crée des relations entre les personnes âgées et les enfants ce qui est excellent pour les deux. Pascal Jardin qui a pleinement réussi cette mis en place a décidé de se retirer pour se consacrer de nouveau pleinement à son métier d'écrivain. On peut lire un entretien avec lui dans le Nouvel Observateur.
http://bibliobs.nouvelobs.com/20081201/9092/alexandre-jardin-tourne-une-page
http://bibliobs.nouvelobs.com/20081201/9092/alexandre-jardin-tourne-une-page
lundi 1 décembre 2008
Les protestations s'amplifient
A la suite de mon entrée d'hier je constate que ,bien que nous sortions d'une fin de semaine, les protestations s'amplifient et c'est heureux. Les citoyens ne doivent pas tolérer des comportements de ce genre de la part des juges et de la police. Certains commentateurs se disent que les journalistes ne sont pas au dessus des lois. C'est certain mais ce n'est pas le problème.
On sait et des intervenants le disent que malheureusement les juges et la police se comportent aussi comme cela à l'égard de beaucoup d'autres qui- et c'est la seule différence- ne peuvent malheureusement pas se faire entendre lorsqu'ils sont victimes de tels agissements. De toute évidence notre Justice et notre Police ont un problème: certains parmi eux ne savent pas respecter la dignité humaine. Espérons que les nombreuses protestations auront un effet salutaire et feront prendre conscience de cette situation pour la modifier dans l'avenir.
Je suis notamment tout à fait d'accord avec la position que vient de prendre la Ligue Des Droits de l'Hiomme et que voici:
ARIS (Reuters) - La Ligue des droits de l'homme dénonce des dérives judiciaires et policières en France, citant l'arrestation d'un journaliste de Libération vendredi et celle des saboteurs présumés de lignes TGV.
L'interpellation de l'ancien directeur du quotidien dans une "affaire banale" de diffamation, la façon dont les saboteurs présumés du TGV "sont présentées à l'opinion comme de dangereux terroristes" et la violence d'une opération anti-drogue dans un collège du Gers sont jugées "disproportionnées".
"La LDH considère qu'il est urgent de réagir contre des dérives de plus en plus inacceptables de pratiques judiciaires et policières qui deviennent incompatibles avec l'Etat de droit", écrit l'association dans un communiqué.
"Point commun entre ces trois affaires : un journaliste à Paris, quelques villageois en Limousin, quelques dizaines de collégiens dans le Gers, sont présumés être de dangereux malfaiteurs et traités de manière brutale, humiliante et pour le moins disproportionnée par rapport aux missions de la police judiciaire", ajoute-t-elle.
Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse
On sait et des intervenants le disent que malheureusement les juges et la police se comportent aussi comme cela à l'égard de beaucoup d'autres qui- et c'est la seule différence- ne peuvent malheureusement pas se faire entendre lorsqu'ils sont victimes de tels agissements. De toute évidence notre Justice et notre Police ont un problème: certains parmi eux ne savent pas respecter la dignité humaine. Espérons que les nombreuses protestations auront un effet salutaire et feront prendre conscience de cette situation pour la modifier dans l'avenir.
Je suis notamment tout à fait d'accord avec la position que vient de prendre la Ligue Des Droits de l'Hiomme et que voici:
ARIS (Reuters) - La Ligue des droits de l'homme dénonce des dérives judiciaires et policières en France, citant l'arrestation d'un journaliste de Libération vendredi et celle des saboteurs présumés de lignes TGV.
L'interpellation de l'ancien directeur du quotidien dans une "affaire banale" de diffamation, la façon dont les saboteurs présumés du TGV "sont présentées à l'opinion comme de dangereux terroristes" et la violence d'une opération anti-drogue dans un collège du Gers sont jugées "disproportionnées".
"La LDH considère qu'il est urgent de réagir contre des dérives de plus en plus inacceptables de pratiques judiciaires et policières qui deviennent incompatibles avec l'Etat de droit", écrit l'association dans un communiqué.
"Point commun entre ces trois affaires : un journaliste à Paris, quelques villageois en Limousin, quelques dizaines de collégiens dans le Gers, sont présumés être de dangereux malfaiteurs et traités de manière brutale, humiliante et pour le moins disproportionnée par rapport aux missions de la police judiciaire", ajoute-t-elle.
Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse
samedi 29 novembre 2008
Un comportement scandaleux
Liberation de ce matin rapporte le comportement absolument scandaleux d'un juge d'instruction à Paris et du comportement tout aussi inadmissible de la Police. Je renvoie à la lecture des textes concernant cette lamentable affaire. Elle n'est pas du tout anecdotique concernant notre état de droit et notre démocratie et mérite une sanction tant de la Juge que des services de Police. Les magistrats qui s'émeuvent souvent,à juste titre, du mauvais traitement dont ils sont victimes de la part de Rachida Dati vont nous montrer s'ils savent, aussi, réagir fermement quant l'un des leurs commet un tel abus de pouvoir. J'attends avec intérêt.
http://www.liberation.fr/medias/0101269634-un-ex-pdg-de-liberation-brutalement-interpelle-a-son-domicile
http://www.liberation.fr/medias/0101269718-lettre-de-cachet
http://www.liberation.fr/medias/0101269669-en-trente-ans-je-n-ai-jamais-vu-aucun-directeur-de-publication-traite-comme-ca
http://www.liberation.fr/medias/0101269634-un-ex-pdg-de-liberation-brutalement-interpelle-a-son-domicile
http://www.liberation.fr/medias/0101269718-lettre-de-cachet
http://www.liberation.fr/medias/0101269669-en-trente-ans-je-n-ai-jamais-vu-aucun-directeur-de-publication-traite-comme-ca
mercredi 26 novembre 2008
La politique pénale à l'égard des mineurs
Voici le texte de quelques associations et quelques personnalités conecrnant la politique pénale à l'égard des mineurs paru dans Liberation de ce jour. Parmi les signataires je note la présence de madame Lazerges , spécialiste du droit des mineurs et qui fut Vice-présidente de l'Assemblée Nationale. C'est une personnalité que je connais pour avoir été son assistant à la faculté de droit de Pau dans les années 1970 losqu'elle était jeune agrégée. Elle a préfacé mon livre:" Justice et Litterature:Regards croisés" paru en 2004 aux éditions Atlantica.
