mercredi 19 juillet 2023

Florence M.Forsythe: Tu me vertiges

 

                     




Ce livre nous dit qu’il est un roman. Cela est vrai mais il suit de manière très précise la vie de ce couple devenu mythique : Albert Camus et Maria Casarès.

Il a pour source aux dire même de l’auteur d’une part l’importante et captivante correspondance qui a été publiée et qui nous permet de suivre, au jour le jour cette relation. J’ai déjà dit le plaisir que j’avais eu à lire cette correspondance.

L’autre source de l’auteur ce sont les Mémoires de Maria Casarès que, par contre ,je n’ai pas lu.

Ce qui fait l’intérêt de ce livre c’est qu’il fait vivre la relation et l’on se captive pour voir ces vies se dérouler devant nous. On vit avec ce groupe d’intellectuels, d’artistes, d’écrivains qui se reçoivent, font des « fiestas » à Saint germain des Prés : Picasso, Sartre, Simone de Beauvoir , Jean Louis Barrault, Marcel Herand et d’autres encore et le roman décrit bien l’ambiance de cette époque, la guerre, les privations mais aussi l’exaltation. On assiste à la création du Malentendu de Camus aux Mathurins par Marcelle Herand avec Maria Casarès. C’est au cours d’une de ces fiestas que Maria Casarès est troublé par Camus et que petit à petit la liaison va débuter et ce sera une explosion de bonheur pour les deux. Il y a , aussi, les actes de résistance de Camus, son activité à Combat. Bref tout ce que nous savons mais que là nous voyons vivre.

Puis Francine rejoindra son mari et ils auront des jumeaux. On assiste alors aux questionnements, aux doutes, aux hésitations de Maria. Camus aurait bien continuer cette relation mais , avec difficulté, elle va prendre une décision nette, énergique en femme forte qu’elle est et va rompre avec Camus. Mais la vie est toujours pleine de rebondissements et Maria rencontrera  Albert, deux ans plus tard, par hasard, sur le Boulevard Saint Germain et leur amour reprendra.

Tous deux sont occupés mais le théâtre les relie. Le roman est intéressant en ce qu’il décrit bien ce milieu du théâtre parisien et on voit bien le bonheur que ressent Camus au milieu des comédiens.

Enfin le caractère de Camus, au travers de son amour pour Maria est, semble-t-il, très bien rendu : à la fois macho, possessif et finalement fragile très amoureux et ayant peur de la perdre.

Peut-être le roman ne rend pas compte, comme le fait la correspondance, des ces séparations permanentes, de cet éloignement qui les ont fait souffrir tous les deux et qu’ils crient dans leur échange épistolaire.

On lira ici une critique de ce livre.

jeudi 6 juillet 2023

Réflexions sur les récentes émeutes.


 

 Il est clair que les émeutes qui viennent d’avoir lieu, même s’il y en a eu d’autres par le passé, ont sidéré les français et, comme il est assez naturel  ont entrainé des réactions à chaud très contrastées et définitives.

Sans doute faudrait-il d’abord une mesure très symbolique et la modification de la loi permettant aux policiers de tirer dans certaines conditions, à la vérité trop floues . Chacun peut s'accorder, je crois, sur le fait que la mort ne peut être donné pour ce genre de comportement si blâmable soit-il.

Ensuite la proposition de bloquer l'internet pendant les émeutes à fait hurler et a amené , dans un raccourci totalement infondé à dire que la France, dans ce cas deviendrait l'Iran ou la Chine! 

L'excès n' a jamais été un raisonnement.

Il est très clair que les réseaux sociaux ont facilité les actions émeutières et les ont fait persisté. L'Etat ne doit-il pas avoir la possibilité de prendre dans ces hypothèses toutes les mesures destinées à éviter les dommages considérables qui sont survenus?

IL est clair qu'une telle disposition, prévue par la loi, devra être sérieusement encadrée et placée sous le contrôle a posteriori du Juge.

Ensuite il faut s’atteler à un énorme chantier qui est celui des ces cités et de ces populations en majorité issues de l’immigration.

Or c’est un des problèmes le plus complexe auquel doit s’atteler la classe politique mais en réalité tous les français.

Evidemment, comme il fallait s’y attendre l’immigration a été pointé du doigt et a servi d’explications à certains ce qui est simpliste et totalement inefficace.

