lundi 20 novembre 2023

Jean Baptiste Andrea : Veiller sur elle


                                                        




Veiller sur elle qui vient de recevoir le prix Goncourt est un roman qui avait déjà eu, avant même le prix un grand succès auprès des lecteurs et ce succès est pleinement justifié. Voilà une œuvre très romanesque si l’expression peut être employé pour un roman ! L'auteur a une grande imagination.

Le roman commence dans un couvent de Toscane à Pietra Alba et quelques moines entourent un mourant qui, avant de rendre l’âme se souvient de sa vie et nous la raconte.

Cet homme, à qui son père a donné le prénom de Michel Ange, Michangelo, est appelé Mimo, Mimo Vitaliani et il est né atteint de nanisme, il deviendra un très grand sculpteur et l’on suit cette vie depuis une enfance misérable, des périodes de désordres divers à Florence et à Rome jusqu’à la richesse et à la gloire. Cette carrière il la doit à une famille noble de Pietra Alba les Orsini qui, avec des prélats proches du Vatican, l’aideront à profiter de ses dons de sculpteurs en lui donnant une clientèle nombreuse et riche.

Mais le roman est aussi une histoire d’amour avec Viola la fille des Orsini, une fille singulière qui aime la lecture et qui, toute jeune, sait beaucoup de choses mais qui a un comportement spécial qui la fait passer aux yeux de certains pour une sorcière et qui restera, à part, toute sa vie. Ils se connaitront à 15 ans et malgré de multiples séparations ils se retrouveront toujours et s'aimeront jusqu'à la fin.

Le roman permet  aussi de parcourir une longue période d’histoire de l’Italie et notamment de la période fasciste.

Tout au long du roman le lecteur est intrigué par l’histoire de la Pietà Vitaliani, Pietà plus belle encore, dit-on, que la Pietà de Michel Ange. On en comprendra l’histoire à la fin du roman à la mort de Mimo Vitaliani.

Magnifique roman, plein de rebondissement et qui tient le lecteur en haleine.

On pourra lire, ici  un entretien  intéressant avec l'auteur.

 

 

 

 

 

 


samedi 11 novembre 2023

Gloag: Oublier Camus: Une entreprise idéologique de démolition d'Albert Camus.

 

J’avais entendu parler de ce livre : « Oublier Camus » j’en avais lu quelques extraits et j’avais également lu des critiques, la plupart hostiles a ce livre. J’ai voulu me faire une idée par moi-même et je l’ai donc lu, plume à la main.

Cette lecture est éprouvante non seulement parce que l’auteur essaye de démolir la statue d’Albert Camus mais surtout parce qu’il est d’une mauvaise foi totale et que si vous voulez avoir une idée de ce qu’est une pensée viciée, il faut le lire.

Venant d’un enseignant on est tout simplement atterré devant les analyses qu’il produit et qui sont le fruit d’un parti pris qui n’hésite pas à tordre la vérité pour étayer sa thèse.

Mais venons en à ce qu’il nous dit.

Il commence (c’est le tout début du livre) par nous dire que Camus est aimé de tous, que cela est tout à fait suspect et que cela vient de ce que les lecteurs le lisent avec hypocrisie et pour se donner bonne conscience !

Exemple. Candidat Emmanuel Macron dans un entretien a dit qu’il aimait l’œuvre de Camus et notamment « Noces à Tipaza ». Que n’a-t-il dit là !

Et là vous allez voir un raisonnement qui est le summum de ce que l’on peut faire en matière de mauvaise foi.

Je reprends donc le raisonnement de l’auteur. Selon lui Tipaza a pu être écrit par Camus en raison des lois de 1936 sur les congés payés ! Or Monsieur Macron porte atteinte aux acquis sociaux donc son appréciation de Noces à Tipaza serait opportuniste et hypocrite !

Avez-vous déjà vu un exemple aussi consternant de pensée ? Admettons même que Monsieur Macron porte effectivement atteinte aux droits sociaux, est-ce que cela l’empêcherait d’apprécier la beauté du style, des images et de la philosophie qui des dégage de ce livre ? C’est tout simplement débile et je pèse mes mots. J’ai relu ce passage à plusieurs reprises pour être sûr d’avoir bien lu !

Tout le reste est à l’avenant car rien ne trouve grâce pour cet auteur.

Evidement l’auteur reprend cette vielle antienne, née de quelques idéologues Algériens selon laquelle Camus serait en réalité un colonialiste, qu’il aurait un positionnement toujours ambigu et que si, malgré cela on en fait une sorte de Saint laïc c’est « parce que la France tient à faire oublier son passé impérial et à ignorer son présent néocolonial » (p 12).

Donc Camus colonialiste et qui ne condamne pas, par exemple, les massacres de mai 1945 à Sétif.

Voici ce qu’écrit l’auteur : « Les massacres de Guelma et Sétif ont provoqué chez les Français d’Algérie un ressentiment profond et indigné. La répression qui a suivi a développé dans les masses arabes un sentiment de crainte et d’hostilité. »

L’auteur de commenter : « Pour Camus le « massacre c’est donc la centaine de morts pieds-noirs. En revanche la mort de plus de 10000 Algériens civils, systématiquement assassinés par l’armée, la police et les milices pieds-noirs est désigné sous le pudique vocable de « répression ». (p.31)

Ceci est tout simplement une infamie quand on sait la position de Camus tout au long de cette période et sa condamnation absolue des violences.

Dans le même passage l’auteur embraye sur le fait que Camus ne se serait pas soucier de la misère des Arabes pendant la guerre ! Là encore où vraiment trouver plus de mauvaise foi ?

En 1939 Camus écrit ses articles sur la Misère en Kabylie et plus tard il écrit deux textes dans lesquels il revient sur cette misère : » La famine en Algérie » et « Des bateaux et de la Justice » deux textes que l’on trouve dans Chroniques Algériennes :1939-1958 (Collection Folio Gallimard).

Et donc malgré ces évidences l’auteur prétend que Camus ne se serait pas soucié de la misère en Algérie !

 

Toujours pour cette période et pour soutenir que Camus était, en réalité, un colonialiste l’auteur nous dit que Camus quitta le parti communiste en 1937 parce que « le parti communiste aurait alors décidé de militer pour l’indépendance » (p. 26) C’est tout simplement un mensonge. Dans un livre consacré a cette question sous la plume de Christian Phèline et d’Agnès Spiquel Courdille il est clairement établi que Camus est exclu et non qu’il est parti de sa propre initiative comme le soutient ce livre. Par ailleurs il est exclu parce qu’il se voit reprocher « de ne pas accepter que soit rompue la solidarité avec le courant messaliste, tournant qui s’impose en conséquence du pacte Staline Laval. » (P. 174).

Evidement évoquer le tournant stalinien du Parti communiste soumis aux dictats de Moscou ne plait pas à Monsieur Gloag mais de là à s’écarter à ce point de la vérité démontre une drôle de conception de études universitaires !

