Je ne connaissais Jean Sénac, le poète, que pour l’avoir
rencontré aux détours de mes lectures. Je ne savais rien de lui si ce n’est sa
mort dans un petit appartement minable d’Alger, assassiné en 1973 dans des
conditions jamais élucidées : crime de rôdeur, de mœurs ou
politique ?
Mort qui évoque inévitablement celle de Pier Paolo
Pasolini et celle du poète aimé de Sénac Garcia Llorca.
Je viens donc d’en apprendre beaucoup sur lui en lisant, sous le soleil d’Hammamet, le
livre d’Emile Temime et Nicole Tuccelli : « Jean Sénac, l’Algérien.
Le poète des deux rives. » (Editions Autrement 2003).
Ce livre est préfacé par Jean Daniel qui rappelle l’amitié
qui lia Jean Sénac a son aîné Albert Camus et leur rupture douloureuse a propos
de l’Algérie. Le livre contient une analyse approfondie des rapports qui furent
ceux du poète et de l’écrivain et sur les critiques que Jean Sénac adressa a
Camus à propos de l’Algérie.
Ce livre m’a manqué lorsque j’ai écrit sur les rapports de
Camus avec les Algériens.
Camus va aider et aimer Jean Sénac et leur rupture sera
d’autant plus douloureuse.
Jean Sénac a , immédiatement, dés avant le déclanchement
de la guerre d’Algérie, pris parti pour l’indépendance de ce pays ce que Camus
ne parviendra jamais a faire.
Sénac continuera a vivre dans l’Algérie indépendant mais
sera très vite gagné par la désillusion. Cette désillusion il n’hésitera
pas à la dire haut et fort et il
déplaira au pouvoir. Au point que celui-ci veuille l’éliminer ? La question
reste posée.
Mais on ne peut s’empêché de plaindre cet homme, à la
sensibilité rare, dont la vie rappelle beaucoup celle de Camus (même naissance
dans un milieu pauvre, même élévation par la culture, même atteinte par la
maladie, même amour de l’Algérie) et qui a dû
si cruellement souffrir de voir le chemin pris par l’Algérie
indépendante dans laquelle il avait mis tant d’espoir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire