mercredi 31 juillet 2024

Jack London: Michaël chien de cirque

 Jacq London est cet écrivain bien connu et chacun se souvient, sans doute, de Croc Blanc. Dans ce livre émouvant il nous raconte la vie  mouvementée et cruelle d'un chien Michaël , devenu par les hasards de la vie un chien de cirque.

Dire cela vous fera peut être penser à de petits spectacles charmants que l'on voit souvent dans les cirques et j'en ai vu un récemment au Cirque d'hiver où quels chiens étaient à l'école et se comportaient comme de gentils écoliers!

Mais ce roman m'apprend que ces petits spectacles sont souvent le résultat de maltraitance diverses et Michaël le héros de ce roman passe par toutes sortes d'épisodes cruels et le lecteur suit sa vie avec intérêt et colère contre ses bourreaux successifs.

La fin se terminera a peu prés bien pour Michaël mais sans qu'il puisse jamais retrouver son bonheur ancien.

Jack London écrit dans son roman et l'on trouve cette phrase sur la couverture du livre: "Il est une chose, également que l'on ne saurait nier, c'est que Michaël était capable d'aimer, avec le même dévouement intégral, le même cœur et la même abnégation folle que n'importe quel être humain."

Je lis ici dans une vidéo le belle préface que Jacq London donne à son roman. Cette préface vous dira tout.




vendredi 12 juillet 2024

Erri de Luca : Impossible.

 

Le roman d’Erri de Luca : « Impossible » est un bijou d’intelligence. Le roman raconte la relation entre un jeune Juge d’instruction et un homme beaucoup plus âgé que lui et qui, dans sa jeunesse a fait partie de ces mouvements révolutionnaires qui ont commis des crimes dans l’Italie des années 1980.

Le vieil homme est en prison, à l’isolement et il est convoqué, à plusieurs reprises, par le Juge qui l’interroge sur ce qu’il pense être un crime perpétré par le vieil homme.

L’accusé se serait rendu coupable d’avoir tuer au cours d’une escalade en montagne un homme dont il avait été l’ami et qui l’avait trahi lui et ses comparses en les dénonçant à la Justice pour obtenir le statut de repenti.

Les interrogatoires montrent le travail de ce Juge et c’est captivant. Il montre aussi les réactions intelligentes et fermes de l’accusé qui nie avoir tué cet ancien ami qu’il avait perdu de vue depuis des années.

Parallèlement à ces interrogatoires le vieil homme écrit a sa compagne et donne ses impressions.

Un beau roman sur la Justice qui passionne de bout en bout.

 

 

jeudi 11 juillet 2024

Jean Noel Pancrazi: Les années manquantes

 

Je termine ce livre de Jean Noel Pancrazi : « Les années manquantes » publié en 2022 et paru dans la collection Folio en ce mois de juin 2024.

J’ai lu presque tous les livres de cet auteur que j’admire beaucoup, Madame Arnoul, La Montagne, Renée Camps, Les quartiers d’hiver, Long séjour, Dollars de sable et tous ces livres je les ai aimés tout d’abord en raison de la façon d’écrit de Jean Noel Pancrazi. Tous ces livres sont émouvants par ce qu’ils racontent mais surtout par la façon dont l’auteur sait faire courir l’émotion tout au long de son texte.

On pleure en lisant Jean Noel Pancrazi car tous les protagonistes de ses livres ont des destins cruels, des vies contrariées, des besoins d’amour ou de reconnaissance non satisfaits.

Dans les années manquantes Jean Noel Pancrazi évoque la partie de sa vie qui a suivi le départ de l’Algérie où ses parents étaient employés dans une minoterie du côté de Sétif, la difficulté de leur installation, le mauvais accueil reçu dans cette région (Perpignan).

Ses parents vont très vite repartir en Algérie pour tenter d’y rester.

Pendant cette période il est confié à sa grand-mère Joséphine, une vieille femme harcelée par un eczéma qui lui rend la vie difficile mais qu’elle affronte avec courage, son seul plaisir étant les visites de son fils Noel qui, pourtant, sombre dans l’alcool et les plaisirs. L’auteur fait un très joli portrait ce cette grand-mère jusqu’au jour où elle décèdera.

Ses parents rentreront à ce moment et s’ouvrira une période très douloureuse pour le jeune homme qui devra vivre avec des parents qui se détestent, qui sont en permanence dans la violence verbale.

Enfin la dernière partie du livre est constituée par le récit de son départ pour Paris. Il vient d’être reçu en hypokhâgne au Lycée Louis Legrand et il va, petit à petit, tout en menant de brillantes études, connaître la vie parisienne et connaître la période si cruelle du Sida qu’il a magnifiquement raconté dans : Les quartiers d’hiver.

Pour vous donner une idée du style de cet écrivain voici la dernière page du livre. Sa mère est morte. Il va reprendre son train pour Paris, seul et désespéré :

« J’attendais le train de nuit que je n’avais pas pris depuis longtemps ;il aurait dû être supprimé comme les autres lignes de nuit avec les anciens wagons-couchettes, mais il résistait, était encore maintenu pour encore quelque  temps grâce à la pétition de ceux qui aimaient la lenteur, traverser longtemps la France, éterniser sur les rails leur rêve de la capitale. Paris n’était plus pour moi un but, une promesse, mais seulement une escale, un lieu commode de départ pour tous ces voyages, ces villes étrangères- il y en avait tant eu- où j’aimais rester sans lien, sans donner de nouvelles, sans rien décider ni même cher à aimer. Je n’avais rien acquis depuis le soir où j’étais parti de Perpignan avec la cantine et les draps brodés ; la vie avait passé, je n’avais rien anticipé, je n’avais pas fait attention, je n’avais rien à moi ; tous mes livres tenaient dans un unique sac… J’étais seul, sans croyance ni compagnon à rejoindre ; il n y avait pas de maison, de terre de retour, de place pour revenir mourir

.

Le train allait partir

; la gare semblait déserte ; il n’y avait plus aucun écho de roulements de valises ou de  chariots ; mais ils étaient là-bas, réunis dans la nuit ; c’était les miens, ils ne m’avaient pas oublié ;ils venaient me dire au revoir, me rappeler que je n’étais pas aussi seul que je le croyais, avançaient sur le quai, embarrassés, ne sachant s’ils avaient le droit de monter ou non, essayant de retrouver l’origine de leur erreur dans le trajet, mais ils n’en avaient pas fait -c’était la vie ;oscillant avec cette case en moins qu’on avait en commun, ce petit groupe de déracinés, tendres et cinglés ,ces romanichels d’un autre temps qui ne jugeaient jamais, habitués à ne rien attendre, à ne rien demander, à ne pas s’installer, à ne pas se soucier d’être sauvés et qui, sans le savoir, m’avaient tout donné. »

 

 

Après avoir lu ce livre j’ai pris la décision de relire, cet été, tous les livres de l’auteur.