"la commission Varinard va remettre son rapport dans quelques jours. Il lui fut demandé, par la garde des Sceaux lors de son installation, de jeter les bases d’un nouveau texte «pour une justice plus réactive et plus adaptée».
Dire le réel, c’est reconnaître que la délinquance des mineurs augmente, mais pas dans ses manifestations les plus lourdes de conséquences. Les infractions criminelles commises par les mineurs de 16 à 18 ans, traduits devant les cours d’assises des mineurs, connaissent une absolue stabilité depuis des décennies. Ce qui augmente, ce sont surtout les dégradations, les vols à l’arraché, les actes d’outrage et de rébellion de jeunes qui font l’objet de discrimination négative. Ces jeunes sont en mal, d’appartenance à notre société et d’espérance à y trouver une place. A cela, sachons répondre autrement que par une loi émotive. Le plan banlieue est en déshérence, alors qu’il aurait pu être un outil pour lutter contre la délinquance d’exclusion, celle qui préoccupe le plus à juste titre.
Dire le réel, c’est admettre que la lourdeur des peines n’est pas une solution. Les peines encourues sont déjà les plus lourdes d’Europe. Un mineur de plus de 16 ans peut être condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, un mineur de 13 à 16 ans à vingt ans de réclusion criminelle.
Que veut-on de plus ? Nous voulons clairement que les peines planchers ne puissent plus être appliquées aux mineurs, elles sont l’expression du déni de la spécificité du droit pénal des mineurs que nous sommes contraints de respecter par nos engagements internationaux. Les pays qui, comme l’Angleterre, ont durci le droit des mineurs sont en échec. En Angleterre les mineurs représentent aujourd’hui 20 % de la délinquance (taux le plus élevé d’Europe) alors qu’en Norvège ils représentent 5 % de cette même délinquance.
Dire le réel, c’est énoncer que plus que la dureté d’une peine, c’est la réalité de son exécution qui compte, ceci est vrai aussi des mesures éducatives. La sanction, quelle que soit sa nature, mesure de protection, d’éducation ou de surveillance, «sanction éducative» ou peine proprement dite doit être mise à exécution sans retard. De la sorte, seulement, elle peut participer d’une pédagogie de la responsabilité et être facteur de réinsertion.
Dire le réel, c’est expliquer que les juges pour enfants doivent avoir les moyens d’être aussi pleinement juges de l’application des peines comme la loi le leur demande : aujourd’hui, ils ne le sont pas. L’après-jugement est délaissé. Le temps long de la mise en œuvre de la réponse à la délinquance des mineurs est incompréhensible pour les adolescents. S’il est un sujet qui doit être pris à bras-le-corps c’est celui du juste temps dans la justice des mineurs, y compris le juste temps dans l’indemnisation et la réparation de la victime.
Dire le réel, c’est refuser de demander à la loi ce qu’elle ne peut pas produire. L’ordonnance du 2 février 1945, déjà malmenée à maintes reprises, a besoin d’être réordonnée, mais non pas bouleversée. Elle a surtout besoin que les moyens de son application soient inscrits au budget du ministère de la Justice. Or, précisément le budget de la protection judiciaire de la jeunesse dans le projet de loi de finance 2009 est rogné alors qu’il est indispensable qu’il soit considérablement augmenté. Toutes les forces du ministère de la Justice concernant les mineurs sont investies au-delà du raisonnable dans les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM), alors que les mesures qui marchent, comme la réparation pénale, peinent à être mises en œuvre dans un délai raisonnable et dans de bonnes conditions.
Voilà ce qui doit être dénoncé et non un pseudo-vieillissement d’une ordonnance frénétiquement modifiée depuis 2002. Plutôt que de s’étourdir dans le mirage du changement de la loi, remobilisons les magistrats du siège comme du parquet, remobilisons tous les professionnels de la justice des mineurs (1). Donnons leur espoir de pouvoir pleinement accomplir leur mission, donnons-leur tout simplement les moyens d’exercer leurs missions. Tel est le choix politique qui s’impose, il est aux antipodes de la politique actuellement conduite par le gouvernement de Nicolas Sarkozy.
(1) Un café-justice sur la réforme du droit des mineurs aura lieu le 27 novembre à 18 h30 au Café parisien, 111 rue Monge, Paris Ve.
"la commission Varinard va remettre son rapport dans quelques jours. Il lui fut demandé, par la garde des Sceaux lors de son installation, de jeter les bases d’un nouveau texte «pour une justice plus réactive et plus adaptée».
Dire le réel, c’est reconnaître que la délinquance des mineurs augmente, mais pas dans ses manifestations les plus lourdes de conséquences. Les infractions criminelles commises par les mineurs de 16 à 18 ans, traduits devant les cours d’assises des mineurs, connaissent une absolue stabilité depuis des décennies. Ce qui augmente, ce sont surtout les dégradations, les vols à l’arraché, les actes d’outrage et de rébellion de jeunes qui font l’objet de discrimination négative. Ces jeunes sont en mal, d’appartenance à notre société et d’espérance à y trouver une place. A cela, sachons répondre autrement que par une loi émotive. Le plan banlieue est en déshérence, alors qu’il aurait pu être un outil pour lutter contre la délinquance d’exclusion, celle qui préoccupe le plus à juste titre.
Dire le réel, c’est admettre que la lourdeur des peines n’est pas une solution. Les peines encourues sont déjà les plus lourdes d’Europe. Un mineur de plus de 16 ans peut être condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, un mineur de 13 à 16 ans à vingt ans de réclusion criminelle.
Que veut-on de plus ? Nous voulons clairement que les peines planchers ne puissent plus être appliquées aux mineurs, elles sont l’expression du déni de la spécificité du droit pénal des mineurs que nous sommes contraints de respecter par nos engagements internationaux. Les pays qui, comme l’Angleterre, ont durci le droit des mineurs sont en échec. En Angleterre les mineurs représentent aujourd’hui 20 % de la délinquance (taux le plus élevé d’Europe) alors qu’en Norvège ils représentent 5 % de cette même délinquance.
Dire le réel, c’est énoncer que plus que la dureté d’une peine, c’est la réalité de son exécution qui compte, ceci est vrai aussi des mesures éducatives. La sanction, quelle que soit sa nature, mesure de protection, d’éducation ou de surveillance, «sanction éducative» ou peine proprement dite doit être mise à exécution sans retard. De la sorte, seulement, elle peut participer d’une pédagogie de la responsabilité et être facteur de réinsertion.
