jeudi 25 février 2016

Visa à Bordeaux

En vue de mon prochain périple en Algérie j'ai été déposé ma demande de visa au Consulat d'Algérie à Bordeaux.J'en ai profité pour faire un court séjour dans cette ville qui a, depuis quelques années, beaucoup de charme et  qui s'est réapproprié ses quais sur la Garonne.
J'en ai également profité pour revoir mon ami d'enfance Philippe que je n'ai revu que deux fois depuis que nous nous sommes quittés à Constantine: une première fois il y a  près de trente ans lors de mon anniversaire pour mes 40 ans et hier. Nous nous sommes promis de ne pas attendre trente ans de plus!
Et puisque j'étais dans les souvenirs j'ai été visité mon ancienne Faculté de droit sur la belle Place Pey Berland. C'est là que je venais de Pau passer mes oraux dans les années 62-68




mercredi 24 février 2016

Stéphane Babey: Camus Une passion algérienne

Le livre de Stéphane Babey que je viens de découvrir (paru aux Editions Koutoubia en 2010): Camus une passion algérienne m' a captivé mais il m'a, si je puis dire, couper l'herbe sous les pieds. En faisant le projet de me rendre de nouveau en Algérie, quittée depuis plus de cinquante ans, pour revoir les lieux de mon enfance j'avais également le projet de suivre en partie un "itinéraire Camus" en me rendant sur des lieux qu'il avait connus et fréquentés. Or c'est ce que fait Stéphane Babey à Alger, Belcourt, Tipaza et Noces, Drean lieu de naissance d'Albert Camus, Annaba et Saint Augustin, objet du mémoire de philosophie de Camus, Oran et la peste, Marengo (Hadjout)et l'Etranger.
Il évoque si bien ces lieux ,avec notamment des pages magnifiques sur Tipaza, que j'en serai réduit , si je m’aventurai dans cette direction, à redire ce qu'il dit si bien.
Mais ce qu'il y a  de mieux encore dans ce livre , en dehors de l'évocation des lieux, c'est, à propos de chacun d'eux le rappel de la philosophie de Camus et , en quoi elle est liée à ces lieux. L'auteur nous montre ce que lui a apporté la pauvreté, aujourd’hui hui quasiment la m^me, du quartier de Belcourt, ce que lui a apporté aussi la beauté absolue d'un lieu comme Tipaza qui ouvre sur le questionnement métaphysique. "Au printemps Tipaza est habité par les Dieux....." la pensée de cet autre algérien universellement célèbre qu'est Saint Augustin et le rapport de cette pensée avec la beauté d'Annaba sur la mer.
Enfin l'auteur nous montre combien la pensée d'Albert camus est encore présente et à l'oeuvre dans l'Algérie aujourd’hui et dans ses déchirements.

mardi 9 février 2016

YU MIRI Sortie parc gare d'Ueno



Voilà un roman paru chez Actes Sud en 2015 que je n’aurai sans doute jamais lu si une amie ne me l avait offert. J’éprouve, en effet, une sorte de réticence à l’égard de la littérature de pays que je ne connais pas et je n’aurai pas été de moi-même vers cette romancière japonaise. J’aurai eu tort car voilà un roman remarquable et sensible sur le monde des SDF dans ce parc de Tokyo.
On a là l’histoire d’un vieil homme qui finit sa vie dans une cabane faite de carton et de toiles et qui nous donne  a sentir ce qu’il ressent.  Il a très peu connu sa famille étant parti loin de chez lui pour gagner petitement sa vie. On en apprend beaucoup sur cette situation fréquente au Japon où, pour des raisons économiques des hommes sont contraints d’aller travailler pour pas grand-chose très loin de chez eux et qu’il se crée, alors, une coupure dans leur vie. Son fils est mort à vingt ans puis plus tard sa femme et c’est à ce moment qu’il a quitté sa maison et qu’il  est devenu ce SDF dans ce parc.
Il y a, notamment le récit poignant de la mort et des obsèques de son fils avec  la liturgie particulière  des partisans de la Terre pure et cette invocation qui revient comme un leitmotiv, comme une incantation  Namo Amida Butsu…

