lundi 10 novembre 2014

Pas pleurer de Lydie Salvayre

Pas pleurer de Lydie Salvayre, prix Goncourt 2014, que je viens de terminer est un excellent roman tant par le style (j’en dirai un mot) que par l’histoire  de cette femme de plus  de quatre-vingt ans qui raconte ce qui fut, pour elle, une partie essentielle de sa vie  en 1936 à l’ombre de  l’histoire de la guerre d’Espagne, une partie si essentielle ,qu’à l’heure du grand âge, elle ne se souvient bien que de cet été 36. Nous vivons avec elle et, dans un langage savoureux français mêlé d’espagnol avec des trouvailles de vocabulaire que seul ceux qui manient mal la langue savent trouver.
L’auteur en nous racontant cette partie de vie qui est celle de sa mère fait également parler le grand écrivain Georges Bernanos qui, tout en étant de la droite quelques fois extrême fut  a ce point choqué par les exactions, les crimes affreux des nationalistes de Franco qu’il écrivit un livre que son camp lui reprocha : « Les grands cimetières sous la lune » dont Lydie Salvayre utilise des phrases pour nous donner une idée de ce que furent ces années épouvantables.
Ces moments sont affreux mais on rit aussi grâce à la force de cette femme et  grâce a son langage imagé qui fait mouche.
Enfin j’ai retenu une condamnation sans appel de l’attitude choquante, scandaleuse, impardonnable de l’Eglise catholique espagnole, attitude qui choqua au plus haut point l’écrivain catholique qu’était Georges Bernanos.
Je me suis demandé ce q'Albert Camus qui s'est beaucoup intéressé à la guerre d'Espagne avait pensé de Bernanos. Comme d'habitude il ne m'a pas déçu et il a été un des seuls ,à gauche, a défendre l'écrivain de droite avec ce texte paru dans Alger républicain:

"Georges Bernanos est un écrivain deux fois trahi. Si les hommes de droite le répudient pour avoir écrit que les assassinats de Franco lui soulevaient le cœur, les partis de gauche l'acclament quand il ne veut point l'être par eux. Car Bernanos est monarchiste. Il l'est comme Péguy le fut et comme peu d'hommes savent l'être. Il garde à la fois l'amour vrai du peuple et le dégoût des formes démocratiques. Il faut croire que cela peut se concilier. Et dans tous les cas, cet écrivain de race mérite le respect et la gratitude de tous les hommes libres. Respecter un homme, c'est le respecter tout entier. Et la première marque de révérence qu'on puisse montrer à Bernanos consiste à ne point l'annexer et à savoir reconnaître son droit à être monarchiste. Je pense qu'il était nécessaire d'écrire cela dans un journal de gauche.
Albert Camus, Alger-Républicain, 4 juillet 1939.
On lira aussi avec intérêt ce ce beau texte de Camus qui complète parfaitement ce que l'on apprend dans le roman de Lydie Salvayre

Enfin et l’auteur le dit elle-même il y a dans la folie qui s’est emparée de l’Espagne à cette époque des enseignements pour aujourd’hui et pour nous mettre en garde contre le ravage que peuvent faire dans les esprits les idéologies criminelles.

mardi 14 octobre 2014

Marguerite Yourcenar et le souci de soi.

Marguerite Yourcenar et le souci de soi est un livre que vient de publier Madame Anne-Yvonne Julien, universitaire et spécialiste de l’écrivain. Ce livre est un livre érudit mais il se lit, cependant, avec plaisir et a le mérite de vous faire revisiter l’œuvre entière de Marguerite Yourcenar en faisant apparaître les sources et les éléments venus de la propre personnalité de l’auteur. Bien entendu il serait préférable de lire ce livre lorsque l’on a déjà lu tout ou partie de l’œuvre mais pour ceux qui n’auraient jamais lu l’écrivain ce livre peut être une incitation à la découverte puisque, évidement, rien ne vaut l’œuvre elle-même.
Ce livre est fait d’une analyse successive de tous les écrits de Marguerite Yourcenar et l’on peut donc lire les parties  qui intéressent plus particulièrement le livre que l’on préfère.
Pour ma part admirateur depuis longtemps de Marguerite Yourcenar j’ai, notamment, apprécié les développements consacrés aux livres qui ont ma préférence ! Alexis ou le traité du vain combat, Mémoires d’Hadrien et les trois livres consacrés par l’auteur à l’histoire de sa famille : Archives du Nord, Souvenirs pieux et Quoi ? L’éternité.
L’ouvrage met bien en évidence les rapports complexes de l’écrivain avec le temps et sa façon, bien à elle, de faire revivre ce passé. Dans cette reconstitution du passé lointain pour Les Mémoires d’Hadrien, plus proche lorsqu’elle évoque le passé de sa famille Marguerite Yourcenar excelle car elle fait appel ,non seulement aux données historiques mais elle essaye et parvient  a faire revivre l’homme du passé avec ses goûts, ses sentiments, ses connaissance d’alors. C’est une particulière réussite dans les Mémoires d’Hadrien qui est le livre que j’emmènerai sur une île déserte.






mercredi 17 septembre 2014

Séjour venitien

Nous revoilà installés à Venise dans le même appartement que l'an dernier dans la Giudecca au pied de la station de vaporeto Palenca.Voilà une photo de notre "palais".
Nous avons donc repris nos marques avec bonheur, cette ville étant, à chaque séjour, aussi envoûtante. Nos journées sont calibrées de manière à sortir régulièrement notre petit chien et à ne pas le laisser trop longtemps seul : matinée, après sa promenade, une première déambulation dans la ville, l'après midi, après une sieste réparatrice et après une longue ballade du chien, nouvelle déambulation dans un nouveau quartier et voici l'heure du spritz.
On ne se lasse jamais car la beauté est partout, le ciel changeant et la lumière sur les vielles façades absolument merveilleuse. Comment s'étonner que tant de peintres soient devenus amoureux de la ville ?
Je ne vais pas donner le détail de nos pérégrinations car, sur un mois de séjour, il y aura nécessairement des répétitions. Je ne noterai que les découvertes que je ferai. Elles seront rares depuis la dizaine d'années que je séjourne dans cette ville mais il y en aura certainement comme la découverte, ce matin, par hasard, du  Collège d'une fondation arménienne au bord d’un petit canal : un palais majestueux avec une immense façade de pierre, assez délabrée, mais, passée l'entrée, un péristyle immense donnant sur un grand parc, invisible de la rue !
Découvert aussi les usines Fortuny devant lesquelles nous passions depuis des années. Des tissus de toute beauté.
Un matin nous avons été découvrir l'île de la Certosa que l'on avait repérée et qui porte un projet de port de plaisance et de parc d’agrément. C'est en cours.

En fin d’après midi bu un verre sur la terrasse du Molino Stucky avec une vue magnifique sur toute la ville au moment du coucher du soleil.

Un matin nous sommes allés revoir, car nous le connaissions, un charmant quartier là où se trouve la première cathédrale de Venise San Pietro. C'est aujourd'hui un quartier populaire tranquille avec cette belle église San Pietro, son campanile en pierres blanches qui penche et son parvis en vielles pierres entouré d'une pelouse mal tondue qui donne à l'ensemble un air de campagne.


Pour nous rendre dans ce quartier nous avons, à nouveau, parcouru la Via Garibaldi, une des plus larges de Venise.(Ce monsieur en chemise blanche accoudé au pont:il lui arrive de chanter le bel canto! Nous n'avons pas eu cette chance cette fois-ci.



Hier soir en rentrant d'une longue promenade du côté du Pont Rialto j'ai assisté, pour le première fois, à un phénomène météorologique impressionnant : une averse de grêle pendant un bon moment alors que nous étions sur un vaporetto. Moi qui ai toujours souhaité voir Venise sous la neige j'ai été presque exhaussé puisqu'au bout d'un moment les quais étaient blancs de cette grêle tombée en grande quantité. Un vent fort s'est aussi levé et nous avons été bien contents de retrouver notre appartement !

Autre événement de ce séjour. Nous avions une amie avec nous pour une semaine mais elle a été bloquée par la grève d'Air France et n'est partie qu'aujourd'hui par la Compagnie Iberia en passant par Madrid pour rentrer sur Toulouse ! Les voyages forment la jeunesse !

Ce matin nous avons redécouvert un quartier agréable, pas loin de chez nous. Il a suffit de "passer un pont" ! Attablés à la terrasse d'un café, fréquenté surtout par des étudiants, nous étions assis à côté d'une dame qui comprenait le français et avec qui nous avons engagé la conversation. Cette dame est belge et vient passer, comme nous, un mois à Venise chaque année pour apprendre l'italien. Nous avons pu ainsi échangé nos impressions.
Nous avons aussi été promener tranquillement le petit chien dans le square, à l'arrière de la Giudecca d'où l'on a une vue magnifique sur la lagune devant le Lido avec de nombreuses îles dont je n'arrive jamais a me souvenir des noms.

