Je me suis laissé tenter par une critique et j'ai acheté le dernier opus de Pierre Bayard: "L'énigme Tolstoievski" paru aux éditions de Minuit. J'avoue que je suis assez déçu par ce texte qui prend le parti de mêler et la chronologie et l'analyse des oeuvres de Dostoïevski et de Tolstoï qui n'est , selon moi, qu'un artifice et qui ne pourrait tromper que ceux qui ne connaissent pas ces deux écrivains.
L'idée est que les deux écrivains ont mis en évidence dans leurs romans la dualité des êtres humains, ce sentiment que l'on est deux personnes, que l'on ressent deux sentiments en même temps ce que d'ailleurs Montaigne avait déjà sans doute perçu lorsqu'il parle du moi "ondoyant et divers".
L'auteur analyse les sentiments ressentis notamment par Natacha dans Guerre et Paix et le Prince Michkine dans l'Idiot et montre des similitudes d'attitude d'abord lors du coup de foudre initial, puis dans le désamour puis dans le fait d'aimer plusieurs personnes en même temps.
Certes cela est vrai mais c'est tout simplement parce que la vie est ainsi faite et que ces deux romanciers ne pouvaient que la décrire ainsi qu'elle est! De là a vouloir les faire se ressembler au point de leur affubler le nom de Tolstoievski ce n'est, encore une fois, qu'artifice et cela ne m'a absolument pas convaincu. Ces cas de personnalités double, complexe existent à foison dans la la littérature. Que l'on songe aux héros de François Mauriac toujours partagé entre l'ange et le démon, à Julien Green qui décrit des personnages où se cache un noir démon et André Gide qui tout en aimant sa cousine Madeleine dont il fit sa femme poursuivait les jeunes garçons! Ne disait-il pas de lui-même qu'il était " une enfant qui s'amuse surveillé par un vieux Pasteur protestant" Donc , vraiment quelle originalité chez Dostoïevski et Tolstoï? Leur vraie talent est dans le style dans la façon dont ils décrivent les sentiments de leurs héros et là c'est tout de même la différence qui saute aux yeux. Le livre de Pierre Bayard se veut une sorte d'étude de psychanalyse mais vraiment il vaut mieux écrire alors un traité de psychanalyse ou de psychologie appliquée! Le seul intérêt de ce petit livre est de nous faire relire a travers de très nombreuses citations quelques passages des grands romans de Dostoïevski et de Tolstoï. Voici une critique plus positive mais qui ne m'a pas fait changer d'avis. et écoutes cette entretien de Georges Steiner .Il n' ya pas photo.
Ce blog est consacré à mes coups de coeur dans l'actualité, dans la littérature et dans mes voyages
jeudi 28 décembre 2017
mercredi 27 décembre 2017
mercredi 29 novembre 2017
Camus-Casares
Une amie vient de m'offrir la correspondance d'Albert Camus et de Maria Casares parue chez Gallimard. C'est un très gros pavé de plus de 1300 pages et qui éclaire sur cet amour que l'on connaissait mais qui nous est raconté ,là, au jour le jour, dans des lettres éblouissantes. La fille de Camus ,Catherine Camus écrit un avant-propos sensible et émouvant et sa dernière phrase donne la mesure de cette correspondance: " Merci a eux deux. Leurs lettres font que la terre est plus vaste,l'espace plus lumineux, l'air plus léger simplement parce qu’ils ont existé." et que ce soit ,elle, la fille qui écrive cela montre une très grande intelligence du coeur.
Ce livre à entraîne une très grande quantité d'articles tous, émerveillés , en présence de cet amour et de ces lettres. Tous les grands organes de presse ont publié une analyse: Le Figaro, Libération, La Dépêche , Telerama, et d'autres encore et il y a sur Youtube un petit montage émouvant
On en savait déjà beaucoup sur Albert Camus et ses amours mais ce gros livre donne de la chair à cette connaissance et,par ailleurs, comme les deux correspondant parlent aussi de leur travail, de leurs projets ces lettres donnent des éléments sur leurs arts. Dans une lettre, par exemple, Albert Camus expose à Maria l'objectif ambitieux qu'il poursuit et la grande oeuvre à laquelle il songe.Dans une lettre du 24 août 1948 il lui écrit : "Dans quelques mois il faudra que j'entame un nouveau cycle, plus libre,moins contrôlé, plus important aussi." Il songe a ce moment là , déjà, a un grand roman qui viendra après le cycle de l’absurde et celui de la révolte et dont ,ailleurs ,il dit que ce devra être son "guerre et paix. On sait que c'est Le premier homme dont on a qu'une petite partie, déjà, superbe.
Ils ont vécu longtemps et beaucoup séparé et ces lettres sont un cri contre ces séparations a répétitions. Lui veut tout savoir de ce qu'elle fait dans ces moment s de séparation, il lui demande de tout lui raconter dans les détails et c'est touchant.
Et il y a très souvent l'évocation de cette difficulté à ne vivre qu'ensemble en raison de la situation de Camus marié et père de deux jumeaux comme , par exemple, dans cette longue et admirable lettre daté du 23 juillet 1949 à Rio pendant sa tournée de conférences en Amérique latine pendant deux mois. (p. 137 )Dans une lettre du 11 avril 1950 (p.494) il résume élégamment la situation: "Il est vrai que je voudrais pouvoir t'aimer sans renier tout à fait mes engagements envers ceux qui dépendent de moi. C'est que je ne peux vivre sans ton amour et que je crains de ne pas savoir bien vivre sans m'estimer."
De très nombreuses lettres font état de la véritable inquiétude qui conduit les intéressés au mal-être lorsqu'ils ne reçoivent pas de nouvelles pendant plusieurs jours. Il y a ,sur ce point, une sorte de répétition lancinante. Mais, malgré cela, et bien que Camus constate qu' il y a toujours "une inquiétude au fond de mes plus grande joie." (p. 92) il constate aussi que cet amour lui apporte beaucoup : " Tu es entrée, par hasard, dans une vie dont je n'étais pas fier, et de ce jour là quelque chose a commencé à changer, lentement, malgré moi,malgré toi aussi qui étais alors lointaine, puis tournée vers une autre vie. Ce que j'ai dit, écrit ou fait depuis le printemps 1944 a toujours été différent, en profondeur, de ce qui s'est passé pour moi et en moi, auparavant. J'ai mieux respiré,j'ai détesté moins de choses,j'ai admiré librement ce qui méritait de l'être. Avant toi, hors de toi, je n'adhérais à rien. Cette force dont tu te moquais quelquefois, n'a jamais été qu'une force solitaire, une force de refus. Avec toi, j'ai accepté plus de choses. J'ai appris à vivre d'une certaine manière." (p.182)
Cette correspondance nous montre aussi combien la maladie a obligé Camus à des séjours de repos et de soins au Panelier ou a Cabris , séjours pendant lesquels Maria Casares avait , de son côté une grande activité: radio, répétition, théâtre et cinéma, activité dont elle donnait le détail dans ses lettres.
Et Camus de rêver à une autre vie. "Nous vivons seulement les villes,la fièvre, le travail- et toi et moi pourtant sommes faits pour cette terre, pour la lumière,la joie tranquille des corps, la paix du coeur. Il faudra changer tout cela, n'est-ce pas? Il faudra vivre, aimer, jouir dans la joie. Bien sûr nous avons longuement lutté jusqu'à présent et nous n'avons pas eu le temps de l'abandon. Mais maintenant que nous avons gagné notre certitude, nous pouvons trouver la récompense, fuir toute cette hideuse vanité qui nous entoure, et vivre un peu plus dans la vérité. En revenant vers la maison je me permettais tant de délices en imagination que je me suis secoué pour mettre un terme à cette rêverie. (p. 253)
Il ne peut même pas se rendre à Paris lorsque Maria perd son père qu'elle a soigné pendant des mois et il y a , alors, une série de très belles lettres dans lesquelles ils se réconfortent l'un ,l'autre.(p.378 a 382) et elle lui écrit: " Ma mère, mon père. les deux seuls êtres au monde qui m'aient appartenu et qui m'aient entièrement possédée en dehors de toi. Maintenant il ne me reste que toi, toi seul."
Une série de belles lettres sur ce deuil et sur la reprise de la vie petit à petit.
Une grande partie de ces lettres intéressera aussi les critiques car on y voit les difficultés de Camus dans l'écriture de son essai :L'homme révolté et ses passages de la volonté de créer à une sorte de déprime. On y voit aussi son attitude à l'égard du milieu parisien. Par exemple dans cette lettre du 15 mars 1950 : " Enfin il me parle de la centième à grand spectacle ( Les Justes). Naturellement,je ne peux accepter. qu'irais-je faire avec le Tout Paris? Le Tout Paris n'aime pas cette pièce et n'est pas à l'aide avec son auteur. Quant à l'auteur,le Tout Paris lui sort par les narines.
Ce serait une comédie à jouer. Mais je suis trop fragile pour ça maintenant."
De très belles lettres lors des séjours à Alger. Ils n' y sont pas ensemble et on imagine ce que cela peut avoir de cruel pour les deux. Après les séparations dues à la situation de Camus voilà les séparations dues au travail de l'un et de l'autre! Mais aurions nous cette magnifique correspondance si ils avaient pu vivre et voyager ensemble? Au total la lecture de ces lettres est un plaisir encore plus grand que de lire une biographie. On y voit vraiment la vie se dérouler au jour le jour. Cette correspondance nous montre aussi que Camus aurait eu la matière , l'expérience pour nous donner, ce qu'il prévoyait de faire dans son "Guerre et Paix" une grande histoire d'amour. Égoïstement on se dit que cet amour si fort mais si difficile à vivre nous a donné ces lettres. Et Philippe Labro d'insister sur la dernière lettre prémonitoire? Voici enfin une belle émission de France culture consacrée à cette correspondance.
Ce livre à entraîne une très grande quantité d'articles tous, émerveillés , en présence de cet amour et de ces lettres. Tous les grands organes de presse ont publié une analyse: Le Figaro, Libération, La Dépêche , Telerama, et d'autres encore et il y a sur Youtube un petit montage émouvant
On en savait déjà beaucoup sur Albert Camus et ses amours mais ce gros livre donne de la chair à cette connaissance et,par ailleurs, comme les deux correspondant parlent aussi de leur travail, de leurs projets ces lettres donnent des éléments sur leurs arts. Dans une lettre, par exemple, Albert Camus expose à Maria l'objectif ambitieux qu'il poursuit et la grande oeuvre à laquelle il songe.Dans une lettre du 24 août 1948 il lui écrit : "Dans quelques mois il faudra que j'entame un nouveau cycle, plus libre,moins contrôlé, plus important aussi." Il songe a ce moment là , déjà, a un grand roman qui viendra après le cycle de l’absurde et celui de la révolte et dont ,ailleurs ,il dit que ce devra être son "guerre et paix. On sait que c'est Le premier homme dont on a qu'une petite partie, déjà, superbe.
Ils ont vécu longtemps et beaucoup séparé et ces lettres sont un cri contre ces séparations a répétitions. Lui veut tout savoir de ce qu'elle fait dans ces moment s de séparation, il lui demande de tout lui raconter dans les détails et c'est touchant.
Et il y a très souvent l'évocation de cette difficulté à ne vivre qu'ensemble en raison de la situation de Camus marié et père de deux jumeaux comme , par exemple, dans cette longue et admirable lettre daté du 23 juillet 1949 à Rio pendant sa tournée de conférences en Amérique latine pendant deux mois. (p. 137 )Dans une lettre du 11 avril 1950 (p.494) il résume élégamment la situation: "Il est vrai que je voudrais pouvoir t'aimer sans renier tout à fait mes engagements envers ceux qui dépendent de moi. C'est que je ne peux vivre sans ton amour et que je crains de ne pas savoir bien vivre sans m'estimer."
De très nombreuses lettres font état de la véritable inquiétude qui conduit les intéressés au mal-être lorsqu'ils ne reçoivent pas de nouvelles pendant plusieurs jours. Il y a ,sur ce point, une sorte de répétition lancinante. Mais, malgré cela, et bien que Camus constate qu' il y a toujours "une inquiétude au fond de mes plus grande joie." (p. 92) il constate aussi que cet amour lui apporte beaucoup : " Tu es entrée, par hasard, dans une vie dont je n'étais pas fier, et de ce jour là quelque chose a commencé à changer, lentement, malgré moi,malgré toi aussi qui étais alors lointaine, puis tournée vers une autre vie. Ce que j'ai dit, écrit ou fait depuis le printemps 1944 a toujours été différent, en profondeur, de ce qui s'est passé pour moi et en moi, auparavant. J'ai mieux respiré,j'ai détesté moins de choses,j'ai admiré librement ce qui méritait de l'être. Avant toi, hors de toi, je n'adhérais à rien. Cette force dont tu te moquais quelquefois, n'a jamais été qu'une force solitaire, une force de refus. Avec toi, j'ai accepté plus de choses. J'ai appris à vivre d'une certaine manière." (p.182)
Cette correspondance nous montre aussi combien la maladie a obligé Camus à des séjours de repos et de soins au Panelier ou a Cabris , séjours pendant lesquels Maria Casares avait , de son côté une grande activité: radio, répétition, théâtre et cinéma, activité dont elle donnait le détail dans ses lettres.
Et Camus de rêver à une autre vie. "Nous vivons seulement les villes,la fièvre, le travail- et toi et moi pourtant sommes faits pour cette terre, pour la lumière,la joie tranquille des corps, la paix du coeur. Il faudra changer tout cela, n'est-ce pas? Il faudra vivre, aimer, jouir dans la joie. Bien sûr nous avons longuement lutté jusqu'à présent et nous n'avons pas eu le temps de l'abandon. Mais maintenant que nous avons gagné notre certitude, nous pouvons trouver la récompense, fuir toute cette hideuse vanité qui nous entoure, et vivre un peu plus dans la vérité. En revenant vers la maison je me permettais tant de délices en imagination que je me suis secoué pour mettre un terme à cette rêverie. (p. 253)
Il ne peut même pas se rendre à Paris lorsque Maria perd son père qu'elle a soigné pendant des mois et il y a , alors, une série de très belles lettres dans lesquelles ils se réconfortent l'un ,l'autre.(p.378 a 382) et elle lui écrit: " Ma mère, mon père. les deux seuls êtres au monde qui m'aient appartenu et qui m'aient entièrement possédée en dehors de toi. Maintenant il ne me reste que toi, toi seul."
Une série de belles lettres sur ce deuil et sur la reprise de la vie petit à petit.
Une grande partie de ces lettres intéressera aussi les critiques car on y voit les difficultés de Camus dans l'écriture de son essai :L'homme révolté et ses passages de la volonté de créer à une sorte de déprime. On y voit aussi son attitude à l'égard du milieu parisien. Par exemple dans cette lettre du 15 mars 1950 : " Enfin il me parle de la centième à grand spectacle ( Les Justes). Naturellement,je ne peux accepter. qu'irais-je faire avec le Tout Paris? Le Tout Paris n'aime pas cette pièce et n'est pas à l'aide avec son auteur. Quant à l'auteur,le Tout Paris lui sort par les narines.
Ce serait une comédie à jouer. Mais je suis trop fragile pour ça maintenant."