Autre aberration de ce livre. Il tente de démontrer que Camus serait ambigu sur la peine de mort !

Selon l’auteur Camus, au moment de la Libération aurait été partisan de la peine de mort. Je ne sais pas où l’auteur trouve le moindre début de preuve de cette affirmation. Dans les textes qu’il cite (p. 115) Camus demande une sanction forte, déterminée mais jamais la peine de mort.

On sait au contraire que malgré son dégoût devant l’attitude de certaines personnes il demandera avec d’autres la grâce pour éviter la peine de mort. IL faut lire, par exemple la lettre qu’il adresse le 27 janvier 1945 à Marcel Aymé pour s’associer à la demande de grâce de Robert Brasillach.

« Je signe cette demande de grâce pour des raisons qui n’ont rien à voir avec celles que vous donnez ;

J’ai toujours eu horreur de la condamnation à mort et j’ai jugé, qu’en tant qu’individu du moins, je ne pouvais y participer, même par abstention. »

In « Albert Camus contre la peine de mort » Gallimard p.79

Et voilà donc celui que Monsieur Gloag, n’hésitant vraiment devant rien nous présente comme ambigu sur la peine de mort !

 

Enfin et j’en terminerai par là, l’auteur procède à des analyses de l’œuvre romanesque de Camus et y découvre son colonialisme ! L’accusation n’est ni nouvelle ni originale mais elle se base sur une méconnaissance absolue du travail romanesque.

Dans l’Etranger l’arabe n’est pas nommé Camus est donc un colonialiste qui méprise les Arabes !  Comme si, bien au contraire, Camus ne montrait, par ce procédé, une réalité de l’Algérie coloniale et dire qu’il l’approuve est tout simplement une nouvelle infamie.

Et figurez vous que dans la Peste ne serait pas évoqué le nazisme et la politique de l’Allemagne mais la colonisation en Algérie (p.50).

Enfin dans le Premier Homme Camus montrerait clairement son « colonialisme ». Ainsi lorsqu’il évoque un colon qui détruit ses récoltes et qui déclare à un jeune soldat : « Si ce que nous avons fait est mal alors il faut le détruire » c’est ce que pense Camus lui-même comme si on pouvait prêter à un écrivain toutes les pensées (même contradictoires) de ses personnages.

Arrêtons là. Ce livre est un tissu de contrevérités, de mensonges, de travestissement de la réalité sous l’effet d’une idéologie.

Lecteurs de ce billet économisez les 15 Euros pour l’achat de ce livre à moins que vous ne vouliez avoir un exemple de ce que peut faire une vision idéologique. C’est, sur ce terrain, un modèle.

En tous cas M. Gloag aurait été un excellent juge stalinien il en a toutes les méthodes.

Je conseille aussi cet excellent article qui, lui aussi, met clairement en évidence la malhonnêteté intellectuelle de Monsieur Gloag et celui-ci  qui est très complet dans sa critique.



 

 

 

 

 

 

samedi 21 octobre 2023

Sorj Chalandon: L'Enragé

 

                                       

                                               


     



Je veux vous parler du très beau roman de Sorj Chalandon : « Les enragés ». C’est un roman mais tiré d’une histoire vraie, hélas ! Dans ce très bel endroit qu’est Belle Ile en mer a été installé il y a plus d’un siècle ce que l’on appelait une Maison de correction pour enfants et qui n’était qu’un véritable bagne où ces jeunes enfants (de 9 à 16 ans} étaient mal traités, violentés, abusés et cela se voulait « éducatif » ! On se demande comment une telle horreur a pu être possible et que des humains aient pu se comporter de la sorte. Sorj Chalandon nous décrit ce quotidien d’horreur et se concentre sur l’histoire d’un jeune garçon, révolté, au passé familial triste et que l’on appelle la « Teigne » ce qui veut tout dire !

Quand le roman commence une évasion spectaculaire a lieu près de trente de ces garçons réussissent à s’évader et, alors la traque commence à laquelle participe les habitants du lieu qui montrent un visage hideux de l’humanité.

Tous sont rattrapés sauf la Teigne qui va bénéficier du soutien de tout un groupe de pêcheurs, humains, ceux-là et notamment du chef d’un petit bateau de pêche et sa femme, infirmière à la Maison de correction.

Alors on a là le portrait de personnes modestes mais dignes et humaines qui comprennent bien le malheur de ce jeune évadé et les traitements indignes dont il a été victime. On s’attache à ces gens qui ne crient pas avec les loups et il y a, dans le roman des passages très émouvants.

Malheureusement ce jeune sauvé cette fois-là sera poursuivi par un triste sort. Il sera fait prisonnier par les Allemands et fusillés à 26 ans.

Si vous voulez voir à la fois la pire et la meilleure image de l’homme lisez ce livre

On pourra voir dans les liens qui suivent quelques critiques de ce livre et l'histoire du poème de Jacques Prévert :La chasse aux enfants et aussi ce poème mis en musique et chanté et, enfin quelques critiques ici et 


 

 

Christian Phèline: L'Etranger en trois questions restées obscures

 

                                                       





Je viens de terminer la lecture du dernier livre de Christian Phèline : L’Etranger en trois questions restées obscures paru en 2023 aux Editions Domens. Comme l’auteur se pose lui-même la question : « Comment peut-on encore écrire sur l’Etranger » ?

Et pourtant ce livre a le mérite de poser trois questions pertinentes qui ont parfois reçu des réponses insatisfaisantes.

Ces trois questions sont :

-D’abord celle de l’emplacement exact où se situe la scène du crime et l’auteur fait la synthèse des recherches qui ont déjà été faites et montre qu’en réalité la fameuse plage est une création littéraire de Camus faite du souvenir de plusieurs endroits précis. On sait que le crime a lieu sur une plage située près d’Oran et le fait divers lui-même a eu une réalité et a fait l’objet d’un compte rendu dans la Presse de l’époque.

Mais dans le roman cette plage n’est pas située près d’Oran mais près d’Alger et qu’elle emprunte pour sa description des images que Camus a déjà utilisé pour d’autres plages et notamment pour celle de Tipaza. Ce faisant l’auteur montre le mécanisme de la création littéraire à l’œuvre.

-Ensuite celle de la motivation de Meursault : Est-ce un crime prémédité ou un crime de circonstances ? La psychologie du personnage est analysée finement et l’on est tenté de pencher vers l’idée d’un « accident » c’est-à-dire d’un meurtre non prémédité. Il y a dans cette partie du livre une étude approfondie de la situation et l’évocation que je n’avais lu nulle part d’une attirance homophile de Meursault envers l’arabe qu’il va tuer. Difficile de se faire une idée claire même si Luchino Visconti avait eu, aussi, cette lecture.

-Enfin l’auteur se demande pourquoi Camus a conduit Meursault à la condamnation à mort alors que cette situation est totalement invraisemblable dans la situation de l’Algérie coloniale. L’auteur s’est penché sur les divers crimes commis à l’époque en Algérie. Beaucoup peuvent évoquer le crime de Meursault mais aucun des auteurs de ces crimes n’a été condamné à mort.