Ce weck end nous n'avons pu échapper à la frénésie qui s'est emparée de Venise pour le mariage de Georges Clouney! Nous avons aussi fait les badauds et nous sommes allés nous asseoir au bout de la Giudecca sur un banc sous les fenêtres de la maison d'Elton John et nous avons assisté au ballet des bateaux taxis venant de Venise pour déposer les invités au Cipriani!
Découvert un peu plus le quartier San Polo et notamment le campo San Polo. Par d'étroites rues nous nous sommes avancés jusqu'au Rialto et de là nous avons pris la ligne 2 du Vaporetto qui nous a conduit à Palenca notre station d'arrivée en passant par la seconde moitié du grand Canal, la station Roma et un peu de la lagune avant d'entrer dans le Canal de la Giudecca. Agréable promenade.
Voici un lien vers un blog que j'aime beaucoup et qui évoque quelques endroits que nous connaissons sur la Giudecca.

Au hasard des rencontres nous avons fait la connaissance d'une voisine dans notre vieux palais. C'est une anglaise (qui parle très bien le français) qui a acheté avec son mari son appartement en octobre dernier et elle est très intéressée par des échanges réguliers et d'une durée assez longue avec Paris.
Si cela se fait, voilà notre résidence à Venise toute trouvée ! C'est la formule que je souhaitai.
Cette personne vient à Venise depuis son enfance. Elle y venait avec sa mère, artiste comme elle, et, maintenant avec son mari médecin à Londres.
Revu le musée Peggy Gougenheim avec le tableau que je préfère: la nuit de Magritte et la stèle aux chiens de Peggy!

Découvert le quartier qui est juste derrière le quai des Zattere avec le restaurant La Locanda Montin qui a une très belle cour  et une magnifique tonnelle, très agréable quand il fait chaud.Nous avons enfin déjeuné à la Terrazza sur le quai des Zattere sur la terrasse directement sur le Canal de la Giudecca et très exactement en face de "notre Palais"!


Hier 8 octobre au hasard de nos déambulations nous avons découvert dans le Ghetto un atelier-galerie d'un peintre américain,Tony Green, qui vit depuis dix huit ans entre la Nouvelle Orléans et Venise. Il est à la fois jazzman et peintre et nous avons pu discuter longuement avec lui. Ses peintures de Venise et de la Nouvelle Orléans que l'on trouve sur son site sont particulièrement belles et il sait rendre les couleurs de Venise. Nous souhaitions revenir avant notre départ mais il sera fermé. Ce sera donc pour un prochain voyage.
Ce matin nous sommes dans la Giudecca comme dans une île au miliue de nulle part. Un très fort brouillard nous interdit de voir le quai d'en face.....
Aujourd'hui 11 octobre pour un de mes derniers jours ici et, au moment de la première sortie du petit chien, une belle récompense pour cette sortie matinale: un magnifique voilier en bois de cinq mats a parcouru lentement le canal de la Giudecca. Magnifique.

jeudi 4 septembre 2014

séjour romain

Nous voilà, à nouveau, pour une semaine à Rome dans le cadre de un échange. 
Nous sommes cette fois encore logés dans le Trastevere mais au bord du Tibre à hauteur de l'île Tiberina.

C'est un endroit idéal pour visiter la ville car nous avons presque pas à utiliser métro et bus.
L'appartement est petit mais récemment restauré et très fonctionnel. De là nous sommes à deux pas de l'église Santa Maria in Trastevere et de son quartier de bars et de restaurants sympathiques.

Hier nous voulions visiter la Basilique Saint Pierre mais une cérémonie avec gardes suisses en tenue de Michel Ange et écrans géants avait lieu sur l'immense parvis entre les colonnades du Bénin et nous n' avons pas pu entrer.
Nous nous sommes alors dirigés, à pied, jusqu'à la Place del Popolo puis jusqu'au parc Borghese où nous avons profité de la belle vue sur Rome et de la fraîcheur du parc.

Hier matin visite du musée du Vatican. Je l'avais déjà visité il y a une quinzaine d'années mais vraiment on ne s'en lasse pas. De très belles oeuvres dans un cadre somptueux. Bien sûr mention spéciale pour les pièces peintes à fresque par Raphaël et ses élèves et, évidement, pour la Chapelle Sixtine.
Beaucoup de monde mais une fluidité acceptable sauf dans la chapelle Sixtine où il y a vraiment trop de monde.




Ce matin visite de la Basilique Saint Pierre que je revois, avec plaisir, pour la troisième fois au moins. C'est toujours impressionnant et l'on ne peut qu'admirer l'édifice, l'autel du Bernin, édifié sur le tombeau de Pierre, les nombreux tombeaux des Papes et la Pieta de Michel Ange.





