vendredi 12 juillet 2024

Erri de Luca : Impossible.

 

Le roman d’Erri de Luca : « Impossible » est un bijou d’intelligence. Le roman raconte la relation entre un jeune Juge d’instruction et un homme beaucoup plus âgé que lui et qui, dans sa jeunesse a fait partie de ces mouvements révolutionnaires qui ont commis des crimes dans l’Italie des années 1980.

Le vieil homme est en prison, à l’isolement et il est convoqué, à plusieurs reprises, par le Juge qui l’interroge sur ce qu’il pense être un crime perpétré par le vieil homme.

L’accusé se serait rendu coupable d’avoir tuer au cours d’une escalade en montagne un homme dont il avait été l’ami et qui l’avait trahi lui et ses comparses en les dénonçant à la Justice pour obtenir le statut de repenti.

Les interrogatoires montrent le travail de ce Juge et c’est captivant. Il montre aussi les réactions intelligentes et fermes de l’accusé qui nie avoir tué cet ancien ami qu’il avait perdu de vue depuis des années.

Parallèlement à ces interrogatoires le vieil homme écrit a sa compagne et donne ses impressions.

Un beau roman sur la Justice qui passionne de bout en bout.

 

 

jeudi 11 juillet 2024

Jean Noel Pancrazi: Les années manquantes

 

Je termine ce livre de Jean Noel Pancrazi : « Les années manquantes » publié en 2022 et paru dans la collection Folio en ce mois de juin 2024.

J’ai lu presque tous les livres de cet auteur que j’admire beaucoup, Madame Arnoul, La Montagne, Renée Camps, Les quartiers d’hiver, Long séjour, Dollars de sable et tous ces livres je les ai aimés tout d’abord en raison de la façon d’écrit de Jean Noel Pancrazi. Tous ces livres sont émouvants par ce qu’ils racontent mais surtout par la façon dont l’auteur sait faire courir l’émotion tout au long de son texte.

On pleure en lisant Jean Noel Pancrazi car tous les protagonistes de ses livres ont des destins cruels, des vies contrariées, des besoins d’amour ou de reconnaissance non satisfaits.

Dans les années manquantes Jean Noel Pancrazi évoque la partie de sa vie qui a suivi le départ de l’Algérie où ses parents étaient employés dans une minoterie du côté de Sétif, la difficulté de leur installation, le mauvais accueil reçu dans cette région (Perpignan).

Ses parents vont très vite repartir en Algérie pour tenter d’y rester.

Pendant cette période il est confié à sa grand-mère Joséphine, une vieille femme harcelée par un eczéma qui lui rend la vie difficile mais qu’elle affronte avec courage, son seul plaisir étant les visites de son fils Noel qui, pourtant, sombre dans l’alcool et les plaisirs. L’auteur fait un très joli portrait ce cette grand-mère jusqu’au jour où elle décèdera.

Ses parents rentreront à ce moment et s’ouvrira une période très douloureuse pour le jeune homme qui devra vivre avec des parents qui se détestent, qui sont en permanence dans la violence verbale.

Enfin la dernière partie du livre est constituée par le récit de son départ pour Paris. Il vient d’être reçu en hypokhâgne au Lycée Louis Legrand et il va, petit à petit, tout en menant de brillantes études, connaître la vie parisienne et connaître la période si cruelle du Sida qu’il a magnifiquement raconté dans : Les quartiers d’hiver.

Pour vous donner une idée du style de cet écrivain voici la dernière page du livre. Sa mère est morte. Il va reprendre son train pour Paris, seul et désespéré :

« J’attendais le train de nuit que je n’avais pas pris depuis longtemps ;il aurait dû être supprimé comme les autres lignes de nuit avec les anciens wagons-couchettes, mais il résistait, était encore maintenu pour encore quelque  temps grâce à la pétition de ceux qui aimaient la lenteur, traverser longtemps la France, éterniser sur les rails leur rêve de la capitale. Paris n’était plus pour moi un but, une promesse, mais seulement une escale, un lieu commode de départ pour tous ces voyages, ces villes étrangères- il y en avait tant eu- où j’aimais rester sans lien, sans donner de nouvelles, sans rien décider ni même cher à aimer. Je n’avais rien acquis depuis le soir où j’étais parti de Perpignan avec la cantine et les draps brodés ; la vie avait passé, je n’avais rien anticipé, je n’avais pas fait attention, je n’avais rien à moi ; tous mes livres tenaient dans un unique sac… J’étais seul, sans croyance ni compagnon à rejoindre ; il n y avait pas de maison, de terre de retour, de place pour revenir mourir

.