Dire le réel, c’est expliquer que les juges pour enfants doivent avoir les moyens d’être aussi pleinement juges de l’application des peines comme la loi le leur demande : aujourd’hui, ils ne le sont pas. L’après-jugement est délaissé. Le temps long de la mise en œuvre de la réponse à la délinquance des mineurs est incompréhensible pour les adolescents. S’il est un sujet qui doit être pris à bras-le-corps c’est celui du juste temps dans la justice des mineurs, y compris le juste temps dans l’indemnisation et la réparation de la victime.
Dire le réel, c’est refuser de demander à la loi ce qu’elle ne peut pas produire. L’ordonnance du 2 février 1945, déjà malmenée à maintes reprises, a besoin d’être réordonnée, mais non pas bouleversée. Elle a surtout besoin que les moyens de son application soient inscrits au budget du ministère de la Justice. Or, précisément le budget de la protection judiciaire de la jeunesse dans le projet de loi de finance 2009 est rogné alors qu’il est indispensable qu’il soit considérablement augmenté. Toutes les forces du ministère de la Justice concernant les mineurs sont investies au-delà du raisonnable dans les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM), alors que les mesures qui marchent, comme la réparation pénale, peinent à être mises en œuvre dans un délai raisonnable et dans de bonnes conditions.
Voilà ce qui doit être dénoncé et non un pseudo-vieillissement d’une ordonnance frénétiquement modifiée depuis 2002. Plutôt que de s’étourdir dans le mirage du changement de la loi, remobilisons les magistrats du siège comme du parquet, remobilisons tous les professionnels de la justice des mineurs (1). Donnons leur espoir de pouvoir pleinement accomplir leur mission, donnons-leur tout simplement les moyens d’exercer leurs missions. Tel est le choix politique qui s’impose, il est aux antipodes de la politique actuellement conduite par le gouvernement de Nicolas Sarkozy.
(1) Un café-justice sur la réforme du droit des mineurs aura lieu le 27 novembre à 18 h30 au Café parisien, 111 rue Monge, Paris Ve.
lundi 24 novembre 2008
Abus de pouvoir de Sarkozy ?
Dominique de Villepin vient de saisir le Conseil d'Etat d'une procédure inhabituelle. Il est vrai que la situation n'est pas fréquente. Il reproche au Président de la République d'abuser de ses fonctions dans le cadre de la procédure pénale dans laquelle il est partie civile et de violer ainsi deux principes du procès pénal: l'égalité des armes entre les parties et le droit à un procès équitable.
En effet, Sarkozy qui est partie civile à titre personnel dans le procès a signé un décret, en tant que Président de la République pour maintenir un des juges d'instruction en fonction quelques jours de plus pour lui permettre de signer l'ordonnance mettant fin à l'instruction.
Cette attitude de sarkozy est très choquante même s'il va sans doute soutenir que c'est dans le souci d'une bonne administration de la justice qu'il a pris ce décret. Qui le croira ?
Voila ce qui se passe quand tous les pouvoirs sont entre les mêmes mains. Cela rappelle des républiques que l'on qualifie de bananières. Et là encore où est l'opposition ?
On me dira que le sort de De Villepin n'est pas très émouvant et je veux bien l'admettre, mais c'est la question de principe qui est importante et même très importante. J'attends avec intérêt la position du Conseil d'Etat.
En effet, Sarkozy qui est partie civile à titre personnel dans le procès a signé un décret, en tant que Président de la République pour maintenir un des juges d'instruction en fonction quelques jours de plus pour lui permettre de signer l'ordonnance mettant fin à l'instruction.
Cette attitude de sarkozy est très choquante même s'il va sans doute soutenir que c'est dans le souci d'une bonne administration de la justice qu'il a pris ce décret. Qui le croira ?
Voila ce qui se passe quand tous les pouvoirs sont entre les mêmes mains. Cela rappelle des républiques que l'on qualifie de bananières. Et là encore où est l'opposition ?
On me dira que le sort de De Villepin n'est pas très émouvant et je veux bien l'admettre, mais c'est la question de principe qui est importante et même très importante. J'attends avec intérêt la position du Conseil d'Etat.
vendredi 21 novembre 2008
Pauvre Parti Socialiste!
Segolène arrive donc en tête au premier tour et c'est une belle performance. Elle peut encore gagner mais ce sera très difficile en raison du désistement de Benoit Hamon en faveur de Martine Aubry. Cette situation a cependant le mérite, enfin, de la clarté: d'un côté les partisans de l"ancrage à gauche" de l'autre ceux d'une ouverture sur le Centre. Tout cela pour en arriver a, enfin, poser le vrai problème du Parti Socialiste.
Je dirai tout de suite que le fameux "ancrage à gauche" n'a , pour moi, aucun sens et n'est qu'une posture, mais une posture qui trompe les électeurs. En effet, qui peut croire qu'une politique peut-être menée avec Besancenot et ce qui reste de Parti communiste? Qu'est-ce que l'ancrage à gauche? Est-ce le combat contre le capitalisme et pour quel régime? Répondre à ces questions simples c'est évidemment se rendre compte de l'imposture que constitue cette promesse d'ancrage à gauche.
Bien que n'appréciant que fort modérément la personne ,je souhaite la victoire de Ségolène Royal qui est la seule à proposer un chemin réaliste.
Je dirai tout de suite que le fameux "ancrage à gauche" n'a , pour moi, aucun sens et n'est qu'une posture, mais une posture qui trompe les électeurs. En effet, qui peut croire qu'une politique peut-être menée avec Besancenot et ce qui reste de Parti communiste? Qu'est-ce que l'ancrage à gauche? Est-ce le combat contre le capitalisme et pour quel régime? Répondre à ces questions simples c'est évidemment se rendre compte de l'imposture que constitue cette promesse d'ancrage à gauche.
Bien que n'appréciant que fort modérément la personne ,je souhaite la victoire de Ségolène Royal qui est la seule à proposer un chemin réaliste.
jeudi 20 novembre 2008
Etrangers et prisons en France
C'est un sujet sur lequel je suis souvent intervenu dans ce blog car je suis scandalisé que ce pays qui se dit pays des droits de l'homme se comporte aussi mal dans ces deux domaines sensibles: les étrangers et la prison. Voilà que ce jour le Commissaire Européen aux droits de l'homme rend un rapport , de nouveau accablant , pour la France. Il revient bien sûr sur le problème de la surpopulation carcérale et sur le traitement inhumain des détenus. La France a déjà été condamné pour traitement inhumain par la Cour de Justice. Doit -on admettre cette situation sans réagir?