L'après midi autres chefs d'oeuvre à la Gallérie Borghese où l'on admire la collection initiée par le Cardinal Scipion Borghese,  neveu du Pape Paul V qui fit de ce neveu le Cardinal Nepote, sorte de secrétaire d'État .. d’où vient le mot népotisme. En tous cas cet homme avait un goût très sûr avec de magnifiques statues du Bernin et quelques Caravage.




Samedi matin déambulation dans la ville vers des endroits très connus mais à travers de petites rues.Voici une idée du périple : Île Tiberina, ancien ghetto juif avec la belle fontaine des tortues et le palais Mattei, Largo Argentina, Piazza Navone et ses trois belles fontaines, via des Coronari ( rue des antiquaires) jusqu'au bout de la rue qui donne sur le château Saint Ange, puis Piazza de la Rotonda et visite du Panthéon.


Le soir à 22 h spectacle son et lumière au forum d'Auguste. Une belle évocation de ce forum avec une reconstruction en trois dimensions et le rappel de la vie à Rome d'il y a 2000 ans. En attendant nous avons parcouru la via Fori imperiali qui va de la Piazza de Venise au Colisée, après être arrivés par la Place du Capitole due à Michel Ange.

Dimanche pris un tramway jusqu'à la Piazza Barberini et de là, déambulation vers la fontaine de Trevi,  hélas encore en restauration,  puis le Quirinal, la via Veneto.
Ce lundi matin , veille de notre départ nous avons, a nouveau traversé le Tibre au Pont Palatino et de là nous avons fait un parcours intéressant avec vue sur de nombreux monuments: Santa Maria in Cosmedin, le circo Maximus qui longe un bel ensemble de murs romains, ceux qui entourent les forums, puis Via Aquilina jusqu'à la pyramide de Celtius.

Là nous avons passé un long moment fort agréable a nous balader dans le Cimetière a catolico ( ceux qui ne sont pas catholiques) où se trouvent les tombes du poète anglais Yeats et celle de son ami Shelley.C'est un cimetière où l'on enterre plus aujourd'hui et qui est, en réalité , un merveilleux parc avec une végétation très bien entretenue: ciprés, pins , lauriers roses, jasmin et autres fleurs...on déambule avec plaisir , à l'ombre, dans cette verdure au milieu de vielles tombes.

L'après midi promenade dans notre quartier, tout prés de  notre appartement et trois belles découvertes: La Villa Farnesina, le Palais Corsini et le jardin botanique. Comme il était tard nous n'avons pas visité. Ce sera pour le prochain séjour.

dimanche 17 août 2014

Jean Sénac, poète et martyr

Jean Sénac, poète et martyr est le titre d’une belle biographie de Bernard Mazo paru aux Editions du Seuil en 2013    . Quelle vie ! Une jeunesse dans l’Algérie coloniale à Oran auprès d’une mère aimante et un peu envahissante, une jeunesse joyeuse mais dans  une grande pauvreté et  surtout une blessure fondatrice : l’absence du père, dès lors recherché et idéalisé. Une vie en marge, un amour pour son pays et son peuple, un combat de tous les jours pour la liberté et l’indépendance de ce pays et puis, la déception, l’abandon et la mort. Assassiné comme Pier Paolo Pasolini, dans cette cave qui lui servait de logement les dernières années de sa vie. Quelle tristesse qu’un être de ce talent, reconnu comme un grand poète, connaisse un tel destin. Mais, sans doute, ces malheurs sont ils à l’origine de son talent poétique. Il est de la race des poètes maudits.
Jean Sénac fut ami et admiré par deux grands esprits : Albert Camus et  René Char. Son amitié tumultueuse avec Albert Camus est très bien décrite dans ce livre depuis le premier échange de lettres jusqu’à la rupture et à la mort de Camus. Il est vrai que leur jeunesse, dans cette Algérie coloniale, se ressemble beaucoup : orphelin de père, pauvreté, mère faisant des ménages pour survivre, mais il y a en plus, si l’on peut dire, chez Sénac la bâtardise, le père inconnu alors que Camus a perdu  son père à la guerre.
Est-ce cette semblable jeunesse qui a fait que Camus s’est attaché à Jean Sénac qu’il appelait familièrement Mi Hijo (mon fils) qu’il l’a aidé a de très nombreuses reprises ? Sans doute mais aussi le talent incontestable  de ce poète qu’Albert Camus a su immédiatement reconnaître.
Que dire encore ? La brouille avec Camus qu’il ne pourra oublier et avec qui il souhaitera, plusieurs fois renouer comme lorsqu’il écrivit ces lignes :
« Malgré les ruptures, malgré les crimes des Maîtres du Sarment, la terrible colère de mes frères, malgré la nuit du sang où nous sommes plongés, je sais que nous retrouverons un jour, ensemble, la paix fraternelle de Fiesole que j’avais aimée avant de la vivre dans les pages de Noces. »
Dire aussi,  le combat de Sénac pour une Algérie indépendante, son retour en Algérie après 1962, ses fonctions quasi officielles dans le nouveau pays et, peu à peu, la désillusion devant les dérives de ceux qui avaient fait la guerre, la rupture avec éclat, l’isolement , son assassinat tragique et l’attitude indigne de certains dignitaires du FLN dont il avait été pourtant le compagnon et qui n’ont pas fait, à ce moment là, honneur à l’Algérie.
Mais évoquant, ici, un poète il est nécessaire de renvoyer a son œuvre et  de citer quelques vers.