Le train allait partir

; la gare semblait déserte ; il n’y avait plus aucun écho de roulements de valises ou de  chariots ; mais ils étaient là-bas, réunis dans la nuit ; c’était les miens, ils ne m’avaient pas oublié ;ils venaient me dire au revoir, me rappeler que je n’étais pas aussi seul que je le croyais, avançaient sur le quai, embarrassés, ne sachant s’ils avaient le droit de monter ou non, essayant de retrouver l’origine de leur erreur dans le trajet, mais ils n’en avaient pas fait -c’était la vie ;oscillant avec cette case en moins qu’on avait en commun, ce petit groupe de déracinés, tendres et cinglés ,ces romanichels d’un autre temps qui ne jugeaient jamais, habitués à ne rien attendre, à ne rien demander, à ne pas s’installer, à ne pas se soucier d’être sauvés et qui, sans le savoir, m’avaient tout donné. »

 

 

Après avoir lu ce livre j’ai pris la décision de relire, cet été, tous les livres de l’auteur.

 

 

 

 

dimanche 23 juin 2024

Erri de Luca : Les règles du Mikado

 

Une amie vient de m’offrir un roman de l’écrivain italien Erri de Luca que je ne connaissais pas et qui porte le titre : Les règles du Mikado ».

Un vieil homme, très solitaire, a l’habitude de camper, seul, dans des forêts.

Un soir une toute jeune fille se présente prés de sa tente et l’on apprend qu’elle est gitane et qu’elle fuit sa famille qui voulait la marier sans son consentement. Elle est recherchée et dans la crainte d'être contrainte de retourner vivre chez les siens.

S’en suit l’évocation de cette relation dans laquelle le vieil prend cette jeune fille sous sa protection et un échange singulier intervient entre ce vieux monsieur et cette jeune fille qui a été éduqué dans une culture différente. Chacun enseigne à l’autre dans cet échange et la jeune gitane lui montre les relations que l’on peut avoir avec les animaux.

On apprend que le vieux monsieur est riche mais aussi qu’il a un secret que l’on ne découvrira qu’à la fin du roman.

Histoire intéressante mais qui permet surtout à l’auteur de nous inviter à la réflexion sur les cultures et sur les comportements différents, sur la vieillesse et sur le rôle de l’impondérable, du hasard dans la vie des humains.

Si le roman porte le titre : »Les règles du Mikado » c’est aussi parce que le vieil homme qui a été horloger, amateur de ces mécanismes complexes et fragiles joue souvent au Mikado et il en tire une philosophie qu'il enseigne à sa jeune protégée.

Une belle histoire.

« Les Règles du mikado » : la théorie du chaos d’Erri De Luca (lemonde.fr)

 

mardi 11 juin 2024

Philippe Collin : Le barman du Ritz

Le barman du Ritz est un roman à partir du destin de personnages ayant existé et qui captive le lecteur du début à la fin car il veut connaître la fin et le sort des protagonistes. Ce roman donne , aussi, une bonne idée de l'atmosphère  qui régnait à Paris pendant la période de l'occupation allemande.
Le roman nous fait aussi nous poser des questions sur l'attitude que nous aurions eu nous même à cette époque compliquée.
Le rôle du barman de ce bar mythique du Ritz, fréquenté par de nombreuses personnalités, son double jeu qui le met à tous les instants en péril au milieu des officiers supérieurs allemands mais ,aussi, des opposants à la collaboration plus ou moins cachés.
Tous les caractères et les comportements des français apparaissent et montrent toute la complexité de la situation.
Ce roman est présenté par l'éditeur comme le grand roman de l'occupation et c'est très juste.

lundi 20 mai 2024

Pierre Assouline: Le dernier des Camondo.

 C'est un livre que j'ai déjà lu dans le passé et que je viens de relire après une nouvelle visite au Musée Nissim de Camondo jouxtant le Parc Monceau.

Ce livre est , en tous points ,passionnant qui retrace le destin de la famille de Camondo de l'Espagne à Paris après que leurs aïeux aient vécu à Venise et dans l'Empire Ottoman.

Est évoqué plus précisément, ici, la vie du Comte Moïse de Camondo, riche banquier qui fit édifier un Hôtel particulier Parc Monceau pour y loger une somptueuse collections de meubles, tableaux et œuvres d'art variées du XVIII° siècle.

Le début du livre nous raconte en détail cette passion pour le mobilier et l'art de vivre du XVIII° siècle que nourrissait le Comte de Camondo dont la richesse lui permit d'acquérir des œuvres d'art et ,notamment, des meubles et des tableaux de cette époque.