Cette question de l’immigration empoisonne le débat politique en France depuis plus de vingt ans, entraîne sur tous les bords de l’échiquier politique des réponses sommaires  et il nourrit le populisme d’un côté comme de l’autre où chacun adopte des postures sans vouloir voir les réalités. La droite et l’extrême droite sont dans l’exagération en faisant de l’immigration le principal problème de la France et en incluant dans son opposition tous les immigrés venus d’Afrique du Nord ou d’Afrique et la gauche est dans  la posture lorsqu’elle refuse de voir les problèmes et soutient que les « droits de l’homme » s’opposent à toute politique ferme en la matière.

Les deux ont tort et ne font qu’exacerber un vrai problème qui mérite beaucoup mieux et qui mériterait même une sorte d’union nationale sur la question. Est-ce que notre classe politique est incapable de dominer un peu ses attitudes partisanes pour arriver à un compromis acceptable par tous, seule façon de faire avancer cette question.

Essayons donc, dépassant ces postures d’analyser calmement et clairement cette question.

 

Il faut d’abord dire que la France comme beaucoup de pays européens a besoin d’immigration en raison du vieillissement de sa population et en raison du fait que beaucoup en France ne veulent plus accomplir certains travaux nécessaires mais mal payés et dévalorisants. Dire comme certain slogan que l’on veut aller vers une « immigration zéro » est totalement infondé et n’est qu’une posture.

Il y a eu de tous temps des immigrés et il est absolument certain qu’il y en aura encore. Prenons donc acte de ce fait.

La seconde chose qui est à dire et fortement c’est que la majorité des immigrés se comportent bien et n’ont qu’un souci se faire une place dans ce pays en y respectant ses lois et, de fait on pourrait citer de très nombreux exemples d’enfants issus de cette immigration, ayant vécu dans un habitat pas toujours agréable et avec des parents pauvres et manquant de référence culturelles française et qui ont pourtant réussi devenant médecins, avocats , chef d’entreprise, commerçants etc.

La troisième chose est qu’effectivement une partie de l’immigration ,notamment parmi les jeunes, se comportent mal, commettent des délits voire des crimes, notamment dans certains quartiers et créent ainsi  de l’insécurité réelle et également -et c’est inévitable-un sentiments d’insécurité qui se répand dans la population partout dans le pays même dans les endroits où l’immigration est faible.

Ne pas vouloir voir cette situation ou la minimiser est une faute politique car la sécurité est, si on veut bien y réfléchir, le premier des droits et le premier des devoirs de l’Etat.

Cette situation est grave de conséquences car elle nourrit le populisme et fera qu’un jour seront au pouvoir des politiques dangereux pour notre état de droit.

Dés lors ne pas prendre cette question au sérieux ou vouloir rester dans des postures conduira à d’inévitables dérives et la responsabilité des politiques est donc grande en la matière.

Une fois que l’on a dit cela les vraies questions commencent.

D’abord je conteste pour ma part que la population française nourrisse un racisme qui la conduirait a refuser l’étranger. L’histoire de ce pays a amplement démontré que les français ont accueilli des étrangers venus de tous les horizons et , qu’après des heurts quelques fois violents ( italiens, polonais..), ces étrangers se sont parfaitement intégrés et sont devenus ,pour certains des, modèles.

Ce qui , dans le passé, a favorisé, cette intégration c’est évidemment l’école républicaine mais aussi et cela a, hélas en partie disparu, l’autorité dont elle jouissait et cette idée des parents selon laquelle leurs enfants pouvaient se faire une place heureuse dans ce pays. Il y a donc sur ce point un vaste chantier pour les politiques qui , quittant leurs postures, voudraient faire évoluer la question.

Je suis convaincu que le problème remonte loin et qu’il est, pour partie, de l’idéologie de 1968 avec le beau slogan : « Il est interdit d’interdire » et le recul du principe d’autorité dans l’éducation des enfants qui a rendu leur éducation plus difficile pour les parents et par les enseignants.

La question sera difficile à régler car cette attitude est devenue une habitude et un usage répandu encore que dans certains familles, heureusement, ce principe d’autorité, de fermeté dans l’éducation existe toujours.

Tout ce qui pourra aider a restaurer ces principes sera bénéfiques .

Un autre problème rend aujourd’hui l’intégration inefficace. Il ne faut pas se cacher que dans certaines communautés et -soyons clairs- pour l’essentielle musulmanes, on assite au développement dans leurs pays mais aussi en France à une contestation de nos règles et de notre civilisation et qui va, concernant l’islamisme, jusqu’ au rejet de notre mode de vie et de notre laïcité.

Cela n’est évidemment pas acceptable en aucune manière et la lutte contre ces idées qui déteignent même sur des parents qui ne sont pas islamistes doit être menée sans faiblesse aucune. La loi sur le « séparatisme » va dans le bon sens. Elle devra être évaluée dans quelques temps et modifiée si nécessaire.