Seigneur, pourquoi m’avez-Vous fait
D’une aussi peu commune argile ?
Mais vous m’avez voulu poète
Et frappé d’un Mal sans recours :
Trop de Rêve et trop peu d’Amour
Pour satisfaire en moi la Quête.

Et aussi
Belle peau de douce orange
Et ces dents de matin frais !
La misère donne le change
Ne vous fiez pas à tant de beauté.
Ici on meurt en silence,
Sans trace au matin frais.

Et enfin

Je dis que la mer est aussi bleue que les blés
Je dis que le vin chante au menton mal rasé
Je dis que la serviette a l’odeur de tes songes
Si le mot était de pain
Il passerait mieux la gorge

Nous pourrions enfin être heureux.

mercredi 13 août 2014

Publication sur Kindle

Nouvelle expérience. Je viens de publier deux textes sur Kindle Amazon: mon livre :"Tombeau pour mes chiens" et une sorte de lettre a mes amis tunisiens: "Tunisiens !Réveillez vous."
Ces deux textes peuvent se lire sur ordinateur, tablette  et même smartphone. On peut, en effet, télécharger gratuitement des logiciels de lecture et commander ensuite ces petits livres.
Le site m'indique même que je pourrai les publier en "audio" et je dois dire que je vais probablement tenter cette expérience.
Voici en tous cas les liens vers ces deux textes:

Tombeau pour mes chiens

Tunisiens!Réveillez vous.

jeudi 7 août 2014

Ecrire le voyage

Je termine la lecture d’un très beau livre d’art que des amis m’ont offert. Connaissant et mon amour de la littérature et mon goût des voyages ils ont, en effet, choisi ce livre « Ecrire le voyage » paru récemment aux Editions Citadelles et Mazenod

L’auteur passe en revue les écrits des grands écrivains consacrés aux voyages depuis le fameux poème de Du Bellay : « heureux qui, comme Ulysse a fait un beau voyage… jusqu’aux écrits récent de Le Clezio.
Le livre est agrémenté magnifiquement de gravures diverses, reproductions de peintures et lorsque l’on est un peu fatigué par la lecture on peut laisser son esprit vagabonder en regardant les ouvres d’art qui nous sont proposées.
Je n’ai pas encore tout lu tant les textes sont nombreux et abondants. L’intérêt est qu’à côté du texte de l’auteur il y a de nombreux extrais des écrivains dont il parle.
J’ai évidement était vers mes écrivains de prédilection : Chateaubriand, Baudelaire, Gide, Montherlant, Alphonse Daudet, Flaubert et d’autres encore…       mais j’ai regretté de ne pas y trouver quelques pages sur Albert camus qui a pourtant écrit de beau texte et qui a voyagé en Italie, en Espagne et dans l’Europe centrale.
J’ai beaucoup voyagé surtout en Afrique du Nord et dans la vielle Europe mais, je dois avouer que je n’ai jamais vraiment réfléchi ace que pouvait signifier cet appétit des voyages et pourquoi je n’ai pas eu la sagesse , comme certains l’ont conseillé, de « voyager autour de ma chambre ».
On lira avec grand intérêt la préface de ce livre qui évoque l'évolution du voyage depuis le XVI° siècle jusqu'à nos jours et qui montre comment l'accélération des déplacements et la naissance d'un tourisme de masse a changé assez complétement la façon de voyager.

