vendredi 21 février 2020

Maryan Guisy: Panorama de nos moeurs politiques.




                                                             couv PanoramaImp



Les Editions  Vendèmieire font paraître le livre de Maryan Guisy:" Panorama de nos mœurs politiques" dont le sous titre : "Quand les romanciers d'hier chroniquent le monde d'aujourd'hui" dit bien le projet.
Cet essai montre en tous cas que la détestation des politiques, leurs critiquent souvent virulente, voire leurs caricatures ne datent pas d’aujourd’hui et que la violence des attaques a quasiment existé depuis toujours.
Le grand mérite de ce livre est de nous plonger dans la littérature du XIX° siècle et de nous montrer comment les romanciers se sont saisi du fait politique et du personnel politique pour en faire des protagonistes parmi d'autres de leurs romans.
Ce roman est la mise à la disposition d'un public plus large d'une thèse consacré à ce sujet .
Ce qui fait l'intérêt de ce livre c'est l'incessant aller-retour entre le'épqque des romanciers du XIX° et aujourd'hui.
Pour les amoureux de litterature ce sera l'occasion de relire Balzac, Zola, Hugo et d'autres moins important mais qui eurent leur heure de succès
On y trouve des notations sur l'évolution de l'art oratoire depuis les longues "envolées lyriques" jusqu'au temps des "petites phrases",la disparition d'une forme d'éloquence avec l'apparition du micro qui n'oblige plus a avoir la voix de stentor d'un Jaurès ou Gambetta. Cela n'a cependant pas fait disparaître les discours creux et la langue de bois comme l'ont mis en évidence Flaubert avec son discours au Comice agricole ou encore Zola dans Son excellence Eugène Rougon.
Tout l'environnement des élections n'a guère chnagé non plus et l'abuis des promesses mensongères ce qui a fait dire à Georges Clemenceau : "On ne ment jamais autant qu'avant les élections, pendant une guerre et après la chasse."!
Enfin le livre se termine sur l'"analyse de la foule, de la populace du peuple telle que l'a font les romanciers du XIX° siècle et dont certaines formules sont réapparues a propos du mouvement des Gilets Jaunes.
Le lecteur d’aujourd’hui prendra plaisir a constater qu'il n ' y a rien de bien nouveau sous le soleil et que les critiques qu'il adresse régulièrement au monde politique existaient déjà au XIX° comme en atteste l'oeuvre des romanciers.
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vendredi 7 février 2020

Stefan Zweig: Pas de défaite pour l'esprit libre.

                                           

                                                                           



J'ai lu cet été à Hammamet le très beau livre de Stefan Zweig : "Le monde d'hier" et je connais assez bien cet écrivain qui est l'exemple même de cette culture de la Mittel Europa qui fleurissait en Allemagne et en Autriche au XIX° siècle et qui a été détruite par l'idéologie nazi. Dans le "Monde d'hier" Stefan Zweig montrait bien à la fois cette magnifique culture musicale et littéraire dans laquelle les juifs eurent une large part et comment petit à petit l'idéologie fit ses ravages.

Mais si Zweig était très lucide on lui reprochait de ne pas avoir suffisamment et clairement combattu, restant, disait-on, au dessus de tout cela et ne prenant pas suffisamment parti. Le livre publié aujourd’hui chez Albin Michel porte en sous titre la mention : "Écrits politiques 1911-1942" et est constitué par la réunion de divers articles. Les préfaciers Laurent Sedsik et Brigitte Caïn-Herudent montrent comment ce livre a été publié et pourquoi si tard et disent clairement que les textes de Zweig permettent de porter un autre regard sur son comportement et faire justice de la critique qui lui était faite de ne pas s'engager. Ces écrits sont des écrits d'engagement.

