samedi 24 septembre 2022

Julian Barnes: Elisabeth Finch

                                                         


 



Ce livre publié en 2022 chez       m'a laissé un peu perplexe car il m'a semblé qu'une importante partie du livre était du remplissage et avait assez peu a voir avec le début du livre. Je m'explique. L'auteur raconte l'histoire d'une professeur, Elisabeth Finch, qui est une personnalité à, par bien des côtés part mais qui un très grand don pour l'enseignement. Elle n'impose jamais rien a ses étudiants mais, par des positions qui surprennent, elle les amène a réfléchir par eux-mêmes, à aller plus loin et à ne pas se contenter apparences.

En cela est une véritable enseignante, une accoucheuse, alors surtout qu'elle s'adresse à un public d'adulte.

Le narrateur, élève d'Elisabeth Finch l'admire et, on le saura à la fin du livre est tombé amoureux d'elle ,bien qu'il ne s'en rendra compte qu'après la mort d'Elisabeth.

Dés lors, au pretexte de lui rendre hommage il fera des recherches sur sa vie, à bien des égards énigmatique et écrira, en sa mémoire un livre sur Julien l'Apostat. Et c'est là que l'on voit développer toute une étude sur cet empereur romain qui vit la chute des dieux et le triomphe du Dieu unique, c'est à dire du Christianisme .

C'est cette partie qui m'a paru un peu artificiellement rattaché au début du roman, même si elle est intéressante sur cette période charnière de l'histoire au cours de laquelle le monothéisme a supplanté tous les Dieux des romains et des Grecs. Beaucoup estiment et c'était le cas d'Elisabeth Finch que l'occident n ' ya pas gagné. Chez les romains et les grecs la pluralité des dieux donnait d'évidents espace de liberté et tous ces dieux ne pesaient pas sur les hommes alors que le monothéisme a , de toute évidence une vocation totalitaire.(Les nombreuses guerres de religion sont là pour le démontrer.)

Les Grecs pensaient qu'il faut avant tout jouir de la nature et de sa beauté et surtout de la vie ,ici bas, alors que les monothéismes  nous incitent a ne voir la vraie vie que dans l'au-delà!

Donc un livre érudit mais qui a du mal à me captiver mais qui contient un beau portrait d'une femme dont on garde le souvenir après lecture.


lundi 19 septembre 2022

Kaouther Adimi: Au vent mauvais


                                                                      




 De Kaouther Adimi je connaissais son beau livre sur la librairie d'Edmond Charlot à Alger et dont j'ai rendu compte ici. Au vent mauvais qui vient de paraitre aux Editions du Seuil retrace la vie de Tarek, sa femme Leila et Saïd un ami d'enfance de Tarek. De cette histoire je ne vous dirai rien mais j'évoquerai simplement les grands thèmes que traite ce roman.

Disons d'abord qu'il revisite l'histoire contemporaine de l'Algérie avant et après l'indépendance du pays jusqu'à la période noire de l'islamisme avec ses crimes abominables et son idéologie rétrograde et montre le poids de la "grande histoire" sur les destins individuels.

Le roman évoque un certain nombre de femmes remarquables luttant contre les préjugés et toujours au travail pour faire vivre leur famille mais il évoque aussi le destin de Tarek tout au long de cette histoire: la guerre de 39-45 qu'il fait en France et dont il restera marqué toute sa vie, mais aussi la nécessité de partir travailler en France, immigré solitaire et  travaillant dur que pour envoyer des mandats à sa femme, sans jamais de loisirs, sans jamais les petites joies de l'existence, traversant le pays comme une ombre. Le roman nous parle aussi .d'art car Tarek est ,un jour, recruté, pour être gardien d'une somptueuse demeure italienne d'un aristocrate solitaire et, là, il découvre l'art: les statues antiques, la peinture avec un tableau qui le fascine tout particulièrement et qui a le don de l'apaiser , de lui faire oublier les horreurs qu'il a connu à la guerre. C'est un moment de grâce dans une vie difficile.

Le roman nous parle aussi de littérature  car l' ami d'enfance de Tarek, Saïd qui a bu le lait de la mère de Tarek deviendra un grand écrivain et il racontera ,à sa manière, la vie du village et ses relations avec la femme de Tarek Leila.

Le roman montre que le romancier est un vampire qui se nourrit de la vie de ses proches et que cela peut avoir de graves répercussions sur leurs vies. Jusqu'où les romanciers ont-ils le droit d'utiliser la vie de proches. On connaît ce débat sur le plan judiciaire mais ,ici, pas de justice seulement le bouleversement de vies. C'est une partie particulièrement intéressante de ce roman.

Vous pouvez écouter, ici, un entretien avec cette jeune romancière.

dimanche 18 septembre 2022

Xavier Le Clerc: Un homme sans titre.

 


                                                           


   


Xavier Le Clerc qui publie chez Gallimard : "Un homme sans titre" est né Hamid Aït-Taleb de parents kabyles et il est aujourd'hui un des dirigeants importants d'une société de luxe. Ce récit qu'il donne à lire est l'histoire de son père et elle est bouleversante.

Le récit commence par l'évocation des onze articles qu'Albert Camus a consacré en 1939 sur la Misères en Kabylie et l'auteur imagine que parmi les petits enfants loqueteux que voit Camus il y a son père, Mohand-Saïd. 

Ces premières pages que je lis , ici. sur ma chaîne Youtube, sont superbes et l'auteur décrit


 à son tour , sans pathos, cette misère absolue qu'a décrite Camus et qui est une condamnation justifiée de la politique du pouvoir colonial. On aime ce Camus là, lui qui a connu la misère et qui a de l'empathie pour plus misérables encore et il n'avait que 25 ans! "Vous étiez bien jeune...." lui avait écrit l'écrivain Mouloud Feraoun et je me suis toujours dit que les Algériens devraient tous aimer Camus ne serait-ce que pour ces reportages.