Quoi de plus stimulant que de mener cette réflexion avec de grands esprits. C’est un livre qui va devenir non pas un livre de chevet car iles très lourd mais un compagnon que je consulterai fréquemment.

vendredi 20 juin 2014

La Fin de vie

Deux affaires judiciaires sont en cours et les décisions qui vont être rendues sont, évidement très attendues. L'affaire Lambert vient d'être examinée par le Conseil d'Etat dans une formation renforcée (17 magistrats) et doit se prononcer sur l'arrêt des soins  ou le maintient en vie de ce jeune homme, inconscient, qui n'a laissé aucune manifestation d'intention claire et dont il est clair, selon tous les experts, qu'il ne guérira pas et ne sortira pas de son état végétatif. Je pense qu'en réalité il y a longtemps que cet homme aurait cessé de souffrir si il n'avait le malheur, je dis bien le malheur, d'avoir des parents intégristes qui s'oppose a ce que l'on mette un  terme a ce qui n'est plus une vie!
J’espère donc que le Conseil d'Etat dans a sagesse permettra que l'on mette un terme a son calvaire.
La deuxième affaire se déroule à Pau devant la Cour d'Assises et j'en ai suivi, dans la presse, l''essentiel des débats. Certes c'est une question compliquée mais ma conviction profonde, partagée par les très nombreux médecins, dont certains éminents, est que le Docteur Bonnemaison n'a strictement rien a faire devant une Cour d'Assises et que la sanction encourue (essentiellement pour ne pas avoir associé a ses décisions la famille et l’équipe médicale) est absolument choquante dans la mesure ou il est clair que
-le Docteur Bonnemaison n'a pas recherché un quelconque avantage personnel
-que les patients étaient clairement en fin de vie et  souffraient ou ne pouvaient aller que vers la souffrance inutile
-que cette idée "d'associer" la famille est une très mauvais idée car si il y a des personnes a qui on ne doit pas demander une décision c'est bien les proches.
La Cour d'Assises est présidée par un magistrat que je connais et que j'estime, une personne pondérée et humaine et j'ai donc l'espoir que le Docteur Bonnemaison échappera a toute sanction. La seule sanction qui aurait pu et dû être envisagée par le législateur,  dans un cas semblable(absence de recours à l'équipe médicale et de la famille) ,devrait être une peine d'amende, c'est à dire une sanction de principe.
Parlez d’empoisonnement est pour moi tout simplement grotesque et hors  sujet. C'est dire plus brutalement ce qu'a dit Bernard Kouchner qui déclare que le Dr Bonnemaison ne peut être qualifié d'assassin. Cela va de soi , sauf peut être pour quelques irréfléchis.Il y a eu, en tous cas , des témoignages de haute tenue comme celui de Madame Delaunay.
Le Conseil d'Etat en assemblée plénière vient d'autoriser  l'arrêt des soins . J'indiquerai le lien vers l'arrêt dès que possible mais tout n'est pas terminé puisque le parents ont saisi la Cour Européenne des Droits de l'Homme qui, le soir même de l'arrêt du Conseil d'Etat demandait à l'Etat français de continuer a alimenter M. Lambert. Après l'acharnement médicale l'acharnement judiciaire!Cette décision fait déjà beaucoup parler parler
Quant à l'affaire du Docteur Bonnemaison le Parquet a requis une peine d'emprisonnement de 5 ans avec sursis en admettant dans son réquisitoire que .M. Bonnemaison n' était pas "un assassin et un empoisonneur au sens habituel de  ces mots" ce qui revient bien a reconnaître le côté complètement inadapté de cette poursuite.
Le Docteur Bonnemaison a été acquité et les jurés acclamés par le public. Comme quoi les citoyens sont souvent plus ouverts que les institutionnels: politiques et juges! Je me réjouis  de cet acquittement que j'avais espéré. Le Parquet Général a finalement décidé de faire appel et cette décision me choque. Elle me rappelle le scandaleux appel du Parquet dans l,affaire Gabrielle Russier cette enseignante a qui l'on reprochait d'aimer un de ses élèves et qui s'&était suicidé à la suite de cet appel. Le Président Pompidou interrogé avait répondu par ces quelques vers de Paul Eluard:


