J'avais lu ce roman de Jean Noel Pancrazi en 2006 lors de sa parution chez Gallimard et j'avais aimé. je viens de le relire et il me semble qu'il m'a ému davantage que la première fois et que j'en ai mieux perçu les qualités de style. J'aime beaucoup et depuis longtemps ce qu'écrit Jean Noel Pancrazi, cet écrivain né en Algérie du côté de Sétif et notamment :"Madame Arnoul", "Les quartiers d'hiver" et "Long Séjour" un petit récit poignant sur la fin de vie de son père.
Avec "Les dollars de sables" il aborde une question difficile, celle des rapports d'hommes mûrs avec des garçons plus jeunes dans des pays pauvres, ici Cuba, Saint-Domingue ou Porto Rico. Avec ces rapports ou l'argent joue un grand rôle, le roman pouvait facilement tomber dans le sordide ou le pathétique. Rien de tel. Cet écrivain sait faire courir, tout au long de son roman, une émotion, une sensibilité, une justesse d'analyse des sentiments et , toutes ces situations demeurent simplement émouvantes et tristes et n'ont plus rien de sordide, mais sont seulement désespérantes et l'on est souvent, au bord des larmes, par exemple dans les quelques pages qui évoquent la mort de "papa".
On pourrait lire ce roman après les pages controversées de la "Mauvaise vie" de Frédéric Miterrand et elles en seraient éclairées.
Le roman se termine par cette scène: Stilly, le jeune garçon qui a été aimé par "papa", transporte le narrateur sur une de ces motos qui sillonnent l'île:
"Et puis, devant nous, tout près de la mer, avec son muret du fond qu'on pouvait enjamber, le cimetière où se détachait la croix toute bleue de la tombe de Michaél qui, même dans l'ombre aveuglait Stilly; il disait, en roulant sous les dernières étoiles et en ramenant mes bras sur sa poitrine, vers son coeur, comme quand il allait plus vite ou contournait une barre, plus haute, de sable:"papa" et je le prenais pour moi." Il y a de l'amour dans tout cela, malgré tout.
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