Un livre qu’il faut lire en parallèle d’une lecture de l’Etranger.

Enfin j’ai amé ce livre parce qu’il fait justice de certaines accusations qui ont été portées contre Camus et encore récemment.

L’auteur écrit ainsi : « A l’inverse, trop souvent dans sa reprise depuis prés d’un demi-siècle, la dénonciation « post-coloniale » néglige donc, pour l’essentiel, ce qui sépare un romancier, des actes, des pensées ou des dires de ses personnages, et que l’objet d’une fiction est de figurer dans sa complexité contradictoire la réalité dont elle s’inspire, et non pas de porter sur elle un jugement explicite. »

Bonne réponse a ces lecteurs et universitaires idéologues qui maltraitent le travail du romancier pour alimenter leurs thèses.

dimanche 8 octobre 2023

Jean Senac : Un cri que le soleil dévore. 1942-1973 Carnets, notes et réfléxions.

 Ce livre vient d'être publié conjointement par les Editions El Kalima en Algérie et du Seuil en France. Cette édition a été établie, présentée et annotée par le Professeur Dugas.

C'est un gros livre de plus de huit cent pages qui devrait passionner tous ceux qui aiment le poète Jean Senac qui étudient son œuvre et qui seront heureux d'en savoir plus sur sa vie. On trouve dans ce livre, pour l'essentiel, des inédits qui avaient été déposés aux Archives à Alger et à Marseille. On verra dans 


d'une conférence du Professeur Dugas les difficultés rencontrées et le cheminement de ce travail.

C'est , en la forme, un livre qui contient des textes très variés, plus ou moins longs, quelques fois de petits bouts de papier car Jean Senac avait l'habitude noter tout et sur n'importe quel support. On y trouve aussi des ébauches de poèmes et bien entendu des observations politiques car, comme chacun le sait, Jean Senac s'est grandement impliqué dans la guerre d'Indépendance des Algériens, au point qu'il est souvent décrit comme le poète de cette guerre.

Le gros est constitué par des carnets qui couvre la période allant de son adolescence dans les années 1920 jusqu' à son assassinat en 1973.

Cette diversité un peu brouillonne pourrait décourager le lecteur qui pourtant permet de vois vivre Jean Senac si l'on peut dire au jour le jour.

On le voit adolescent plein de projets, de doutes bien sûr mais très convaincu déjà qu'il serait poète, conviction que ne le quittera pas.

On apprend ce que beaucoup ignoraient  que Jean Senac adolescent et jeune adulte soutient de manière un peu naïve et un peu gênante le Maréchal Pétain et sa politique. Erreur de jeunesse! Et il en commettra bien d'autres. Mais peut-on demander à un poète d'être un fin politique?

On le voit aussi adolescent très croyant et invoquant à tous moment Jésus, Marie et tous les saints. Cela revient tous les jours dans ses carnets d'adolescence.

A dix sept ans il lit beaucoup et obtiens un poste d'enseignement dans une école catholique prés d'Oran.

Il aime l'enseignement dont il a songé , à plusieurs reprises, à en faire son métier. Le journal permet de le voir à l'œuvre avec ses jeunes élèves.

On le voit en relation avec de nombreux écrivains et artistes d'Algérie, Brua notamment et il se fait une place ,très jeune dans le milieu littéraire.

Intéressante aussi son évolution aussi avec une crise de sa foi et la découverte de son homosexualité qu'il cachera d'abord mais qu'il étalera ,plus tard, en Algérie ce qui est une des raisons des problèmes qu'il a connu.

Bien sûr le livre est également passionnant et très instructif sur la relation de Senac à l'Algérie. Son combat aux côtés des Algériens. Il est le poète de la guerre d'Indépendance. Il fait des analyses assez lucides. (Lire p. 424 par exemple). Ces positions extrêmes le conduiront à se fâcher avec certains de ses amis et notamment Camus.

Au total, Jean Senac , un poète au destin tragique qui finira dans la misère la plus totale abandonné par le pouvoir Algérien et assassiné dans la cave de la Rue Elysée Reclus qui constituait son logement!

Ce destin a conduit certains a rapprocher son destin de celui de Pier Paolo Pasolini ou de Frederico Garcia Llorca.

Je conclurai a disant que j'aime beaucoup le titre donné à ce livre car, oui Senac a poussé des cris que le soleil a dévoré. 

Il complète, par ailleurs la publication il y a quelques années de l'Anthologie des poésies de Jean Sénac dont je rends compte, ici en lisant aussi quelques poèmes de Senac.

samedi 7 octobre 2023

Mouloud Feraoun : L' Anniversaire

 J'ai connu l'écrivain Mouloud Feraoun par mes lectures de Camus et sur Camus. Les deux écrivains, nés ka même année en 1913 s'appréciaient et Mouloud Feraoun a exprimé , à plusieurs reprises son admiration pour Camus.

De cet écrivain Algérien d'expression française j'ai lu Le Fils du pauvre et surtout son Journal. Cet ouvrage l'Anniversaire est composé de divers écrits inédits publiés après  sa mort en 1960 .

Dans une première partie qui donne son titre au livre sont publiées quelques pages d'un roman auquel Mouloud Feraoun travaillait encore quelques jours avant qu'il ne soit lâchement assassiné, à la veille de l'Indépendance par les criminels de l'OAS.

A lire ces quelques pages on comprend quel était le projet de l'écrivain: écrire sur le climat de cette guerre, les drames des deux communautés domlnées par la violence , la difficulté  de ceux qui comme Feraoun étaient avant tout Algérien et souhaitaient l'indépendance de leur pays mais qui avaient été élevés dans la culture, notamment littéraire française et se trouvaient déchirés entre les deux camps. LA violence imbécile de l'OAS n'aura pas permis que l'on puisse lire ce roman mais ces quelques pages en donneront une bonne idée.

Sont également publiés deux textes de Feraoun sur Albert Camus et Emmanuel Robles . Conçernant Camus il s'agit de la critique des textes de Camus sur la situation en Algérie parus dans Actuelles III en 1958. Le texte de Feraoun tout en nuance est trés lucide et très émouvant car Feraoun qui connaît Camus comprend ses déchirements.

Emouvant aussi le trés  bel hommage , en forme de souvenirs qu'il rend a Emmanuel Robles autre écrivain. Feraoun avait fait la connaissance d'Emmanuel Robles lorsque tous deux furent éleves   à l'école normale d'Instituteurs de la Bouzarea  à Alger.

lundi 11 septembre 2023

Dominique Fernandez: Dans la main de l'ange

 

                                                                          



Je relis pour la troisième fois cette œuvre d'un écrivain, Dominique Fernandez que j'admire. J'ai aimé :"Tribunal d'honneur" consacré à Tchaïkovski , " La course à l'abime" consacré au Caravage et celui-ci :"Dans la main de l'ange" consacré à Pier Paolo Pasolini mais aussi le très beau libre qu'il consacra à son père " Ramon " c'est à dire Ramon Fernandez un très grand critique littéraire qui se fourvoya lors de la seconde guerre mondiale. Quand il fut reçu à l'Académie Française il évoqua ce père dont il avait retracé de manière objective la vie.