De très belles lettres lors des séjours à Alger. Ils n' y sont pas ensemble et on imagine ce que cela peut avoir de cruel pour les deux. Après les séparations dues à la situation de Camus voilà les séparations dues au travail de l'un et de l'autre! Mais aurions nous cette magnifique correspondance si ils avaient pu vivre et voyager ensemble? Au total la lecture de ces lettres est un plaisir encore plus grand que de lire une biographie. On y voit vraiment la vie se dérouler au jour le jour. Cette correspondance nous montre aussi que Camus aurait eu la matière , l'expérience pour nous donner, ce qu'il prévoyait de faire dans son "Guerre et Paix" une grande histoire d'amour. Égoïstement on se dit que cet amour si fort mais si difficile à vivre nous a donné ces lettres. Et Philippe Labro d'insister sur la dernière lettre prémonitoire? Voici enfin une belle émission de France culture consacrée à cette correspondance.
lundi 6 novembre 2017
Vestiges du jour de Kazuo Ishiguro
L’attribution du prix Nobel de littérature à Kazuo Ishiguro
m’a donné envie de lire son roman « Vestiges du jour » dont on a tiré
un film magnifique avec Anthony Hopkins dans le rôle du majordome de Darlington
Hall. Le film m’avait tellement plu que je craignais d’être déçu par le roman.
Or c’est tout le contraire. Le style de cet écrivain, né au Japon, mais vivant
en Angleterre depuis l’âge de cinq ans, m’a rappelé cet humour anglais que l’on
trouve dans les romans qui mettent en scène le fameux Jeeves.
Dans le roman celui qui s’exprime et raconte l’histoire
c’est le majordome de Lord Darrington et il nous dit, tout au long du roman
comment il conçoit son rôle de majordome d’une grande maison, la
« dignité » qu’il faut, selon lui, pour remplir cet emploi. Le
lecteur ne peut qu’être partagé face à ces vies toutes entières consacrées au
service des autres et l’on se prend de pitié pour ce majordome lorsque tout à
la fin du roman il se rend compte qu’il a, peut-être, gâché sa vie.
Le roman est plus complet que le film et, notamment, sur la
réunion politique secrète qui se tient au château et qui a pour objectif de
rapprocher les points de vue anglais et allemand. Le majordome ne se pose pas
de questions et ce n’est qu’à la fin qu’il se demande enfin s’il ne s’est pas
trompé en fermant les yeux, en ne voulant rien voir ni rien juger.
Il y a, en creux, une critique de l’absence d’engagement qui
a fait dire à une critique que le romancier pouvait, à certains égards, être
rapproché de Camus. Une chose est certaine, après avoir vu le film et lu le
roman on est pas prêt d’oublier M. Stevens le majordome de Darlington Hall.
Bernard Clavel: Les fruits de l'hiver
Je viens de découvrir un roman que j’avais dans ma
bibliothèque et que je n’avais jamais lu : "Les fruits de l'hiver" de Bernard Clavel prix Goncourt 1968 édité cette année-là chez
Robert Laffont. Beau roman qui nous raconte l’histoire d’un vieux couple dans
les années de la guerre de 40 entre dénuement dû à la guerre et déchirement
entre deux fils Alain et Julien né de deux mères différentes.
On y voit les conditions de vie dans cet après-guerre, une
maison qui n’a ni l’eau courante ni l’électricité, où l’on chauffe au bois et
où la corvée de bois devient pour le vieux une véritable obsession. Et pourtant
ils ne sont pas pauvres. Il a été boulanger .Il cultive son jardin et il a
poules et lapins.
On s’attache à la vie de ces deux vieux, à leur vie de labeur
dans un petit village de France avec deux fils, très différents, l’un qui
fricote avec la milice et l’autre, artiste qui penche du côté des résistants.
Il y a des notations très justes sur l’évolution politique, sur l’engagement ou
la volonté de ne pas s’en mêler comme le vieux et de continuer à vivre en paix
tranquillement mais qui est évidement rattrapé par le conflit. Il y a ce
conflit entre la mère de Julien et le vieux, partagé qu’il est entre ses deux
fils et enfin il y a l’abandon dans lequel le vieux se retrouvera après la mort
de sa femme, confronté à une forme d’ingratitude de son fils Paul qui a obtenu
que son père lui laisse son petit patrimoine et qui n’attend pas la mort de son
père pour tout chambouler. Le lecteur aura, sans doute, une préférence pour Julien, moins intéressé
que son frère mais qui, pour autant, abandonne-lui aussi son père en vivant
loin de lui et ne venant pas souvent le voir. Voilà un roman sur la vieillesse,
la fin de vie et c’est très bien vu.
jeudi 26 octobre 2017
Une BD pour le "Premier Homme" de Camus
Moi qui ne lit presque jamais de bandes dessinées je viens
d’acheter et de lire immédiatement celle que vient de publier, chez Gallimard, Jacques Ferrandez et qui est consacrée au « Premier
Homme » d’Albert Camus, ce roman inachevé que l’on a trouvé dans une
sacoche lors de l’accident de la route dont il est mort.
J’appréhendai un peu cette découverte car j’avais un tel
souvenir du livre, très émouvant et dont je me souviens de la plupart des
épisodes, que je craignais qu’en dessin cela ne soit pas aussi prenant.
Je reste sur l’idée , que le dessinateur doit lui-même
partagé, que rien ne peut remplacer la lecture du livre avec le style de Camus.
Mais il n’en reste pas moins que cette bande dessinée est
très réussie d’abord parce qu’elle n’omet aucun des épisodes importants du
livre et qu’elle utilise dans les bulles les propres phrases de l’écrivain, ce
qui fait que l’on croit lire le livre et, enfin, parce que les planches
dessinées sont absolument magnifiques à la fois par le dessin et les couleurs
choisies qui en font autant de petits tableaux.
Le dessinateur qui, à ce que j’ai cru comprendre, connaît
bien la ville d’Alger a montré la ville de manière remarquable. Moi qui vient
d’y faire un séjour je retrouve totalement les rues, le port, les escaliers les
bâtiments (comme le Lycée). C’est frappant d’exactitude et ces images qui me
rappellent l’Alger ancien correspondent aussi à l’Alger d’aujourd’hui, le
centre n’ayant vraiment pas changé, vieilli, peut être tout au plus.
Et c’est ainsi, par exemple, que je retrouve dans ces
dessins le trajet que le jeune Albert faisait tous les matins pour aller de la
rue de Lyon à Belcourt jusqu’à son Lycée à l’entrée de Bab el Oued. C’est le
trajet que j’ai fait, moi-même, pendant quatre ans.
Au total un très beau livre et qui peut, peut-être, faire
entrer quelques jeunes lecteurs adeptes de la bande dessinée dans l’œuvre
d’Albert Camus, d’autant que je pense que le Premier Homme est une très belle
voie d’accès à cette œuvre. Si elle parvient a ce résultat elle aura le grand
mérite de faire aimer Camus à plus de jeunes.
J’ajoute que le livre est précédé d’une belle préface
d’Alice Kaplan qui vient de publier une étude très fouillée sur la réception de
l’Etranger, ouvrage que j’ai déjà évoqué, ici, dans ce blog.
La petite voleuse de livre
La voleuse de livres de Markus Suzak est un roman que l’on
garde longtemps à l’esprit. On ne peut que s’attacher au sort de la petite
héroïne Lisa Meminger et à la partie de sa vie (son enfance) qui nous est
racontée par une étrange narratrice : la mort en personne !
On apprend à la fin du roman que Lisa Meminger a eu une
longue vie, des enfants et petits-enfants et qu’elle a écrit l’histoire de son
enfance dans un petit village d’Allemagne au temps du nazisme. On constate
qu’elle a vécu des horreurs, qu’elle a vu mourir presque tous ceux qu’elle
aimait, qu’elle a appris à lire et à écrire au fond d’un sous-sol avec l’aide
de son père adoptif et de Max, un jeune juif caché par sa famille.
Les portraits de Hans et de Rosa les parents adoptifs sont
absolument touchants mais beaucoup d’autres protagonistes (le jeune Rudy et la
femme du Maire) de cette longue histoire sombre tireront les larmes du lecteur.
C’est le livre de la fureur des hommes en temps de guerre, une description de
la vie sous le nazisme et l’emprise qu’il prend insidieusement sur les gens qui
finissent par croire aux discours haineux et a y adhérer. Il montre comment
ceux qui osent s’opposer sont broyés.
J’ai déjà évoqué ce roman en parlant du roman de Kamel
Daoud : Zabor ou les psaumes car tous deux sont un éloge de la lecture et
de l’écriture. Dans Zabor le jeune héros croit éloigner la mort en écrivant la
vie de celui qu’elle menace et, ici, Lisa Meminger veut aussi arrêter la mort
qui s’en prend à Max, le jeune juif, en lui faisant la lecture à haute voix des
nuits durant.
J’ai eu envie de lire ce roman, après avoir vu le film qui
en a été tiré. Le film est beau et mérite d’être vu mais le roman est
inoubliable et bouleversant et il n’est pas étonnant qu’il ait connu un grand succès
mondial.
jeudi 28 septembre 2017
Une enfance de Proust
Dans ce livre l'auteur part d'une recherche sur les albums de confession qui était édité au XIX° siècle a destination de la jeunesse et dans lesquels les jeunes gens et leurs amis répondaient a des questions de toutes sortes. C'est ainsi que le jeune Marcel Proust fut amené à répondre a un questionnaire dans l'album de confession d'Antoinette Faure ,une des filles du président Felix Faure cet homme politique dont on ne sait presque rien sauf les conditions de sa mort dans les bras de sa maîtresse!
Depuis ces réponses de Marcel Proust ont été connues et utilisées par ses biographes et notamment par André Maurois et cela est devenu au fil du temps: le questionnaire Marcel Proust que l'on a soumis à tous les écrivains connus.
L'auteur a minutieusement recherché ce passage des confessions au questionnaire.
C'est ,pour elle,l'occasion de nous décrire les relations étroites qui existèrent entre la famille de Marcel Proust, notamment son père ,le professeur de médecine Adrien Proust, sa mère et les époux Faure.
Le livre nous donne, aussi, une excellente description de la vie de ces familles bourgeoises au XIX° siècle entre Paris et leurs villégiatures du Havre ou de Deauville , cette vie faîte de mondanités.
Il ya ,aussi, toute une analyse fort intéressante sur la vie des jeunes filles de l'époque et sur leur seul horizon: le mariage. L'auteur analyse finement les différentes figure de la jeune fille dans les romans de l'époque depuis Eugénie Grandet, Madame Bovary et l’héroïne d'une Vie de Guy de Maupassant, avant que George Sand puis Colette n'offre des portraits de femmes plus libérées.
L'auteur analyse enfin les réponses au fameux questionnaire et cela permet de dresser un portrait psychologique de ceux qui y ont répondu.
En définitive ce livre permet au lecteur de se faire une idée de l'environnement social dans lequel a grandi le jeune Marcel et nous donne a voir un monde disparu.
Depuis ces réponses de Marcel Proust ont été connues et utilisées par ses biographes et notamment par André Maurois et cela est devenu au fil du temps: le questionnaire Marcel Proust que l'on a soumis à tous les écrivains connus.
L'auteur a minutieusement recherché ce passage des confessions au questionnaire.
C'est ,pour elle,l'occasion de nous décrire les relations étroites qui existèrent entre la famille de Marcel Proust, notamment son père ,le professeur de médecine Adrien Proust, sa mère et les époux Faure.
Le livre nous donne, aussi, une excellente description de la vie de ces familles bourgeoises au XIX° siècle entre Paris et leurs villégiatures du Havre ou de Deauville , cette vie faîte de mondanités.
Il ya ,aussi, toute une analyse fort intéressante sur la vie des jeunes filles de l'époque et sur leur seul horizon: le mariage. L'auteur analyse finement les différentes figure de la jeune fille dans les romans de l'époque depuis Eugénie Grandet, Madame Bovary et l’héroïne d'une Vie de Guy de Maupassant, avant que George Sand puis Colette n'offre des portraits de femmes plus libérées.
L'auteur analyse enfin les réponses au fameux questionnaire et cela permet de dresser un portrait psychologique de ceux qui y ont répondu.
En définitive ce livre permet au lecteur de se faire une idée de l'environnement social dans lequel a grandi le jeune Marcel et nous donne a voir un monde disparu.
lundi 25 septembre 2017
Séjour à Uzes
Je viens de passer une semaine à Uzes chez une amie avec laquelle nous échangeons nos demeures. Nous nous sommes connus dans un échange en Suisse, où elle demeurait alors avant de venir s'installer prés d'Uzes dans un petit village réputé depuis des lustres pour ses potiers.
Nous avons donc arpenté ,à nouveau, la petite ville d'Uzes siège du premier duché de France et qui m'était surtout connu pour avoir été la ville des grands parents d'André Gide ,petite ville qu'il évoque dans Si le grain ne meurt.
Lors de mon dernier séjour j'avais recherché ses traces et visité le tout petit musée qui lui est consacré.
Racine aussi a connu Uzes ou son grand père maternelle était chanoine de la Cathédrale. Son souvenir est évoqué sur la promenade qui fait le tour de la Cathédrale par une plaque commémorative sur laquelle se trouve une phrase tirée,probablement de sa correspondance et qui, depuis a été reprise pour titre d'un roman "Et nous avons des nuits plus belles que vos jours..."Il devait évoquer les nuits d'été dans ce coin de Provence!,
La Place des Herbes est toujours aussi jolie, bordée par ses maisons du XVIII° siècle et agrémentée par sa belle fontaine et ses arbres
.
Installé là nous avons fait une escapade dans le Lubéron ce coin que j'appelle, y ayant de nombreux souvenirs heureux: le quadrilatère bienheureux avec les villages de Bonnieux, au sortir de la Combe de Lourmarin, Lacoste , ce village presque entièrement acheté par Pierre Cardin ,Goult, Joucas, Gordes, Roussillon et Menerbes.
Je ne ma lasse pas de parcourir ce petit coin où j'ai, jadis, envisagé de m'installer.
Nous avons aussi passé une journée et une nuit à Lourmarin ,joli village qui fut le dernier domicile d'Albert Camus et où se trouve sa dernière demeure. En partant j'ai fait une halte au petit cimetière devant sa tombe si simple mais qui est encore très visitée et où, de manière touchante, des passants laisse des petits mots, des fleurs, des cailloux avec des inscriptions. Il y avait , ainsi, un petit galet sur lequel un japonais avait écrit quelque chose dans sa langue.
Nous avons donc arpenté ,à nouveau, la petite ville d'Uzes siège du premier duché de France et qui m'était surtout connu pour avoir été la ville des grands parents d'André Gide ,petite ville qu'il évoque dans Si le grain ne meurt.
Lors de mon dernier séjour j'avais recherché ses traces et visité le tout petit musée qui lui est consacré.
Racine aussi a connu Uzes ou son grand père maternelle était chanoine de la Cathédrale. Son souvenir est évoqué sur la promenade qui fait le tour de la Cathédrale par une plaque commémorative sur laquelle se trouve une phrase tirée,probablement de sa correspondance et qui, depuis a été reprise pour titre d'un roman "Et nous avons des nuits plus belles que vos jours..."Il devait évoquer les nuits d'été dans ce coin de Provence!,
La Place des Herbes est toujours aussi jolie, bordée par ses maisons du XVIII° siècle et agrémentée par sa belle fontaine et ses arbres
.