Le Commissaire pointe également du doigt le nouveau texte sur la rétention de sûreté qui est , à mes yeux un vrai scandale, en favorisant un arbitraire absolu et une médicalisation de l'en fermement.
Enfin le Commissaire Européen condamne la politique du chiffre en matière de reconduite à la frontière, soulignant les nombreuses et scandaleuses dérives auxquelles cette politique conduit:contrôle au faciès, délation, utilisation des écoles et des services publics pour arrêter les étrangers.
Le pays devrait avoir honte. Comment peut-il ensuite prétendre donner des leçons dans le domaine des droits de l'homme?
Voici le lien vers l'article du Monde sur ce sujet:
*
http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/11/20/sans-papiers-prisons-le-conseil-de-l-europe-etrille-la-france_1120731_3224.html#ens_id=1120723
Vous pourrez aussi lire l'entretienque le Commissaire Européen a accordé au Monde:
http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/11/20/thomas-hammarberg-la-france-ne-donne-pas-l-exemple_1120726_3224.html
Le Commissaire pointe également du doigt le nouveau texte sur la rétention de sûreté qui est , à mes yeux un vrai scandale, en favorisant un arbitraire absolu et une médicalisation de l'en fermement.
Enfin le Commissaire Européen condamne la politique du chiffre en matière de reconduite à la frontière, soulignant les nombreuses et scandaleuses dérives auxquelles cette politique conduit:contrôle au faciès, délation, utilisation des écoles et des services publics pour arrêter les étrangers.
Le pays devrait avoir honte. Comment peut-il ensuite prétendre donner des leçons dans le domaine des droits de l'homme?
Voici le lien vers l'article du Monde sur ce sujet:
*
http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/11/20/sans-papiers-prisons-le-conseil-de-l-europe-etrille-la-france_1120731_3224.html#ens_id=1120723
Vous pourrez aussi lire l'entretienque le Commissaire Européen a accordé au Monde:
http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/11/20/thomas-hammarberg-la-france-ne-donne-pas-l-exemple_1120726_3224.html
lundi 17 novembre 2008
Dix ans avec Sarkozy?
Comme souvent, en ce moment, c'est François Bayrou qui a le mieux tiré les enseignements du Congrès du Parti socialiste. Il vient de souligner, ce que je crois depuis longtemps que le discours de refus d'alliance avec le modem est une posture mensongère. Comment les socialistes éspèrent-ils revenir un jour au pouvoir? Avec Besancenot? Avec ce qui reste du Parti Communiste? Tout cela est assez pathétique mais comme le souligne aussi François Bayrou cela signifie clairement que par cette attitude le Parti socialiste installe Sarkozy pour dix ans au pouvoir et lui permet de transformer le pays dans un sens que, parait-il il réprouve. Ségolène Royal est la seule qui est favorable à l'alliance avec Bayrou même si elle n'a pas eu le courage d'être suffisamment claire pour, soi-disant, ménager la gauche de son parti et si, ce faisant, elle a contribué aussi à obscurcir le débat et les enjeux.
http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/le_congres_du_ps/20081117.OBS1215/bayrou__refuser_le_modem_cest_dix_ans_de_sarkozy.htm
http://www.lefigaro.fr/politique/2008/11/17/01002-20081117ARTFIG00050-bayrou-s-installe-dans-l-opposition-avec-le-ps-.php
http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/le_congres_du_ps/20081117.OBS1215/bayrou__refuser_le_modem_cest_dix_ans_de_sarkozy.htm
http://www.lefigaro.fr/politique/2008/11/17/01002-20081117ARTFIG00050-bayrou-s-installe-dans-l-opposition-avec-le-ps-.php
vendredi 14 novembre 2008
Les palinodies lamentables du Parti Socialiste
Le Parti socialiste et tous ses leaders, je dis bien tous, donnent un spectacle absolument lamentables. A ce petit jeu ce parti n'ira pas loin et Sarkozy,hélas, a de beaux jours devant lui. Je reproduis ci-dessous un éditorial paru dans le Nouvel Observateur sous la plume de Jean marie Bougereau et qui correspond en tous point à ce que je pense en ce moment.
