jeudi 28 septembre 2017

Une enfance de Proust

Dans ce livre l'auteur part d'une recherche sur les albums de confession qui était édité au XIX° siècle a destination de la jeunesse et dans lesquels les jeunes gens et leurs amis répondaient a des questions de toutes sortes. C'est ainsi que le jeune Marcel Proust fut amené à répondre a un questionnaire dans l'album de confession d'Antoinette Faure ,une des filles du président Felix Faure  cet homme politique dont on ne sait presque rien sauf les conditions de sa mort dans les bras de sa maîtresse!
Depuis ces réponses de Marcel Proust ont été connues et utilisées par ses biographes et notamment par André Maurois et cela est devenu au fil du temps: le questionnaire Marcel Proust que l'on a soumis à tous les écrivains connus.
L'auteur a minutieusement recherché ce passage des confessions au questionnaire.
C'est ,pour elle,l'occasion de nous décrire les relations étroites qui existèrent entre la famille de Marcel Proust, notamment son père ,le professeur de médecine Adrien Proust, sa mère et les époux Faure.
Le livre nous donne, aussi, une excellente description de la vie de ces familles bourgeoises au XIX° siècle entre Paris et leurs villégiatures du Havre ou de Deauville , cette vie faîte de mondanités.
Il ya ,aussi, toute une analyse fort intéressante sur la vie des jeunes filles de l'époque et sur leur seul horizon: le mariage. L'auteur analyse finement les différentes figure de la jeune fille dans les romans de l'époque depuis Eugénie Grandet, Madame Bovary et l’héroïne d'une Vie de Guy de Maupassant, avant que George Sand puis Colette n'offre des portraits de femmes plus libérées.
L'auteur analyse enfin les réponses au fameux questionnaire et cela permet de dresser un portrait psychologique de ceux qui y ont répondu.
En définitive ce livre permet au lecteur de se faire une idée de l'environnement social dans lequel a grandi le jeune Marcel et nous donne a voir un monde disparu.

lundi 25 septembre 2017

Séjour à Uzes

Je viens de passer une semaine à Uzes chez une amie avec laquelle nous échangeons nos demeures. Nous nous sommes connus dans un échange en Suisse, où elle demeurait alors avant de venir s'installer prés d'Uzes dans un petit village réputé depuis des lustres pour ses potiers.
Nous avons donc arpenté ,à nouveau, la petite ville d'Uzes siège du premier duché de France et qui m'était surtout connu pour avoir été la ville des grands parents d'André Gide ,petite ville qu'il évoque dans Si le grain ne meurt.
Lors de mon dernier séjour j'avais recherché ses traces et visité le tout petit musée qui lui est consacré.
Racine aussi a connu Uzes ou son grand père maternelle était chanoine de la  Cathédrale. Son souvenir est évoqué sur la promenade qui fait le tour de la Cathédrale par une plaque commémorative sur laquelle se trouve une phrase tirée,probablement de sa correspondance et qui, depuis a été reprise pour titre d'un roman  "Et nous avons des nuits plus belles que vos jours..."Il devait évoquer les nuits d'été dans ce coin de Provence!,
La Place des Herbes est toujours aussi jolie, bordée par ses maisons du XVIII° siècle et agrémentée par sa belle fontaine et ses arbres


                                                   



                                         
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Installé là nous avons fait une escapade dans le Lubéron ce coin que j'appelle, y ayant de nombreux souvenirs heureux: le quadrilatère bienheureux avec les villages de Bonnieux, au sortir de la Combe de Lourmarin, Lacoste , ce village presque entièrement acheté par Pierre Cardin  ,Goult, Joucas, Gordes, Roussillon et Menerbes.
Je ne ma lasse pas de parcourir ce petit coin où j'ai, jadis, envisagé de m'installer.

                                       





Nous avons aussi passé  une journée et une nuit à Lourmarin ,joli village qui fut le dernier domicile d'Albert Camus et où se trouve sa dernière demeure. En partant j'ai fait une halte au petit cimetière devant sa tombe si simple mais qui est encore très visitée et où, de manière touchante, des passants laisse des petits mots, des fleurs, des cailloux avec des inscriptions. Il y avait , ainsi, un petit galet sur lequel un japonais avait écrit quelque chose dans sa langue.


                                         










Nous avons aussi visité Nîmes qui a beaucoup changé et qui est devenu une jolie ville moderne et agréable alors que je l'avais connu il y a vingt ans ville provinciale et un peu morte. Nous avons déjeuné au Ciel de Nîmes un restaurant agréable, une terrasse sur le toit d'un bâtiment moderne face à la Maison Carrée de Nîmes ce beau temple romain en parfait état. Nous avons aussi compris pourquoi le crocodile était l emblème de Nîmes




Au retour nous avons fait une halte à Pezenas la ville de Molière et nous avons goûte la spécialité locale.







lundi 11 septembre 2017

Slimane Zeghidour: Sors,la route t'attend.