Le style est également particulier et se rapproche d’une écriture poétique avec quelques fois des mots, de simples mots répétés. On est vite pris par  ce que l’on apprend , petit à petit , de la vie difficile de cet homme et des SDF de ce parc ,obligés de dégager en emportant leurs affres et en démontant leurs pauvres cabanes lorsque la visite d’une personnalité et surtout de la famille Impériale est annoncée.

mardi 2 février 2016

Jacques Fournier: L'Algérie retrouvée

Jacques Fournier, ancien Conseiller d’Etat, ancien Haut fonctionnaire a publié en 2014 aux Editions Bouchène : « L’Algérie retrouvée 1929-2014 » qui est un livre mixte, à la fois souvenirs personnels et essai politique.
L’auteur est doublement lié à l’Algérie d’abord parce qu’il est issu d’une famille pied noir à la fois du côté paternel et maternel même si, comme il le souligne lui-même, sa famille n’a jamais contrairement a beaucoup d’autres, perdu ses liens avec la France et si, de son côté, il a quitté volontairement l’Algérie en 1947 sans y être contraint. Il est donc un pied noir à part et il reconnait lui-même qu’il n’a jamais vraiment adhéré à la culture et au folklore pied noir (p.45)
Ce pays qu’il a donc quitté sans le connaître vraiment (p.44) il s’y attachera plus tard et le connaîtra mieux, par la suite, en y faisant de nombreux séjours.Je note , au passage , que son arrière grand père décédé en 1920 a pu connaître mon grand père lorsqu'il vivait a Saint Arnaud (El Eulma) (p. 11)
La deuxième raison de son attachement à l’Algérie est son mariage avec la fille d’un intellectuel Algérie (Kabyle) Mohand Tazerout et je dois dire que la partie de son livre consacrée à l’évocation de son beau-père et de sa vie d’intellectuel est absolument captivante .Parmi les œuvres de Mohand Tazerout se trouve un livre : « L’Algérie de demain » publié en 1960 dans lequel il présente sa vision de ce que pourrait être l’Algérie nouvelle dans laquelle les Algériens musulmans et les Français d’Algérie pourront peu à peu devenir les enfants d’un pays libre comme la France…..( p.57 ). Je me suis posé la question de savoir si Mohand Tazerout avait connu les écrits d’Albert Camus et notamment son idée d’une Constitution permettant aux deux peuples de demeurer ensemble et ce qu’il en avait pensé. Utopie d’intellectuels que l’on retrouve encore à la fin du livre lorsque Jacques Fournier évoque un texte de Kamel Daoud se plaignant que l’Algérie n’ait pas eu son Mandela.L'explication que donne l'auteur de la différence entre l'Algérie et l'Afrique du Sud est très intéressante et, je crois, très juste. ( p.136)
J’ai trouvé que la partie consacrée aux souvenirs personnels de l’auteur manquait un peu de chaleur et d’émotion mais c’est sans doute du a ce départ volontaire qui n’a donc pas été un déchirement et qui n’a  jamais en vérité supprimé le lien avec le pays de l’enfance.
Pour moi, qui vais faire ce retour en Algérie plus de soixante après mon départ obligé je pense que je ressentirai une plus grande émotion en retrouvant changés ou inchangés les lieux de mon enfance heureuse.
Enfin ce livre, je l’ai dit, est aussi un essai sur l’Algérie aujourd’hui et sur celle qu’elle pourra devenir et là, l’auteur est extrêmement intéressant envisageant deux hypothèses, l’une consacrant une séparation plus grande avec la France et l’autre, qui a évidement sa préférence, ou au contraire des liens plus forts se créeraient autour de la Méditerranée.
Ce livre qu’une rencontre m’a fait connaître tombe magnifiquement, comme une sorte de signe du destin pour me permettre de mieux connaître ce pays de mon enfance  au moment ou, enfin, après tant d'années, je vais y retourner.