Dans "La main de l'ange" Dominique Fernandez se penche sur le destin de Pier Paolo Pasolini qui fut écrivain, poète et cinéaste et qui dans l'Italie d'après guerre fit souvent scandale ,à la fois par ses écrits et ses films et par sa vie privée. L'auteur revient en détail sur les innombrables persécutions dont il fit l'objet sous forme de procès , d'attaques des critiques et de certains spectateurs, procès d'une injustice totale. Il montre bien l'évolution de cette Italie rurale vers une civilisation urbaine et industrielle. Il nous rappelle la violence que connut le pays avec les attentats des Brigades rouges.

Et l'auteur revient évidement que la mort tragique de Pier Paolo Pasolini assassiné sur une plage, non loin de Rome. Ce destin tragique a été souvent et à juste titre rapproché de celui d'un autre poète ,Jean Senac, lui aussi assassiné dans la cave sordide qui lui servait de logement à Alger.

Mais ce livre est aussi l'occasion pour l'auteur  d' évoquer, de manière brillante, deux arts majeurs en Italie: la peinture et l'opéra. Il le fait avec beaucoup d'érudition et ses analyses ,notamment de l'opéra dans une discussion avec Maria Calas qui fut une interprète d'un des ces films, sont originales et profondes.

Un passage assez long nous décrit aussi les dérives imbéciles de certains dans la critique des oeuvres et cette partie m'a fait songé aux imbécillités actuelles du Wokisme, qui aura, probablement, l'avenir qu'ont eues ces critiques de l'époque!

Mais que l'on ne se méprenne pas c'est bien un roman et l'on s'en rend compte lorsque l'auteur évoque les amours de Pier Paolo Pasolini, amours furtifs des ragazzi mais aussi amours plus émouvants et plus tendres de quelques jeunes adolescents.


lundi 21 août 2023

Cédric Sapin-Defour : Son odeur après la pluie

                                           

Ce livre, qui vient de paraître chez Stock m'a été offert par ma sœur qui sait que j'aime les animaux et les chiens en particulier; et qui sait, aussi, que j'aime les livres "où l'on pleure" ! La préface que je lis,


m'a confirmée que j'aimerai, comme déjà des milliers de lecteurs, ce livre; et je suis sûr qu'elle vous incitera, aussi, à le lire. 

C'est pour moi un des meilleurs livres que j'ai lu sur cette relation si particulière d'un homme à son chien. Et la critique a été très favorable ici encore.

Dans ce livre qui vous bouleverse, l'auteur fait le récit de sa vie avec le chien qu'il a adopté : Ubac. Cette adoption fait suite à la perte d'un précèdent chien et et toutes les hésitations avant de se lancer à nouveau. 

Les scènes de la rencontre avec le chiot sont superbes, mais aussi le récit des commencements de cette vie à deux, source de plaisir mais aussi d'enseignement car l'auteur nous montre que le chien peut nous apprendre beaucoup, une philosophie de la vie et la découverte des merveilles et de la diversité de la nature. (p. 176 et s.) 

L'auteur nous montre cet amour absolument inconditionnel du chien pour son maître,  qui examine son maître en permanence et qui est capable de découvrir son humeur même si il ne bouge pas et ne dit rien. Le récit du retour du maître qui s'est absenté est magnifique (p. 220 ).

Puis après des années d'immense bonheur il y a, inévitable et prévues, la maladie et la mort. L'auteur montre l'évolution de la tristesse et c'est une évocation du deuil magnifique que j'ai rapproché dans mon esprit d'une partie des Contemplations de Victor Hugo (Pauca Meae), consacrée à la perte de sa fille Léopoldine; dans laquelle il montre cette évolution du chagrin et le chemin du deuil.

Ces pages à la fin du récit sont poignantes et rendent bien les sentiments que, sans doute, beaucoup de lecteurs, ont ressenties eux-aussi. Ma sœur m'avait annoncé que j'allais pleurer. Elle ne se trompait pas. J'ai beaucoup  pleuré. Mais l'auteur ne dit-il pas qu'il faut savoir pleurer pour accueillir la vie ?

mardi 15 août 2023

Louis Guilloux: Le sang noir.

                                                               



                                              



Il y a longtemps que je voulais lire l'œuvre de Louis Guilloux et cela parce que Camus l'admirait et était son ami et qu'ils ont échangé une belle correspondance qui a été publiée. C'est Louis Guilloux qui fit connaître à Camus l'emplacement de la tombe de son père, tué à la guerre de 1914 loin de son Algérie natale. Il y a dans le Premier Homme une scène très émouvante sur cet épisode.

Le Sang Noir est avec la Maison du Peuple une des oeuvres de Louis Guilloux qui a été le mieux reçu par la critique et deux de mes écrivains préférés André Gide et Albert Camus ont dit leur admiration.

Le Sang Noir se déroule pendant la guerre de 14 dans une petite ville de province assez triste et met en scène cette petite communauté provinciale, notamment le milieu des professeurs au Lycée. Le tout dans l'environnement de la guerre, de ses absurdités, des révoltes de certains poilus. Le héros, si l'on peut dire, est un professeur de philosophie monsieur Merlin que ses élèves ont surnommés  "Cripure" par un raccourci du livre de Kant Critique de la Raison pure. Dans sa jeunesses ce Cripure a écrit une thèse sur un habitant de la ville et cette thèse pourtant refusé par la Faculté lui a donné une réputation de savant. C'est en réalité un original, un asocial qui est en guerre avec tout le monde. Tout un petit monde gravite autour de lui avec ses manies, ses petitesses, ses ridicules.

Gide a écrit : "Ce qui me plait dans la sang noir, c'est qu'il offre de quoi perdre pied" et Camus "Ce livre tendu et déchirant, qui mêle à des fantoches misérables des créatures d'exil et de défaite se situe au-delà du désespoir et de l'espoir."

Il n'est pas étonnant que ce roman ait plus à Camus car, dans le fond ce roman est un roman sur l'absurde, sur une vie étriquée et sans perspective. Mais ,à la différence de la philosophie de Camus l'absurde de Louis Guilloux est sans remède et se terminera par la suicide de Cripure alors que Camus a toujours voulu que l'homme malgré l'absurdité recherche le bonheur que peut donner la beauté du monde.

mardi 1 août 2023

John Grisham : Le droit au pardon.

 Je n'avais rien lu de John Grisham, cet écrivain américain très célèbre et dont des films a succès ont été tirés de son œuvre: la firme notamment. On lira avec intérêt la  sa biographie .