Par l'effet d'un heureux hasard une amie m'a offert le livre que vient de faire paraître Slimane Seghidour aux Editions les Arènes et qui est le récit de son enfance dans un village kabyle pendant la guerre d'Algérie. Heureux hasard car j' y retrouve des faits, des événements , une ambiance que j'ai trouvé également dans le beau roman de Zeniter: L'art de perdre.
Le livre de Slimane Zeghidour nous ramène donc dans une Kabylie pauvre, quelques années seulement après qu'Albert Camus en ait dressé un douloureux portrait dans ses reportages "Misères en Kabylie".A lire ce très beau récit on constate que pendant très longtemps (n'est-ce plus le cas aujourd'hui) cette région montagneuse, ingrate mais magnifique a été abandonnée. La France n'a commencé a s'en préoccuper, comme le montre l'auteur, que lorsqu'elle allait partir et qu'il était évidement trop tard.
Malgré ce dénuement , cette vie qui paraît exister avec des siècles de retard l'auteur raconte une jeunesse heureuse et on retrouve des échos, pas si lointain , de la jeunesse de Mouloud Feraoun telle qu'il nous l'a raconté dans"Le fils du pauvre" ou dans "Jours de Kabylie".
Puis c'est le temps de la guerre d'Algérie (l'auteur écrit qu'il est né avec la guerre) avec les relations compliquées qui étaient obligés de se nouer avec les français, les combattants du FLN, les comportements pas toujours nets et qui sont également si bien évoqués dans le roman d'Alice Zeniter.
Au total un livre sensible, émouvant souvent et qui donne à réfléchir une nouvelle fois sur les relations compliquées de la France et de l'Algérie, relations dominées par non par la raison mais le plus souvent par des sentiments nécessairement mêlés. Voici ce qu'en dit l'auteur

L'art de perdre d'Alice Zeniter

Décidément l'Algérie est bien au coeur de cette rentrée litteraire . Après avoir lu et beaucoup aimé le roman de Kaouther Adimi "Nos richesses" qui raconte l'histoire de la librairie créée à Alger par Edmond Charlot, voici un ample roman de plus de 500 pages qui évoque la vie d'une famille algérienne, kabyle en l’occurrence de 1930 à nos jours.
Cette famille à laquelle on s'attache très vite dans le roman va être confrontée, comme tant d'autres , à la guerre d'Algérie  qui commence un premier novembre 1954 et se posera à elle le problème du choix. Comment faire face à ces premiers combattants du FLN dont on ne sait rien mais qui très vite vont s'imposer par la terreur et les français que l'on n'aime pas en raison du caractère si injuste du système colonial.
Ce chef de famille, assez aisé dans son petit village kabyle ne sait que faire et l'on suit avec intérêt ses questionnements, ses doutes et sa volonté de vivre tout simplement en protégeant sa famille. Situation cruelle et difficile  vouée , quelque soit le choix, au drame de la guerre, à la violence des comportements des deux côtés.
Je suis sûr que chaque lecteur se posera la question ; "qu'aurais je fait?"
Quand on connaît la fin de l'histoire ( à la vérité assez prévisible) ce chef de famille aura fait le mauvais choix; celui d'une France qui ne saura où plutôt ne voudra pas protéger ceux qu'elle a poussé à ce choix. Ce roman montre sans excès, sans pathos le crime qu'a commis la France à l'égard des harkis, crime qui ne justifie pas et n'excuse pas les crimes commis aussi par les algériens contre ces mêmes harkis et contre deux pays qui ont instrumentalisé ce drame. La France n'a pas su les accueillir dignement ( il y a tout un chapitre sur l’horrible vie dans les camps) et l'Algérie n'a pas su, comme elle l'aurait dû, tourner la page. Curieusement elle a su le faire et , à mon avis , à tort avec les islamistes beaucoup plus dangereux et n'a pas su pardonner aux harkis qui, pourtant, pour beaucoup d'entre eux n'avaient rien commis d'irréparable et qui souhaitaient tous , au fond  de leur coeur , l'indépendance du pays!
Comme l'écrit justement l'auteur "Pour oublier ce pays entier, il aurait fallu qu'on lui en ait offert un nouveau. Or, on ne leur a pas ouvert les portes de la France, juste les clôtures d'un camp."
Mais ce roman en nous faisant revivre une cinquantaine d'années de l'histoire de l'Algérie et de la France montre bien comment les protagonistes s'enfoncent dans le silence et sont incapables de parler de cette période à leurs enfants et à quiconque et comment ils meure,t de ce silence.
Ce roman se termine par le retour en Algérie et dans la Kabylie de ses ancêtres de Neïma le petit fille d'Ali , celui qui est parti, et j' y ai retrouvé des sensations que j'ai moi-même éprouvé lors de mon retour au pays.
Au total une fresque , un rappel de cinquante d'une histoire douloureuse pour tous  et tout cela écrit dans u style agréable. Ce roman obtient le "Prix Goncourt des Lycéens et voici ce qu'elle et ici encore ,. et ce qu'elle en dit lors d'une venue à Pau et une belle analyse dans Le nouvel obs