"LORS que les tractations continuent entre les différents courants du PS, prenons un peu de hauteur, quitte à mettre les pieds dans le plat. Et posons la question de l’alliance avec le MoDem. Mais dans cette partie de poker menteur qui se déroule sous nos yeux, cette question oscille entre la duperie, l’artifice et le mensonge éhonté. Hier on apprenait que Benoit Hamon était proche d’un accord avec Martine Aubry, en expliquant que pour lui, il ne pouvait y avoir de soutien à Ségolène Royal justement parce qu'il rejette par avance toute éventuelle alliance nationale avec le MoDem. A-t-il oublié que lors de la campagne municipale Martine Aubry a passé accord avec le MoDem, qu’elle a, dans son Conseil, des élus du parti de François Bayrou ? N’a-t-il pas vu que parmi ses signataires il y avait Christian Pierret qui a fait alliance avec le Modem à Saint Dié dans les Vosges ? N’a-t-il pas vu que, parmi les signataires de sa propre motion, le député-maire d'Annonay avait fait liste commune aux municipales avec le MoDem. Et cela dès le premier tour. Faut-il continuer la liste ? Que nous disait hier Harlem Désir, principal lieutenant de Delanoë ? : « Il faut lever les ambiguïtés sur le MoDem, qui n'est pas un partenaire. (…) C'est un élément majeur de différence dans les discussions menées en ce moment ». Et que disait Delanoë lui-même dans une lettre adressée jeudi aux militants PS ? Il mettait en garde contre les "postures tactiques". Mais qu’a fait d’autre le Maire de Paris lors des dernières municipales en préférant perdre trois mairies qui, avec le MoDem, auraient été gagnables, qui plus est par trois femmes ? Posture ! Plus à gauche que moi tu meurs ! Et dans la motion Delanoë qui trouve-t-on ? Michel Rocard soutenait une alliance avec le MoDem dès le 1er tour des présidentielles et Michel Destot à Grenoble qui a fait liste commune avec le MoDem, en excluant les Verts et une partie du PCF ! Postures ou pas postures ? Cessons ne nous cacher derrière des boites d’allumettes. La stratégie d’union de la gauche s’est éteinte avec l’extinction du PCF. La gauche plurielle s’est éteinte avec la claque de Jospin. Bien sûr, il y a chez Bayrou, de vieux restes du vieux centrisme de droite, comme il y a chez les socialistes des forces hostiles à toute modernisation. Avec qui le PS veut-il prendre le pouvoir ? Avec les écologistes et le MoDem, le parti de François Bayrou qui s’est, reconnaissons-le, bien souvent montré meilleur opposant à Sarkozy que les socialistes, dans la bataille contre l’autocratisme de Sarkozy, dans un dessein démocrate, social et européen. Jean-Marcel Bouguereau(le vendredi 14 novembre)
"LORS que les tractations continuent entre les différents courants du PS, prenons un peu de hauteur, quitte à mettre les pieds dans le plat. Et posons la question de l’alliance avec le MoDem. Mais dans cette partie de poker menteur qui se déroule sous nos yeux, cette question oscille entre la duperie, l’artifice et le mensonge éhonté. Hier on apprenait que Benoit Hamon était proche d’un accord avec Martine Aubry, en expliquant que pour lui, il ne pouvait y avoir de soutien à Ségolène Royal justement parce qu'il rejette par avance toute éventuelle alliance nationale avec le MoDem. A-t-il oublié que lors de la campagne municipale Martine Aubry a passé accord avec le MoDem, qu’elle a, dans son Conseil, des élus du parti de François Bayrou ? N’a-t-il pas vu que parmi ses signataires il y avait Christian Pierret qui a fait alliance avec le Modem à Saint Dié dans les Vosges ? N’a-t-il pas vu que, parmi les signataires de sa propre motion, le député-maire d'Annonay avait fait liste commune aux municipales avec le MoDem. Et cela dès le premier tour. Faut-il continuer la liste ? Que nous disait hier Harlem Désir, principal lieutenant de Delanoë ? : « Il faut lever les ambiguïtés sur le MoDem, qui n'est pas un partenaire. (…) C'est un élément majeur de différence dans les discussions menées en ce moment ». Et que disait Delanoë lui-même dans une lettre adressée jeudi aux militants PS ? Il mettait en garde contre les "postures tactiques". Mais qu’a fait d’autre le Maire de Paris lors des dernières municipales en préférant perdre trois mairies qui, avec le MoDem, auraient été gagnables, qui plus est par trois femmes ? Posture ! Plus à gauche que moi tu meurs ! Et dans la motion Delanoë qui trouve-t-on ? Michel Rocard soutenait une alliance avec le MoDem dès le 1er tour des présidentielles et Michel Destot à Grenoble qui a fait liste commune avec le MoDem, en excluant les Verts et une partie du PCF ! Postures ou pas postures ? Cessons ne nous cacher derrière des boites d’allumettes. La stratégie d’union de la gauche s’est éteinte avec l’extinction du PCF. La gauche plurielle s’est éteinte avec la claque de Jospin. Bien sûr, il y a chez Bayrou, de vieux restes du vieux centrisme de droite, comme il y a chez les socialistes des forces hostiles à toute modernisation. Avec qui le PS veut-il prendre le pouvoir ? Avec les écologistes et le MoDem, le parti de François Bayrou qui s’est, reconnaissons-le, bien souvent montré meilleur opposant à Sarkozy que les socialistes, dans la bataille contre l’autocratisme de Sarkozy, dans un dessein démocrate, social et européen. Jean-Marcel Bouguereau(le vendredi 14 novembre)
Roger Grenier: Camus et l'Algérie
J'ai assisté ce soir, dans le cadre de l'Université du temps Libre, à la conférence que donnait Roger Grenier sur Camus et l'Algérie. J'étais d'autant plus intéressé que cela a été le thème de mon avant dernier livre et que j'ai moi-même donné une conférence sur ce thème. Je dois dire que je n'ai rien appris que je ne savais déjà, mais Roger Grenier a connu Camus et il était intéressant de connaître son point de vue .Je rappelle que Roger Grenier qui a vécu son enfance à Pau a écrit sur cette période un roman :"Cine-roman" et il est , par ailleurs un fin connaisseur de l'oeuvre de Camus. Il a écrit en 1982 une biographie intellectuelle de Camus:"Soleil et ombre" dans laquelle il analyse avec finesse tous les livres de l'écrivain.
Par les questions de la salle j'ai appris que Roger Grenier avait écrit un essai sur "Le rôle d'accusé" et un autre sur le bourreau:"Les monstres" et donc indirectement sur la peine de mort. Il faudra que je lise ces deux livres.Finalement j'aurai plus, ce soir, appris sur Roger Grenier que sur Camus. Je dirai en terminant que j'avais beaucoup aimé aussi un très beau livre de R. Grenier sur Tchékhov : Regardez la neige qui tombe"
Par les questions de la salle j'ai appris que Roger Grenier avait écrit un essai sur "Le rôle d'accusé" et un autre sur le bourreau:"Les monstres" et donc indirectement sur la peine de mort. Il faudra que je lise ces deux livres.Finalement j'aurai plus, ce soir, appris sur Roger Grenier que sur Camus. Je dirai en terminant que j'avais beaucoup aimé aussi un très beau livre de R. Grenier sur Tchékhov : Regardez la neige qui tombe"
mardi 11 novembre 2008
Les fusillés pour l'exemple
Après Lionel Jospin qui a commencé d'en parler, Sarkozy vient de prononcer des phrases qui réabilitent les nombreux fusillés pour l'exemple, une des horreurs, parmi tant d'autres de cette guerre. Ce qu'il a dit aujourd'hui à Douaumont était nécessaire et il a eu raison de le dire comme il l'a fait:
"Je penserai à ces hommes dont on avait trop exigé, qu'on avait trop exposés, que parfois des fautes de commandement avaient envoyés au massacre et qui un jour n'ont plus eu la force de se battre.