Installé là nous avons fait une escapade dans le Lubéron ce coin que j'appelle, y ayant de nombreux souvenirs heureux: le quadrilatère bienheureux avec les villages de Bonnieux, au sortir de la Combe de Lourmarin, Lacoste , ce village presque entièrement acheté par Pierre Cardin ,Goult, Joucas, Gordes, Roussillon et Menerbes.
Je ne ma lasse pas de parcourir ce petit coin où j'ai, jadis, envisagé de m'installer.
Nous avons aussi visité Nîmes qui a beaucoup changé et qui est devenu une jolie ville moderne et agréable alors que je l'avais connu il y a vingt ans ville provinciale et un peu morte. Nous avons déjeuné au Ciel de Nîmes un restaurant agréable, une terrasse sur le toit d'un bâtiment moderne face à la Maison Carrée de Nîmes ce beau temple romain en parfait état. Nous avons aussi compris pourquoi le crocodile était l emblème de Nîmes
Au retour nous avons fait une halte à Pezenas la ville de Molière et nous avons goûte la spécialité locale.
lundi 11 septembre 2017
Slimane Zeghidour: Sors,la route t'attend.
Par l'effet d'un heureux hasard une amie m'a offert le livre que vient de faire paraître Slimane Seghidour aux Editions les Arènes et qui est le récit de son enfance dans un village kabyle pendant la guerre d'Algérie. Heureux hasard car j' y retrouve des faits, des événements , une ambiance que j'ai trouvé également dans le beau roman de Zeniter: L'art de perdre.
Le livre de Slimane Zeghidour nous ramène donc dans une Kabylie pauvre, quelques années seulement après qu'Albert Camus en ait dressé un douloureux portrait dans ses reportages "Misères en Kabylie".A lire ce très beau récit on constate que pendant très longtemps (n'est-ce plus le cas aujourd'hui) cette région montagneuse, ingrate mais magnifique a été abandonnée. La France n'a commencé a s'en préoccuper, comme le montre l'auteur, que lorsqu'elle allait partir et qu'il était évidement trop tard.
Malgré ce dénuement , cette vie qui paraît exister avec des siècles de retard l'auteur raconte une jeunesse heureuse et on retrouve des échos, pas si lointain , de la jeunesse de Mouloud Feraoun telle qu'il nous l'a raconté dans"Le fils du pauvre" ou dans "Jours de Kabylie".
Puis c'est le temps de la guerre d'Algérie (l'auteur écrit qu'il est né avec la guerre) avec les relations compliquées qui étaient obligés de se nouer avec les français, les combattants du FLN, les comportements pas toujours nets et qui sont également si bien évoqués dans le roman d'Alice Zeniter.
Au total un livre sensible, émouvant souvent et qui donne à réfléchir une nouvelle fois sur les relations compliquées de la France et de l'Algérie, relations dominées par non par la raison mais le plus souvent par des sentiments nécessairement mêlés. Voici ce qu'en dit l'auteur
Le livre de Slimane Zeghidour nous ramène donc dans une Kabylie pauvre, quelques années seulement après qu'Albert Camus en ait dressé un douloureux portrait dans ses reportages "Misères en Kabylie".A lire ce très beau récit on constate que pendant très longtemps (n'est-ce plus le cas aujourd'hui) cette région montagneuse, ingrate mais magnifique a été abandonnée. La France n'a commencé a s'en préoccuper, comme le montre l'auteur, que lorsqu'elle allait partir et qu'il était évidement trop tard.
Malgré ce dénuement , cette vie qui paraît exister avec des siècles de retard l'auteur raconte une jeunesse heureuse et on retrouve des échos, pas si lointain , de la jeunesse de Mouloud Feraoun telle qu'il nous l'a raconté dans"Le fils du pauvre" ou dans "Jours de Kabylie".
Puis c'est le temps de la guerre d'Algérie (l'auteur écrit qu'il est né avec la guerre) avec les relations compliquées qui étaient obligés de se nouer avec les français, les combattants du FLN, les comportements pas toujours nets et qui sont également si bien évoqués dans le roman d'Alice Zeniter.
Au total un livre sensible, émouvant souvent et qui donne à réfléchir une nouvelle fois sur les relations compliquées de la France et de l'Algérie, relations dominées par non par la raison mais le plus souvent par des sentiments nécessairement mêlés. Voici ce qu'en dit l'auteur
L'art de perdre d'Alice Zeniter
Décidément l'Algérie est bien au coeur de cette rentrée litteraire . Après avoir lu et beaucoup aimé le roman de Kaouther Adimi "Nos richesses" qui raconte l'histoire de la librairie créée à Alger par Edmond Charlot, voici un ample roman de plus de 500 pages qui évoque la vie d'une famille algérienne, kabyle en l’occurrence de 1930 à nos jours.
Cette famille à laquelle on s'attache très vite dans le roman va être confrontée, comme tant d'autres , à la guerre d'Algérie qui commence un premier novembre 1954 et se posera à elle le problème du choix. Comment faire face à ces premiers combattants du FLN dont on ne sait rien mais qui très vite vont s'imposer par la terreur et les français que l'on n'aime pas en raison du caractère si injuste du système colonial.
Ce chef de famille, assez aisé dans son petit village kabyle ne sait que faire et l'on suit avec intérêt ses questionnements, ses doutes et sa volonté de vivre tout simplement en protégeant sa famille. Situation cruelle et difficile vouée , quelque soit le choix, au drame de la guerre, à la violence des comportements des deux côtés.
Je suis sûr que chaque lecteur se posera la question ; "qu'aurais je fait?"
Quand on connaît la fin de l'histoire ( à la vérité assez prévisible) ce chef de famille aura fait le mauvais choix; celui d'une France qui ne saura où plutôt ne voudra pas protéger ceux qu'elle a poussé à ce choix. Ce roman montre sans excès, sans pathos le crime qu'a commis la France à l'égard des harkis, crime qui ne justifie pas et n'excuse pas les crimes commis aussi par les algériens contre ces mêmes harkis et contre deux pays qui ont instrumentalisé ce drame. La France n'a pas su les accueillir dignement ( il y a tout un chapitre sur l’horrible vie dans les camps) et l'Algérie n'a pas su, comme elle l'aurait dû, tourner la page. Curieusement elle a su le faire et , à mon avis , à tort avec les islamistes beaucoup plus dangereux et n'a pas su pardonner aux harkis qui, pourtant, pour beaucoup d'entre eux n'avaient rien commis d'irréparable et qui souhaitaient tous , au fond de leur coeur , l'indépendance du pays!
Comme l'écrit justement l'auteur "Pour oublier ce pays entier, il aurait fallu qu'on lui en ait offert un nouveau. Or, on ne leur a pas ouvert les portes de la France, juste les clôtures d'un camp."
Mais ce roman en nous faisant revivre une cinquantaine d'années de l'histoire de l'Algérie et de la France montre bien comment les protagonistes s'enfoncent dans le silence et sont incapables de parler de cette période à leurs enfants et à quiconque et comment ils meure,t de ce silence.
Ce roman se termine par le retour en Algérie et dans la Kabylie de ses ancêtres de Neïma le petit fille d'Ali , celui qui est parti, et j' y ai retrouvé des sensations que j'ai moi-même éprouvé lors de mon retour au pays.
Au total une fresque , un rappel de cinquante d'une histoire douloureuse pour tous et tout cela écrit dans u style agréable. Ce roman obtient le "Prix Goncourt des Lycéens et voici ce qu'elle et ici encore ,. et ce qu'elle en dit lors d'une venue à Pau et une belle analyse dans Le nouvel obs
Cette famille à laquelle on s'attache très vite dans le roman va être confrontée, comme tant d'autres , à la guerre d'Algérie qui commence un premier novembre 1954 et se posera à elle le problème du choix. Comment faire face à ces premiers combattants du FLN dont on ne sait rien mais qui très vite vont s'imposer par la terreur et les français que l'on n'aime pas en raison du caractère si injuste du système colonial.
Ce chef de famille, assez aisé dans son petit village kabyle ne sait que faire et l'on suit avec intérêt ses questionnements, ses doutes et sa volonté de vivre tout simplement en protégeant sa famille. Situation cruelle et difficile vouée , quelque soit le choix, au drame de la guerre, à la violence des comportements des deux côtés.
Je suis sûr que chaque lecteur se posera la question ; "qu'aurais je fait?"
Quand on connaît la fin de l'histoire ( à la vérité assez prévisible) ce chef de famille aura fait le mauvais choix; celui d'une France qui ne saura où plutôt ne voudra pas protéger ceux qu'elle a poussé à ce choix. Ce roman montre sans excès, sans pathos le crime qu'a commis la France à l'égard des harkis, crime qui ne justifie pas et n'excuse pas les crimes commis aussi par les algériens contre ces mêmes harkis et contre deux pays qui ont instrumentalisé ce drame. La France n'a pas su les accueillir dignement ( il y a tout un chapitre sur l’horrible vie dans les camps) et l'Algérie n'a pas su, comme elle l'aurait dû, tourner la page. Curieusement elle a su le faire et , à mon avis , à tort avec les islamistes beaucoup plus dangereux et n'a pas su pardonner aux harkis qui, pourtant, pour beaucoup d'entre eux n'avaient rien commis d'irréparable et qui souhaitaient tous , au fond de leur coeur , l'indépendance du pays!
Comme l'écrit justement l'auteur "Pour oublier ce pays entier, il aurait fallu qu'on lui en ait offert un nouveau. Or, on ne leur a pas ouvert les portes de la France, juste les clôtures d'un camp."
Mais ce roman en nous faisant revivre une cinquantaine d'années de l'histoire de l'Algérie et de la France montre bien comment les protagonistes s'enfoncent dans le silence et sont incapables de parler de cette période à leurs enfants et à quiconque et comment ils meure,t de ce silence.
Ce roman se termine par le retour en Algérie et dans la Kabylie de ses ancêtres de Neïma le petit fille d'Ali , celui qui est parti, et j' y ai retrouvé des sensations que j'ai moi-même éprouvé lors de mon retour au pays.
Au total une fresque , un rappel de cinquante d'une histoire douloureuse pour tous et tout cela écrit dans u style agréable. Ce roman obtient le "Prix Goncourt des Lycéens et voici ce qu'elle et ici encore ,. et ce qu'elle en dit lors d'une venue à Pau et une belle analyse dans Le nouvel obs
jeudi 31 août 2017
Kaouther Adimi: Nos richesses
J'ai lu avec un très grand plaisir le roman de Kaouther Adimi: Nos richesses. paru il y a moins d'une semaine aux Editions du Seuil et je me suis réjouis de le lire maintenant, après mon voyage en Algérie et à Alger l'an dernier car l'auteur évoque dés le début de son récit le centre d'Alger que j'ai parcouru.
L'histoire commence par l'évocation émouvante d'Abdallah que l'administration a chargé quelques années auparavant de garder un petit local situé au 2 de l'ex rue Charasse qui en son temps fut la librairie créée par Edmond Charlot "Aux vraies richesses" et qui devint ensuite après l'indépendance et le départ de l'éditeur une annexe de la Faculté des Lettres. Abdallah qui n'avait pas été à l'école veillait sur ce lieu très peu fréquenté et voilà que l'administration, a son grand désespoir, a décidé de vendre ce local qui va désormais abriter un marchand de beignets.
Le livre est une alternance de chapitre, les uns consacrés à l'activité d'Edmond Charlot et de ses amis avec la création de cette librairie ,maison d'édition et de chapitres consacrés au présent de ce local, c'est à dire a sa transformation en commerce de beignets.
Un jeune algérien, Ryad, qui fait ses études en France s'est engagé en guise de stage a vider la librairie de tous ses livres et a repeindre le local en blanc pour qu'il abrite ensuite le marchand de beignet et Riyad va faire face a Abdallah.
IL y a donc dans ce roman l'évocation de cette jeunesse pleine d'énergie, de projets, de goût pour la littérature qui côtoie tous les grands noms de cette époque: Gide, Saint Exupery, Vercors, Jules Roy, Emmanuel Robles, d'autres encore et bien sûr Camus a ses débuts et jusqu’à a sa mort en 1960.
Le journal (fictif) d'Edmond Charlot nous fait aussi revivre la période de la guerre, les attentats de l'OAS contre sa librairie.
Le roman par quelques touches significatives nous montre aussi l'Algérie d'aujourd'hui.
Au total un très beau texte et je ne résiste pas a reproduire,ici, la dernière page émouvante.; et sous ce lien vous pouvez entendre la romancière parler de son livre qui est un agréable mélange de fiction et d'histoire et vous lirez aussi une excellente critique de ce roman.
ALGER , 2017
"Vous irez aux Vraies richesses, n'est-ce pas? Vous prendrez les ruelles en pentes, les descendrez ou les monterez. Vous vous abriterez du soleil qui tape fort. Vous éviterez la rue Didouche Mourad, si pleine de monde, traversée par de nombreuses ruelles comme par une centaine d'histoires, a quelques pas d'un pont que se partagent suicidés et amoureux.
Vous vous arrêterez a la terrasse d'un café et vous n’hésiterez pas a vous y installer pour discuter avec les uns et les autres.On vous écoutera avec attention. Ici, nous ne faisons pas de différence entre ceux que nous connaissons et ceux que nous venons de rencontrer. et on vous accompagnera dans vos ballades. Vous ne serez plus seul. Vous grimperez les rues, pousserez les lourdes portes en bois, imaginerez ces hommes et ces femmes qui ont tenté de construire ou de détruire cette terre. Vous vous sentirez accablé. Et le bleu au dessus de vos têtes vous donnera le tournis. Vous vous dépêcherez , le coeur battant, vous irez rue Charras qui ne s’appelle plus comme ça et vous chercherez le 2 bis. Vous ne ferez pas attention à la Renault grise garée sur le côté. Ceux qui sont à l'intérieur n'ont aucun pouvoir. Vous vous retrouverez devant l'ancienne librairie des Vraies richesses dont j'ai imaginé la fermeture mais qui est toujours là. Vous essaierez de pousser la porte vitrée. Elle sera fermée. Le voisin qui gère un restaurant,juste a côté, vous dira :" Il est parti déjeuner,il a bien le droit de manger lui aussi! Mais ne partez pas, patientez,il va revenir. Tenez je vous offre une limonade."
Vous attendrez le gardien des lieux, assis sur la marche, a côté de la plante. Il se dépêchera lorsqu'il vous apercevra. Vous pénétrerez dans ce petit local qui fut le point de départ de tant d'histoires. Vous lèverez la tête pour voir le grand portrait de Charlot qui sourit, derrière ses lunettes noires. Oh, pas d'un grand sourire, c'est plutôt l'air de dire: "Bienvenue, entrez, prenez ce qui vous plaît." Vous penserez aux mots de Jules Roy dans ses Mémoires barbares: " De cette aventure, dont nous ne savions pas que nous la vivions, il reste pour moi une sorte de mirage. Charlot fut un peu notre créateur à tous, tout au moins notre médecin accoucheur. Il nous a inventés( peut être même Camus),engendrés, façonnés, cajolés, réprimandés parfois, encouragés toujours, complimentés au delà de ce que nous valions, frottés les uns aux autres, lissés, polis, soutenus, redressés, nourris souvent, élevés, inspirés....
