Pas pleurer de Lydie
Salvayre, prix Goncourt 2014, que je viens de terminer est un excellent roman
tant par le style (j’en dirai un mot) que par l’histoire de cette femme de plus de quatre-vingt ans qui raconte ce qui fut,
pour elle, une partie essentielle de sa vie en 1936 à l’ombre de l’histoire de la guerre d’Espagne, une partie
si essentielle ,qu’à l’heure du grand âge, elle ne se souvient bien que de cet
été 36. Nous vivons avec elle et, dans un langage savoureux français mêlé d’espagnol
avec des trouvailles de vocabulaire que seul ceux qui manient mal la langue
savent trouver.
L’auteur en nous racontant
cette partie de vie qui est celle de sa mère fait également parler le grand
écrivain Georges Bernanos qui, tout en étant de la droite quelques fois extrême
fut a ce point choqué par les exactions,
les crimes affreux des nationalistes de Franco qu’il écrivit un livre que son
camp lui reprocha : « Les grands cimetières sous la lune »
dont Lydie Salvayre utilise des phrases pour nous donner une idée de ce que
furent ces années épouvantables.
Ces moments sont affreux
mais on rit aussi grâce à la force de cette femme et grâce a son langage imagé qui fait mouche.
Enfin j’ai retenu une condamnation
sans appel de l’attitude choquante, scandaleuse, impardonnable de l’Eglise
catholique espagnole, attitude qui choqua au plus haut point l’écrivain
catholique qu’était Georges Bernanos.
Je me suis demandé ce q'Albert Camus qui s'est beaucoup intéressé à la guerre d'Espagne avait pensé de Bernanos. Comme d'habitude il ne m'a pas déçu et il a été un des seuls ,à gauche, a défendre l'écrivain de droite avec ce texte paru dans Alger républicain:
"Georges Bernanos est un écrivain deux fois trahi. Si les hommes de droite le répudient pour avoir écrit que les assassinats de Franco lui soulevaient le cœur, les partis de gauche l'acclament quand il ne veut point l'être par eux. Car Bernanos est monarchiste. Il l'est comme Péguy le fut et comme peu d'hommes savent l'être. Il garde à la fois l'amour vrai du peuple et le dégoût des formes démocratiques. Il faut croire que cela peut se concilier. Et dans tous les cas, cet écrivain de race mérite le respect et la gratitude de tous les hommes libres. Respecter un homme, c'est le respecter tout entier. Et la première marque de révérence qu'on puisse montrer à Bernanos consiste à ne point l'annexer et à savoir reconnaître son droit à être monarchiste. Je pense qu'il était nécessaire d'écrire cela dans un journal de gauche.
Je me suis demandé ce q'Albert Camus qui s'est beaucoup intéressé à la guerre d'Espagne avait pensé de Bernanos. Comme d'habitude il ne m'a pas déçu et il a été un des seuls ,à gauche, a défendre l'écrivain de droite avec ce texte paru dans Alger républicain:
"Georges Bernanos est un écrivain deux fois trahi. Si les hommes de droite le répudient pour avoir écrit que les assassinats de Franco lui soulevaient le cœur, les partis de gauche l'acclament quand il ne veut point l'être par eux. Car Bernanos est monarchiste. Il l'est comme Péguy le fut et comme peu d'hommes savent l'être. Il garde à la fois l'amour vrai du peuple et le dégoût des formes démocratiques. Il faut croire que cela peut se concilier. Et dans tous les cas, cet écrivain de race mérite le respect et la gratitude de tous les hommes libres. Respecter un homme, c'est le respecter tout entier. Et la première marque de révérence qu'on puisse montrer à Bernanos consiste à ne point l'annexer et à savoir reconnaître son droit à être monarchiste. Je pense qu'il était nécessaire d'écrire cela dans un journal de gauche.
Albert Camus, Alger-Républicain, 4 juillet 1939.
On lira aussi avec intérêt ce ce beau texte de Camus qui complète parfaitement ce que l'on apprend dans le roman de Lydie Salvayre
Enfin et l’auteur le dit elle-même
il y a dans la folie qui s’est emparée de l’Espagne à cette époque des
enseignements pour aujourd’hui et pour nous mettre en garde contre le ravage
que peuvent faire dans les esprits les idéologies criminelles.