Son dernier livre le droit au pardon va connaître , à n'en pas douter un très beau succès. Il est toujours dans sa spécialité le roman policier et dans la sous-rubrique du procès. Comme tous livre policier il ménage tout au long le suspens  et on a du mal à le quitter avant la fin.

Sans vouloir déflorer la fin, ce qui en matière de roman policier serait ,coupable il est possible d'en donner un résumé et de dire en quoi ce roman est captivant.

Le point de départ est un fait que l'écrivain a connu à ses débuts: le procès de quelqu'un qui tue  un violeur et il faut rajouter que cet assassin est un très jeune garçon de 16 ans. A partir de ce point de départ nous assistons a tout le déroulement de l'enquête et du procès dans le cadre particulier de la justice américaine.

Il y a  une analyse très juste des divers sortes d'avocat et le roman montre un avocat à la fois sympathique (o s'attache à lui et à sa famille) mais aussi disposant des qualités essentielles qui font un bon avocat pénaliste et ,notamment le courage. Car il lui faut affronter  la véritable haine d'une grande partie de la population de cette petite ville du Sud. On admire aussi son intelligence et son habileté procédurière. Je n'en dis pas plus mais , avocat moi-même ,j'ai adoré la personnalité et le travail de cet avocat américain.

mercredi 19 juillet 2023

Florence M.Forsythe: Tu me vertiges

 

                     




Ce livre nous dit qu’il est un roman. Cela est vrai mais il suit de manière très précise la vie de ce couple devenu mythique : Albert Camus et Maria Casarès.

Il a pour source aux dire même de l’auteur d’une part l’importante et captivante correspondance qui a été publiée et qui nous permet de suivre, au jour le jour cette relation. J’ai déjà dit le plaisir que j’avais eu à lire cette correspondance.

L’autre source de l’auteur ce sont les Mémoires de Maria Casarès que, par contre ,je n’ai pas lu.

Ce qui fait l’intérêt de ce livre c’est qu’il fait vivre la relation et l’on se captive pour voir ces vies se dérouler devant nous. On vit avec ce groupe d’intellectuels, d’artistes, d’écrivains qui se reçoivent, font des « fiestas » à Saint germain des Prés : Picasso, Sartre, Simone de Beauvoir , Jean Louis Barrault, Marcel Herand et d’autres encore et le roman décrit bien l’ambiance de cette époque, la guerre, les privations mais aussi l’exaltation. On assiste à la création du Malentendu de Camus aux Mathurins par Marcelle Herand avec Maria Casarès. C’est au cours d’une de ces fiestas que Maria Casarès est troublé par Camus et que petit à petit la liaison va débuter et ce sera une explosion de bonheur pour les deux. Il y a , aussi, les actes de résistance de Camus, son activité à Combat. Bref tout ce que nous savons mais que là nous voyons vivre.

Puis Francine rejoindra son mari et ils auront des jumeaux. On assiste alors aux questionnements, aux doutes, aux hésitations de Maria. Camus aurait bien continuer cette relation mais , avec difficulté, elle va prendre une décision nette, énergique en femme forte qu’elle est et va rompre avec Camus. Mais la vie est toujours pleine de rebondissements et Maria rencontrera  Albert, deux ans plus tard, par hasard, sur le Boulevard Saint Germain et leur amour reprendra.

Tous deux sont occupés mais le théâtre les relie. Le roman est intéressant en ce qu’il décrit bien ce milieu du théâtre parisien et on voit bien le bonheur que ressent Camus au milieu des comédiens.

Enfin le caractère de Camus, au travers de son amour pour Maria est, semble-t-il, très bien rendu : à la fois macho, possessif et finalement fragile très amoureux et ayant peur de la perdre.

Peut-être le roman ne rend pas compte, comme le fait la correspondance, des ces séparations permanentes, de cet éloignement qui les ont fait souffrir tous les deux et qu’ils crient dans leur échange épistolaire.

On lira ici une critique de ce livre.

jeudi 6 juillet 2023

Réflexions sur les récentes émeutes.


 

 Il est clair que les émeutes qui viennent d’avoir lieu, même s’il y en a eu d’autres par le passé, ont sidéré les français et, comme il est assez naturel  ont entrainé des réactions à chaud très contrastées et définitives.

Sans doute faudrait-il d’abord une mesure très symbolique et la modification de la loi permettant aux policiers de tirer dans certaines conditions, à la vérité trop floues . Chacun peut s'accorder, je crois, sur le fait que la mort ne peut être donné pour ce genre de comportement si blâmable soit-il.

Ensuite la proposition de bloquer l'internet pendant les émeutes à fait hurler et a amené , dans un raccourci totalement infondé à dire que la France, dans ce cas deviendrait l'Iran ou la Chine! 

L'excès n' a jamais été un raisonnement.

Il est très clair que les réseaux sociaux ont facilité les actions émeutières et les ont fait persisté. L'Etat ne doit-il pas avoir la possibilité de prendre dans ces hypothèses toutes les mesures destinées à éviter les dommages considérables qui sont survenus?

IL est clair qu'une telle disposition, prévue par la loi, devra être sérieusement encadrée et placée sous le contrôle a posteriori du Juge.

Ensuite il faut s’atteler à un énorme chantier qui est celui des ces cités et de ces populations en majorité issues de l’immigration.

Or c’est un des problèmes le plus complexe auquel doit s’atteler la classe politique mais en réalité tous les français.

Evidemment, comme il fallait s’y attendre l’immigration a été pointé du doigt et a servi d’explications à certains ce qui est simpliste et totalement inefficace.

Cette question de l’immigration empoisonne le débat politique en France depuis plus de vingt ans, entraîne sur tous les bords de l’échiquier politique des réponses sommaires  et il nourrit le populisme d’un côté comme de l’autre où chacun adopte des postures sans vouloir voir les réalités. La droite et l’extrême droite sont dans l’exagération en faisant de l’immigration le principal problème de la France et en incluant dans son opposition tous les immigrés venus d’Afrique du Nord ou d’Afrique et la gauche est dans  la posture lorsqu’elle refuse de voir les problèmes et soutient que les « droits de l’homme » s’opposent à toute politique ferme en la matière.

Les deux ont tort et ne font qu’exacerber un vrai problème qui mérite beaucoup mieux et qui mériterait même une sorte d’union nationale sur la question. Est-ce que notre classe politique est incapable de dominer un peu ses attitudes partisanes pour arriver à un compromis acceptable par tous, seule façon de faire avancer cette question.

Essayons donc, dépassant ces postures d’analyser calmement et clairement cette question.

 

Il faut d’abord dire que la France comme beaucoup de pays européens a besoin d’immigration en raison du vieillissement de sa population et en raison du fait que beaucoup en France ne veulent plus accomplir certains travaux nécessaires mais mal payés et dévalorisants. Dire comme certain slogan que l’on veut aller vers une « immigration zéro » est totalement infondé et n’est qu’une posture.

Il y a eu de tous temps des immigrés et il est absolument certain qu’il y en aura encore. Prenons donc acte de ce fait.