Pour aucun d'entre nous, jamais un mot qui aurait pu laisser entendre que notre génie n'était pas seulement l'avenir de l'Algérie et de la France mais celui de la littérature mondiale. Nous étions les poètes les plus grands, les espoirs les plus fantastiques, nous marchions vers un avenir de légende, nous allions conférer la gloire a notre terre natale.... Nous fûmes son rêve. C'est là que le sort le trompa ,injustement, comme se lève une tempête sur une mer calme. A la bourrasque il tint tête tant qu'il put. Je ne l’entendis jamais protester contre l'injustice ni maudire l'infortune qui l'accablait. Par moments,il m'arrive de me demander si nous avons été assez dignes de lui."
Un jour, vous viendrez au 2 bis Rue Hamani, n'est-ce pas?"
Je regrette de ne pas avoir lu ce livre, non publié à l'époque, avant de revoir Alger. Oui,la prochaine fois j'irai voir le 2 bis de la Rue Hamani. Pour une critique du livre par le fils de Louis Benisti ,peintre et ami de Camus.
L'histoire commence par l'évocation émouvante d'Abdallah que l'administration a chargé quelques années auparavant de garder un petit local situé au 2 de l'ex rue Charasse qui en son temps fut la librairie créée par Edmond Charlot "Aux vraies richesses" et qui devint ensuite après l'indépendance et le départ de l'éditeur une annexe de la Faculté des Lettres. Abdallah qui n'avait pas été à l'école veillait sur ce lieu très peu fréquenté et voilà que l'administration, a son grand désespoir, a décidé de vendre ce local qui va désormais abriter un marchand de beignets.
Le livre est une alternance de chapitre, les uns consacrés à l'activité d'Edmond Charlot et de ses amis avec la création de cette librairie ,maison d'édition et de chapitres consacrés au présent de ce local, c'est à dire a sa transformation en commerce de beignets.
Un jeune algérien, Ryad, qui fait ses études en France s'est engagé en guise de stage a vider la librairie de tous ses livres et a repeindre le local en blanc pour qu'il abrite ensuite le marchand de beignet et Riyad va faire face a Abdallah.
IL y a donc dans ce roman l'évocation de cette jeunesse pleine d'énergie, de projets, de goût pour la littérature qui côtoie tous les grands noms de cette époque: Gide, Saint Exupery, Vercors, Jules Roy, Emmanuel Robles, d'autres encore et bien sûr Camus a ses débuts et jusqu’à a sa mort en 1960.
Le journal (fictif) d'Edmond Charlot nous fait aussi revivre la période de la guerre, les attentats de l'OAS contre sa librairie.
Le roman par quelques touches significatives nous montre aussi l'Algérie d'aujourd'hui.
Au total un très beau texte et je ne résiste pas a reproduire,ici, la dernière page émouvante.; et sous ce lien vous pouvez entendre la romancière parler de son livre qui est un agréable mélange de fiction et d'histoire et vous lirez aussi une excellente critique de ce roman.
ALGER , 2017
"Vous irez aux Vraies richesses, n'est-ce pas? Vous prendrez les ruelles en pentes, les descendrez ou les monterez. Vous vous abriterez du soleil qui tape fort. Vous éviterez la rue Didouche Mourad, si pleine de monde, traversée par de nombreuses ruelles comme par une centaine d'histoires, a quelques pas d'un pont que se partagent suicidés et amoureux.
Vous vous arrêterez a la terrasse d'un café et vous n’hésiterez pas a vous y installer pour discuter avec les uns et les autres.On vous écoutera avec attention. Ici, nous ne faisons pas de différence entre ceux que nous connaissons et ceux que nous venons de rencontrer. et on vous accompagnera dans vos ballades. Vous ne serez plus seul. Vous grimperez les rues, pousserez les lourdes portes en bois, imaginerez ces hommes et ces femmes qui ont tenté de construire ou de détruire cette terre. Vous vous sentirez accablé. Et le bleu au dessus de vos têtes vous donnera le tournis. Vous vous dépêcherez , le coeur battant, vous irez rue Charras qui ne s’appelle plus comme ça et vous chercherez le 2 bis. Vous ne ferez pas attention à la Renault grise garée sur le côté. Ceux qui sont à l'intérieur n'ont aucun pouvoir. Vous vous retrouverez devant l'ancienne librairie des Vraies richesses dont j'ai imaginé la fermeture mais qui est toujours là. Vous essaierez de pousser la porte vitrée. Elle sera fermée. Le voisin qui gère un restaurant,juste a côté, vous dira :" Il est parti déjeuner,il a bien le droit de manger lui aussi! Mais ne partez pas, patientez,il va revenir. Tenez je vous offre une limonade."
Vous attendrez le gardien des lieux, assis sur la marche, a côté de la plante. Il se dépêchera lorsqu'il vous apercevra. Vous pénétrerez dans ce petit local qui fut le point de départ de tant d'histoires. Vous lèverez la tête pour voir le grand portrait de Charlot qui sourit, derrière ses lunettes noires. Oh, pas d'un grand sourire, c'est plutôt l'air de dire: "Bienvenue, entrez, prenez ce qui vous plaît." Vous penserez aux mots de Jules Roy dans ses Mémoires barbares: " De cette aventure, dont nous ne savions pas que nous la vivions, il reste pour moi une sorte de mirage. Charlot fut un peu notre créateur à tous, tout au moins notre médecin accoucheur. Il nous a inventés( peut être même Camus),engendrés, façonnés, cajolés, réprimandés parfois, encouragés toujours, complimentés au delà de ce que nous valions, frottés les uns aux autres, lissés, polis, soutenus, redressés, nourris souvent, élevés, inspirés....
Pour aucun d'entre nous, jamais un mot qui aurait pu laisser entendre que notre génie n'était pas seulement l'avenir de l'Algérie et de la France mais celui de la littérature mondiale. Nous étions les poètes les plus grands, les espoirs les plus fantastiques, nous marchions vers un avenir de légende, nous allions conférer la gloire a notre terre natale.... Nous fûmes son rêve. C'est là que le sort le trompa ,injustement, comme se lève une tempête sur une mer calme. A la bourrasque il tint tête tant qu'il put. Je ne l’entendis jamais protester contre l'injustice ni maudire l'infortune qui l'accablait. Par moments,il m'arrive de me demander si nous avons été assez dignes de lui."
Un jour, vous viendrez au 2 bis Rue Hamani, n'est-ce pas?"
Je regrette de ne pas avoir lu ce livre, non publié à l'époque, avant de revoir Alger. Oui,la prochaine fois j'irai voir le 2 bis de la Rue Hamani. Pour une critique du livre par le fils de Louis Benisti ,peintre et ami de Camus.
mercredi 30 août 2017
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur
J'ai aimé beaucoup de livres que j'ai lu récemment mais ce roman, mondialement connu et que je ne connaissais pas, d' Harper Lee m'a enthousiasmé. Certains se sont demandé s'il s'agissait d'un livre pour enfant ou pour adulte. Cela parce que le récit est conduit par les eux jeunes enfants d'Aticus Finch ,un avocat dans une petite ville (imaginée) du Sud des Etats Unis: Jeremy dit Jem (12 ans ) et Scout sa petite soeur de 6 ans quand commence ce roman.
Je dirai, pour ma part qu'il peut être lu et apprécié à la fois par les adultes et par les enfants et c'est un des livres les plus utilisé dans l'enseignement aux Etats Unis et ailleurs dans le monde.
Il ya d'abord une formidable évocation du monde de l'enfance réalisée avec humour, drôlerie et qui replonge le lecteur dans sa propre enfance et dans ses propres réactions à cette époque de sa vie.
Ces deux enfants ont la chance extraordinaire d'avoir un père remarquable d'intelligence, de sensibilité et de générosité et qui est donc pour eux (et c'est la meilleure forme d'éducation) un exemple qu'ils aspirent a suivre.
A côté de cette évocation de l'enfance il y a, dans ce roman, l'évocation du sud et de cette société raciste dans la quelle un blanc même mauvais vaut mieux que n'importe quel noir.
Atticus le père des deux enfants , avocat, est désigné d'office pour défendre un noir accusé d'avoir violé une jeune fille et il va assurer cette défense avec courage et détermination. Il va être de ce fait critiqué et montré du doigt par cette société ce que les enfants ne comprendront pas.
Il fera tout et fort bien pour obtenir la relaxe de ce noir visiblement innocent malheureusement sans succès.
Je ne raconte pas la fin mais ce roman est un très beau portrait d'un homme juste et il y a une belle scène émouvante. A la afin du procès et alors que son client a été condamné injustement la communauté noire salue tout de même l'attitude d'Aticus. Quand Aticus quitte la salle d'audience : " Je regardai autour de moi.Ils étaient debout. Tout autour de nous et dans la tribune d'en face, les Noirs se levaient. La voix du Révérend Sykes me parut aussi lointaine que celle du Juge Taylor:
-Miss Jean Louise,levez-vous, Votre père passe."
Ce roman fut le seul d'Harper Lee pendant plus de 50 ans et ce n'est que quelques mois avant sa mort qu'elle publia un second livre qui eut moins de succès et qui ouvrit une polémique.
Il ya dans le roman ,comme souvent, une part d'autobiographie et la petite ville créée par la romancière ressemble beaucoup a celle ou elle vécut son enfance. Dill un des enfants n'est autre, semble t il que le futur romancier Truman Capote qui toute sa vie fut ami avec Harper Lee.
Voir la pièce de théâtre qui en a été tiré
Je dirai, pour ma part qu'il peut être lu et apprécié à la fois par les adultes et par les enfants et c'est un des livres les plus utilisé dans l'enseignement aux Etats Unis et ailleurs dans le monde.
Il ya d'abord une formidable évocation du monde de l'enfance réalisée avec humour, drôlerie et qui replonge le lecteur dans sa propre enfance et dans ses propres réactions à cette époque de sa vie.
Ces deux enfants ont la chance extraordinaire d'avoir un père remarquable d'intelligence, de sensibilité et de générosité et qui est donc pour eux (et c'est la meilleure forme d'éducation) un exemple qu'ils aspirent a suivre.
A côté de cette évocation de l'enfance il y a, dans ce roman, l'évocation du sud et de cette société raciste dans la quelle un blanc même mauvais vaut mieux que n'importe quel noir.
Atticus le père des deux enfants , avocat, est désigné d'office pour défendre un noir accusé d'avoir violé une jeune fille et il va assurer cette défense avec courage et détermination. Il va être de ce fait critiqué et montré du doigt par cette société ce que les enfants ne comprendront pas.
Il fera tout et fort bien pour obtenir la relaxe de ce noir visiblement innocent malheureusement sans succès.
Je ne raconte pas la fin mais ce roman est un très beau portrait d'un homme juste et il y a une belle scène émouvante. A la afin du procès et alors que son client a été condamné injustement la communauté noire salue tout de même l'attitude d'Aticus. Quand Aticus quitte la salle d'audience : " Je regardai autour de moi.Ils étaient debout. Tout autour de nous et dans la tribune d'en face, les Noirs se levaient. La voix du Révérend Sykes me parut aussi lointaine que celle du Juge Taylor:
-Miss Jean Louise,levez-vous, Votre père passe."
Ce roman fut le seul d'Harper Lee pendant plus de 50 ans et ce n'est que quelques mois avant sa mort qu'elle publia un second livre qui eut moins de succès et qui ouvrit une polémique.
Il ya dans le roman ,comme souvent, une part d'autobiographie et la petite ville créée par la romancière ressemble beaucoup a celle ou elle vécut son enfance. Dill un des enfants n'est autre, semble t il que le futur romancier Truman Capote qui toute sa vie fut ami avec Harper Lee.
Voir la pièce de théâtre qui en a été tiré
jeudi 24 août 2017
L'intérêt de l'enfant de Ian McEwan
En parcourant ma librairie habituelle je suis tombé sur ce roman publié par Gallimard en 2015 et dont la dernière de couverture m'a intéressé.(Comme quoi les dernières de couverture doivent être rédigées par l'auteur ou par l'éditeur avec grand soin pour donner envie).
Il s'agit d'un roman consacré à la vie mais aussi au métier d'une Juge, chargé des affaires familiales et, à ce titre il ne pouvait que me rappeler ma vie professionnelle et aurait pu être évoqué dans mon petit livre : "Justice et littérature".
On suit la vie de My Lady comme elle est appelé dans son Tribunal au moment ou survient une crise dans son couple mais surtout au moment ou elle va être confronté à une affaire très difficile. Un jeune adolescent de 17 ans atteint de leucémie doit pour être soigné et éviter une mort certaine recevoir du sang.Or ce jeune et ses parents sont des "Témoins de Jéhovah" dont une des croyances est qu'il faut refuser toute transfusion sanguine.
On assiste au débat qui ont lieu dans l'urgence et My Lady se rend au chevet de ce jeune homme. Elle discute avec lui et veut se rendre compte de son aptitude a prendre lui-même une décision.
C'est un débat captivant et une réflexion sur la réelle autonomie des enfants et sur le rôle et l'influence des parents dans les croyances, débat toujours d'une grande actualité.
Je ne peux pas aller plus loin pour laisser aux lecteurs le plaisir de connaître les suites de cette affaire qui prend dans la vie du juge une place inhabituelle, mais j'en recommande la lecture pour réfléchir à la manière dont on doit éduquer les enfants pour préserver leur réelle liberté.
Il s'agit d'un roman consacré à la vie mais aussi au métier d'une Juge, chargé des affaires familiales et, à ce titre il ne pouvait que me rappeler ma vie professionnelle et aurait pu être évoqué dans mon petit livre : "Justice et littérature".
On suit la vie de My Lady comme elle est appelé dans son Tribunal au moment ou survient une crise dans son couple mais surtout au moment ou elle va être confronté à une affaire très difficile. Un jeune adolescent de 17 ans atteint de leucémie doit pour être soigné et éviter une mort certaine recevoir du sang.Or ce jeune et ses parents sont des "Témoins de Jéhovah" dont une des croyances est qu'il faut refuser toute transfusion sanguine.
On assiste au débat qui ont lieu dans l'urgence et My Lady se rend au chevet de ce jeune homme. Elle discute avec lui et veut se rendre compte de son aptitude a prendre lui-même une décision.
C'est un débat captivant et une réflexion sur la réelle autonomie des enfants et sur le rôle et l'influence des parents dans les croyances, débat toujours d'une grande actualité.
Je ne peux pas aller plus loin pour laisser aux lecteurs le plaisir de connaître les suites de cette affaire qui prend dans la vie du juge une place inhabituelle, mais j'en recommande la lecture pour réfléchir à la manière dont on doit éduquer les enfants pour préserver leur réelle liberté.
mardi 22 août 2017
KamelDaoud: Zabor ou les psaumes
Après avoir lu avec beaucoup d'intérêt "Meursault contre enquête sorte de suite au roman célèbre de Camus L'étranger et son livre de chroniques Mes indépendances je viens de terminer son dernier livre,un roman Zabor ou les psaumes paru il y a quelques jours chez Actes Sud comme les précédents.
Ce roman est dans une veine nouvelle et se présente comme une sorte de conte (mais on aimerait en connaître le côté autobiographique!) dans lequel un jeune, dans un village reculé d'Algérie mène une vie à part car il a un don, du moins le croit- il et le croit- on autour de lui, celui de faire reculer la mort en écrivant sur ceux autour desquels rode la faucheuse.