Ceux qui ,notamment à gauche, crient à l’islamophobie , en ce domaine ,n’ont rien compris à la réalité et à l’extension préoccupante de cette hostilité à nos valeurs.

Reste la question de la délinquance de certains étrangers qui empoisonne notre vie politique.

Je dis d’abord clairement que ceux qui sont dans la posture de vouloir minimiser cette question sont dans le déni et ne tiennent pas compte de l’avis ,très largement répandu, des français qui ne supportent plus cette insécurité, lorsqu’elle provient de l’action d’étranger.

La crise et ses conséquences (comme la délinquance par exemple ou le refus de fondamentales de notre pays) vient donc et d’une immigration un peu trop ouverte et surtout par l’acceptation (sous forme de démission) de l’installation d’un vrai séparatisme.

Sur cette question je pense d’abord que personne ne peut contester le droit d’un pays de contrôler son immigration.

C’est un droit fondamental et nous ne sommes pas, pour le moment , dans un monde universel ou chacun pourrait aller librement là où il veut.

En second lieu un pays qui doit a son peuple la sécurité et la plus harmonieuse communauté de vie a le droit et le devoir de prendre les mesures qui permettent cet objectif fondamental.

En conséquence quelle règle, quelle théorie peut s’opposer à ce qu’un pays décide que tout étranger, quel que soit sa situation, s’il a été condamné pour un délit grave ou un crime ,doit être immédiatement expulsé.

Certains vont soutenir qu’il s’agirait d’une double peine ! Certes mais il s’agit tout simplement de l’application de règle sur le séjour des étrangers et si je puis dire- le contrat serait connu dès l’arrivée sur le sol du pays. Dans la mesure ou nul ne conteste le droit pour un état de dicter des règles concernant l’accueil d’étranger il y aurait cette règle selon laquelle l’étranger qui commet certains délits ou crimes sera expulsé. Chacun serait averti et ne serait pas pris en traitre !

 

Enfin il est clair que le droit des étrangers est devenu, réformes après réformes, un véritable maquis, que les voies de recours se sont multipliées a toutes les étapes et rendent les mesures d’expulsion difficiles.

Il faut manifestement simplifier. Il faut qu’un recours clair et efficace soit organisé juste à la fin de la procédure, recours qui sera chargé de contrôler l’ensemble de la situation et qui sera encadré dans un délai le plus bref possible.

Mais pour ceux qui arriveront et pour ceux qui sont français il faut un plan général sur l’école, sur l’habitat, sur la lutte contre toutes formes de séparatisme.

J’ai visité, il y a peu, l’exposition organisée sur l’immigration en France au musée de la Porte Dorée à Paris et voici les idées que m’a donné cette visite.

Que nous apprend elle ? D’abord que ce phénomène de l’immigration est très ancien et que la France a reçu par vagues successives et à diverses époques de nombreux immigrés fuyant la misère ou le danger. Elle montre que chaque fois cette immigration a fait l’objet de résistance, quelques fois violente et que passé la crise ces immigrés polonais, italiens , espagnol, portugais, russes etc. ; se sont intégrés et ont réussi à sortir de la pauvreté et de l’ignorance à force de travail.

L’exposition nous apprend aussi de manière précise que la France a été chercher ,à certains moments , la main d’œuvre dont elle avait besoin et aujourd’hui ,avec le vieillissement certain de la population l’immigration continuera.

L’exposition montre aussi que toutes ces vagues d’immigrés ont eu la volonté de s’intégrer et de voir leurs enfants s’éduquer, s’installer et travailler. Ce n’est guère différent aujourd’hui et, à cet égard, il faut voir la vidéo dans laquelle de jeunes collégiens expliquent avec leurs mots et une certaine naïveté leurs espérances : ils font des rêves de réussite , réussite que leur permettrait d’aider leurs parents qui galèrent comme ont galéré avant eux les portugais, italiens, portugais et autres…..

La pauvreté ne peut être une excuse et, dans le passé une pauvreté plus grande encore n'a pas empêché l'intégration mais il est vrai que dans notre société de consommation et avec la grande information qui circule elle devient plus difficile a admettre.

Qu'il faille continuer à lutter contre la pauvreté c'est une évidence et ce sera bénéfique mais il ne faut pas oublier que la France fait déjà beaucoup en matière d'aide.

Une exposition intéressante qui se consacre à l’histoire mais qui n’affronte pas les difficultés d’intégration  spécifiques à notre époque. (Je sais ce n’est pas facile).