"Comprenne qui voudra ! 
Moi, mon remords, ce fut 
la victime raisonnable 
au regard d'enfant perdue, 
celle qui ressemble aux morts 
qui sont morts pour être aimés. "

samedi 7 juin 2014

Dieu est une fiction

Dieu est une fiction d’Alain Nadaud, dont j’apprends au passage qu’il vit depuis une vingtaine d’années à Carthage en Tunisie, qui vient de paraître aux Editions Safran est absolument à lire de nos jours où la religion est, une nouvelle fois mais plus gravement que jamais, instrumentalisée et mise au service d’une idéologie mortifère.
Or, ce qu’il faudra bien finir par admettre c’est que Dieu est une fiction, une création de l’homme, face à l’étrangeté de son destin. J’avais déjà cette conviction en moi depuis longtemps mais elle s’est renforcée à la lecture d’un livre dont j’ai recommandé, en son temps, la lecture :  Petite Histoire des religions de Frédéric Lenoir.
Le présent essai d’Alain Nadaud me conforte dans cette idée et il part d’une idée originale. L’auteur, écrivain, auteur de fiction nous dit qu’il n’y a pas mieux pour démasquer la fiction qu’un écrivain, habitué aux stratagèmes de la création littéraire.
« L’écrivain apparaît comme le mieux placé pour expliquer la façon dont la multitude d’auteurs, semblables à lui, mais qui n’en avaient à l’époque ni le titre ni les privilèges, anonymes pour la plupart, dissimulés sous leur statut de conteur, de chamane, d’aède, de scribe, de prophète, de chroniste, de rabbin, d’évangéliste ou de père de l’Eglise- qu’on les appelle comme on voudra, peu importe- s’est prise au jeu de cette histoire. Que ce soit de leur plein gré ou poussés par la société du temps, ils ont mis leur art de conter et d’écrire des fables au service du désir de fiction qui travaillait l’humanité au corps et donné le jour à ces créatures chimériques que sont les dieux. »
Et ces histoire, plus farfelues les unes que les autres que l’humanité a connu et auxquelles des millions d’hommes croyaient, à l’époque, sont tenues aujourd’hui pour des inventions humaines. Pourquoi les religions actuelles ne subiraient pas le même sort alors que chacun sait maintenant, de science certaine que certains récits de la Bible, du Nouveau Testament et que le Coran a repris sont de pures fables, éloignées de toute réalité ?
L’auteur nous montre comment sont nés, dans des civilisations très anciennes, les mythes et les religions, la croyance en des Dieux multiples et variés. Puis ces récits devenant de moins en moins crédible pour les peuples, on s’est orienté vers le Dieu unique mais qui a évolué au gré des histoires des peuples.
C’est ainsi que l’auteur retrace de manière savante l’évolution des trois grands textes monothéistes : La Torah, le Nouveau Testament et le Coran et attire l’attention sur l’évolution de ces textes en fonction de l’histoire réelle des pays. Il montre ainsi que ces textes, tels qu’ils nous sont parvenus ont bien été adaptés tout au long par les hommes confrontés aux réalités de leur histoire humaine.
Dans la partie sur le Judaïsme il montre comment les juifs ont été pris au piège de leur propre texte et de la notion de peuple élu qui les a écartés du monde.Il montre également comment pour faire face  aux aléas de leur propre histoire le texte, sensé venir de Dieu, a été modifié.
Dans la partie consacrée au Christianisme il met en évidence les incohérences et les invraisemblances nées de la théorie de Jésus fils de Dieu. Il analyse comment les Pères de l’église ont eu le plus grand mal à expliquer, dans un système de Dieu unique, la trinité du père du fils et du Saint Esprit. Invraisemblance qui a conduit à  de nombreux schismes.
Enfin dans son étude de Mahomet et du Coran il détaille, là encore, la façon dont le Prophète a fait évoluer la prétendue parole de Dieu pour coller a ses projets politiques en partant de ce qui existait déjà ,Torah et Bible pour  créer quelque chose d’un peu nouveau.
C’est donc, au total, un livre exigeant qui doit être lu lentement et en réfléchissant mais qui est utile en ce qu’il ouvre les yeux sur ces créations humaines que sont les grands livres des monothéismes.
Enfin l’auteur se pose une question que je me suis moi-même posé et qui me fait douter de manière absolue de la réalité de Dieu.
« Comment comprendre, écrit-il, que cet être tout-puissant, pour la bonne marche du projet en quoi consiste la révélation de son existence à l’ensemble de l’humanité, se soit adressé en exclusivité à une minuscule tribu de bédouins illettrés, errant en plein désert ? »
Je rajouterai pour ma part : Comment comprendre que dans une humanité qui  a des millions d’années, le Dieu monothéiste ne se soit adressé aux hommes qu’il y quelques milliers d’années seulement ? L’humanité antérieure n’était donc rien pour lui ?
Dans une réponse à Michel Onfray et a son traité d'athéologie" il dit clairement comment sont nées ces fictions