Ce jeune éloigné par son père remarié dés son plus jeune âge vit chez une tante célibataire et son vieux grand père dans un village aux portes du sud. Cette tante qui ne s'est jamais mariée passe une partie de son temps devant des films de la télévision en noir et blanc et le jeune narrateur lui traduit les sous-titre en français comme le jeune Albert Camus traduisait a sa grand mère les sous titre des films muets de l'époque.... Ce village colonial avec un bas et un haut, avec ses maisons pas finies, avec son cimetière européen abandonné où se retrouvent quelques jeunes désœuvrés ou voulant boire en cachette, avec ses clôtures faites de figuiers de barbarie vit dans une sorte de léthargie et seule l'imagination permet au jeune narrateur de s'en accommoder.
A cause de son don il se rend, à la demande de la famille, auprés de son père mourant, celui-là même qui l'a exilé dans la maison du bas avec sa tante pour qu'il tente d'éloigner la mort en écrivant.
Voilà le cadre mais l'essentiel est une réflexion sur la langue ou plutôt sur les langues et sur l'écriture. D'abord les deux langues de son enfance, l'arable littéraire de l'école et l'arable courant de la maison.En ce qui concerne l'arable littéraire il écrit "Jamais je ne parvins a en faire un rite; ce n'est ni sa faute ni la mienne mais celle de ceux qui la présentèrent comme un bâton et pas comme un voyage,comme un langage de Dieu à peine permis aux hommes, et cela me rebuta dés mon enfance. La vérité est qu'elle était mal enseignée, par des gens frustes aux regards durs. Rien qui puisse ouvrir la voie au désir."
Par ailleurs le concours avec l'arabe dialectal va ,aussi, l'écarter de ces langues. "D'un coup,parce que passibles d'être désignés par deux langues (dont l'une est celle de Hadjer,qui continue de dérouler sa parole derrière la porte), les arbres de la maison,les murs, la vigne, les cuillères et même le feu prirent un visage étranger. C'est de là que datent ma maladie et mes premiers tourments"
Il va ensuite lire de vieux livres laissés par les français et il fait dans ce roman un très bel éloge de la lecture qui, dans le fond l'a constitué.
"Pourquoi écrit-on et lit - on des livres? Pour s'amuser répond la foule, sans discernement.Erreur;la nécessité est plus ancienne,plus vitale.Parce qu'il y a la mort,il y a une fin, et donc un début qu'il nous appartient de restaurer en nous,une explication première et dernière"
Et ce qui va l'amener à écrire ce sont quelques livre et,en premier lieu Robinson Crusoé et son perroquet, un vieux livre "La chair de l’orchidée" qui va l'éveiller a la sensualité, les Mille et une nuits à l'imagination mais aussi, peut être, un traumatisme né du mouton sacrifié sous ses yeux un Aïd Kebir, traumatisme qu'il décrit si fortement!
Ce don de l'écriture est aussi une prison pour lui :"Je savais que j'étais prisonnier de mon don et d' Aboukir ( L'Algérie!),que je ne pouvais pas quitter ni rester immobile et inactif. Voyageur par l'imaginaire je devais y demeurer pour maintenir en vie les miens, les façades des murs, les vielles maisons, les arbres et les enfants malades et les poteaux et même les cigognes et les objets incongrus." (N'est-ce pas là le destin de Kamel Daoud lui-même menacé mais demeurant dans son pays?)
Ce roman est foisonnant et il mérite d'être lu et relu et comme tous les grands textes on n'en épuise pas tout le sens. La critique (en voilà une première) et une seconde que j'attends va y trouver beaucoup de ce qu'est aujourd'hui Kamel Daoud cet intellectuel intellectuel courageux et engagé qui a réussi a s'extraire d'un milieu qui ne devait pas le conduire là où il est aujourd'hui et c'est cette métamorphose qu'il nous présente dans ce conte qui est aussi, selon moi, une sorte d'autobiographie, un roman de la formation, un peu les Mots de Jean Paul Sartre ou Si le grain ne meurt de Gide mais en moins direct.
Et, par un de ces hasards extraordinaire ,j'ai vu, ce soir un film magnifique tiré d'un roman de l’australien Markus Suzak :"La voleuse de livres" qui, en évoquant ,lui aussi ,la force des mots, du langage et des livres entre en résonance avec le roman de Kamel Daoud. Il y a des scènes (celle ou l’héroïne lit à côté du jeune juif très malade) qui ressemblent beaucoup a des scènes du roman de Daoud.
Voici enfin un entretien de Kamel Daoud a propos de son livre sur France culture
Ce roman est dans une veine nouvelle et se présente comme une sorte de conte (mais on aimerait en connaître le côté autobiographique!) dans lequel un jeune, dans un village reculé d'Algérie mène une vie à part car il a un don, du moins le croit- il et le croit- on autour de lui, celui de faire reculer la mort en écrivant sur ceux autour desquels rode la faucheuse.
Ce jeune éloigné par son père remarié dés son plus jeune âge vit chez une tante célibataire et son vieux grand père dans un village aux portes du sud. Cette tante qui ne s'est jamais mariée passe une partie de son temps devant des films de la télévision en noir et blanc et le jeune narrateur lui traduit les sous-titre en français comme le jeune Albert Camus traduisait a sa grand mère les sous titre des films muets de l'époque.... Ce village colonial avec un bas et un haut, avec ses maisons pas finies, avec son cimetière européen abandonné où se retrouvent quelques jeunes désœuvrés ou voulant boire en cachette, avec ses clôtures faites de figuiers de barbarie vit dans une sorte de léthargie et seule l'imagination permet au jeune narrateur de s'en accommoder.
A cause de son don il se rend, à la demande de la famille, auprés de son père mourant, celui-là même qui l'a exilé dans la maison du bas avec sa tante pour qu'il tente d'éloigner la mort en écrivant.
Voilà le cadre mais l'essentiel est une réflexion sur la langue ou plutôt sur les langues et sur l'écriture. D'abord les deux langues de son enfance, l'arable littéraire de l'école et l'arable courant de la maison.En ce qui concerne l'arable littéraire il écrit "Jamais je ne parvins a en faire un rite; ce n'est ni sa faute ni la mienne mais celle de ceux qui la présentèrent comme un bâton et pas comme un voyage,comme un langage de Dieu à peine permis aux hommes, et cela me rebuta dés mon enfance. La vérité est qu'elle était mal enseignée, par des gens frustes aux regards durs. Rien qui puisse ouvrir la voie au désir."
Par ailleurs le concours avec l'arabe dialectal va ,aussi, l'écarter de ces langues. "D'un coup,parce que passibles d'être désignés par deux langues (dont l'une est celle de Hadjer,qui continue de dérouler sa parole derrière la porte), les arbres de la maison,les murs, la vigne, les cuillères et même le feu prirent un visage étranger. C'est de là que datent ma maladie et mes premiers tourments"
Il va ensuite lire de vieux livres laissés par les français et il fait dans ce roman un très bel éloge de la lecture qui, dans le fond l'a constitué.
"Pourquoi écrit-on et lit - on des livres? Pour s'amuser répond la foule, sans discernement.Erreur;la nécessité est plus ancienne,plus vitale.Parce qu'il y a la mort,il y a une fin, et donc un début qu'il nous appartient de restaurer en nous,une explication première et dernière"
Et ce qui va l'amener à écrire ce sont quelques livre et,en premier lieu Robinson Crusoé et son perroquet, un vieux livre "La chair de l’orchidée" qui va l'éveiller a la sensualité, les Mille et une nuits à l'imagination mais aussi, peut être, un traumatisme né du mouton sacrifié sous ses yeux un Aïd Kebir, traumatisme qu'il décrit si fortement!
Ce don de l'écriture est aussi une prison pour lui :"Je savais que j'étais prisonnier de mon don et d' Aboukir ( L'Algérie!),que je ne pouvais pas quitter ni rester immobile et inactif. Voyageur par l'imaginaire je devais y demeurer pour maintenir en vie les miens, les façades des murs, les vielles maisons, les arbres et les enfants malades et les poteaux et même les cigognes et les objets incongrus." (N'est-ce pas là le destin de Kamel Daoud lui-même menacé mais demeurant dans son pays?)
Ce roman est foisonnant et il mérite d'être lu et relu et comme tous les grands textes on n'en épuise pas tout le sens. La critique (en voilà une première) et une seconde que j'attends va y trouver beaucoup de ce qu'est aujourd'hui Kamel Daoud cet intellectuel intellectuel courageux et engagé qui a réussi a s'extraire d'un milieu qui ne devait pas le conduire là où il est aujourd'hui et c'est cette métamorphose qu'il nous présente dans ce conte qui est aussi, selon moi, une sorte d'autobiographie, un roman de la formation, un peu les Mots de Jean Paul Sartre ou Si le grain ne meurt de Gide mais en moins direct.
Et, par un de ces hasards extraordinaire ,j'ai vu, ce soir un film magnifique tiré d'un roman de l’australien Markus Suzak :"La voleuse de livres" qui, en évoquant ,lui aussi ,la force des mots, du langage et des livres entre en résonance avec le roman de Kamel Daoud. Il y a des scènes (celle ou l’héroïne lit à côté du jeune juif très malade) qui ressemblent beaucoup a des scènes du roman de Daoud.
Voici enfin un entretien de Kamel Daoud a propos de son livre sur France culture
mercredi 16 août 2017
Balzac: Les illusions perdues
Je met a profit ce temps d'été pour relire quelques grands noms de la littérature.J'ai donc repris Balzac, ce géant, dont j'ai apprécié : La cousine Bette, Le cousin Pons, Le colonel Chabert, Eugénie Grandet,Le curé de Tours et tant d'autres. Je n'avais ,par contre, jamais lu Les illusions perdues ce que je viens de faire.
Ce roman qui est le chemin vers l'enfer du jeune Lucien de Rubempré est,pour l'essentiel, une analyse du milieu journalistique et celui des critiques littéraires et de théâtres et ce que nous en dit Balzac n'est pas très reluisant. On ne peut s'empêcher en lisant de se demander si de telles pratiques existent toujours aujourd'hui. Probablement.
J'ai aimé la première et la dernière partie du roman moins la deuxième qui m'a parue un peu longue et qui est le récit des premiers pas, hésitants de Lucien vers le journalisme, abandonnant ce qu'il rêvait de faire: écrire une oeuvre.
Par contre la première partie avec sa description d’Angoulême ,ville de province, sa petite noblesse qui croit tenir le haut du pavé,les relations de Lucien avec sa soeur et son ami Sechard qui deviendra son beau frère, son entrée dans le monde de cette petite noblesse, sa relation avec Madame de Bargeton, tout cela est bien décrit et agréable à lire.
La dernière partie qui décrit la réussite puis la chute de Lucien, victime d'un monde sans moral est également captivante.
Ce roman qui est le chemin vers l'enfer du jeune Lucien de Rubempré est,pour l'essentiel, une analyse du milieu journalistique et celui des critiques littéraires et de théâtres et ce que nous en dit Balzac n'est pas très reluisant. On ne peut s'empêcher en lisant de se demander si de telles pratiques existent toujours aujourd'hui. Probablement.
J'ai aimé la première et la dernière partie du roman moins la deuxième qui m'a parue un peu longue et qui est le récit des premiers pas, hésitants de Lucien vers le journalisme, abandonnant ce qu'il rêvait de faire: écrire une oeuvre.
Par contre la première partie avec sa description d’Angoulême ,ville de province, sa petite noblesse qui croit tenir le haut du pavé,les relations de Lucien avec sa soeur et son ami Sechard qui deviendra son beau frère, son entrée dans le monde de cette petite noblesse, sa relation avec Madame de Bargeton, tout cela est bien décrit et agréable à lire.
La dernière partie qui décrit la réussite puis la chute de Lucien, victime d'un monde sans moral est également captivante.
lundi 24 juillet 2017
Saint Germain ou la négociation.
Je viens de relire le roman de Francis Walder "Saint Germain ou la négociation qui obtint le prix Goncourt (qui s'en souvient?) en 1958. Ce roman nous raconte un épisode bien oublié de la guerre entre les protestants et les catholiques, celui de la négociation du Traité de Saint Germain. Le roman se présente comme une partie des mémoires de l'un des négociateurs pour le Roi, Monsieur de Malassise qui nous raconte par le menu les péripéties de cette négociation qui a pour objectif de parvenir a la paix entre protestants et catholiques. Donc du côté du Roi de France les négociateurs sont Monsieur de Biron et Monsieur de Malassise et du côté du représentant des protestants l’Amiral de Coligny.
Le roman est intéressant en ce qu'il nous dévoile les stratégies, les ruses , les détours que les deux parties utilisent pour parvenir à ce qu'ils estiment la meilleure solution. Dans le fond ce livre est une sorte de leçon de diplomatie et on voit apparaître au fur et à mesure les caractères des protagonistes,leurs affinités ou leurs oppositions.
La question qui se pose est celle ,pour le Roi, de savoir s'il doit accorder la liberté de culte aux protestants et dans quelle mesure. La question va passer par celle de savoir combien de villes on peut accorder aux protestants cinq , quatre ou moins et lesquelles :La Rochelle, Montauban, Angoulême, Sancerre?
Ce traité sera finalement signé mais son effet sera peu durable et moins de deux ans parés ce sera la Saint Barthélemy! Cependant cette négociation et ce traité serviront d'exemple aux traités suivants et notamment à celui de l'Edit de Nantes.
Voilà donc une partie d'histoire ,vue de l'intérieure et écrite dans un style superbe qui nous rafraîchit la mémoire et nous éclaire sur la psychologie des négociateurs.
Le roman est intéressant en ce qu'il nous dévoile les stratégies, les ruses , les détours que les deux parties utilisent pour parvenir à ce qu'ils estiment la meilleure solution. Dans le fond ce livre est une sorte de leçon de diplomatie et on voit apparaître au fur et à mesure les caractères des protagonistes,leurs affinités ou leurs oppositions.
La question qui se pose est celle ,pour le Roi, de savoir s'il doit accorder la liberté de culte aux protestants et dans quelle mesure. La question va passer par celle de savoir combien de villes on peut accorder aux protestants cinq , quatre ou moins et lesquelles :La Rochelle, Montauban, Angoulême, Sancerre?
Ce traité sera finalement signé mais son effet sera peu durable et moins de deux ans parés ce sera la Saint Barthélemy! Cependant cette négociation et ce traité serviront d'exemple aux traités suivants et notamment à celui de l'Edit de Nantes.
Voilà donc une partie d'histoire ,vue de l'intérieure et écrite dans un style superbe qui nous rafraîchit la mémoire et nous éclaire sur la psychologie des négociateurs.
samedi 8 juillet 2017
François-Henri Soulié
Ma nièce vient de m'offrir deux romans de François-Henri Souliè, deux romans policiers parus dans la collection Le Masque.Je ne suis pas un grand lecteur de romans policiers même si j'ai aimé quelques Simenon ou certains livre d'Agatha Christie.
J'ai découvert avec plaisir cet auteur que je connaissais pas et j'ai aimé sa façon d'écrire, son humour quelques fois un peu potache mais souvent amusant.
Cet auteur a crée son héros: l'apprenti journaliste Skander Corsaro et il a très bien réussi à la faire vivre tant et si bien que l'on finit par penser que ce héros est réel et que l'on aimerait le connaître avec son humour, son poisson non pas rouge mais doré, sa mère , son ami Tonio et sa moto Morini.