La seconde chose qui est à dire et fortement c’est que la majorité des immigrés se comportent bien et n’ont qu’un souci se faire une place dans ce pays en y respectant ses lois et, de fait on pourrait citer de très nombreux exemples d’enfants issus de cette immigration, ayant vécu dans un habitat pas toujours agréable et avec des parents pauvres et manquant de référence culturelles française et qui ont pourtant réussi devenant médecins, avocats , chef d’entreprise, commerçants etc.

La troisième chose est qu’effectivement une partie de l’immigration ,notamment parmi les jeunes, se comportent mal, commettent des délits voire des crimes, notamment dans certains quartiers et créent ainsi  de l’insécurité réelle et également -et c’est inévitable-un sentiments d’insécurité qui se répand dans la population partout dans le pays même dans les endroits où l’immigration est faible.

Ne pas vouloir voir cette situation ou la minimiser est une faute politique car la sécurité est, si on veut bien y réfléchir, le premier des droits et le premier des devoirs de l’Etat.

Cette situation est grave de conséquences car elle nourrit le populisme et fera qu’un jour seront au pouvoir des politiques dangereux pour notre état de droit.

Dés lors ne pas prendre cette question au sérieux ou vouloir rester dans des postures conduira à d’inévitables dérives et la responsabilité des politiques est donc grande en la matière.

Une fois que l’on a dit cela les vraies questions commencent.

D’abord je conteste pour ma part que la population française nourrisse un racisme qui la conduirait a refuser l’étranger. L’histoire de ce pays a amplement démontré que les français ont accueilli des étrangers venus de tous les horizons et , qu’après des heurts quelques fois violents ( italiens, polonais..), ces étrangers se sont parfaitement intégrés et sont devenus ,pour certains des, modèles.

Ce qui , dans le passé, a favorisé, cette intégration c’est évidemment l’école républicaine mais aussi et cela a, hélas en partie disparu, l’autorité dont elle jouissait et cette idée des parents selon laquelle leurs enfants pouvaient se faire une place heureuse dans ce pays. Il y a donc sur ce point un vaste chantier pour les politiques qui , quittant leurs postures, voudraient faire évoluer la question.

Je suis convaincu que le problème remonte loin et qu’il est, pour partie, de l’idéologie de 1968 avec le beau slogan : « Il est interdit d’interdire » et le recul du principe d’autorité dans l’éducation des enfants qui a rendu leur éducation plus difficile pour les parents et par les enseignants.

La question sera difficile à régler car cette attitude est devenue une habitude et un usage répandu encore que dans certains familles, heureusement, ce principe d’autorité, de fermeté dans l’éducation existe toujours.

Tout ce qui pourra aider a restaurer ces principes sera bénéfiques .

Un autre problème rend aujourd’hui l’intégration inefficace. Il ne faut pas se cacher que dans certaines communautés et -soyons clairs- pour l’essentielle musulmanes, on assite au développement dans leurs pays mais aussi en France à une contestation de nos règles et de notre civilisation et qui va, concernant l’islamisme, jusqu’ au rejet de notre mode de vie et de notre laïcité.

Cela n’est évidemment pas acceptable en aucune manière et la lutte contre ces idées qui déteignent même sur des parents qui ne sont pas islamistes doit être menée sans faiblesse aucune. La loi sur le « séparatisme » va dans le bon sens. Elle devra être évaluée dans quelques temps et modifiée si nécessaire.

Ceux qui ,notamment à gauche, crient à l’islamophobie , en ce domaine ,n’ont rien compris à la réalité et à l’extension préoccupante de cette hostilité à nos valeurs.

Reste la question de la délinquance de certains étrangers qui empoisonne notre vie politique.

Je dis d’abord clairement que ceux qui sont dans la posture de vouloir minimiser cette question sont dans le déni et ne tiennent pas compte de l’avis ,très largement répandu, des français qui ne supportent plus cette insécurité, lorsqu’elle provient de l’action d’étranger.

La crise et ses conséquences (comme la délinquance par exemple ou le refus de fondamentales de notre pays) vient donc et d’une immigration un peu trop ouverte et surtout par l’acceptation (sous forme de démission) de l’installation d’un vrai séparatisme.

Sur cette question je pense d’abord que personne ne peut contester le droit d’un pays de contrôler son immigration.

C’est un droit fondamental et nous ne sommes pas, pour le moment , dans un monde universel ou chacun pourrait aller librement là où il veut.

En second lieu un pays qui doit a son peuple la sécurité et la plus harmonieuse communauté de vie a le droit et le devoir de prendre les mesures qui permettent cet objectif fondamental.

En conséquence quelle règle, quelle théorie peut s’opposer à ce qu’un pays décide que tout étranger, quel que soit sa situation, s’il a été condamné pour un délit grave ou un crime ,doit être immédiatement expulsé.

Certains vont soutenir qu’il s’agirait d’une double peine ! Certes mais il s’agit tout simplement de l’application de règle sur le séjour des étrangers et si je puis dire- le contrat serait connu dès l’arrivée sur le sol du pays. Dans la mesure ou nul ne conteste le droit pour un état de dicter des règles concernant l’accueil d’étranger il y aurait cette règle selon laquelle l’étranger qui commet certains délits ou crimes sera expulsé. Chacun serait averti et ne serait pas pris en traitre !

 

Enfin il est clair que le droit des étrangers est devenu, réformes après réformes, un véritable maquis, que les voies de recours se sont multipliées a toutes les étapes et rendent les mesures d’expulsion difficiles.

Il faut manifestement simplifier. Il faut qu’un recours clair et efficace soit organisé juste à la fin de la procédure, recours qui sera chargé de contrôler l’ensemble de la situation et qui sera encadré dans un délai le plus bref possible.

Mais pour ceux qui arriveront et pour ceux qui sont français il faut un plan général sur l’école, sur l’habitat, sur la lutte contre toutes formes de séparatisme.

J’ai visité, il y a peu, l’exposition organisée sur l’immigration en France au musée de la Porte Dorée à Paris et voici les idées que m’a donné cette visite.

Que nous apprend elle ? D’abord que ce phénomène de l’immigration est très ancien et que la France a reçu par vagues successives et à diverses époques de nombreux immigrés fuyant la misère ou le danger. Elle montre que chaque fois cette immigration a fait l’objet de résistance, quelques fois violente et que passé la crise ces immigrés polonais, italiens , espagnol, portugais, russes etc. ; se sont intégrés et ont réussi à sortir de la pauvreté et de l’ignorance à force de travail.

L’exposition nous apprend aussi de manière précise que la France a été chercher ,à certains moments , la main d’œuvre dont elle avait besoin et aujourd’hui ,avec le vieillissement certain de la population l’immigration continuera.

