Voici un nouveau livre dans la collection « Bouquins » chez Robert Laffont paru cette année et qui vient après d’autres excellents : « L’Algérie : un rêve de fraternité » et « L’Algérie en guerre ». Le principe de cette collection est de publier des anthologies de textes, le plus souvent d’écrivains connus sur un thème particulier ; ici le voyage accompli par de nombreuses personnalités en Algérie après la conquête de 1830, à l’image du fameux « voyage en Orient » cher aux romantiques.
Tous ces textes sont parus entre 1830 et 1930 et leur lecture donne une excellente idée de la période coloniale avec ses hésitations, ses combats et ses crimes. De grands écrivains (Gauthier, Dumas, les frères Goncourt, Alexis de Tocqueville, Eugène Fromentin, Daudet, Maupassant puis André Gide, Montherlant, Isabelle Eberhardt) s’expriment mais aussi des auteurs moins connus, souvent chargés de mission par les gouvernements de l’époque.
Tout cela se lit agréablement et notamment la description des paysages, du climat et des populations, mais on comprend aussi en lisant ces texte combien la France s’est mal comportée. On le savait mais après cette lecture on ne peut décidément plus l’ignorer.
Il y a des textes absolument insupportables où se donne libre cours un mépris racistes et des vues, qui, surtout avec le recul, sont gravement erronées. Je ne citerai que quelques lignes de Louis Veuillot dont la bêtise éclate aujourd’hui.
Louis Veuillot débarque à Alger en février 1841, précédé d’une solide réputation de pamphlétaire et de réactionnaire catholique. Il fut, par ailleurs, secrétaire du Maréchal Bugeaud. Voilà un exemple de bêtise (je serai porté à utiliser un mot plus cru) qu’écrit Veuillot :
« Les derniers jours de l’islamisme sont venus ; notre siècle est probablement destiné à le voir quitter les rivages de l’Europe, non seulement de cette vieille Europe qu’il a jadis envahie et si longtemps menacée, mais de cette Europe nouvelle et agrandie qui est née partout où l’Europe ancienne a porté la croix…Alger dans vingt ans n’aura d’autre Dieu que le Christ »
Et plus loin : « Or il faut être aveugle pour ne pas voir que c’est le dessein de Dieu d’en finir avec l’islamisme et dés lors tout y concourra. »
On eut dire qu’il avait tout compris et qu’il prenait ses rêves pour des réalités !
Quand on lit ce livre, on comprend que le précédent dans la collection: " Algérie: un rêve de fraternité" portait bien son titre. La fraternité ne pouvait être qu'un rêve inaccessible dans le sytème colonial.
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