"Cette guerre totale excluait toute indulgence, toute faiblesse. Mais 90 ans après la fin de la guerre, insiste le président de la République, je veux dire au nom de la Nation que beaucoup de ceux qui furent exécutés alors ne s'étaient pas déshonorés, n'avaient pas été des lâches, mais que simplement ils étaient allés jusqu'à l'extrême limite de leurs forces". "Souvenons nous qu'ils étaient des hommes comme nous (...) qu'ils auraient pu être nos enfants (...) qu'ils furent aussi les victimes d'une fatalité qui dévora tant d'hommes qui n'étaient pas préparés à une telle épreuve. Mais qui l'aurait pu l'être ?".
C'est un sujet qui m'a toujours touché et j'ai beaucoup aimé le roman de sebastien Japrisot qui touche ,un peu ,à cette question: "Un long dimanche de fiançailles" que je ne relis jamais sans émotion et qui a donné lieu à un beau film avec Audrey Tautou.
Alors que nous vivions en Algérie, j'ai passé deux ou trois été dans un petit village d'Auvergne, Tauves, dont deux de ses enfants ont connus ce drame. Ils étaient deux jeunes soldats de Tauves, au Chemin des Dames, le caporal Joseph Dauphin et son "pays" François Brugière. le premier fut exécuté pour avoir chanté un soir de beuverie, des couplets révolutionnaires. le second fut déporté en Algérie où il succomba à de mauvais traitements pour avoir refusé de fusiller son compagnon."Si on m'oblige à tirer, la balle ne sera pas pour mon camarade, avait il dit, mais pour le commandant du peloton"
On trouve l'histoire de ces deux "mutins" dans un exemplaire du journal Le Monde du 23 Novembre 1998.
"Je penserai à ces hommes dont on avait trop exigé, qu'on avait trop exposés, que parfois des fautes de commandement avaient envoyés au massacre et qui un jour n'ont plus eu la force de se battre.
"Cette guerre totale excluait toute indulgence, toute faiblesse. Mais 90 ans après la fin de la guerre, insiste le président de la République, je veux dire au nom de la Nation que beaucoup de ceux qui furent exécutés alors ne s'étaient pas déshonorés, n'avaient pas été des lâches, mais que simplement ils étaient allés jusqu'à l'extrême limite de leurs forces". "Souvenons nous qu'ils étaient des hommes comme nous (...) qu'ils auraient pu être nos enfants (...) qu'ils furent aussi les victimes d'une fatalité qui dévora tant d'hommes qui n'étaient pas préparés à une telle épreuve. Mais qui l'aurait pu l'être ?".
C'est un sujet qui m'a toujours touché et j'ai beaucoup aimé le roman de sebastien Japrisot qui touche ,un peu ,à cette question: "Un long dimanche de fiançailles" que je ne relis jamais sans émotion et qui a donné lieu à un beau film avec Audrey Tautou.
Alors que nous vivions en Algérie, j'ai passé deux ou trois été dans un petit village d'Auvergne, Tauves, dont deux de ses enfants ont connus ce drame. Ils étaient deux jeunes soldats de Tauves, au Chemin des Dames, le caporal Joseph Dauphin et son "pays" François Brugière. le premier fut exécuté pour avoir chanté un soir de beuverie, des couplets révolutionnaires. le second fut déporté en Algérie où il succomba à de mauvais traitements pour avoir refusé de fusiller son compagnon."Si on m'oblige à tirer, la balle ne sera pas pour mon camarade, avait il dit, mais pour le commandant du peloton"
On trouve l'histoire de ces deux "mutins" dans un exemplaire du journal Le Monde du 23 Novembre 1998.
jeudi 6 novembre 2008
Albert Camus et la pensée du Midi
Encore Camus. Et oui. Je viens de lire un petit livre: Albert Camus et la pensée du Midi, paru cette année aux Éditions Ovadia. Il s'agit des conférences données au Cercle Algérianiste de Marseille par huit universitaires qui ont tous la particularité d'être né en Algérie et qui, pour certains ont connu Camus. Je n'ai pas appris grand chose que je ne connaissais déjà mais il est toujours intéressant de voir une même connaissance exposée d'une nouvelle manière.
J'y ai retrouvé des citations de Camus que j'apprécie. Par exemple:
"Il y a une solitude dans la pauvreté, mais une solitude qui rend son prix à chaque chose. A un certain degré de richesse, le ciel lui-même et la nuit pleine d'étoiles semblent des biens naturels. Mais au bas de l'échelle, le ciel reprend tout son sens: une grâce sans prix."
Ou encore:
"La méditerranée a son tragique solaire qui n'est pas celui des brumes. Certains soirs, sur la mer, au pied des montagnes, la nuit tombe sur la courbe parfaite d'une petite baie et, des eaux silencieuses, monte alors une plénitude angoissée."
Et encore:
"L'angoisse en afrique quand le soir rapide descend sur la mer ou sur les hauts plateaux ou sur les montagnes tourmentées. C'est l'angoisse du sacré, l'effroi devant l'éternité. La même qui, à Delphes,où le soir, produisant le m^me effet, a fait surgir les temples. Mais sur la terre d'Afrique les temples sont détruits, et il ne reste que ce poids immense sur le coeur."
On ne s'en lasse pas.
J'y ai retrouvé des citations de Camus que j'apprécie. Par exemple:
"Il y a une solitude dans la pauvreté, mais une solitude qui rend son prix à chaque chose. A un certain degré de richesse, le ciel lui-même et la nuit pleine d'étoiles semblent des biens naturels. Mais au bas de l'échelle, le ciel reprend tout son sens: une grâce sans prix."
Ou encore:
"La méditerranée a son tragique solaire qui n'est pas celui des brumes. Certains soirs, sur la mer, au pied des montagnes, la nuit tombe sur la courbe parfaite d'une petite baie et, des eaux silencieuses, monte alors une plénitude angoissée."
Et encore:
"L'angoisse en afrique quand le soir rapide descend sur la mer ou sur les hauts plateaux ou sur les montagnes tourmentées. C'est l'angoisse du sacré, l'effroi devant l'éternité. La même qui, à Delphes,où le soir, produisant le m^me effet, a fait surgir les temples. Mais sur la terre d'Afrique les temples sont détruits, et il ne reste que ce poids immense sur le coeur."