L’exposition montre aussi que toutes ces vagues d’immigrés ont eu la volonté de s’intégrer et de voir leurs enfants s’éduquer, s’installer et travailler. Ce n’est guère différent aujourd’hui et, à cet égard, il faut voir la vidéo dans laquelle de jeunes collégiens expliquent avec leurs mots et une certaine naïveté leurs espérances : ils font des rêves de réussite , réussite que leur permettrait d’aider leurs parents qui galèrent comme ont galéré avant eux les portugais, italiens, portugais et autres…..

La pauvreté ne peut être une excuse et, dans le passé une pauvreté plus grande encore n'a pas empêché l'intégration mais il est vrai que dans notre société de consommation et avec la grande information qui circule elle devient plus difficile a admettre.

Qu'il faille continuer à lutter contre la pauvreté c'est une évidence et ce sera bénéfique mais il ne faut pas oublier que la France fait déjà beaucoup en matière d'aide.

Une exposition intéressante qui se consacre à l’histoire mais qui n’affronte pas les difficultés d’intégration  spécifiques à notre époque. (Je sais ce n’est pas facile).

De tous temps il y a eu des difficultés mais aujourd’hui il existe des difficultés spécifiques :

Le logement avec la création des grandes cités alors qu’auparavant il y avait dans les quartiers d’immigration une plus grande mixité par exemple à Paris dans les quartiers de Belleville et du Marais. Il faut donc développer cette mixité et animer ces quartiers. La police de proximité qui a été supprimée peut amorcer une étape vers un peu plus d’autorité dans ces lieux où quelques fois les parents soit démissionné soit sont dans l’incapacité d’agir.

L’école qui jouait un rôle d’intégration mieux qu’elle ne le fait aujourd’hui. Des progrès ont été fait comme le dédoublement des classes. C’est à poursuivre et à développer.

Quant à la lutte contre le trafic de drogues elle doit être encore augmentée car l’existence de ces trafics et des gains qu’ils peuvent produire a un effet désastreux sur la jeunesse.

Et puis il faut aussi dire qu’une partie des immigrés sont en proie et aussi victimes d’une idéologie criminelle et qui veut imposer sa loi, rendant l’intégration impossible par le refus de notre façon de vivre.

Contre cette idéologie il faut une lutte déterminée et sans merci mais elle n’est pas simple car elle doit éviter aussi de mettre dans la même situation des personnes qui n’adhérent pas à cette idéologie et en sont tout de même victimes par ricochet.

Il y a de la part de ceux qui se refusent à cette analyse et à ces mesures une sorte de mépris ,en réalité, pour ces populations dont on estime qu’elles doivent demeurer dans leurs conceptions même si ces conceptions ne peuvent que conduire à les marginaliser et à les faire régresser.

 

 

Voilà donc quelques réflexions qui me paraissent absolument nécessaires si l’on veut éviter que très vite certains n’arrivent au pouvoir qui n’auront pas les scrupules des républicains et des démocrates ! Je crois (peut-être est-ce que je m’illusionne !) que beaucoup de français ( une grande majorité) se retrouveraient dans cette analyse et accepteraient les mesures envisagées.

Cela est aussi dans l’intérêt de tous ceux venus de partout, les plus nombreux, qui font en sorte de respecter les louis du pays qui les accueillent.


 

 

dimanche 2 juillet 2023

Jean Pierre Benisti: A propos de Camus, de Senac et de l'Algérie.

                                                                     



J'ai fait la connaissance de Jean Pierre Benisti, récemment lors d'un colloque consacré à Camus à Sfax et je ne pouvais donc passer à côté du livre qu'il vient de publier chez L'Harmattan et qui évoque ses souvenirs de Camus , de Sénac et de l'Algérie. Jean Pierre Benisti n'a qu'un an de plus que moi et il a fait ses études, comme moi, au Lycée Bugeaud d'Alger (devenu Lycée Emir Abdelkader). Il a eu, quant à lui, le privilège de vivre dans une famille qui faisait partie de ce que l'on appelait à l'époque à Alger :"les libéraux" et qui était très ami avec Camus.

J'ai déjà évoqué ,ici, la correspondance entre Albert  Camus et les Benisti qui a été publié récemment. 

Dans le présent livre Jean Pierre Benisti revient sur ses souvenirs de cette période de l'histoire de l'Algérie et évoque les idées qui circulaient alors, les positions bien connues de Camus et de Senac et le livre intéresse car ces faits connus de l'histoire sont ici évoquées de manière personnelle er derrière les idées ont sent la vie d'alors.

L'auteur évoque la vie intellectuelle et artistique des années 30 avec ses écrivains, ses peintres, la librairie d'Edmond Charlot....

Une large partie de ce livre évoque "les évènements d'Algérie" et la façon dont ils étaient perçus et j'y ai retrouvé, bien sûr, mes propres réactions et mes questionnements de l'époque ,même si ma famille était bien moins engagée que celle de Jean Pierre Benisti.

On y lit les inquiétudes, les incertitudes qui dominaient alors et l'auteur évoque les différentes réactions des Européens d'Algérie face à la guerre. On y lit aussi les réactions de ces mêmes européens après l'indépendance, certains espérant rester en Algérie et aider la pays , d'autres  ressentant tout de suite l'impossibilité de rester en raison de l'hostilité des Algériens.

De long développement sont ,évidement consacrés, aux positions de Camus et a son appel pour une trêve civile.

Ce qui m'a frappé et qui a confirmé mon analyse c'est  la compréhension très vite que le projet du FLN était contraire à l'idée d'une cohabitation et qu'il s'orientait vers "un fascisme oriental" ou une installation d'une idéologie religieuse. (p.36, 70 et 72)

Au total un livre qui rendra plus vivante  l'atmosphère de toute cette période que les livres d'histoire.

jeudi 18 mai 2023

Claude Monet et Georges Clemenceau

 

                                                               



Dans ce livre l’auteur, Alexandre Duval-Stalla, décrit et analyse les relations de Monet et de Georges Clemenceau deux hommes  géants ,chacun dans son domaine. Un peintre absolument majeur et un homme d’Etat dont l’histoire a retenu le nom.

A été publié il y a longtemps la correspondance entre les deux grands amis et c’est à partir de cette correspondance notamment que l’auteur nous décrit le détail de leurs relations et notamment à la fin de la vie de Monet.

Le peintre ,âgé et qui perd peu à peu la vue, travaille à une œuvre colossale :Les nymphéas que l’on peut encore voir au Musée de l’Orangerie à Paris.

Après l’armistice de la guerre de 14-18 la première visite de Clemenceau est pour son viel ami, lequel a décidé de léguer à la France ce dernier travail des Nymphéas.

Cela pourrait être à la fois grand et simple mais c’est sans compter sur Monet qui travaille sans relâche à ces tableaux de très grands formats avec une exigence extraordinaire et qui, dès le début a voulu pour ces toiles léguées à la France un lieu spécial d’exposition dont il avait une idée précise .

L’auteur montre les nombreuses péripéties qui résultent de ces exigences artistiques de Monet, exigences qui finissent par irriter son ami Georges Clemenceau.

