Voilà un tout petit livre ( 64 pages) paru chez Gallimard: "Le chemin des morts" et que je viens de lire, debout, dans ma librairie habituelle. Je ne l'ai pas acheté car je savais que je ne le lirai sans doute plus. Je voulais rester sur la réflexion et surtout sur l'émotion que sa lecture rapide m'avait donné. C'est un livre qui devrait être lu par tous les juges et tous les avocats qui tiennent, un jour, le destin d'un homme entre leurs mains.
L'auteur raconte un épisode de sa vie de juge. Il est tout jeune et vient d'être nommé auditeur au Conseil d'Etat et il est très fier de ce métier qui le rapproche des plus grands juristes. Dans la Commission des recours dont il fait partie est examiné le sort d'un militant basque dont l'Espagne demande le retour et qui s'y oppose soutenant que sa vie serait en danger.
L'auteur nous raconte le délibéré de cette affaire les raisons des uns et des autres. Le Conseil d'Etat peut-il méconnaître que l'Espagne,libéré de Franco est une démocratie et un état de droit? Certains montrent bien, pourtant, que les anciennes milices, polices plus ou moins secrètes sont encore agissantes.
La Commission rejettera le recours du militant et François Sureau apprendra ,plus tard, au hasard de la lecture d'un journal l'assassinat du militant et il nous dit son émotion, sa hantise,ses pensées , son pèlerinage sur la tombe de ce militant.Comme il l'écrit il a oublié le visage de beaucoup de morts mais pas celui-ci et il a cette formule que je ne cite qu'à peu prés : "La faute renforce la mémoire" surtout quand la faute (d'ailleurs collective) est commise par un homme juste. Voyez dans cette video comme il en parle remarquablement.Et je partage cette idée que le droit n'est pas tout. Les romains le disaient déjà "summum jus summa injuria" (voir pour une analyse poussée de cette expression par J. Carbonnier. Voir aussi sur Babelio toutes les critiques des lecteurs qui tous ont adiré ce texte
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