On a assisté en Italie à une pantalonade politique scandaleuse autour du cas de cette jeune fille dans le Coma depuis 17 ans et dont la Cour Suprême italienne a autorisé que l'on cesse de la nourrir artificiellement et que son corps meurt aprés que son esprit ait céssé de vivre depuis 17 ans. Que l'Eglise Catholique se soit opposée à cette décision: devait on attendre autre chose? Mais que le Gouvernement essaye par tous les moyens de tourner une décision judiciare en se livrant à une action honteuse est un scandale. Mais là encore devait on attendre autre chose de Berlusconi?
Voici un texte magnifique sur cette affaire paru , ce matin, sur un blog de Liberation.
Eluana, un calvaire instrumentalisé
Eluana est morte hier soir. Je ne voulais pas y consacrer un billet, laissant les vraius journalistes en parler La nouvelle, brute, sèche, est tombée après la pub, à la fin du journal télévisé de la 7 et a été annoncée par le présentateur, qui semblait presque soulagé, la voix altérée et les yeux embués.
Beppe Englaro, son père, a enfin pu mener à terme le long combat qu'il avait décidé de rendre officiel et public, dix-sept ans après l'accident qui a laissé Eluana suspendue dans un état de coma végétatif irréversible, entre la "vie" de son corps et la "mort" de son cerveau et sa conscience.
Combat interminable commencé en 1999, parsemé de refus, d’appels, de recours, jusqu'aux décisions de la Cour de cassation du 16 octobre 2007, de la Cour d'appel de Milan du 25 juin 2008 et de celle définitive de la Cour de cassation du 11 novembre 2008. Les magistrats, après avoir pris acte de l'impossibilité d'amélioration de son état et d'une reprise de conscience ainsi que de la volonté qu'elle avait laissée transparaître durant sa courte existence, de ne pas prolonger artificiellement une vie qui n'aurait pas été vécue "à 100%", ont finalement autorisé sa famille à cesser de l'alimenter (par sonde).
Souffrances infinies d'un père aimant devenu figure médiatique, objet de polémiques sans fin, de prises de position extrêmes, de manifestations de réprobation publique ou de soutien affiché, d'appels vibrants du pape et d’une Eglise (bien trop) présents dans la vie quotidienne et politique d’un Etat souverain comme l'Italie, d'élucubrations indécentes sur son état physique, d'aucuns n'hésitant pas à affirmer sans vergogne qu'elle avait ses règles et qu'elle aurait pu avoir un enfant….
Heureusement qu'Eluana n'a rien su des manifestations "pour la vie et contre les assassins" en bas de la clinique qui avait finalement accepté de l'accueillir pour ses derniers instants. Heureusement qu'elle n'a pas vu les inspecteurs dépêchés en catastrophe par le ministre de la Santé pour examiner la clinique dans ses moindres recoins espérant y trouver une quelconque irrégularité pour l'empêcher d'accomplir "un crime". Heureusement qu’elle n'a pas eu vent de la (tardive) agitation frénétique du gouvernement et du Président du Conseil, soudain pris d’une votite aiguë de textes pour complaire au clergé, dans le seul but de contraindre en urgence les médecins à restaurer alimentation et hydratation.
Un Président du Conseil, "père avant tout", qui n'a pas hésité, pour "préserver la vie", à tordre les règles applicables en matière de séparation des pouvoirs et d'adoption des textes législatifs et règlementaires ("pénible bureaucratie") et à ignorer une décision judiciaire devenue définitive ("une sentence de condamnation à mort"). Un chef de gouvernement qui est allé jusqu'à traiter l'opposition politique de "porteuse d'une culture de la mort", à défier un Président de la République garant de l’ordre constitutionnel qui lui a, en toute légitimité, refusé d’apposer sa signature sur un décret-loi du gouvernement procéduralement et moralement scélérat, et enfin, à annoncer sa claire volonté de changer la Constitution ("d'inspiration soviétique") pour pouvoir "mieux" gouverner….
Au diable toute cette pantomime vergognosa.Et maintenant silence.
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