Fin d’hiver : Lettres
à Lucien, ce livre de Thérèse Jerphagnon paru chez l’éditeur « Le passeur »
est très émouvant à lire. Lucien Jerphagnon,
pour ceux qui ne le connaîtraient pas est un philosophe, spécialiste de la
pensée antique, disciple de Jankélévitch. Mais ce livre est consacré non au
philosophe et professeur mais à l’homme. Il s’agit de courts billets écrits par sa femme après son décès
alors qu’elle –même est atteinte d’un cancer. Ce sont les sentiments, les
idées, les souvenirs qu’elle ressent dans son deuil après plus de cinquante ans
de mariage. Dans un style magnifique
elle nous décrit le chemin qu’elle s’efforce de suivre malgré le manque, malgré
cette présence-absence.
Une grande réflexion sur
la mort, sur la fin de vie aussi, sur la douleur, l’euthanasie (p.30) et sur les petits riens qui ont fait
sa vie avec ce grand universitaire. Par exemple cet amour des animaux, des chats particulièrement mais
aussi des chiens. Je retrouve que ce couple employait des mots que j’emploie moi-même
pour mon petit chien : « chat-chien ou chien –chat » ! En
exergue de ce passage sur les animaux cette phrase d’Alphonse De Lamartine que
je découvre et qui me paraît l’exacte vérité : « On n’a pas deux cœurs,
l’un pour l’homme, l’autre pour l’animal. On a un cœur où on n’en a pas. »
Des pages intéressantes
aussi sur cette question de la mort qui
taraude l’humanité et qui est à l’origine de bien des mythes et des religions. « Dés
que l’homme s’est dressé sur ses pattes arrière, l’homo erectus dit-on, je
crois, il a honoré ses morts. Il n’a pas supporté la néantisation des siens ni
la sienne…. » (p.55 et 56)
Au total un beau portrait
de Lucien Jerphagnon mais aussi de celle qui l’a accompagné si longtemps dans
la vie.
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