Voilà un beau livre que je viens de lire d'une traite dans le train qui m'amenait à Paris. C'est un petit format édité par une maison d'édition en Tunisie (Elyzad) et son auteur est une universitaire née, comme Camus en Algérie, mais qui donne là un essai qui n'a rien d'universitaire et qui est , tout au long, dans l'émotion et dans un style fort agréable.
Elle nous dit et cela je l'ai souvent pensé que Camus est un auteur qui appelle sur lui une forme de tendresse. C'est quelqu'un qu'on aurait aimé avoir pour frère ou pour ami et il avait l'amitié fidèle. Je me suis souvent demandé si j'éprouvai un même sentiment à l'égard d'autres écrivains que j'admire. Et bien non. J'ai pourtant un panthéon assez fourni de Gide à Mauriac en passant par Julien Green , Marguerite Yourcenar, Michel Del Castillo, entre autres mais pour aucun de ceux que je viens de citer je ne nourris ce sentiment de tendresse. Sans doute est-ce parce que le destin d'Albert Camus, mort si jeune, est émouvant de sa jeunesse pauvre à sa célébrité mondiale avec ,toujours, cette forme d'humilité qui le caractérise.
En tous cas je ne peux que recommander ce petit livre qui se lit bien et qui dit tout de la vie et de la pensée de Camus, qui n'apprend rien mais qui exprime tout cela de manière neuve et émouvante.
Il y a de nombreuses citations, toutes très bien choisies et parmi elles, celles émouvantes des écrits des écrivains algériens qui furent ses amis dans le déchirement. Le livre contient une belle analyse du "Premier homme" et l'auteur se désole avec beaucoup d'autres que Camus n'ait pas pu dire tout ce qu'il avait à dire et dont elle donne des pistes en citant des extraits des carnets.
Elle écrit cela qui est à la fois surprenant et intéressant: "Mais l'une de vos notes programmatiques résonne comme une terrible prémonition: "Le roman doit être inachevé" Il me semble entrevoir dans votre décision d'inachèvement le consentement à ce que le récit de l'Algérie se poursuive sans vous, sur un avenir ouvert. Vous aviez quant à vous réalisé votre part de l'élaboration de ce récit en refermant la boucle d'un parcours personnel qui vous ramenait auprés de ceux qui vous étaient chers."
L'auteur, originaire ,elle aussi, d'Algérie (elle est née à Blida) essaye d'expliquer ce qui a conduit Camus à ne pas croire à l'indépendance, croyant à une utopie d'Algérie plurielle.
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