J'ai appris par des amis que Renée Mourgues, journaliste à la république des Pyrénées et chargée de la critique des livres avait rédigé le 16 septembre dernier une critique de mon dernier livre:" Retour au Pays". Je me suis donc procuré ce numéro du journal pour lire cette critique que j'ai failli ne jamais voir. Je reproduis ci-dessous ce texte que j'ai apprécié
"L'Afrique du Nord en bandoulière,Jean-Pierre Ryf poursuit des investigations philosophiques et humaines ressemblant fort à une introspection, le tout ficelé en trois nouvelles traitant de la souffrance de l'exil. Avocat honoraire du barreau de Pau, l'auteur a déjà effleuré le thème de l'attachement et de l'arrachement dans des ouvrages brefs et incisifs dont "Albert camus et les Algériens:Noces ou divorce".
Au moment ou l'immigration et l'intégration, deux antiennes de la société occidentale, suscitent des réactions passionnelles, manichéennes, démagogiques ou haineuses, il est bon de réfléchir tranquillement dans le sillage d'une plume fine, sensible, littéraire. Il faut savoir prendre de la hauteur pour essayer de saisir un peu de la complexité de l'expatriation.
Toutes les histoires ouvrent une brèche sur l'identité que l'on trahit ou triture pour s'adapter à un autre réel. Gros des des déchirures de la séparation, les textes parlent surtout de l'exil intérieur, peut-être le pire de tous parcequil touche au moi profond.
Qu'y a t-il de commun entre la douleur du Français d'Algérie obligé de plier bagages et celle de l'immigré lorgnant sur de possibles "el dorado" occidentaux? Rien d'autre que la m^me douleur et la même impuissance;;;aussi poignante et lancinante " qu'une petite musique de fado portugais". Ainsi Jean-Pierre Ryf, enfant de Constantine et Sétif, exprime t-il avec pudeur "ce regret que les deux peuples n'aient pas su vivre ensemble". L'incomptaibilité ne provient-elle pas, précisément, de ce colonialisme cupide et dévastateur dont personne aujourd'hui ne peut feindre de croire aux vertus altruistes? La malédiction impérialiste ne saurait toutefois suffire à gommer ou relativiser la peine légitime des rapatriés du Maghreb.
Un exercice d'imagination parachève la réflexion vagabonde sous la forme d'un dialogue entre deux défunts:Mgr Dupuch, premier évêque d'Alger et Abdel Kader, entré en résistance contre l'envahisseur. Héros du monde arabe, l'émir capitula et fut emprisonné( notamment à Pau) puis libéré par Napoléon III en 1852. Jusqu(à sa mort, il se consacra à la méditation religieuse et composa des oeuvres mystiques. Les deux humanistes se retrouvent au gré d'une fantaisie d'auteur dans une tentative désespérée de fraternisation par delà le temps et les évènements.
Renée Mourgues
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