Après avoir lu ce livre il faut absolument visiter sa maison du Parc Monceau restée en l'Etat. J'avais déjà visité cette demeure en 2011

La dernière de couverture dit clairement ce que le lecteur trouvera dans ce livre :


"La saga des Camondo, de l'Inquisition espagnole au génocide nazi, n'est pas seulement un récit historique retraçant l'épopée de ces grands seigneurs séfarades . C'est aussi une méditation sur la solitude d'un homme abandonné par sa femme, inconsolé de la mort de son fils, qui consacra sa vie à reconstituer au cœur de la plaine Monceau une demeure aristocratique du XVIII° siècle, laissant à la France le plus éclatant témoignage d'un monde disparu"

On ne peut qu'être ému devant ce destin tragique d'une famille.

samedi 18 mai 2024

Hervé Le Tellier: Le nom sur le mur

 C'est un petit livre paru chez Gallimard dont j'ai entendu parler dans une émission de la Grande Librairie.

L'auteur, à partir d'un nom  gravé dans la pierre de la façade de sa maison, va procéder à une enquête pour en savoir plus sur  la personne dont le nom est ainsi gravé. Il va apprendre que ce nom est celui d'André Chaix un jeune résistant mort à vingt ans et il va retracer le peu de choses que l'on sait sur sa vie, bien oubliée aujourd'hui.

Le livrez évoque ainsi ,non seulement la courte de vie d'André Chaix avec les indices qu'il peut retrouver, les rencontres qu'il fait mais aussi la vie des résistants dans la France agitée de cette période.

Les deux parties sont intéressantes et l'on en apprend beaucoup sur la résistance vue au niveau des français , sa place dans l'histoire et sur la question si fondamentale du choix entre honneur et déshonneur.

Sur le plan personnel le point de départ de la recherche de l'auteur est touchant. Il reçoit un jour une petite boîte en fer  qui contient quelques maigres affaires du jeune homme: des pièces d'identité ,une photo, quelques lettres. A partir de ces quelques traces l'auteur va essayé de reconstituer la courte vie de ce jeune homme et l'auteur de nous dire en conclusion:

"Je n'avais pas l'ambition démesurée de te redonner vie, André. Tu auras à jamais vingt ans, deux mois et 30 jours et c'est bien ainsi. Je me tenais tout à l'heure devant ces lettres gravées dans le crepi grège, et je crois que j'ai voulu donner du sens à mon regard pour pouvoir sourire toujours avec fraternité face à ton nom sur le mur."

dimanche 21 avril 2024

Villas et Palais d'Alger du XVIII Siècle à nos jours: Marion Vidal-Bué

 Voilà un livre magnifique que l'on vient de m'offrir pour mon anniversaire et je le feuillette souvent avec un grand intérêt. Il y a ,à la fois du texte, des photos récentes et anciennes et des reproductions nombreuses de tableaux ce qui en fait un très beau livre.

Les textes d'introduction et ceux concernant chacune des villas et des Palais sont des textes très documentés ,nourris de références historiques et qui nous racontent les histoires quelques fois singulières de tous ces bâtiments dispersés dans Alger et aux alentours. Dans l'introduction (Alger au fil du temps) l'auteur nous montre bien comment s'est développé cet environnement d'Alger, comment les habitants de ces époques anciennes quittaient la ville pour bénéficier de la beauté des environs et y bâtissaient de superbes demeures à l'architecture particulière mais venant d'une lointaine histoire ,notamment romaine.

J'a y apprends aussi qu'Alger fut aussi ,à une époque, la résidence de riches étrangers qui venaient passer l'hiver et pour se soigner par l'effet bénéfique du soleil. Clin d'œil me rappelant Pau, destination ,elle aussi, des riches anglais et bien sûr Nice te la côte d'Azur!

Après l'introduction le livre présente une a une toutes ces maisons. Il y a ,bien sûr les Grands Palais des gens  de pouvoir et dont certains sont très connus, beaucoup sont le siège de grande administration  mais il y a ,aussi les Palais plus modestes et les villas et domaines .On y trouve les résidences luxueuses de Mustapha Supérieur, les maisons blanches d'El Biar, celles sur la pente de la Bouzarea etc...

Impossible de citer tous ces domaines et leurs histoires et je me contenterai de citer la Villa Abdel-Tif car elle fut une sorte de Villa Médicis qui accueillait et accueille toujours des artistes. Elle se situe dans un cadre idyllique au dessus du Jardin d'Essai.


                                                                           


                                                                           


                                                                                   

Ce livre est malheureusement trop volumineux pour l'emporter dans ses bagages mais  il pourrait permettre d'organiser un circuit magnifique où l'on pourrait ainsi visiter sous la conduite d'un guide toutes ces merveilles architecturales.