Moi qui ne lit presque jamais de bandes dessinées je viens
d’acheter et de lire immédiatement celle que vient de publier, chez Gallimard, Jacques Ferrandez et qui est consacrée au « Premier
Homme » d’Albert Camus, ce roman inachevé que l’on a trouvé dans une
sacoche lors de l’accident de la route dont il est mort.
J’appréhendai un peu cette découverte car j’avais un tel
souvenir du livre, très émouvant et dont je me souviens de la plupart des
épisodes, que je craignais qu’en dessin cela ne soit pas aussi prenant.
Je reste sur l’idée , que le dessinateur doit lui-même
partagé, que rien ne peut remplacer la lecture du livre avec le style de Camus.
Mais il n’en reste pas moins que cette bande dessinée est
très réussie d’abord parce qu’elle n’omet aucun des épisodes importants du
livre et qu’elle utilise dans les bulles les propres phrases de l’écrivain, ce
qui fait que l’on croit lire le livre et, enfin, parce que les planches
dessinées sont absolument magnifiques à la fois par le dessin et les couleurs
choisies qui en font autant de petits tableaux.
Le dessinateur qui, à ce que j’ai cru comprendre, connaît
bien la ville d’Alger a montré la ville de manière remarquable. Moi qui vient
d’y faire un séjour je retrouve totalement les rues, le port, les escaliers les
bâtiments (comme le Lycée). C’est frappant d’exactitude et ces images qui me
rappellent l’Alger ancien correspondent aussi à l’Alger d’aujourd’hui, le
centre n’ayant vraiment pas changé, vieilli, peut être tout au plus.
Et c’est ainsi, par exemple, que je retrouve dans ces
dessins le trajet que le jeune Albert faisait tous les matins pour aller de la
rue de Lyon à Belcourt jusqu’à son Lycée à l’entrée de Bab el Oued. C’est le
trajet que j’ai fait, moi-même, pendant quatre ans.
Au total un très beau livre et qui peut, peut-être, faire
entrer quelques jeunes lecteurs adeptes de la bande dessinée dans l’œuvre
d’Albert Camus, d’autant que je pense que le Premier Homme est une très belle
voie d’accès à cette œuvre. Si elle parvient a ce résultat elle aura le grand
mérite de faire aimer Camus à plus de jeunes.
J’ajoute que le livre est précédé d’une belle préface
d’Alice Kaplan qui vient de publier une étude très fouillée sur la réception de
l’Etranger, ouvrage que j’ai déjà évoqué, ici, dans ce blog.
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