On ne s'en lasse pas.
mardi 4 novembre 2008
Islam et Catholicisme
Le Pape réunit en ce début novembre une conférence destinée à faire le point entre les catholiques et les musulmans. C’est, dans le fond, la suite de son discours à l’Université de Ratisbonne sur les rapports de la foi et de la raison. On sait qu’il avait choqué les musulmans à cette occasion en faisant une citation de l’Empereur Maurice Paléologue selon lequel ‘l’islam et son prophète n’avait rien apporté que la violence. Le Pape avait ensuite dit qu’il ne prenait pas cette citation à son compte mais le mal était fait. La réunion actuelle est importante tant les rapports entre les deux religions se sont dégradées. Elle est d’autant plus importante que l’Islam politique est menaçant. Que sortira t-il de cette réunion ? La pesanteur des clergés est telle que je n’ai guère d’espoir.
On lira sur cette question deux textes très intéressants, l’un de Taricq Ramadan sur lequel je suis assez d’accord et surtout un texte d’Abdenour Bidar qui fait remarquablement le point et qui exprime aussi le même pessimisme que moi.
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/11/04/parler-de-l-homme-plutot-que-de-dieu-par-abdennour-bidar_1114533_3232.html
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/11/04/dialogue-avec-le-pape-benoit-xvi-par-tariq-ramadan_1114534_3232.html
On lira sur cette question deux textes très intéressants, l’un de Taricq Ramadan sur lequel je suis assez d’accord et surtout un texte d’Abdenour Bidar qui fait remarquablement le point et qui exprime aussi le même pessimisme que moi.
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/11/04/parler-de-l-homme-plutot-que-de-dieu-par-abdennour-bidar_1114533_3232.html
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/11/04/dialogue-avec-le-pape-benoit-xvi-par-tariq-ramadan_1114534_3232.html
Francis Fukuyama vote Obama
Francis Fukutama est ce professeur américain qui a écrit, il y a quelques années un livre remarquée et qui a fait l'objet de controverse: "La fin de l'histoire" dans lequel, en résumant à l'extrême, il soutenait qu'après la chute des régimes communistes ne restaient plus ,pour l'avenir, que les démocraties libérales. Il a eu le tort, qu'il reconnaît aujourd'hui, d'être proches des néo conservateurs américains qui ont fait tant de mal à l' Amérique. Il explique aujourd'hui dans un article de l'Express pourquoi il votera Obama et ce texte est très intéressant. Il n'est , sans doute pas le seul qui se soit rendu compte de ses erreurs et c'est ce qui explique en partie le succès d'Obama.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/francis-fukuyama-pourquoi-j-ai-decide-de-voter-obama_667593.html
Maintenant j'espère que demain je pourrai me réjouir de l'élection d'Obama.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/francis-fukuyama-pourquoi-j-ai-decide-de-voter-obama_667593.html
Maintenant j'espère que demain je pourrai me réjouir de l'élection d'Obama.
vendredi 31 octobre 2008
Union pour la Méditérranée
Je vous renvoie à un article paru dans le Monde d'aujourd'hui qui fait état des nombreuses difficultés que rencontre la mise en place de cette Union pour la Méditerranée inaugurée en grande pompe par Sarkozy en juillet dernier.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/10/31/l-union-pour-la-mediterranee-en-difficulte_1113221_3214.html
J'y vois une nouvelle démonstration de la façon, brouillonne pour ne pas dire plus , avec laquelle agit le président. Il lance des idées sans les avoir étudiées à fond et se heurte ensuite aux réalités.
On l'a vu dans le domaine intérieur avec son idée farfelue de faire supporter la mémoire d'un jeune enfant juif par un jeune écolier. On sait ce que cette idée est devenue... Est-il normal de lancer une organisation aussi importante que l'Union pour la méditerranée sans avoir, au préalable, analysé avec les diplomates toutes les difficultés et les avoir réglées?
http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/10/31/l-union-pour-la-mediterranee-en-difficulte_1113221_3214.html
J'y vois une nouvelle démonstration de la façon, brouillonne pour ne pas dire plus , avec laquelle agit le président. Il lance des idées sans les avoir étudiées à fond et se heurte ensuite aux réalités.
On l'a vu dans le domaine intérieur avec son idée farfelue de faire supporter la mémoire d'un jeune enfant juif par un jeune écolier. On sait ce que cette idée est devenue... Est-il normal de lancer une organisation aussi importante que l'Union pour la méditerranée sans avoir, au préalable, analysé avec les diplomates toutes les difficultés et les avoir réglées?
jeudi 30 octobre 2008
La chasse aux clandestins
Mon dernier livre, un recueil de nouvelles dont le titre est : " Retour au pays" ,paru en 2008 aux Editions Atlantica, contient une nouvelle qui concerne le sort que la France fait aux étrangers en situation irrégulière. Dans cette nouvelle l'étranger meurt pour avoir voulu être français et j'ai mis en exergue de cette nouvelle ces vers de Prevert:
"Étranges étrangers
Vous êtes de la ville
Vous êtes de sa vie
même si mal en vivez
même si vous en mourrez"
Je suis aujourd'hui scandalisé par la façon dont notre pays se comporte et sur deux poins essentiels. Hortefeux a mis en place un appel d'offres pour choisir des associations chargées de défendre les étrangers dans les Centres de rétention. Cette basse manoeuvre n'a qu'un but, éliminer si faire se peut la Cimade qui jusqu'ici assurait pleinement ce rôle de défense, l'assurait trop bien et ne se privait pas de mettre en évidence le comportement choquant de ce ministère.
Le Conseil d'Etat est saisi. Espérons qu'il donnera une leçon au Ministre.
La deuxième affaire est celle de cette mairie (5° arrondissement de Paris) qui fait du zèle et qui a signalé à la police une mère de famille en situation irrégulière venue inscrire son enfant.
Le maire du 5° ( Tiberi) a prétendu qu'il était normal qu'un fonctionnaire signale une infraction lorsqu'il en avait connaissance. Il oublie de dire que pour connaître cette "infraction" l'employé a fait du zèle en sollicitant des papiers qui n'avaient pas à être demandés. Dans les forums certains trouvent la situation normale et écrivent que la loi doit être respectée. Certes. Ceux là l'auraient sans doute respectée quand il convenait de dénoncer les juifs.