Dans son récit l'auteur raconte ensuite la vie de son père et de sa  famille arrivés en France après 1962 pour travailler en usine quittant la misère pour encore de la misère , avec du courage pour aller chaque matin vers un labeur dur et mal payé pour élever sa famille. Et il n'est pas étonnant que les œuvres de Louis Guilloux (qui fut un ami de Camus) soient citées.

L'auteur décrit fort bien ce sentiment de trahison pour ceux qui, comme lui, change de classe sociale. Cela, Camus ,aussi, l'a vécu., mais dans la lettre qu'il écrivit à son père décédé l'auteur nous montre sa fidélité à ce monde de la pauvreté, du travail dur et du courage.

Le livre est aussi un bel éloge de la lecture, du français et de la France qui , nous dit l'auteur ,lui a tout donné.

Enfin toute une partie du livre est consacrée à la façon dont l'auteur a accepté sa différence, révélée dés l'enfance et comment son père a réagi au moment où il en pris conscience.

Au total un très beau livre, très riche , superbement écrit et qui aurait plu à Camus qui aurait apprécié avec émotion l'hommage qui lui est ainsi rendu. Et écoutez ,ici, ce que l'auteur dit de son livre et de son parcours. Voir ici encore et encore cette video et on écoutera ,aussi, ce bel entretien de l'auteur



vendredi 2 septembre 2022

Hjalmar Söderberg: Docteur Glas




                                                





 Ce roman intitulé sobrement Docteur Glas a été publié en 1905 en Suède et a été édité en France par les éditions Libretto .Ce roman a eu un beau succès lors de sa parution et venant de le relire je le trouve d'une grande modernité.

Le Docteur Glas est médecin dans une banlieue assez campagnarde de Stockholm. C'est un homme bon mais solitaire et il n'a jamais eu de femme. Il rêve d'être marié mais se trouve laid et inadapté à cet usage. Le livre est son journal tenu au jour le jour et il a de belles pages sur la campagne , la beauté de la lune et des ciels de son pays. 

Il a dans sa clientèle le  Pasteur Gregorius et son épouse. Le Pasteur est le prototype de l'homme d'Eglise haïssable, la religion l'autorisant a des comportements pénibles et hypocrites et, au cours de ses visites le Docteur Glas  apprendra combien ce Pasteur maltraite sa femme. Il détestait d'instinct depuis le début ce Pasteur et il va le haïr et aider sa femme dans la mesure de ses possibilités.

Il y a des pages d'une grande modernité sur la morale et notamment sur l'euthanasie bien sûr interdite aux médecins mais il fait l'analyse de ces règles et se dit, en 1905 que , peut-être ces règles évolueront dans l'avenir et qu'on trouvera un jour possible qu'un médecin aide à mourir quelqu'un qui le veut vraiment en raison d'une maladie inguérissable et source de grandes souffrances. (p.48)

Or on y est. Des pays ont déjà légalisé l'euthanasie et d'autres y réfléchissent dont la France.

Le Docteur Glas a donc, à son usage, dans un tiroir de son secrétaire des pilules dont l'effet est de donner une mort rapide et à l'origine difficilement détectable.

Comme il aime secrètement la femme du Pasteur  et qu'il voudrait l'aider , vas t-il , utiliser ses pilules pour la débarrasser de son mari le Pasteur?

Le journal détaille ses états d'âme sur ce point mais je ne vous dirai rien de la solution qu'il adoptera et si, enfin , il trouvera le bonheur. Peut être est-il trop penseur pour être heureux. Il écrit : " Et depuis quelques temps, j'incline a croire qu'il n' y a sans doute aucune raison à ce que l'on comprenne la vie.

......... Ne pas  s'interroger ne pas penser. La pensée est un acide qui vous ronge. D'abord elle vous grignote à l'aveuglette, mais elle ne se contente pas de la proie qu'on lui réserve et tout finit par y passer." (p.110).

Ce journal est aussi une réflexion philosophique sur la vie.

Honfleur et les peintres

 Au cours d'un petit séjour à Honfleur j'ai appris que cette petite bourgade pleine de charme  avait été prisé par de nombreux peintres et l'on retrouve leurs noms affichés sur les façades des maisons qu'ils ont habité. Ils ont aussi beaucoup fréquenté la ferme Saint Siméon où les fermiers de l'époque leurs louaient des chambres. Cette ferme dominait un paysage magnifique sur l'estuaire et l'océan et est devenu un palace .

Honfleur dispose donc et c'est naturel d'un agréable musée ,très bien pourvu et qui a été édifié grâce à la générosité de Madame Jean Schlumberger.

Ce musée détient des oeuvres de Claude Monet mais aussi de nombreuses oeuvres des peintres locaux dont beaucoup ont atteint une grande notoriété: André Hambourg, Dubourg, Eugène Boudin et d'autres encore.

Au moment de ma visite le musée présentait aussi une exposition temporaire intitulé  un phare pour l'art consacrée aux élèves de l'Académie Julian et évoquait un moment intéressant de l'activité de cette Académie. Elle distribuait chaque année des prix dont certains consistait dans la possibilité offerte aux lauréats de séjourner à Honfleur. L'Académie avait, en effet, acquis en 1951, un ancien phare et elle y logeait pensant l'été les lauréats.

L'exposition temporaire donnait à voir les  oeuvres de certains de ces lauréats qui furent des peintres connus: René Décrion ,Lalanne et d'autres encore. Au total un beau musée et une intéressante exposition temporaire.