La Tunisie est à la croisée des chemins. On ne dira jamais assez avec quelle énergie, quelle maturité, quelle détermination la jeunesse de ce pays a mené sa révolution. Cela a été un beau moment historique même si l’on doit évidemment pleurer les morts innocents, victime d’un régime honnis et célebrer Mohamed Bouazizi, malheureuse victime du climat qui régnait dans ce pays et qui a été le déclencheur de cette vague de révolte légitime.
Il faut maintenant penser à l’avenir et souhaiter que cette belle leçon donnée par la jeunesse de ce pays porte ses fruits les meilleurs.La période de transition sera, évidemment difficile, mais les jeunes doivent comprendre qu’il faut éviter à tous prix l’anarchie, la vengeance et qu’il faut à tout prix faire prévaloir le calme, le travail et la justice.
Il faut, par contre que toutes les oppositions se réunissent. Elles ne seront pas de trop pour faire face à la situation et elles doivent agir avec le sens des responsabilités, c'est-à-dire éviter les querelles subalternes et les petites ambitions personnelles pour n’aller qu’à l’essentiel. Après reviendra le temps des combats politiques pour ne pas dire politicien.
Or quel est l’essentiel ?
La Tunise doit d’abord, selon moi, redire avec force et je crois que c’est le sentiment exprimé par la jeunesse qu’elle est une République laïque et qu’il n’y a pas de place pour des partis religieux.
On parle du retour de Ennadha dans le jeu politique et son leader, exilé depuis 1987 s’est d’ailleurs exprimé. Il le fait avec une modération remarquable mais se pose en réalité à la Tunisie, à cette heure cruciale de son histoire, une question absolument essentielle. Doit-on autoriser un parti islamiste, même modéré ? Il faut que la question soit clairement posée et que la réponse soit nette. Aucune ambiguîté n’est de mise en ce domaine.
Pour ma part et je le dis nettement je milite pour une République pleinement laïque et je considére qu’aucun parti se rpévalant de l’islam n’a sa place dans le jeu politique.
La religion est une chose très importante et la foi des personnes doit être absolument respectée mais il s’agit d’une question personnelle, qui intéresse donc chaque individu dans son rapport à Dieu et la liberté , en ce domaine doit être totale. Le Coran ne souligne t-il pas,on l’oublie trop souvent « Pas de contrainte en religion ».
Chacun doit avoir la liberté de croire ou de ne pas croire, de choisir librement sa religion. C’est un rapport entre chaque individu et Dieu. Et d’ailleurs si lon y réfléchit un instant, la contrainte en ce domaine ne peut qu’entraîner de la part de certains la pire hypocisie. On fera semblant de croire, de prier, de respecter les régles de la religion alors que l’on n’en pense pas un seul mot. Est-ce souhaitable ? Est-ce que Dieu voudrait cela ?
Laissons donc la religion dans la sphère privée, donnons lui là toute sa place et toute sa liberté mais elle n’a strictement rien à faire dans le débat politique.
C’est véritablement là un enjeu majeur et modéré ou pas un parti islamiste n’a pas à vouloir régenter la vie des gens en dehors de ceux qui veulent adhérer à ses principes et qui doivent se les appliquer à eux-même sans chercher à obliger les autres à les appliquer.
Un internaute me faisait observer que cette position n’était pas démocratique et qu’en France Le Pen pouvait bien se présenter aux élections. Je suis désolé mais la référence à Le Pen n'est pas pertinente. C'est un parti fasciste,dont les thèses sont déshonorantes mais il reste dans le champ laïque.
Je répète que la religion est du domaine privé et ne doit pas interférer avec le champ politique. Il faut admettre et protéger la liberté religieuse.Mais tout le monde n'est pas obligé de croire. Il n'y a pas de contrainte en religion et dans le cas contraire on développe l’hypocrisie, ce qui est néfaste.
L’enjeu est, une fois cette question essentielle tranchée de poursuivre et developper ce qui a été initié- et on doit lui en savoir gré par Bourguiba- une éducation developpée, généralisée et forte. Il y a eu sur ce point depuis un certain nombre d’années une dérive qui a favorisé l’enseignement privée au détriment de l’enseignement public qui a beaucoup perdu et qui doit retrouver une force dans ce pays.
Il faut évidemment se monter toujours vigilant sur l’égalité homme/femme, là encore un acquis de Bourguiba.
Et enfin il y a à mettre en oeuvre la liberté d’association, de la presse, de manifestations,de l’internet, tous élements qui permettront de lutter contre les tentations éventuelles de retour à la corruption et aux passes-droit.
Je crois que ce programme conviendrait assez à cette jeunesse qui a été le fer de lance de cette révolution et il y a , dans ce pays assez d’hommes et de femmes de bonne volonté et qualité sur le plan intellectuel et moral pour y parvenir.
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