Ce jour 1 Novembre je lis dans Liberation un entretien du professeur Carcassone qui analyse le jugement du tribunal administratif et qui nous montre comment le Ministre se fout du monde en soutenant que le Tribunal n'a annulé que pour des vices de forme. En réalité, c'est le fond même de la démarche de M. Hortefeux qui a été démasquée et annulée.
http://www.liberation.fr/societe/0101166356-le-ministere-de-l-immigration-se-fout-du-monde
Lire aussi cette synthèse parue dans le monde
http://combatsdroitshomme.blog.lemonde.fr/2008/11/01/la-retention-nest-pas-un-marche-pour-un-embargo-associatif-sur-le-nouvel-appel-doffres/
"Étranges étrangers
Vous êtes de la ville
Vous êtes de sa vie
même si mal en vivez
même si vous en mourrez"
Je suis aujourd'hui scandalisé par la façon dont notre pays se comporte et sur deux poins essentiels. Hortefeux a mis en place un appel d'offres pour choisir des associations chargées de défendre les étrangers dans les Centres de rétention. Cette basse manoeuvre n'a qu'un but, éliminer si faire se peut la Cimade qui jusqu'ici assurait pleinement ce rôle de défense, l'assurait trop bien et ne se privait pas de mettre en évidence le comportement choquant de ce ministère.
Le Conseil d'Etat est saisi. Espérons qu'il donnera une leçon au Ministre.
La deuxième affaire est celle de cette mairie (5° arrondissement de Paris) qui fait du zèle et qui a signalé à la police une mère de famille en situation irrégulière venue inscrire son enfant.
Le maire du 5° ( Tiberi) a prétendu qu'il était normal qu'un fonctionnaire signale une infraction lorsqu'il en avait connaissance. Il oublie de dire que pour connaître cette "infraction" l'employé a fait du zèle en sollicitant des papiers qui n'avaient pas à être demandés. Dans les forums certains trouvent la situation normale et écrivent que la loi doit être respectée. Certes. Ceux là l'auraient sans doute respectée quand il convenait de dénoncer les juifs.
Ce jour 1 Novembre je lis dans Liberation un entretien du professeur Carcassone qui analyse le jugement du tribunal administratif et qui nous montre comment le Ministre se fout du monde en soutenant que le Tribunal n'a annulé que pour des vices de forme. En réalité, c'est le fond même de la démarche de M. Hortefeux qui a été démasquée et annulée.
http://www.liberation.fr/societe/0101166356-le-ministere-de-l-immigration-se-fout-du-monde
Lire aussi cette synthèse parue dans le monde
http://combatsdroitshomme.blog.lemonde.fr/2008/11/01/la-retention-nest-pas-un-marche-pour-un-embargo-associatif-sur-le-nouvel-appel-doffres/
vendredi 24 octobre 2008
Au Moyen Âge les arabes sont-ils à l'origine de la transmission de la pensée grecque?
Dans mon précédent blog j'avais fait état en avril 2008 de la parution d'un livre de Sylvain Gougenheim, universitaire dont la thèse était de démontrer que contrairement à l'idée reçue les arabes n'étaient pas àl'origine de la transmission de la pensée grecque en Europe Médiévale. Voici le texte du blog à l'époque:
"Les historiens enseignaient jusqu'à ce jour que l'Europe Médiévale avait eu connaissance de la pensée grecque grâce à l'islam. Les inttelectuels musulmans avaient traduit les auteurs grecs et notamment Aristote en arabe et c'est ce qui aurait ensuite permis leurs diffusion en Europe. Cette analyse est aujourd'hui réfutée par Sylvain Gougenheim, professeur d'Histoire Médiévale à Lyon qui vient de publier : "Aristote au Mont Saint Michel. Les racines grecques de l'Europe." ouvrage dans lequel il démontre qu'en réalité ce sont des intellectuels eurpoéens qui ont, avant les arabes, traduit les auteurs grecs en latin et notamment au Mont Saint Michel.
Il étudie, par exemple, le cas de Jacques de Venise le Grec, qui vécut au XII° siécle et travailla au Mont Saint Michel de 1127 à sa mort en 1150 et à qui l'on doit la traduction intégrale des oeuvres d'Aristote, réalisée et c'est cela l'enseignement essentiel de 20 ans à 40 ans avant celle de Gerard de Cremone, à Toléde, à partir de traductions arabes.
Nul doute que ce livre va entraîner une polémique entre historiens qu'il sera intréréssant à suivre. "
Cela n'a pas manqué et la polémique a fait rage. Je renvoie aujourd'hui à un article du Monde qui fait état d'un séminaire à Blois où d'éminents historiens ont étudié cette thèse et la pluspart estiment qu'elle est fausse et que le travail de Sylvain Gougenheim n'est pa sérieux.
http://www.lemonde.fr/livres/article/2008/10/16/penser-l-affaire-gouguenheim_1107498_3260.html#ens_id=1093980
"Les historiens enseignaient jusqu'à ce jour que l'Europe Médiévale avait eu connaissance de la pensée grecque grâce à l'islam. Les inttelectuels musulmans avaient traduit les auteurs grecs et notamment Aristote en arabe et c'est ce qui aurait ensuite permis leurs diffusion en Europe. Cette analyse est aujourd'hui réfutée par Sylvain Gougenheim, professeur d'Histoire Médiévale à Lyon qui vient de publier : "Aristote au Mont Saint Michel. Les racines grecques de l'Europe." ouvrage dans lequel il démontre qu'en réalité ce sont des intellectuels eurpoéens qui ont, avant les arabes, traduit les auteurs grecs en latin et notamment au Mont Saint Michel.
Il étudie, par exemple, le cas de Jacques de Venise le Grec, qui vécut au XII° siécle et travailla au Mont Saint Michel de 1127 à sa mort en 1150 et à qui l'on doit la traduction intégrale des oeuvres d'Aristote, réalisée et c'est cela l'enseignement essentiel de 20 ans à 40 ans avant celle de Gerard de Cremone, à Toléde, à partir de traductions arabes.
Nul doute que ce livre va entraîner une polémique entre historiens qu'il sera intréréssant à suivre. "
Cela n'a pas manqué et la polémique a fait rage. Je renvoie aujourd'hui à un article du Monde qui fait état d'un séminaire à Blois où d'éminents historiens ont étudié cette thèse et la pluspart estiment qu'elle est fausse et que le travail de Sylvain Gougenheim n'est pa sérieux.
http://www.lemonde.fr/livres/article/2008/10/16/penser-l-affaire-gouguenheim_1107498_3260.html#ens_id=1093980