"A partir de l’animisme, en passant par les mythes grecs pour aboutir aux monothéismes que l’on connaît, c’est justement l’examen de l’élaboration de ce rempart imaginaire dressé contre la peur de la mort qui apporte la preuve du caractère fictif de ces textes, et par conséquent de la non-existence de Dieu. Et cela, seul un écrivain, de l’intérieur du processus qui l’a par ailleurs conduit à écrire des romans, avait quelque chance d’en démonter le mécanisme"



samedi 10 mai 2014

Echange à Grasse

Arrivé le 8 Mai nous trouvons un appartement dans une agréable résidence "Les Micocouliers", plusieurs bâtiments dans un très beau parc aux allées fleuries et avec de belles parcelles de vieux oliviers. L'appartement dispose d'une belle terrasse dominant un paysages de collines très habitées. Le soir mille lumières brillent dans le lointain et l'on imagine villages et hameaux.
 
Pour ce premier soir nous dînons sur une petite place à Mouans-Sartoux, après avoir fait une première visite à Grasse où s'ouvre pour trois jours la fête de la rose. Impression mitigée ce premier soir sur la ville de Grasse tout en pentes et escaliers.
Nous y retournons le lendemain matin en commençant par une visite de la parfumerie Molinard, une des plus ancienne de Grasse. Promenade ensuite dans les petites rues et les petites places piétonnes. Meilleurs impressions qu'hier.
Déjeuner très agréable sur une belle terrasse d'un restaurant gastronomique: Lou Fassum. Nous y passons un bon moment à nous régaler de la nourriture et du paysage qui s'étend sous nos yeux.
L’après-midi visite et découverte de Mougins à seulement 5 kilomètres de chez nous. Très beau village, rempli de galeries d'art et de restaurants aux terrasses sympathiques. Nous y retournerons avant de partir.

Samedi visite de Vence et de Saint  Paul de Vence, après avoir fait la route par les gorges du Loup. Acheté quelques fruits confis dans une fabrique très ancienne, la confiserie Florian à Pont du Loup.
Visite de Vence dont le quartier ancien est agréable puis saint Paul de Vence. Nous passons là un long moment à déambuler dans les vielles rues à l'intérieur des remparts.


Déjeuner au Café de la Place, devant le mythique terrain de boules et tout prés de l'auberge ultra connu : "La Colombe d'or" et le souvenir d’Yves Montand, de Simone Signoret et de tant d'autres célébrités!
Beau village mais, malheureusement un peu trop "envahi" par les touristes et ce qui va avec: bousculade et prix un peu exagérés.
Dimanche visite de Nice. Une agréable journée dans une ville qui ressemble à une ville italienne et, par endroit, à Rome. Bien sûr l'incontournable Promenade des Anglais avec, ce jour là, du soleil et une mer d'un bleu magnifique.
Promenade au centre ville : la Place Massena, Villa Massena et son magnifique jardin, la promenade du Paillon, le Cour Saleya et son marché et un excellent déjeuner sous une tonnelle dans la cour intérieure d'un immeuble, la Maison de Marie.

Lundi vite de Cannes. Hélas nous sommes en pleine préparation du festival et on installe partout sur la plage d'immenses tentes pour les réceptions diverses et variées qui vont avoir lieu. Du coup la vue à partir de la croisette est polluée par toutes cette agitation et nous nous sommes réfugiés vers la ville qui nous a fait nettement moins bonne impression que Nice.
Dernier jour dans la région : Mardi visite de Cabris où vécu Albert Camus et de Gourdon, un village perché qui va concourir pour le titre de plus beau village de France.
Il est vrai que de la haut la vue est magnifique et s'étend jusqu'à la mer. Déjeuner agréable sur une terrasse face à ce paysage grandiose.
Demain nous prenons la route du retour avec un arrêt à midi à Aix et ensuite une nuit au Château d'Arpaillague en utilisant le cadeau de Danielle, Martine, Manoune et Claude.
Nous avons quitté Grasse ce matin et sommes arrivés à Aix en Provence vers 11 h.
La ville est toujours aussi belle et nous avons déambulés dans les veilles rues,la Place d'Albertas, la Place de la Mairie, celle de l'Ancien Evêché et enfin le Cours Mirabeau que nous avons parcouru de long en large et ou nous avons déjeuné à la terrasse des  des deux garçons,une Brasserie historique Départ d'Aix vers 14 heures et arrivés au Château d'Arpaillargues a 5 kilomètres d'Uzes.
Nous allons y dîner et y passer la nuit avant de rentrer à Pau.