Xavier Leclerc a publié il y a quelques années un livre très fort, très émouvant en hommage à son père, algérien, immigré en France. Xavier Leclerc est un admirateur de l'œuvre d'Albert Camus et ils utilisait dans ce livre des éléments tirés des enquêtes de Camus lorsqu'il était journaliste à Alger Républicain sur la "Misère en Kabylie" cette région dont son père était originaire. Une nouvelle fois je recommande la lecture de c
.beau livre. https://jpryf-actualitsvoyagesetlitterature.blogspot.com/2022/09/xavier-le-clerc-un-homme-sans-titre.html
Voilà que dans un roman qu'il vient de paraitre: "Le pain des Français" il aborde la question des crimes commis par la France lors de la conquête de l'Algérie. Il le fait de manière originale, cruelle et émouvante en racontant l'histoire de Zohra dont seul subsiste un crâne déposé avec , hélas, beaucoup d'autres dans les sous-sols du Musée de l'Homme au Trocadéro.
En examinant , en s'adressant à ce crâne, en nouant un dialogue entre le destin si cruel de cette petite fille et lui-même l'auteur nous fait passer du passé au présent.
A l'heure où une déclaration du journaliste Apathie sur les crimes de la France en Algérie a entrainé de nombreuses réactions, il est bon de lire ce roman qui donne vie à une partie de ces crimes et qui derrière des faits bruts et des statistiques nous oblige a voir l'histoire en face. C'est un roman mais il est étayé par de nombreuses études historiques, par des mémoires des participants à ces crimes.
Je dois dire que je connaissais cette histoire de crâne conservés et dont la restitution à l'Algérie est en discussion, mais c'est une chose de connaître la question et une autre de la voir prendre chair ,si l'on peut dire, dans une évocation romanesque.
On a beau savoir que l histoire est tragique et que les hommes ont commis des abominations on reste stupéfait face a ces comportements,emanant parfois d hommes cultives.
La réconciliation est possible car l'on ne peut tenir pour responsables les hommes et les femmes d'aujourd'hui des agissements de meurs aïeux. Mais cette réconciliation ne sera possible que par la connaissance de l'histoire et de ses crimes et par la reconnaissance de ces abominations.
L'histoire ,quant à elle , peut être mieux comprises par la littérature ,la fiction (basée sur des faits réels) car elle est source d'émotion ,elle fait appel à la sensibilité et comme le disait le Petit Prince "On ne vois bien qu'avec le cœur ".
L'auteur au cours de sa réflexion revient sur son propre parcours que nous avions déjà compris dans son précédent ouvrage et il tente de rapprocher son destin et celui de cette petite fille, ce crâne du Musée de l'homme.
Encore un roman à lire. Après sa lecture on ne peut rester le même.