J’ai lu ce roman de René-Victor Philes, « La nuit de Zelemta » lors de sa parution en 2016 mais je n’en avais pas fait alors une critique.
Je viens de le relire et je l’ai, à nouveau beaucoup aimé. Ce
roman est le récit par un vieux curé de l’époque où tout jeune, il se trouvait
en Algérie pour son service en qualité d’aumônier. Il avait reçu les
confidences d’un jeune lieutenant, très grièvement blessé, alors qu’ils se
trouvaient tous les deux à Beni-Saf au bord de la mer dans la région d’Oran.
Le jeune lieutenant, né à Beni-Saf, plus âgé que le curé
avait retracé sa courte vie, ses études au Lycée Pierre de Fermat à Toulouse,
sa rencontre déterminante à la prison avec le militant algérien Abane Ramdane
et ses combats en Algérie. Ce jeune lieutenant, prêt de mourir de ses
blessures, s’était pris de sympathie pour le jeune aumônier qu’il appelait
affectueusement « Petit curé ».
Ce roman est l’occasion de revenir sur la colonisation, la
guerre, la révolution algérienne vue des deux côtés et l’auteur a l’immense mérite,
à mes yeux, d’être juste autant qu’on peut l’être à l’égard de tous : des
algériens dont ils montrent les raisons de leurs révoltes, mais aussi des
pieds-noirs, trompés et aveuglés par des années de propagande.
Et puis l’on en arrive à cette nuit de Zelemta au cours de
laquelle le jeune lieutenant, conscient que de toute manière la guerre est
perdue, n’arrête pas Abane Ramdane alors que cela aurait été son devoir. Cette
nuit de Zelemta le hantera, lui fera prendre tous les risques dans les combats,
attitude suicidaire qui, finalement réussit puisqu’ »il mourra en 1960 de
ses blessures après avoir avoué au « petit curé ».
Plus tard le vieux curé écrira : « Moi seul, au
bord de cette tombe, savais les tourments et tortures que le lieutenant
emportait avec lui. Mais je ne me faisais aucun souci sur sa rédemption et l’accueil
que lui réserverait Notre-Seigneur »
C’est un roman très émouvant qui se termine sur ce vieux curé
qui, éloigné du monde, lit Albert Camus. « Tournant les pages de mon exemplaire
fatigué du Mythe de Sisyphe de cet Albert Camus, compagnon jusqu’au bout du
lieutenant, que lis-je, tout à coup, qui mouille mes vielles paupières ?
Ceci : « L’instant du désespoir est unique, pur, sûr de lui-même,
sans pitié dans les conséquences, son pouvoir est sans merci » Oui, sans
merci.
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