J'apprécie depuis longtemps les oeuvres de Dominique Fernandez: " Dans la main de l'Ange" (biographie romancée de Pasolini), "Le Tribunal d'honneur" (biographie romancée de Tchaikovski), "La course à l'abîme" (vie du peintre Le Caravage), "Le dernier des Medicis" et bien d'autres livres encore.
Dominique Fernandez vient de publier un très beau livre sur son père , le grand critique littéraire Ramon Fernandez, bien oublié, en raison de son comportement pendant la guerre et sa compromission avec les allemands.
Déjà, lors de sa récente élection à l'académie Française, Dominique Fernadez était revenu sur la vie et l'oeuvre de son père et il avait prononcé , notamment , cette très belle phrase dans son discours de réception à l'académie française, le jeudi 13 décembre 2007 :
« L'illustre d'Alembert, dont vous m'avez fait l'honneur, et je vous en remercie, de m'appeler à occuper le fauteuil, parlait de « l'égalité académique ». Il voulait dire que tous les académiciens, quelles que soient leur origine sociale, leurs convictions, leurs erreurs ou celles de leurs parents, sont égaux. Au nom de cette égalité, je vous demande d'accueillir avec moi l'ombre de quelqu'un qui avait plus de titres à prendre ma place, et à qui je dois d'être celui que je suis : Ramon Fernandez, mon père. Il s'est fourvoyé en politique, et j'ai toujours condamné, publiquement, sa conduite pendant l'Occupation. [...] Mais est-ce une raison pour oublier, occulter, son œuvre littéraire ? [...] Autant les opinions professées pendant la guerre par mon père - je parle d'opinions, car il ne s'est rendu coupable d'aucune action répréhensible, sauvant au contraire des Juifs, prononçant, seul parmi les écrivains collaborateurs, l'éloge funèbre de Bergson, publiant ce livre sur Proust -, autant ses opinions politiques ont toujours été pour moi inacceptables, autant j'admire son œuvre. Et je vous ferai cet aveu : parmi les motifs qui m'ont poussé à souhaiter faire partie de votre Compagnie, le dernier n'a pas été de faire retentir sous la Coupole, à côté de celui de Richelieu, le nom de Ramon Fernandez. »
http://bibliobs.nouvelobs.com/blog/les-livres-des-livre/20081226/9605/ramon-fernandez-lhomme-presse
Dans son très beau livre sur ce père qu'il a très peu connu il y a un passage qui m'émeut particulièrement: celui où Dominique Fernandez nous dit que tous ses livres et notamment tous ceux consacrés a des êtres aux talents magnifiques mais qui ont été socialement déchus (Portofiro, Tchaïkovski, Caravage, Pasolini) ont été une recherche de son propre père, lui aussi très brillant critique littéraire mais qui s'est gravement fourvoyé pendant la guerre en collaborant.
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