J'ai commencé par "Il n y a pas de passé simple" et je viens de finir "Un futur plus que parfait".
En dehors de ces deux romans cet auteur a aussi écrit , entre autre , une pièce de théâtre qui paraît intéressante: Une nuit à Grenade où il met en scène le musicien Manuel de Falla, lequel essaye de parlementer avec les sbires de Franco pour éviter que l'on tue le poète Garcia Llorca. Le thème m'a paru si intéressant que je l'ai fait connaître a un ami ,organisateur d'un petit festival de théâtre a Angaïs prés de Pau. On verra ce qu'il en advient!
Dans le premier roman toute une intrigue bien menée sur un trésor qui aurait été caché dans une ancienne abbaye.... il y a évidement des morts et des rebondissements que l'on suit avec intérêt.
Dans le second il s'agit pourrait on dire de l'histoire bien mouvementée d'un petit village avec des personnages pittoresques et d'autres plus inquiétants puisque appartenant à une secte dirigée par un escroc qui sous couvert de foi na qu'un objectif soutirer leur argent aux pauvres crédules.
Mais je me contente ,ici, de généralités car le propre du roman policier est évidement le suspens.
J'ai découvert avec plaisir cet auteur que je connaissais pas et j'ai aimé sa façon d'écrire, son humour quelques fois un peu potache mais souvent amusant.
Cet auteur a crée son héros: l'apprenti journaliste Skander Corsaro et il a très bien réussi à la faire vivre tant et si bien que l'on finit par penser que ce héros est réel et que l'on aimerait le connaître avec son humour, son poisson non pas rouge mais doré, sa mère , son ami Tonio et sa moto Morini.
J'ai commencé par "Il n y a pas de passé simple" et je viens de finir "Un futur plus que parfait".
En dehors de ces deux romans cet auteur a aussi écrit , entre autre , une pièce de théâtre qui paraît intéressante: Une nuit à Grenade où il met en scène le musicien Manuel de Falla, lequel essaye de parlementer avec les sbires de Franco pour éviter que l'on tue le poète Garcia Llorca. Le thème m'a paru si intéressant que je l'ai fait connaître a un ami ,organisateur d'un petit festival de théâtre a Angaïs prés de Pau. On verra ce qu'il en advient!
Dans le premier roman toute une intrigue bien menée sur un trésor qui aurait été caché dans une ancienne abbaye.... il y a évidement des morts et des rebondissements que l'on suit avec intérêt.
Dans le second il s'agit pourrait on dire de l'histoire bien mouvementée d'un petit village avec des personnages pittoresques et d'autres plus inquiétants puisque appartenant à une secte dirigée par un escroc qui sous couvert de foi na qu'un objectif soutirer leur argent aux pauvres crédules.
Mais je me contente ,ici, de généralités car le propre du roman policier est évidement le suspens.
jeudi 6 juillet 2017
Le bonheur chez Camus
Un ami Facebook, universitaire a Guelma m'annonce que cette université prévoit un colloque sur Camus et le bonheur. Cela me parait un thème très intéressant et il m' a inspiré, plume levée, le petit texte suivant:
Il est d'abord indiscutable qu'Albert Camus est né doué pour le bonheur et ce n'était pas évident. On connaît la misère de son milieu, la pauvreté, les humiliations qui sont racontées dans le Premier homme, la maladie qui le frappe tout jeune et qui le poursuivra toute sa vie et pourtant il fut un enfant puis un adolescent et un jeune homme et un homme heureux.
Mais ce bonheur qui lui était , dans le fond,donné ne la pas empêché de connaître et d'être toute sa vie tourmenté (je crois que le mot n'est pas trop fort) par la finitude de l'homme et par le silence du ciel.
Autrement dit Camus était tout le contraire d'un "imbécile heureux" et il aurait pu faire sienne la phrase de Marguerite Yourcenar "Qu'il eut été fade d'être heureux!"
La question fondamentale est donc de savoir comment malgré sa conscience claire de l’absurdité du monde qui aurait dû le conduire au pessimisme et à la tristesse il a dominé cette conscience et a pu, non seulement être heureux mais donner des raisons de l'être.
Je serai assez d'avis que le bonheur de vivre tel qu'il l'a eu dans son Algérie natale était plus fort que toutes les philosophies et que dés lors il ne pouvait pas, honnête qu'il était sur le plan intellectuel se contenter de décrire l'absurdité du monde et qu'il lui fallait en rendant justice à sa terre natale et au bonheur qu'elle lui donnait, trouver dans ce monde même, dans l'homme et dans la beauté des choses des raisons de ne pas se livrer au désespoir.
Sur le plan personnel ce goût et cette aptitude au bonheur n'ont pas été sans obstacle que ce soit dans sa vie familiale que dans l'attitude de ses adversaires politiques et dans le drame de l'Algérie mais au milieu de ces drames "incessants" il a conservé l'idée que l'homme pouvait être heureux.
S’intéresser au bonheur chez Camus c'est aussi montrer son détachement de l'argent et de la propriété. Dans le fond le bonheur est lié à la simplicité, à la beauté des paysages et du climat et, pour lui, d'un certain pays et d'un certain climat. Il suffit de lire ce qu'il dit de ses voyages et de la façon dont il se retrouve lorsqu'il arrive vers la méditerranée !
Le bonheur chez lui c'est aussi l'amitié et le travail ou le jeu en équipe. Voir ce qu'il dit du foot, voir la façon dont il aimait travailler dans un journal avec les typographes et dans un théâtre ou le travail est toujours un travail d'équipe.La solidarité avec les hommes c'est ce qui ,pour lui, donne du sens à la vie.
Il y a dans un petit livre de Jean-François Mattéi "Citations de Camus expliquées" quelques citations consacrées au bonheur et en citer quelques unes donne une idée de ce que le bonheur était pour Camus.
"Les seuls paradis sont ceux qu'on a perdus." qui nous montre que chez Camus le bonheur est toujours le souvenir d'une perte. C'est la chute qui fait le paradis et la perte. Dans Caligula il fait dire : "Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux." et encore :"Ce monde tel qu'il est fait n'est pas supportable.J'ai donc besoin de la lune,ou du bonheur,ou de l'immortalité, de quelque chose qui soit dément peut être,mais qui ne soit pas de ce monde."
Dans le "Mythe de Sisyphe : La lutte elle-même suffit a remplir un coeur d'homme.Il faut imaginer Sisyphe heureux."
"Sentir ses liens avec une terre, son amour pour quelques hommes, savoir qu'il est toujours un lieu où le coeur trouvera son accord, voilà déjà beaucoup de certitudes pour une seule vie d'homme."
Il y a ,aussi, une belle entrée dans Le dictionnaire Albert Camus sous la direction de Jean Yves Guerin.
Et, pour compléter ces quelques réflexions voici l'introduction et le plan auquel j'ai songé.
Il est d'abord indiscutable qu'Albert Camus est né doué pour le bonheur et ce n'était pas évident. On connaît la misère de son milieu, la pauvreté, les humiliations qui sont racontées dans le Premier homme, la maladie qui le frappe tout jeune et qui le poursuivra toute sa vie et pourtant il fut un enfant puis un adolescent et un jeune homme et un homme heureux.
Mais ce bonheur qui lui était , dans le fond,donné ne la pas empêché de connaître et d'être toute sa vie tourmenté (je crois que le mot n'est pas trop fort) par la finitude de l'homme et par le silence du ciel.
Autrement dit Camus était tout le contraire d'un "imbécile heureux" et il aurait pu faire sienne la phrase de Marguerite Yourcenar "Qu'il eut été fade d'être heureux!"
La question fondamentale est donc de savoir comment malgré sa conscience claire de l’absurdité du monde qui aurait dû le conduire au pessimisme et à la tristesse il a dominé cette conscience et a pu, non seulement être heureux mais donner des raisons de l'être.
Je serai assez d'avis que le bonheur de vivre tel qu'il l'a eu dans son Algérie natale était plus fort que toutes les philosophies et que dés lors il ne pouvait pas, honnête qu'il était sur le plan intellectuel se contenter de décrire l'absurdité du monde et qu'il lui fallait en rendant justice à sa terre natale et au bonheur qu'elle lui donnait, trouver dans ce monde même, dans l'homme et dans la beauté des choses des raisons de ne pas se livrer au désespoir.
Sur le plan personnel ce goût et cette aptitude au bonheur n'ont pas été sans obstacle que ce soit dans sa vie familiale que dans l'attitude de ses adversaires politiques et dans le drame de l'Algérie mais au milieu de ces drames "incessants" il a conservé l'idée que l'homme pouvait être heureux.
S’intéresser au bonheur chez Camus c'est aussi montrer son détachement de l'argent et de la propriété. Dans le fond le bonheur est lié à la simplicité, à la beauté des paysages et du climat et, pour lui, d'un certain pays et d'un certain climat. Il suffit de lire ce qu'il dit de ses voyages et de la façon dont il se retrouve lorsqu'il arrive vers la méditerranée !
Le bonheur chez lui c'est aussi l'amitié et le travail ou le jeu en équipe. Voir ce qu'il dit du foot, voir la façon dont il aimait travailler dans un journal avec les typographes et dans un théâtre ou le travail est toujours un travail d'équipe.La solidarité avec les hommes c'est ce qui ,pour lui, donne du sens à la vie.
Il y a dans un petit livre de Jean-François Mattéi "Citations de Camus expliquées" quelques citations consacrées au bonheur et en citer quelques unes donne une idée de ce que le bonheur était pour Camus.
"Les seuls paradis sont ceux qu'on a perdus." qui nous montre que chez Camus le bonheur est toujours le souvenir d'une perte. C'est la chute qui fait le paradis et la perte. Dans Caligula il fait dire : "Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux." et encore :"Ce monde tel qu'il est fait n'est pas supportable.J'ai donc besoin de la lune,ou du bonheur,ou de l'immortalité, de quelque chose qui soit dément peut être,mais qui ne soit pas de ce monde."
Dans le "Mythe de Sisyphe : La lutte elle-même suffit a remplir un coeur d'homme.Il faut imaginer Sisyphe heureux."
"Sentir ses liens avec une terre, son amour pour quelques hommes, savoir qu'il est toujours un lieu où le coeur trouvera son accord, voilà déjà beaucoup de certitudes pour une seule vie d'homme."
Il y a ,aussi, une belle entrée dans Le dictionnaire Albert Camus sous la direction de Jean Yves Guerin.
Et, pour compléter ces quelques réflexions voici l'introduction et le plan auquel j'ai songé.
Il serait possible de résumer la vie d’Albert Camus en insistant sur le fait que le malheur a rodé, depuis sa naissance jusqu’à sa mort,autour de lui.
Le voilà arrivant dans notre monde en 1913 et dés 1914, cette date qui évoque tant de drames pour les français, son père va être appelé a combattre en France , dans ce pays qu’il ne connaît pas et où, très peu de temps après son arrivée, il sera blessé et mourra de ses blessures loin des siens et de son pays. Il sera enterré dans le cimetière de Saint Brieu.
Voilà le jeune Albert et son frère orphelin d’un père qu’il n’auront pas connu et dont personne, a vrai dire, ne leur parlera plus et élevés avec amour , certes, mais par deux femmes illettrées et très pauvres dans ce petit appartement de Belcourt ou seul l’oncle rapporte un petit salaire, la mère de Camus et sa grand mère faisant quelques ménages pour survivre.
La mort du père, la pauvreté sont là qui jettent une ombre sur le destin de cet enfant. Et comme si cela ne suffisait pas la maladie va le frapper dans sa jeunesse. La tuberculose qui, en ce temps là est une maladie qui reste mortelle lui fait ressentir dans sa chair la souffrance de la maladie, l’injustice du destin, la finitude de nos vies et qui l’écartera (certains pourront dire par la suite que ce fut ne chance) de la fonction publique de l’enseignement.
Cette maladie qui rodera toujours autour de lui et lui imposera des temps d’arrêt pour se soigner.
Il connaîtra aussi en dehors de la période de la Résistance en France a l’occupant allemand une autre grande blessure ,morale celle là, qui est la guerre d’Algérie. Cette blessure, chacun le sait fut très vive et il déclara lui-même qu’il «avait mal à l’Algérie comme certains ont mal au poumon» et il savait de quoi il parlait.Le malade du poumon souffre de crise d'angoisse, de manque d'air, de l'impression que cela va finir. Eh bien c'est ce qu'il ressentait face à la guerre d'Algérie. Cette période qui entraîna une véritable anxiété chez lui et le conduisit a rompre, avec douleur, avec certains de ses amis.
Et enfin, alors que son pays , comme il le disait dans son discours de réception du Prix Nobel ,«vivait dans un malheur incessant» voilà que la mort l’emporta dans un accident sur une route de France alors qu’il était très jeune encore et que nous pouvions espérer beaucoup de lui.
Peut être faudrait il rajouter a ce sombre tableau qu’il eut , aussi,une vie familiale et affective certes riche mais qui ne pouvait qu’entraîner du malheur autour de lui et que cela ne pouvait le laisser indifférent et qu’il dût en souffrir.
Résumer ainsi la vie d’Albert Camus survolée en permanence par le malheur ne serait pas inexacte, mais ce serait cependant passer a côté de la vérité de l’homme et de son incroyable aptitude au bonheur. Car cet homme a le don du bonheur même si il est tout sauf un «imbécile heureux»!
Ce bonheur par nature fugace il le trouvera dans plusieurs élements qu’il nous faut évoquer maintenant et qui selon moi sont au nombre de trois:
-le pays d’abord ,son Algérie aimé
-la solidarité avec les hommes
-une sorte de recul par rapport à la richesse. (I.)
*
Après avoir évoqué ces élements il nous faudra réfléchir à la façon dont il a tenté de résoudre la cruelle opposition qu’il y a ,dans nos vies , entre l’aspiration au bonheur et la finitude de nos vies, autrement dit comment être heureux alors que l’on va mourir et que la vie est souvent éloigné de nos éspérances (II.)
vendredi 16 juin 2017
Divers écrits de Mouloud Feraoun
Les éditions du seuil ont publié dans la collection Points un petit livre intitulé :"L'anniversaire". Le titre est trompeur et , à mon avis,mal choisi. Il aurait dû plutôt être "Divers textes de Mouloud Feraoun" car il contient, en effet, des textes divers qui n'ont pas grand chose a voir entre eux. Le titre a été tiré du premier texte qui est un projet de roman auquel travaillait l'auteur en 1961 et qu'il n'a pu mener à bien en raison de son assassinat par les barbares imbéciles de l'OAS en mars 1962 quatre jours avant la déclaration de cessez- le feu. Pour le reste on trouve deux textes consacré à Albert Camus et à la guerre. Le premier est une lettre adressée à l'écrivain en 1958, au moment où il venait de publier ses "Chroniques Algériennes" et que je lis dans la vidéo ci_dessous.
Lecture d'une lettre de Mouloud Feraoun adressée a Albert Camus en 1958 lors de la parution des "Chroniques Algériennes"
Le second texte consacré a Camus est écrit alors que Camus est mort.
Il y a aussi un très beau texte qui est la continuation de son premier livre "Le fils du pauvre" et dans lequel il évoque sa vie avec notamment la période qui fut la plus heureuse pour lui: ses trois ans d'école à l'Ecole Normale de la Bouzarea, là où il fit la connaissance d'une autre "juste" l'écrivain Emmanuel Robles sur lequel il écrit des pages émouvantes et qui demeura son ami jusqu'à la fin.
