samedi 22 avril 2017

Alain Moreau

Texte prononcé après la messe lors des obsèques de mon ami Alain à l'Eglise Sainte Bernadette le 25 avril 2017




Nous sommes réunis pour adresser un adieu à Alain.

Je n'ai pas de qualité particulière pour vous parler d'Alain. D'autres auraient sans doute mieux retracer son parcours professionnel. Ma seule qualité est une amitié solide et ancienne.

Alain que nous entourons en ce triste jour est, en effet, mon ami le plus ancien à Pau. Je l'ai connu en 1962 lors de la rentrée universitaire dans cette villa Lawrence qui servait  d'Institut d'Etudes Juridiques.
Il y commençait ses études de droit et moi aussi.
J'arrivai directement de mon Algérie natal et je ne connaissais strictement personne à Pau. Les bancs de l'Institut nous ont réuni et je ne l'ai plus jamais perdu de vue.
 A l'époque nous avions cours toute la journée,les professeurs venant de Bordeaux et je garde le souvenir de ces moments entre deux cours ou nous nous promenions en discutant dans le magnifique Parc Lawrence. Heureux temps!
Je souviens qu'il s'est marié très jeune avec Pascale alors qu'il était encore étudiant et Pascale et lui  m'ont si souvent accueilli ,à l'époque, chez eux dans l'intimité de leur jeune foyer.

J'ai toujours gardé de très bonnes relations avec Alain tout au long de ces longues années, prés de 60 ans  et ce n'est pas très étonnant car nos caractère se ressemblait. Alain était sérieux et très réservé, sans doute même plus que moi mais il n'était jamais dans la superficialité et quand il faisait quelque chose il le faisait avec sérieux et application.
Juriste il a eu une belle carrière au sein de ce qui était à l'époque la SNPA et je me souviens qu' à ces débuts il a été amené a voyager beaucoup et fort loin pour négocier et rédiger les contrats pétroliers que ce grand groupe négociait dans de nombreux pays.
Je dois dire qu' à l'époque cela me faisait rêver, moi qui aime beaucoup les voyages et qui, en tant qu'avocat, était astreint a demeurer à Pau.
Avocat j'ai eu quelques fois a travailler avec lui et son service et j'ai toujours apprécié sa méticulosité, sa rigueur intellectuelle qui ne laissait rien au hasard et à l'improvisation.
C'est ce sens de la rigueur intellectuelle qui faisait que souvent, au cours de nos conversations, 'il était  assez dur pour les politiques de tout bord et disons, leur souplesse, pour ne pas être désobligeant!
J'avais de mon côté un peu plus d'indulgence et un peu plus d’intérêt pour la politique et c'était un objet de discussion entre nous.

Je suis d'origine et de culture protestante mais je dois dire qu'Alain aurait pu très bien pu faire partie de la confrérie et être protestant car il en avait l'austérité et la rigueur. Voilà encore ce qui nous rapprochait.Et je crois qu' à heure de œcuménisme je peux prononcer ce genre de propos ,ici, dans une Eglise et je suis sûr qu'Alain n'en aurait pas été choqué!
Il aimait les belles voitures et surtout la voile et c'est vrai que c'est un loisir qui correspondait bien a son caractère: la solitude face à l'immensité de l'océan,l'affrontement avec le vent et la mer,la contemplation de la beauté de la nature. Et c'est cet amour de l'océan qui l'a conduit a résider beaucoup dans les Landes ces dernières années ou il se trouvait heureux au milieu de cette belle nature.

Son caractère précis et persévérant l'avait aussi entraîné vers la généalogie et il  avait réussi a reconstituer une grande partie de son arbre généalogique. Comme on le voit Alain était un esprit ouvert.
Alain a eu la chance d'avoir une vie familiale harmonieuse avec une femme Pascale, ma chère amie,qui par son ouverture aux autres,sa curiosité,son amour de la discussion compensait un peu le côté un peu sauvage d'Alain.
Elle était le ministre des relations étrangères du couple!

Il a été un très jeune papa et Jean Alain lui a donné deux petites filles qui étaient sa fierté et son plaisir et a qui, après sa retraite , il a pu consacré du temps.J'ai la conviction que l'essentiel de l'éducation est dans l'exemple et il a été pour ces deux petites filles , j'en suis sûr, un très bel exemple de droiture et de travail.
C'est quand le grand départ survient que l'on se met à regretter et mon regret est de ne pas avoir assez profité de cette amitié, d'avoir laissé la vie nous éloigner.

La vie avec son côté trépidant, le travail, les loisirs, les obligations familiales font que nous ne nous voyons nos amis que  trop peu et après c'est le regret même si dans mon cas notre relation a été espacée mais toujours fidèle et chaleureuse.Nous n'avions dans le fond pas besoin de mots et nous pensions l'un a l'autre.
Parce que c'était lui parce que c'était moi !

Face au deuil, à la tristesse je songe souvent à cette phrase que Jean Louis Trintignant a prononcé, bouleversé, aux obsèques de sa fille et que je reprends a mon compte car je la crois très vrai:

"Ne pleurez pas. Réjouissez vous de l'avoir connu"

En ce qui me concerne je ne peux m'empêcher de pleurer Alain, cet ami qui reste associé pour moi et à jamais à mon arrivée à Pau, qui a été d'une certaine façon avec Mimi et Janine Cazendres avec Annie l'image de la France et de son accueil mais en le pleurant aujourd'hui je me réjouis de l'avoir connu, d'avoir pu profiter de son amicale fidélité et ,pour tout dire avec lui me quitte une partie heureuse de ma jeunesse.
Et maintenant quelque soit la vérité.
Ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n'y croyait pas.
Alain a trouvé la paix et il nous laisse dans le désarroi. Le jour viendra où nous pourrons tranquillement ,dans l'apaisement, penser a cette partie de nous qu'il a emporté avec lui.
Et enfin comme nous le dit Paul Eluard :

                                       
J'adresse à Pascale son épouse,mon amie, à Jean Alain son fils a ses petites filles et a toute sa famille l'expression de ma sympathie dans cette épreuve douloureuse et venue trop tôt.

Voici un texte et un dessin que la filleule d'Alain a fait en cette triste occasion





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