J'écrirai tout de même à titre liminaire que le titre est un peu trompeur car les deux premiers documents n'ont rien a voir avec la politique ou un réel engagement:il s'agit pour le premier 'une invitation a célébrer les écrivains lorsqu'ils sont encore jeunes , le deuxième est consacré a des lettres d'amour et il y a de très beau texte sur le mot paix et sur le sapin de Noél ainsi que sur le Canal de Suez mais je ne vois pastrès bien dans ces textes quelque chose de politique et la marque d'un engagement!
Par contre les textes sur le mot paix et sur les sapins de Noël m'ont paru si agréables, si particuliers dans l'oeuvre de Zweig que je les ai lus pour en faire une vidéo.
                                                   

Il  y a , aussi, des textes intéressants dans lesquels Stefan Zweig s'attaque à la peine de mort et à l'inhumanité de l'emprisonnement. Il le fait en prononçant un véritable réquisitoire contre le métier de bourreau et a propos d'un roman qui fit du bruit , à l'époque, l'Affaire MAurizius"
Enfin vous trouverez une conférence pronnoncée par Stefan Zweig sur l'unité spirituelle de l'Europe qui dresse une large fresque historique de l'Europe depuis Rome jusqu'à nos jours.

dimanche 2 février 2020

Benjamin Stora: Retours d'histoire: L'Algérie aprés Bouteflika


                                                             



Benjamin Stora ,l'historien bien connu de l'histoire algérienne vient de publier en ce début d'année 2020 aux Editions Fayard un livre dans lequel il tente de comprendre et de nous faire comprendre le mouvement du "Hirak" qu'il qualifie de "révolution" et dont il essaie de montrer la profondeur.Il reconnaît dés l’introduction que c'est évidement très difficile et que l'historien est assez démuni car  il manque de ses sources habituelles et ,ici, notamment des sources étatiques. Mais, évidement sa connaissance en profondeur de l’histoire algérienne fait qu'il est tout de même un des mieux placé pour analyser ce phénomène à la fois enthousiasmant et déroutant.
Ce livre est d'abord l'occasion pour le lecteur de revenir sur l’histoire algérienne récente c'est à dire depuis la guerre de libération. Benjamin Stora fait cette analyse de cette époque de manière  à la fois approfondie et claire et il montre que derrière l'histoire officielle servi par le pouvoir depuis des années et des années il y a en fait de très grande divisions. Il montre comment le Hirak fait, dit-il , réapparaître des noms que l'on a voulu occulter pendant des années et comment donc la jeunesse algérienne est en train de se réapproprier l’histoire.
Cette histoire que l'on connait maintenant assez bien notamment grâce aux thèses soutenues dont Benjamin Stora donne quelques exemples, les titres qu'ils citent sont assez évocateurs des questions posées.
Il évoque aussi dans le détail tous les discours des Présidents français qui petit à petit on fait évoluer le discours et si l'on veut bien être honnête ils ont admis avec leurs mots tous les crimes de la colonisation. Exigez plus comme le font certains c'est en réalité vouloir non la vérité qui est dite mais l'humiliation. et cela n'est pas très sain. (Cela c'est moi qui le pense Stora ne le dit pas!)
L'auteur décrit l'effondrement du système Bouteflika à la fois rapidement et avec des mesures jamais vues en Algérie.
Le livre insiste aussi sur la désespérance de la jeunesse qui conduit à des départs mais aussi a des drames. Cette tristesse je l'avais ressenti lors de mon voyage en 2016 et M. Stora l'explique non seuklment par le manque d'emploi mais aussi par le manque de lieu de culture, de liberté créatrice de fermeture de la pensée. Il note comme chacun l'a fait qu'un des mérites du Hirak est c'avoir libéré cette jeunesse et qu'elle se soit réapporprié la rue et la joie. C'est pour moi un des grands acquis.
Dans son analyse du Hirak Benjamin Stira écrit  :
 " Et l'on peut se demander si l'unanimité de ce mouvement, sans vrai programme, ne constitue pas une façon commode qui dissimule les profondes fractures internes de l'Algérie. Qu'il s'agisse ndu rapport à l'économie de marché, du patriarcat et du code de la famille, des relations entre citoyenneté et religion....S'en tenir aux slogans dégagistes évite le devoir de se confronter à cette réalité complexe." (p. 142) et il conclut par cette formule que je partage entièrement : "Le simple fait pour une socièté, de sortir d'une domination par la peur, l'ouvre sur un processus de rreprise en main de son propre destin, sur lequel il sera bien difficile de revenir ( à moins d'une épreuve sanglante....).