Lecture d'une lettre de Mouloud Feraoun adressée a Albert Camus en 1958 lors de la parution des "Chroniques Algériennes"
Le second texte consacré a Camus est écrit alors que Camus est mort.
Il y a aussi un très beau texte qui est la continuation de son premier livre "Le fils du pauvre" et dans lequel il évoque sa vie avec notamment la période qui fut la plus heureuse pour lui: ses trois ans d'école à l'Ecole Normale de la Bouzarea, là où il fit la connaissance d'une autre "juste" l'écrivain Emmanuel Robles sur lequel il écrit des pages émouvantes et qui demeura son ami jusqu'à la fin.
mercredi 14 juin 2017
Le fils du pauvre de Mouloud Feraoun
Je viens de terminer la lecture du "Fils du pauvre" de Mouloud Feraoun. Ce texte est paru en 1954 aux Editions du Seuil et c'est le premier livre de l'écrivain, celui qui l'a fait connaître et apprécié.C'est une sorte d'autobiographie consacrée a sa jeunesse dans le petit village Kabyle de son enfance où il mène une vie pauvre mais dans une famille aimante et dans une nature qui apporte beaucoup à la jeunesse même si elle est dure.Il y a dans ce texte une belle évocation de l'enfance. Il a la chance d'être entouré par des parents aimants et par deux tantes qui ouvriront son imaginaire par le récit qu'elles font des légendes de l'endroit.
Il y a aussi l'évocation des drames que connaît cette famille avec la mort d'une tante et la folie de l'autre, le récit du départ du père en France pour travailler et subvenir aux besoins de sa famille, ce père qui sera accidenté et reviendra très vite dans son village.
Et puis, et c'est la partie qui m'a le plus touché il y a le récit de son parcours scolaire, de sa réussite au concours des bourses, son départ pour le collège à Alger et comment ne pas rapprocher ce parcours de celui du jeune Albert Camus "fils de pauvre" lui aussi?
Comme Albert Camus a connu M. Louis Germain qui l' a aidé a poursuivre ses études (Il faut lire Le Premier homme) l'auteur connaîtra aussi un missionnaire protestant qui l’hébergera et l'aidera.Comment ne pas aussi penser à l'autre "fils du pauvre" l'écrivain Emmanuel Robles que Mouloud Feraoun rencontra à l'école normale et qui devint son ami.
Le récit se termine par une page très émouvante. Il vient d'être reçu à l'école normale d'instituteur et il va quitter son petit village de Kabylie pour Alger. Il est a avec son père sur la route qui va le conduire a Alger:
"Tu vas à Alger, dit celui-ci. Vous serrez très nombreux là bas.On n'en choisira que quelques uns.. Le choix, c'est toujours le hasard qui le fait. Tu vas à Alger comme tes camarades.Nous,là haut, nous attendrons. Si tu échoues, tu reviendras à la maison. Dis-toi bien que nous t'aimons. Et puis ton instruction, on ne te l’enlèvera pas, hein? Elle est à toi. Maintenant je remonte au village. Ta mère saura que je t'ai parlé. Je dirai que tu n'as pas peur.
-Oui, tu diras là haut que je ne n'ai pas peur."
Mouloud Feraoun sera reçu, deviendra instituteur puis directeur puis inspecteur tout en continuant à écrire.
De ce premier livre il dira:
"J'ai écrit le Fils du pauvre pendant les années sombres de la guerre, à la lumière d'une lampe à pétrole. J'y ai mis le meilleur de mon être."
Il y a aussi l'évocation des drames que connaît cette famille avec la mort d'une tante et la folie de l'autre, le récit du départ du père en France pour travailler et subvenir aux besoins de sa famille, ce père qui sera accidenté et reviendra très vite dans son village.
Et puis, et c'est la partie qui m'a le plus touché il y a le récit de son parcours scolaire, de sa réussite au concours des bourses, son départ pour le collège à Alger et comment ne pas rapprocher ce parcours de celui du jeune Albert Camus "fils de pauvre" lui aussi?
Comme Albert Camus a connu M. Louis Germain qui l' a aidé a poursuivre ses études (Il faut lire Le Premier homme) l'auteur connaîtra aussi un missionnaire protestant qui l’hébergera et l'aidera.Comment ne pas aussi penser à l'autre "fils du pauvre" l'écrivain Emmanuel Robles que Mouloud Feraoun rencontra à l'école normale et qui devint son ami.
Le récit se termine par une page très émouvante. Il vient d'être reçu à l'école normale d'instituteur et il va quitter son petit village de Kabylie pour Alger. Il est a avec son père sur la route qui va le conduire a Alger:
"Tu vas à Alger, dit celui-ci. Vous serrez très nombreux là bas.On n'en choisira que quelques uns.. Le choix, c'est toujours le hasard qui le fait. Tu vas à Alger comme tes camarades.Nous,là haut, nous attendrons. Si tu échoues, tu reviendras à la maison. Dis-toi bien que nous t'aimons. Et puis ton instruction, on ne te l’enlèvera pas, hein? Elle est à toi. Maintenant je remonte au village. Ta mère saura que je t'ai parlé. Je dirai que tu n'as pas peur.
-Oui, tu diras là haut que je ne n'ai pas peur."
Mouloud Feraoun sera reçu, deviendra instituteur puis directeur puis inspecteur tout en continuant à écrire.
De ce premier livre il dira:
"J'ai écrit le Fils du pauvre pendant les années sombres de la guerre, à la lumière d'une lampe à pétrole. J'y ai mis le meilleur de mon être."
samedi 10 juin 2017
Mouloud Feraoun: "Jours de Kabylie"
Après son journal (voir article précédent) je lis :"Jours de Kabylie" dans la collection Points avec des gravures de Charles Brouty. Cela change de l'horrible climat du journal. Voilà des chroniques sur la vie de son petit village Tizi Hibel en haute Kabylie et cela me rappelle d'une certaine manière les "Lettres de mon moulin " de Daudet. Cette comparaison m'est venu directement a l'esprit et je la retrouve dans ce texte très documenté d'une universitaire sur la vie et l'oeuvre de Mouloud Feraoun C'est simple et touchant et l'on comprend cette vie pauvre, loin de tout mais avec ses règles, ses usages et l'attachement de ses habitants. Certains qui sont partis au loin pour gagner leur vie y reviennent avec plaisir et voilà comment Feraoun dont on aimerait citer toutes les phrases fait parler le vieux village:
"Mes ruelles vous les trouvez étroites et sales? Je n'ai pas besoin de m'en cacher. Je vous ai vus tout petits et bien contents d'y barboter comme des canetons malpropres. Passez ! Là c'est votre djemaâ. Bien entendu, elle vous semble grotesque et vaine. Ce n'est pas la place de l'Etoile! Savez vous comment je vous imagine place de l'Etoile? A peu prés comme ce petit chat craintif quand il traverse votre djemaâ remplie de garnements. Votre gourbi est trop petit? Vous oubliez qu'il est a vous, plein de toutes les présences passées, plein de votre nom, de vos anciens espoirs, témoin de vos rêves naïfs, de votre bêtise, de vos souffrances. Soyez modestes, voyons!Vous serrez très bien ici, vous verrez, c'est moi qui vous le dit...."
Dans ces chapitres courts l'auteur nous décrit la vie de ce village: le marabout, le marché, les vielles chargées de la corvée du bois, la fontaine et les jeunes filles du village, la chronique d'un monde dont je me demande s'il existe encore!
Mouloud Feraoun ,instituteur puis Directeur puis Inspecteur termine ce beau livre par un chapitre sur les instituteurs de son temps dans ces villages reculés et c'est un des passages les plus émouvant qui nous rappelle ces "hussards de la République" que tant de générations ont eu la chance d'avoir pour enseignants.
"Nous avons eu nos pionniers, nous sommes héritiers d'un passé que les montagnards n'oublient pas et qu'ils nous rappellent avec beaucoup de finesse lorsque ils constatent que nous nous en écartons.
Certaine région de Kabylie eut des écoles primaires dés que les lois scolaires de la Troisième République furent appliquées. Les premiers maîtres furent des apôtres, tout le monde le sait. Sauf, peut être, les populations qui les reçurent. A l'époque, la vie du bled était difficile.Il fallait vaincre l'hostilité des gens et surmonter d'innombrables difficultés matérielles dont on commence, maintenant, à perdre le souvenir.".......... "Ainsi, chez nous, ceux qui ont connu ces vieux maîtres ne disent pas qu'ils furent des apôtres et des saints.Ils disent que ce furent d'honnêtes gens, toujours prêts a rendre service, des savants qui avaient bien vite gagné l'admiration, l'estime et le respect. Très souvent ils ajoutent : "Que Dieu leur réserve une place au paradis." Ce qui est touchant, malgré tout, car cette place au paradis, le Kabyle la souhaite rarement à qui ne la mérite pas. Surtout lorsqu'il s'agit d'un roumi. Or, fréquemment c'est ce qui arrive. Et le souhait est venu du fond du coeur."
Que dire d'autre de ce livre? Un sentiment de quelque chose qui aurait pu advenir et que la bêtise et la cruauté des hommes n'a pas rendu possible.
"Mes ruelles vous les trouvez étroites et sales? Je n'ai pas besoin de m'en cacher. Je vous ai vus tout petits et bien contents d'y barboter comme des canetons malpropres. Passez ! Là c'est votre djemaâ. Bien entendu, elle vous semble grotesque et vaine. Ce n'est pas la place de l'Etoile! Savez vous comment je vous imagine place de l'Etoile? A peu prés comme ce petit chat craintif quand il traverse votre djemaâ remplie de garnements. Votre gourbi est trop petit? Vous oubliez qu'il est a vous, plein de toutes les présences passées, plein de votre nom, de vos anciens espoirs, témoin de vos rêves naïfs, de votre bêtise, de vos souffrances. Soyez modestes, voyons!Vous serrez très bien ici, vous verrez, c'est moi qui vous le dit...."
Dans ces chapitres courts l'auteur nous décrit la vie de ce village: le marabout, le marché, les vielles chargées de la corvée du bois, la fontaine et les jeunes filles du village, la chronique d'un monde dont je me demande s'il existe encore!
Mouloud Feraoun ,instituteur puis Directeur puis Inspecteur termine ce beau livre par un chapitre sur les instituteurs de son temps dans ces villages reculés et c'est un des passages les plus émouvant qui nous rappelle ces "hussards de la République" que tant de générations ont eu la chance d'avoir pour enseignants.
"Nous avons eu nos pionniers, nous sommes héritiers d'un passé que les montagnards n'oublient pas et qu'ils nous rappellent avec beaucoup de finesse lorsque ils constatent que nous nous en écartons.
Certaine région de Kabylie eut des écoles primaires dés que les lois scolaires de la Troisième République furent appliquées. Les premiers maîtres furent des apôtres, tout le monde le sait. Sauf, peut être, les populations qui les reçurent. A l'époque, la vie du bled était difficile.Il fallait vaincre l'hostilité des gens et surmonter d'innombrables difficultés matérielles dont on commence, maintenant, à perdre le souvenir.".......... "Ainsi, chez nous, ceux qui ont connu ces vieux maîtres ne disent pas qu'ils furent des apôtres et des saints.Ils disent que ce furent d'honnêtes gens, toujours prêts a rendre service, des savants qui avaient bien vite gagné l'admiration, l'estime et le respect. Très souvent ils ajoutent : "Que Dieu leur réserve une place au paradis." Ce qui est touchant, malgré tout, car cette place au paradis, le Kabyle la souhaite rarement à qui ne la mérite pas. Surtout lorsqu'il s'agit d'un roumi. Or, fréquemment c'est ce qui arrive. Et le souhait est venu du fond du coeur."
Que dire d'autre de ce livre? Un sentiment de quelque chose qui aurait pu advenir et que la bêtise et la cruauté des hommes n'a pas rendu possible.
vendredi 9 juin 2017
Le Journal de Mouloud Feraoun
Je lis ,en ce moment, le journal de Mouloud Feraoun paru aux Editions du Deuil en 1962 et qui couvre la période de 1955 à 1962, période de guerre et de tristesse et qui se termine d'ailleurs par l'affreux assassinat de l'auteur par l'OAS criminelle .Assia Djebar dans son beau livre "Les blancs de l'Algérie" est longuement revenu sur cet assassinat.
Le journal est précédé par une préface émouvante d'Emmanuel Robles, écrivain connu d' Algérie et ami de Mouloud Feraoun et par une lettre du fils de Feraoun à Robles.
Je connaissais de nom de Feraoun depuis longtemps mais je dois confesser que je n'avais rien lu de lui et je le regrette tant les réflexions et le style de son journal donne a voir un intellectuel brillant et surtout un homme épris de justice. Mouloud Feraoun très ami avec Emmanuel Robles était également un ami d'Albert Camus
Mouloud Feraoun né dans un tout petit village pauvre de Kabylie est devenu instituteur puis formateur et le début du journal pose bien le problème de l'enseignement , des écoles dans cette Kabylie en période de guerre avec les difficultés qui naissent entre population kabyle et européenne. Il rend très bien ce climat de suspicion généralisée qui naît de la guerre et qui rend les échanges, autrefois spontanées et directs, de plus en plus insignifiant comme si désormais aucun dialogue vrai n'était plus possible et qui sépare deux communautés qui arrivaient tout de même a se parler.
Il montre aussi très bien combien toute la population kabyle a très rapidement adhéré à la guerre de libération et a exécuté les ordres du FLN: plus de tabac, plus d'alcool, versement de contribution, démission des organes électifs.....et il explique très bien pourquoi cette adhésion: le comportement injuste de la France depuis toujours. A le lire on ressent sous sa plume le climat qui règne alors dans tous ces petits villages face aux actes des membres du FLN et fasse aux exactions des soldats français. Éclairant!
Des pages très dures aussi sur la torture pratiquée dans la police, la gendarmerie et les militaires, sur les assassinats, la violence qui appelle la violence. C'est une question connue mais relire sous sa plume cette triste réalité est une épreuve et il décrit son mal être , une forme de dépression qui lui tombe dessus face à toutes ces formes de violence contre laquelle il se sent totalement impuissant. Il est clairement pour la résistance algérienne mais il en voit les dérives et il a de la sympathie pour certains amis français d’Algérie comme Emmanuel Robles, Camus et d'autres.Il est déchiré et à le lire on se souvient des mêmes tourments vécus par Albert Camus.
Il décrit aussi ,très bien, les derniers soubresauts: De Gaulle, l'OAS, les barricades.
Il se trompe parfois comme lorsqu'il pense que la belle attitude des femmes leur vaudra l’accès à l'égalité!On sait ce qu'il est advenu.
Il est lucide aussi et se demande ce que le pouvoir va devenir et si il ne vas pas être accaparé par les petits ambitieux, les corrompus.On sait aussi ce qui est advenu.
Comme le dit la très belle et émouvante préface d'Emmanuel Robles: "Le voici tel qu'il était, patient, généreux, tout imprégné des vertus de ce ces montagnards de Kabylie épris d'honneur et de justice."
