Le silence des bêtes, ce
livre érudit d’Elisabeth de Fontenay, j’ai souhaité le lire après avoir lu
« Mélodie : Histoire d’une passion » du romancier japonais Akira Mizoubayachi,
récit qui a beaucoup de ressemblance avec ce que j’ai moi-même écrit de mes animaux
de compagnie dans « Tombeau pour mes chiens ».
Le livre d’Elisabeth de
Fontenay est une somme de tout ce que les philosophes, depuis la plus haute
antiquité, ont écrit à propos des animaux et sur la façon dont ils devaient
être traités par les hommes, plus de 1000 pages denses d’où l’on tire d’abord l’impression assez
nette que les philosophes ont écrit beaucoup de bêtises et quelques fois des
monstruosités dont on se demande comment elles ont pu leur venir à l’esprit et, toujours, sur fond de religion avec des thèses si imbéciles que l’on voit
bien que ce n’est pas de provenance divine mais bien création de l’esprit,
alors encore embrumé, de l’homme.
J’y reviendrai mais l’auteur nous dit, à plusieurs endroits du livre, que ces thèses ne pouvaient évidement pas venir ni être comprises de ceux, paysans notamment, qui étaient en contact permanent avec les animaux et avec la nature et, qui eux, les connaissaient vraiment sans être philosophes !
J’y reviendrai mais l’auteur nous dit, à plusieurs endroits du livre, que ces thèses ne pouvaient évidement pas venir ni être comprises de ceux, paysans notamment, qui étaient en contact permanent avec les animaux et avec la nature et, qui eux, les connaissaient vraiment sans être philosophes !
La grande question qui a
hanté les philosophes est celle du propre de l’homme. Qu’est-ce qui distingue
finalement et de manière certaine l’homme de l’animal ? Et sous jacente à cette question, pour des raisons religieuses, celle de savoir si les animaux
ont une âme !
Il est hors de porté de ce
texte d’examiner en détail les réponses que les philosophes ont donné au cours
du temps, la plupart voulant voir dans la parole articulée, dans l’imagination,
dans la perfectibilité, le propre de l’homme mais ayant quelques difficultés
avec certains malades mentaux, certains « enfants sauvages » ou même
certaines peuplades.
Le fait de faire
entrer tel ou tel être dans la catégorie
« homme » étant importante pour des raisons, notamment
religieuses : baptême ou pas, paradis ou pas, événement dont on est sûr
évidement !
Ces théories ont eu, aussi,
de l’influence sur la façon dont les sociétés se sont comportées avec les
animaux et, disons le nettement, de
façon la plupart du temps scandaleusement cruelles.
Survint, notamment, la théorie inepte mais qui a fait des ravages : celle de Descartes et son animal « machine » qui ne connaît pas la souffrance et qui est comme une machine que l’on peut détruire sans qu’elle s’en rende compte. Elisabeth de Fontenay montre que sa théorie n’était pas aussi radicale qu’on l’a souvent dit, mais comment des gens doués d’une intelligence, même minimum, ont-ils pu croire ces balivernes.
Je ne résiste pas a faire
ici un certain nombre de citations de philosophes qui ont contredit cette théorie.
Le curé Meslier écrira,
en son temps et avec véhémence : « Dîtes un peu à des paysans que
leurs bestiaux n’ont point de vie ni de sentiment, que leurs vaches et que
leurs chevaux, que leurs brebis et moutons ne sont que des machines aveugles et
insensibles au bien et au mal, et qu’ils ne marchent que par ressort, comme
des machines et comme des marionnettes, sans voir et sans savoir où ils vont.
Ils se moqueront certainement de vous. »
Voltaire s’indigne, lui
aussi, et écrit :
« Des barbares
saisissent ce chien, qui l’emporte prodigieusement sur l’homme en amitié;
ils l’attachent sur une table et ils le dissèquent vivant pour te montrer les
veines. Tu découvres dans lui tous les mêmes organes de sentiment qui sont en
toi. Réponds moi, machiniste, la nature a-t-elle arrangé tous les ressorts du
sentiment de cet animal afin qu’il ne souffre pas ? A-t-il des nerfs pour
être impassible »
Je conclurai après avoir lu tant d’absurdités, que l’affaire est entendue et que, notamment, les religions monothéistes qui ont mis l’homme au centre de la création et la dominant, ont eu tort.
L’animal a autant de dignité que l’homme et que, si l’on croit en un Dieu tout puissant créateur et juste, il n’a pas voulu la souffrance animale; ou alors il est un pervers.
La seule façon de se comporter avec ces êtres différents mais égaux avec l’homme en dignité est de les traiter dignement en ne les faisant pas souffrir injustement.
Qu’il y ait beaucoup à faire, c’est évident et, parfois, décourageant.
Après avoir lu cette somme
érudite, il faut relire Marguerite Yourcenar qui, dans son style magnifique, a
dit l’essentiel de ce qu’il y avait à dire
2 commentaires:
Le principe pour survivre est que tout ce qui n'a pas d'ame se mange.
A cela s'ajoute qu'il n'y a pas pire cruauté que de faire du mal inutilement à un animal car nous sommes responsable de ce qui nous entoure.
Voici l'idée des phi du siècle des lumières. Mais en des temps ou les politiques et hommes de pouvoir place l'homme moins que l'animal, je ne sais pas si cela veut encore dire quelque chose.
Cordialement
Nous avons au sujet des animaux des positions aberrantes.
Les carnassiers que nous sommes se nourrissent d'animaux "élevés en batterie" dans des conditions souvent atroces.
D'autre part certains animaux de compagnie sont plus gâtés que la majorité des enfants du monde . Les publicités pour leur nourriture, leur toilettage, leur "habillement" sont honteuses.
Quant à nous, nous sommes aussi des animaux, sans doute les plus prétentieux...
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