samedi 29 mai 2021

Les nouveaux prétendus intellectuels

 



Un texte de Nathalie Heinich dans la collection "Tracts" chez Gallimard : "Ce que le militantisme fait à la recherche" et qui s'attaque aux dérives que connaît aujourd'hui l'université, notamment dans les études (si on peut appeler cela des études) de genre ou racialisée ou intersectionnelles! L'auteur montre à la fois la pauvreté, la bêtise souvent de ces études qui découvrent la "lune"! Elle montre qu'il s'agit non pas de science mais bien de militantisme politique de bas niveau et que ces prétendus "chercheurs" veulent, comme elle le dit le beurre d'une situation universitaire et l'argent du beurre du militantisme.

Elle évoque à très juste titre les trois glaciations successives qui ont saisis un certain nombre de dits "intellectuels": la glaciation sovièto-marxiste; la glaciation maoïste des années 1970 et la glaciation actuelle des islamo-gauchistes"
Ces études finiront comme les précédentes dans les poubelles de l'histoire déjà passablement remplies .Les jeunes étudiants en sociologie devraient lire ce texte avant de se laisser embrigader par nos nouveaux intellectuels et ne pas faire comme leurs aînés qui ont frayé avec les bêtises de ceux qui , comme Sartre et bien d'autres ne voulaient pas voir les crimes du communisme. Ils ont perdu face à un Albert Camus qui , lui étaient dans la nuance et dans la défense des valeurs humaines.
Citons cette phrase de Raymond Aron qui dit tout de la bêtise de ces intellectuels de l'époque à qui les nouveaux ressemblent furieusement!
"Cherchant à expliquer l'attitude des intellectuels, impitoyables aux défaillances des démocraties, indulgents aux plus grands crimes, pourvu qu'ils soient commis au nom des bonnes doctrines, je rencontrai d'abord les mots sacrés: gauche, Révolution, prolétariat"
"Aujourd'hui nous ne cessons de buter sur d'autres mots sacrés: "dé colonialisme" , "intersectionnalité" , "racisés".

mardi 25 mai 2021

Alexandre Soljenitsyne Le Pavillon des cancéreux.

 Ce livre trainait dans ma bibliothèque depuis de nombreuses années sans que j'ai eu l'envie de l'ouvrir. Sans doute ce titre, cet évocation du cancer m' a telle consciemment ou inconsciemment éloigné de ce roman. Je connaissais ,bien sûr, Alexandre Soljenitsyne ce dissident célèbre, ce critique féroce du communisme soviétique mais je n'avais rien lu de lui. Le Pavillon des cancéreux se passe dans un centre de traitement du cancer dans la Russie profonde ,à 3000 kilomètres de Moscou. Il y a ,là, dans un centre vieillot et dans des salles communes une cinquantaine de malades atteints plus ou moins gravement de cette maladie et une équipe soignante, médecins ,radiologues, chirurgiens, infirmières, une communauté et c'est la vie de cette communauté que nous raconte Alexandre Soljenitsyne tout au long de ses 400 pages.

On finit par s'attacher a tous ces gens, les malades dont on suit les traitements, l'évolution de leur mal, leurs espoirs, car l'espoir, une petite lumière reste vivant même au plus mal. On s'attache aussi a ces médecins  dont on mesure le dévouement mais aussi les difficultés, leurs rapports tendus quelques fois avec les malades. Parmi ces médecins, beaucoup de femmes et l'une d'elles Dontsova va se rendre compote qu'elle aussi est atteinte par le mal. C'est un passage captivant car l'on voit, sous la plume de l'écrivain son comportement , ses idées, ses convictions changer tout à coup et, elle , celle qui savait , qui connaissait la maladie veut ignorer le diagnostic et elle est saisie par la peur. Elle comprend alors beaucoup mieux ses malades et à la veille de partir se faire soigner à Moscou, elle fait ,comme d'habitude un tour de ses malades et elle va être plus humaine , plus compréhensive, elle ava vouloir leur apporter une nouvelle forme de réconfort.

Quant aux malades ils changent eux aussi et leurs certitudes disparaissent, mais rien ne peut leur enlever cet espoir de guérison même aux moments les plus sérieux.

On apprend a connaître la vie , le destin de chacun des membres malades ou médecins de cette communauté et il y a quelques pages très fortes comme celle où l'on voit Vera une femme médecin qui se fait passer pour veuve alors qu'elle n'a jamais été mariée et qui noue un line avec un malade. Elle passe alors une journée merveilleuse, elle semble ne plus toucher terre.....

Le roman se termine. Oleg un déporté quitte le Pavillon des cancéreux, il passe une journée merveilleuse a se promener dans la ville et l'on peut lire ceci: "Il y avait encore bien des joies qui l'attendaient aujourd'hui.  

C'était le soleil de ce printemps qu'il pensait ne plus revoir, et bien qu'autour de lui il n ' y eut personne pour se réjouir du retour d'Oleg à la vie, personne même pour le savoir, le soleil, lui, le savait, et c'est à lui qu'Oleg souriait. Quand bien même il n' y aurait plus jamais de printemps à venir, quand bien même ce serait le dernier, c'était pourtant un printemps supplémentaire et rien que pour cela Oleg disait merci!"

Il est invité à passer la nuit avant son départ à la fois par Vera et par Zoé. Il n'ira pas. Une histoire qui aurait pu naître ne naîtra pas. Il n'offrira pas à Vera les deux petits bouquets de violette qu'il a acheté avec son maigre pécule et il les distribuera a deux jeunes filles qui passent. Cela m'a rappelé la dernière scène bouleversante du film russe :"Quand passent es cigognes" Une jeune fille va à la gare pour accueillir son fiancé qui doit rentrer de la guerre. Elle apprend sur le quai qu'il ne reviendra pas. On l'a voit, alors, distribuer ses fleurs, une à une, aux soldats qui arrivent et à leur famille en liesse.


,Il y a aussi dans ce roman une critique très nette du régime, de ses atteintes aux libertés, des passes droit de sa nomenklatura, de ses échecs dans de nombreux domaines et dans son mensonge et c'est pourquoi cet écrivain fut persécuté.

Je vais maintenant lire aussi les deux récits qui ont fait connaître Alexandre Soljenitsyne dans le monde: Une journée d'Ivan Denissovitch et la maison de Matriona. Cet écrivain est un grand écrivain russe plus proche sans doute de Dostoïevski que de Tolstoï mais aussi grand.