On sort de cette lecture déprimé par l'ensemble de ces actes affreux, de ce climat épouvantable dont la France est indiscutablement responsable.C'est l'histoire dans sa face la plus laide. Je conseille vivement la lecture de cet article très documenté sur la vie te l'oeuvre de Mouloud Feraoun
Si je reviens en Algérie il faudra que j'aille voir le petit cimetière de Tizi Hibel son village natal et sa dernière demeure dont il écrivait dans "Jours de Kabylie" :Une petite tombe qui se confondra avec toutes les autres parce qu’elle ne portera aucune inscription et que, dés le premier printemps, elle se couvrira aussi de graminées toutes frêles et de pâquerettes toutes blanches" (p.17) Voici ce que disait Max Pol Fouchet du journal de Mouloud Feraoun
Je vais maintenant commencer la lecture de "Jours de Kabylie" et vous pouvez voir ici un hommage à cet écrivain ainsi que là l'hommage de la France en ce soixantième anniversaire de son assassinat par l'OAS.
Le journal est précédé par une préface émouvante d'Emmanuel Robles, écrivain connu d' Algérie et ami de Mouloud Feraoun et par une lettre du fils de Feraoun à Robles.
Je connaissais de nom de Feraoun depuis longtemps mais je dois confesser que je n'avais rien lu de lui et je le regrette tant les réflexions et le style de son journal donne a voir un intellectuel brillant et surtout un homme épris de justice. Mouloud Feraoun très ami avec Emmanuel Robles était également un ami d'Albert Camus
Mouloud Feraoun né dans un tout petit village pauvre de Kabylie est devenu instituteur puis formateur et le début du journal pose bien le problème de l'enseignement , des écoles dans cette Kabylie en période de guerre avec les difficultés qui naissent entre population kabyle et européenne. Il rend très bien ce climat de suspicion généralisée qui naît de la guerre et qui rend les échanges, autrefois spontanées et directs, de plus en plus insignifiant comme si désormais aucun dialogue vrai n'était plus possible et qui sépare deux communautés qui arrivaient tout de même a se parler.
Il montre aussi très bien combien toute la population kabyle a très rapidement adhéré à la guerre de libération et a exécuté les ordres du FLN: plus de tabac, plus d'alcool, versement de contribution, démission des organes électifs.....et il explique très bien pourquoi cette adhésion: le comportement injuste de la France depuis toujours. A le lire on ressent sous sa plume le climat qui règne alors dans tous ces petits villages face aux actes des membres du FLN et fasse aux exactions des soldats français. Éclairant!
Des pages très dures aussi sur la torture pratiquée dans la police, la gendarmerie et les militaires, sur les assassinats, la violence qui appelle la violence. C'est une question connue mais relire sous sa plume cette triste réalité est une épreuve et il décrit son mal être , une forme de dépression qui lui tombe dessus face à toutes ces formes de violence contre laquelle il se sent totalement impuissant. Il est clairement pour la résistance algérienne mais il en voit les dérives et il a de la sympathie pour certains amis français d’Algérie comme Emmanuel Robles, Camus et d'autres.Il est déchiré et à le lire on se souvient des mêmes tourments vécus par Albert Camus.
Il décrit aussi ,très bien, les derniers soubresauts: De Gaulle, l'OAS, les barricades.
Il se trompe parfois comme lorsqu'il pense que la belle attitude des femmes leur vaudra l’accès à l'égalité!On sait ce qu'il est advenu.
Il est lucide aussi et se demande ce que le pouvoir va devenir et si il ne vas pas être accaparé par les petits ambitieux, les corrompus.On sait aussi ce qui est advenu.
Comme le dit la très belle et émouvante préface d'Emmanuel Robles: "Le voici tel qu'il était, patient, généreux, tout imprégné des vertus de ce ces montagnards de Kabylie épris d'honneur et de justice."
On sort de cette lecture déprimé par l'ensemble de ces actes affreux, de ce climat épouvantable dont la France est indiscutablement responsable.C'est l'histoire dans sa face la plus laide. Je conseille vivement la lecture de cet article très documenté sur la vie te l'oeuvre de Mouloud Feraoun
Si je reviens en Algérie il faudra que j'aille voir le petit cimetière de Tizi Hibel son village natal et sa dernière demeure dont il écrivait dans "Jours de Kabylie" :Une petite tombe qui se confondra avec toutes les autres parce qu’elle ne portera aucune inscription et que, dés le premier printemps, elle se couvrira aussi de graminées toutes frêles et de pâquerettes toutes blanches" (p.17) Voici ce que disait Max Pol Fouchet du journal de Mouloud Feraoun
Je vais maintenant commencer la lecture de "Jours de Kabylie" et vous pouvez voir ici un hommage à cet écrivain ainsi que là l'hommage de la France en ce soixantième anniversaire de son assassinat par l'OAS.
mercredi 31 mai 2017
Moralisation de la vie politique
L'élection présidentielle et maintenant les élections législatives sont dominées par cette volonté populaire de "moraliser" la vie politique.
Que des comportements anormaux et même choquants aient été commis , depuis longtemps par les politiques mais sans doute aussi par certains industriels ou commerçants est une réalité et que ces situations aient entraîné une suspicion chez les citoyens , une désaffection pour le politique et, de manière d'ailleurs assez illogique, un renforcement des extrêmes, des populistes "dégagistes" cela n'est pas douteux.
On ne peut cependant qu'être un peu inquiet devant ces attaques médiatiques fortes, répétées en boucle et se saisissant des faits anciens pour attaquer non seulement les auteurs des actes mais pour affaiblir le pouvoir Que la presse révèle les faits et en fasse l'analyse une fois ou deux cela serait normal mais cette information mille fois répétée sur pratiquement toutes les télés et mobilisant des heures durant des journalistes et de prétendus "sachant" a quelque chose de malsain et d'abusif..Le Président Macron en est conscient qui tente de remettre la presse sa vraie place qui n'est pas celle d'un juge et qui devrait réfléchir a sa manière de fonctionner car les français vont vite en avoir marre et ne pas comprendre ces acharnements successifs. Ils sont assez grands pour prendre connaissance des faits et se faire un point de vue sans entendre chaque fois qu'ils ouvrent leur radio ou leur télé ces ressassements.
Je pense qu'il y a là un danger celui de voir naître dans les rédactions et chez le peuple de petits Saint Just prêts a toutes les inquisitions et donneurs de leçon a peu de frais.Certains chroniqueurs ne sont pas loin de penser la même chose et certains citoyens critiquent la façon dont la presse traite cette affaire.
Il faut rapidement sortir de cette espèce de volonté de n'avoir a faire au pouvoir qu' a des saints car on voit ou cela a souvent conduit les révolutions!
Est-ce a dire qu'il faut tolérer n'importe quoi? Bien sûr que non. Mais il faut impérativement se donner un cadre de réflexion et de jugement clair, ferme et sur lequel on sera ensuite intraitable.
Pour moi l’appel à la morale et à l'éthique n'est pas satisfaisant car ou devra t on s'arrêter?
Prenons un exemple : celui de la rémunération et notamment celui des acteurs, des joueurs de foot ou des grands patrons. Selon la morale qui est la votre vous pourrez penser que gagner des millions et avoir d'u autre côté des travailleurs faisant un travail pénible gagner a peine de quoi survivre est injuste et contraire à une forme de morale.
Je pense donc que la seule règle qui doive s'appliquer est la loi, toute la loi rien que la loi.Chacun a le droit de faire ce qui n'est pas interdit et sanctionné par la loi et il appartient au législateur, poussé par les citoyens, de faire des lois strictes et de faire ensuite appliquer la sanction.
Tout cela aura le mérite de la clarté, de la prévisibilité et de la sanction. Cela ne laissera pas la place aux analyses plus ou moins vagues sur la morale et l'éthique utilisées, pas toujours sans arrière pensée, par ceux qui mettent ces critères en avant.
Désormais il faut que la grille de lecture soit la loi et quand la loi tolère des comportements choquants elle doit être changée ce qui est en passe d'être fait.
Appliquez maintenant cette grille et l'on verra que tout est beaucoup plus clair et que l'on évitera des dérives graves.
Dans l'affaire Fillon même si l'emploi de son épouse et de ses enfants peuvent choquer cela n'était pas interdit par la loi et donc il faut critiquer la loi, la reformer mais il n ' ya sur ce point rien a reprocher a Fillon. Par contre si les emplois ont été fictifs alors la loi a été violée et cela doit être sanctionné.
Même chose dans le cas Ferrand. On peut penser ce que l'on veut de son comportement mais si la loi n'a pas été violée alors il n y a rien a faire.
Enfin dans ces affaires dans lesquelles on soupçonne une violation de la loi je suis contre cette règle qui a été mise en avant et appliquée à plusieurs reprises selon laquelle un ministre mis en examen doit démissionner.
C'est une règle qui a été adoptée par faiblesse, par opportunisme pour complaire au peuple mais qui, à mon sens est contraire à tous les principes et d'abord a celui de la présomption d'innocence qui est un grand principe protecteur des libertés individuelles. Il faut ajouter que la mise en examen est une règle fondamentale destinée précisément à protéger la présomption d'innocence et a permettre à la personne mise en examen d'accéder au dossier et de se défendre.
De très nombreuse personnes mises en examen ont, par la suite , été innocentées.
Dans ces conditions faire démissionner quelqu'un parce qu’il a été mis en examen est une atteinte à la présomption d'innocence et rien ne justifie un tel traitement.
Ensuite il faut deux choses:
Améliorer le fonctionnement de la justice et le rendre plus rapide car ce statut de mis en examen,préjudiciable, ne doit pas durer.Il faut savoir le plus rapidement possible si le mis en examen est coupable ou non.
D'autre part il faut que lorsque la culpabilité est avérée la sanction soit forte et que l'inéligibilité pour les politiques soit très souvent appliquée et pour des durées significatives.Il n'est pas acceptable qu’après avoir été condamné des politiques, comme cela est arrivé très souvent, soient réélus.
J’espère que la loi promise qui ne s’appellera pas loi de "moralisation" prendra en compte ces analyses. et que alors les choses seront claires et ne permettront plus cette atmosphère de chasse à la morale avec tout ce qu'elle comporte d'hypocrisie et de malsain .
Que des comportements anormaux et même choquants aient été commis , depuis longtemps par les politiques mais sans doute aussi par certains industriels ou commerçants est une réalité et que ces situations aient entraîné une suspicion chez les citoyens , une désaffection pour le politique et, de manière d'ailleurs assez illogique, un renforcement des extrêmes, des populistes "dégagistes" cela n'est pas douteux.
On ne peut cependant qu'être un peu inquiet devant ces attaques médiatiques fortes, répétées en boucle et se saisissant des faits anciens pour attaquer non seulement les auteurs des actes mais pour affaiblir le pouvoir Que la presse révèle les faits et en fasse l'analyse une fois ou deux cela serait normal mais cette information mille fois répétée sur pratiquement toutes les télés et mobilisant des heures durant des journalistes et de prétendus "sachant" a quelque chose de malsain et d'abusif..Le Président Macron en est conscient qui tente de remettre la presse sa vraie place qui n'est pas celle d'un juge et qui devrait réfléchir a sa manière de fonctionner car les français vont vite en avoir marre et ne pas comprendre ces acharnements successifs. Ils sont assez grands pour prendre connaissance des faits et se faire un point de vue sans entendre chaque fois qu'ils ouvrent leur radio ou leur télé ces ressassements.
Je pense qu'il y a là un danger celui de voir naître dans les rédactions et chez le peuple de petits Saint Just prêts a toutes les inquisitions et donneurs de leçon a peu de frais.Certains chroniqueurs ne sont pas loin de penser la même chose et certains citoyens critiquent la façon dont la presse traite cette affaire.
Il faut rapidement sortir de cette espèce de volonté de n'avoir a faire au pouvoir qu' a des saints car on voit ou cela a souvent conduit les révolutions!
Est-ce a dire qu'il faut tolérer n'importe quoi? Bien sûr que non. Mais il faut impérativement se donner un cadre de réflexion et de jugement clair, ferme et sur lequel on sera ensuite intraitable.
Pour moi l’appel à la morale et à l'éthique n'est pas satisfaisant car ou devra t on s'arrêter?
Prenons un exemple : celui de la rémunération et notamment celui des acteurs, des joueurs de foot ou des grands patrons. Selon la morale qui est la votre vous pourrez penser que gagner des millions et avoir d'u autre côté des travailleurs faisant un travail pénible gagner a peine de quoi survivre est injuste et contraire à une forme de morale.
Je pense donc que la seule règle qui doive s'appliquer est la loi, toute la loi rien que la loi.Chacun a le droit de faire ce qui n'est pas interdit et sanctionné par la loi et il appartient au législateur, poussé par les citoyens, de faire des lois strictes et de faire ensuite appliquer la sanction.
Tout cela aura le mérite de la clarté, de la prévisibilité et de la sanction. Cela ne laissera pas la place aux analyses plus ou moins vagues sur la morale et l'éthique utilisées, pas toujours sans arrière pensée, par ceux qui mettent ces critères en avant.
Désormais il faut que la grille de lecture soit la loi et quand la loi tolère des comportements choquants elle doit être changée ce qui est en passe d'être fait.
Appliquez maintenant cette grille et l'on verra que tout est beaucoup plus clair et que l'on évitera des dérives graves.
Dans l'affaire Fillon même si l'emploi de son épouse et de ses enfants peuvent choquer cela n'était pas interdit par la loi et donc il faut critiquer la loi, la reformer mais il n ' ya sur ce point rien a reprocher a Fillon. Par contre si les emplois ont été fictifs alors la loi a été violée et cela doit être sanctionné.
Même chose dans le cas Ferrand. On peut penser ce que l'on veut de son comportement mais si la loi n'a pas été violée alors il n y a rien a faire.
Enfin dans ces affaires dans lesquelles on soupçonne une violation de la loi je suis contre cette règle qui a été mise en avant et appliquée à plusieurs reprises selon laquelle un ministre mis en examen doit démissionner.
C'est une règle qui a été adoptée par faiblesse, par opportunisme pour complaire au peuple mais qui, à mon sens est contraire à tous les principes et d'abord a celui de la présomption d'innocence qui est un grand principe protecteur des libertés individuelles. Il faut ajouter que la mise en examen est une règle fondamentale destinée précisément à protéger la présomption d'innocence et a permettre à la personne mise en examen d'accéder au dossier et de se défendre.
De très nombreuse personnes mises en examen ont, par la suite , été innocentées.
Dans ces conditions faire démissionner quelqu'un parce qu’il a été mis en examen est une atteinte à la présomption d'innocence et rien ne justifie un tel traitement.
Ensuite il faut deux choses:
Améliorer le fonctionnement de la justice et le rendre plus rapide car ce statut de mis en examen,préjudiciable, ne doit pas durer.Il faut savoir le plus rapidement possible si le mis en examen est coupable ou non.
D'autre part il faut que lorsque la culpabilité est avérée la sanction soit forte et que l'inéligibilité pour les politiques soit très souvent appliquée et pour des durées significatives.Il n'est pas acceptable qu’après avoir été condamné des politiques, comme cela est arrivé très souvent, soient réélus.
J’espère que la loi promise qui ne s’appellera pas loi de "moralisation" prendra en compte ces analyses. et que alors les choses seront claires et ne permettront plus cette atmosphère de chasse à la morale avec tout ce qu'elle comporte d'hypocrisie et de malsain .
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