De tous temps il y a eu des difficultés mais aujourd’hui il existe des difficultés spécifiques :

Le logement avec la création des grandes cités alors qu’auparavant il y avait dans les quartiers d’immigration une plus grande mixité par exemple à Paris dans les quartiers de Belleville et du Marais. Il faut donc développer cette mixité et animer ces quartiers. La police de proximité qui a été supprimée peut amorcer une étape vers un peu plus d’autorité dans ces lieux où quelques fois les parents soit démissionné soit sont dans l’incapacité d’agir.

L’école qui jouait un rôle d’intégration mieux qu’elle ne le fait aujourd’hui. Des progrès ont été fait comme le dédoublement des classes. C’est à poursuivre et à développer.

Quant à la lutte contre le trafic de drogues elle doit être encore augmentée car l’existence de ces trafics et des gains qu’ils peuvent produire a un effet désastreux sur la jeunesse.

Et puis il faut aussi dire qu’une partie des immigrés sont en proie et aussi victimes d’une idéologie criminelle et qui veut imposer sa loi, rendant l’intégration impossible par le refus de notre façon de vivre.

Contre cette idéologie il faut une lutte déterminée et sans merci mais elle n’est pas simple car elle doit éviter aussi de mettre dans la même situation des personnes qui n’adhérent pas à cette idéologie et en sont tout de même victimes par ricochet.

Il y a de la part de ceux qui se refusent à cette analyse et à ces mesures une sorte de mépris ,en réalité, pour ces populations dont on estime qu’elles doivent demeurer dans leurs conceptions même si ces conceptions ne peuvent que conduire à les marginaliser et à les faire régresser.

 

 

Voilà donc quelques réflexions qui me paraissent absolument nécessaires si l’on veut éviter que très vite certains n’arrivent au pouvoir qui n’auront pas les scrupules des républicains et des démocrates ! Je crois (peut-être est-ce que je m’illusionne !) que beaucoup de français ( une grande majorité) se retrouveraient dans cette analyse et accepteraient les mesures envisagées.

Cela est aussi dans l’intérêt de tous ceux venus de partout, les plus nombreux, qui font en sorte de respecter les louis du pays qui les accueillent.


 

 

dimanche 2 juillet 2023

Jean Pierre Benisti: A propos de Camus, de Senac et de l'Algérie.

                                                                     



J'ai fait la connaissance de Jean Pierre Benisti, récemment lors d'un colloque consacré à Camus à Sfax et je ne pouvais donc passer à côté du livre qu'il vient de publier chez L'Harmattan et qui évoque ses souvenirs de Camus , de Sénac et de l'Algérie. Jean Pierre Benisti n'a qu'un an de plus que moi et il a fait ses études, comme moi, au Lycée Bugeaud d'Alger (devenu Lycée Emir Abdelkader). Il a eu, quant à lui, le privilège de vivre dans une famille qui faisait partie de ce que l'on appelait à l'époque à Alger :"les libéraux" et qui était très ami avec Camus.

J'ai déjà évoqué ,ici, la correspondance entre Albert  Camus et les Benisti qui a été publié récemment. 

Dans le présent livre Jean Pierre Benisti revient sur ses souvenirs de cette période de l'histoire de l'Algérie et évoque les idées qui circulaient alors, les positions bien connues de Camus et de Senac et le livre intéresse car ces faits connus de l'histoire sont ici évoquées de manière personnelle er derrière les idées ont sent la vie d'alors.

L'auteur évoque la vie intellectuelle et artistique des années 30 avec ses écrivains, ses peintres, la librairie d'Edmond Charlot....

Une large partie de ce livre évoque "les évènements d'Algérie" et la façon dont ils étaient perçus et j'y ai retrouvé, bien sûr, mes propres réactions et mes questionnements de l'époque ,même si ma famille était bien moins engagée que celle de Jean Pierre Benisti.

On y lit les inquiétudes, les incertitudes qui dominaient alors et l'auteur évoque les différentes réactions des Européens d'Algérie face à la guerre. On y lit aussi les réactions de ces mêmes européens après l'indépendance, certains espérant rester en Algérie et aider la pays , d'autres  ressentant tout de suite l'impossibilité de rester en raison de l'hostilité des Algériens.

De long développement sont ,évidement consacrés, aux positions de Camus et a son appel pour une trêve civile.

Ce qui m'a frappé et qui a confirmé mon analyse c'est  la compréhension très vite que le projet du FLN était contraire à l'idée d'une cohabitation et qu'il s'orientait vers "un fascisme oriental" ou une installation d'une idéologie religieuse. (p.36, 70 et 72)

Au total un livre qui rendra plus vivante  l'atmosphère de toute cette période que les livres d'histoire.