Prenant appui sur le rappel de cette histoire l’auteur évoque plus largement la vie des deux amis, leur jeunesse rebelle, leur fougue mais aussi , surtout dans le cas de Monet leurs difficultés nombreuses et sérieuses. Clemenceau se « rangera » plus tôt alors que Monet connaîtra quasiment la misère, lâché par sa famille.

Il montre pour Monet et toute une partie des jeunes peintres de son époque l’hostilité des milieux officiels , de l’art académique qui s’oppose résolument à ceux qui deviendront les « Impressionnistes ».C’est donc l’histoire mouvementée de l’impressionnisme qui est relatée dans ce livre.

L’auteur montre analyse aussi les convictions républicaines de Georges Clemenceau, son hostilité (assez seul à cette époque) à toutes les colonisation, sa volonté de libérer le peuple par l’éducation , une meilleure situation, une meilleure justice mais n’acceptant pas les projets de ce qui était alors la gauche radicaleVoilà ce qu’il écrivait et qui trouve encore des échos de nos jours.

« je suis pour le développement intégral de l’individu. Quant à me prononcer sur l’appropriation collective du sol, du sous-sol, je réponds catégoriquement non ! non ! je suis pour la liberté intégrale, et je ne consentirai jamais à entrer dans les couvents et dans les casernes que vous entendez nous préparer »

Clemenceau  qui se battra pour Dreyfus et qui écrira un très grand nombre d’articles (plus de 4000 pages !)

 

L’auteur montre aussi le travail fantastique, exigeant, inlassable de Monet travaillant à ses séries :les meules, les peupliers, la Cathédrale de Rouen  ,Londres  s et Venise.

Au total ce livre vous donnera une idée exacte et complète de la vie de ces deux personnages et de leur amitié malgré leurs préoccupations différentes, l’admiration de Clemenceau pour la peinture de Monet expliquant en grande partie cette amitié.

Un ami m'a signalé également une pièce de théatre sur ce thème.

samedi 6 mai 2023

Bernard Cazeneuve Avec Mauriac

 Hier , j'ai profité de mon voyage en train pour Paris pour lire le livre que Bernard Cazeneuve a consacré à François Mauriac. Bernard Cazeneuve  connaît depuis longtemps (depuis son adolescence) l'écrivain et ce livre est un exercice d'admiration en nous disant combien il avait apprécié , très jeune, les romans de François Mauriac et sa poésie.

Par la suite il préférera le Mauriac ,journaliste ,chroniqueur, celui du fameux Bloc-notes.



Je connais Mauriac depuis assez longtemps aussi et j'ai lu l'importante biographie que lui a consacré Jean Luc Barré mais aussi, à l'occasion de la Covid l'ensemble de ses romans. 

J'ai commencé par les romans dans lesquels François Mauriac dépeint à la fois une région: Bordeaux et la haute Lande Girondine et ce milieu de la bourgeoisie bordelaise et qui  crée, aussi, des personnages tourmentés à l'image de Thérèse Desqueyroux  dont la force romanesque n'est pas loin d'égaler l'Emma Bovary de Flaubert, les deux dépeignant des femmes insatisfaites de leur situation.

Mais ,à côté des romans, il y a l'importante chronique politique qui couvre une large période et qui se retrouve dans le fameux Bloc-notes

On ne peut pas, en lisant l'œuvre politique de Mauriac, telle qu'elle apparaît dans le Bloc-Notes et que rappelle très justement Bernard Cazeneuve ne pas faire une comparaison avec le Camus journaliste.

 Ils avaient ,tous deux , la même rigueur à l'égard de la vérité , le sens de la nuance et le respect de l'adversaire .Bernard Cazeneuve écrit , à plusieurs reprises, combien il admire Mauriac qui ne se laisse pas enfermer par son milieu et qui résiste aux "effets de meute".

Et en  effet que ce soit sur le rôle de l'église en Espagne au moment de la guerre, que ce soit sur les problèmes coloniaux (Maroc et Algérie) François Mauriac est à contre courant de son milieu.

François Mauriac et Camus eurent ,ensemble quelques polémiques mais toujours respectueuses, notamment au moment de la Libération et leurs positions sur la guerre d'Algérie furent également quelques fois légèrement opposées, Camus reprochant à François Mauriac de traiter le problème en surplomb sans connaître le pays et sans se soucier des européens d'Algérie.

On écoutera, sur ces relations Mauriac-Camus  un très intéressant entretien  avec le Professeur Raphaël Drai




jeudi 20 avril 2023

"Moi je crois pas" de Jean Claude Grumbert au théâtre de Pari à Tarbes: Michel Petit Acteur

 


         






Soirée théâtrale ce soir au Théâtre de Pari à Tarbes pour voir la pièce de Jean Claude Grumbert : "Moi je crois pas" et si j'y ai assisté c'est parce que mon ami et ancien associé Michel Petit y jouait le rôle du mari pendant que sa compagne dans la vie, Catherine Mazereau joue son épouse de théâtre. Je n'ai appris que très récemment que Michel Petit jouait au théâtre en amateur.

La pièce qui a été jouée à Paris avec Pierre Arditi et elle a connu un grand succès. En voici un extrait  et voilà comment elle est présentée dans émission de Radio France

Au théâtre de Tarbes Michel Petit et sa compagne ont donné un spectacle intéressant, de qualité et nous ont donné a voir un vieux couple pour lequel la vie a passé et qui se retrouve tous les soirs devant un poste de télévision à se disputer à propos de tout et de rien.

Cette pièce fait rire mais, en même temps, elle a un côté tragique car c'est bien de vieillesse dont il s'agit et les personnages ont perdu l'allant de la jeunesse et mènent désormais une vie étriquée. Lui est particulièrement agressif (ce dont il se répand à certains moments), il est dans la provocation, quelques fois dans le complotisme et ne croyant a rien il tient quelques fois des propos de café du commerce! Elle, on sent qu'elle subit et tout ce qu'elle peut dire n'entraine chez lui que scepticisme.

Quant il claironne d'un ton péremptoire qu'il ne croit pas qu'il y ait une vie après la mort, elle lui répond: "Pour moi c'est le contraire"! Elle précise qu'en effet elle pense qu'il n' ya pas de vie  avant la mort. La réplique fait rire dans la salle mais elle a, aussi, un côté tragique ,elle montre que nos vies sont souvent en deçà de nos rêves. C'est l'absurde de Camus.

On sent pourtant qu'il y a encore de la tendresse chez ce vieux couple et que, dans le fond, ces discussions animées ne sont qu'une manière de passer le temps, ce temps qui a passé et qui laisse entrevoir la fin du chemin.

J'ai fréquenté Michel Petit de nombreuses années sur le plan professionnel mais je ne me  doutai pas de son attrait pour le théâtre et de sa qualité de comédien. Bravo à elle et à lui. Les deux acteurs le restituent très bien le climat autour de ce vieux couple et l'on sort de ce spectacle à la fois heureux d'avoir rit et un peu triste .