Le départ de ben Ali est un évènement extraordinaire et le peuple tunisien peut être très fier de son courage et de sa détermination. En un mois un régime qui paraissait invulnérable a été anéanti et une voie vers une réelle démocratie apaisée est ouverte. L’on ne peut que s’en réjouir pour les tunisiens qui le méritent bien.
Avant de réfléchir sur les jours qui viennent, rappelons quelques uns des enseignements de ce mois de révolte. Dans la forme d’abord il est à souligner la dignité des manifestants qui ont eu à la fois courage et détermination en revendiquant avant tout la liberté.
Le régime en effet, malgré les promesses de Ben Ali en 1987 était un régime policier et moi qui ait souvent séjourné dans ce pays j’étais indigné par l’indigence de la presse et c’est cette absence de presse libre qui, dans le fond, est à l’origine des dérives du clan qui gouvernait la Tunisie et qui mettait son économie en coupe réglée au préjudice des tunisiens. Si une presse libre avait réellement existé ce clan aurait agi avec plus de décence, pas par honnêteté mais par peur des réactions. Cela a été la grande faute de Ben Ali.
Les dérives « maffieuses » comme le soulignait l’ambassadeur des Etats-Unis lui-même, ont crées dans la population un sentiment d’exaspération absolu et cela s’est bien vu dans l’attaque des biens accumulés de manière scandaleuse par les Trabelsi, qui il faut le souhaiter, seront jugés pour l’ensemble de leurs détournements.
En évoquant une commission d’enquête sur la corruption Ben Ali n’était évidemment pas crédible un instant et le peuple tunisien, en effet, n’y a pas cru.
Ben Ali a signé son départ dans des conditions déshonorantes en autorisant le tir à balles réelles sur la jeunesse de son pays et la partie de son dernier discours sur ce point était lamentable et indécente.
Enfin le voilà parti grâce à un peuple mur , réfléchi et, contrairement à ce que beaucoup craignaient, étranger aux extrémismes. Ce peuple est bien celui du Président Bourguiba qui eut certes sa part d’ombre mais qui donna à ce pays l’égalité homme/femme et l’éducation et l’on a vu dans les manifestations de nombreuses femmes et de nombreux intellectuels.
Cette population a été aidée par les techniques de communications modernes et notamment par le réseau Facebook, dont j’ai moi-même mesuré la grande utilité et qui a permis à la parole de se libérer.
Il reste à l’essentiel à réaliser. Il ne faudrait pas que ce courage, cette lucidité laissent ce mouvement sombrer dans l’anarchie, le désordre ou l’extrêmisme. La période qui s’ouvre va être essentielle. Quant à moi et contrairement à beaucoup , je pense qu’il faut scrupuleusement accepter que le Président par intérim mette en place la transition. Il est sous le contrôle de la population et ne pourra pas se permettre comme le craignent certains de vouloir préserver le régime. Il sait bien que cela ne sera pas toléré et il veut , sans doute, entrer dans l’histoire comme celui qui aura accompagné le peuple tunisien vers une véritable démocratie. Si j’avais un conseil à donner ce serait celui de lui donner un peu de temps tout en se montrant attentif. Les partis d’opposition, les syndicats, les forces vives de la cité ne se laisseront pas dépouiller de la victoire.
Nous entrons en tous cas dans une période captivante car si la Tunisie réussit – je le souhaite et je le crois-une transition démocratique dans le calme, elle donnera une très grande leçon au monde arabe et pas uniquement au monde arabe.Voici analyse pas très éloignée de celle que je viens de présenter.
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