samedi 19 décembre 2020

Valérie Mirarchi: Albert Camus de Belcourt au Nobel

                                                   


Il vient toujours un moment pour un écrivain aussi connu qu’Albert Camus où l’on se demande ce que l’on peut bien écrire encore sur lui ! L’essai de Valérie Mirarchi : « Albert Camus de Belcourt au Nobel » paru en 2020 aux Editions Universitaires de Dijon retrace ,de manière très justement entremêlée, la vie et l’œuvre de l’immense écrivain. Je n’y ai rien appris de nouveau mais l’exposé est complet, clair et les analyses des œuvres intéressantes.

Quand on a terminé la lecture de ce livre on sait à peu près tout de Camus et de son œuvre et, en cela, il est indispensable pour ceux qui veulent s’intéresser à l’écrivain, à cet homme dont l’œuvre et la vie sont si étroitement mêlée, une vie qui est un destin si singulier, non un conte de fée, mais une illustration de sa théorie philosophique de l’absurde avec dominant cela une aptitude au bonheur qui l’a sauvé et lui a permis d’écrire une œuvre magnifique.

J’ai aimé les développements sur l’attitude ignoble des « sartriens », sur son combat contre la peine de mort, sur sa vision idéalisée de l’avenir de l’Algérie, sur ses nombreux combats pour la liberté dans les pays de l'Est.

Ce livre est suivi d’une postface de Roland Quillot, le fils de celui qui fut un des grands connaisseurs de Caus et qui œuvra à la première édition dans la collection de la Pléiade.

Au total donc un livre qui se lit bien et qui est, je le répète, très complet.

 

samedi 12 décembre 2020

Daniel Cordier Alias Caracalla

                                            

Chacun a en mémoire le magnifique discours d’André Malraux lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon : « Entre ici Jean Moulin avec les cendres de Victor Hugo et les Misérables, celles de Jean Jaurès et de la Justice….. » et a aussi en mémoire la belle photo en noir et blanc de Jean Moulin avec son chapeau et son écharpe noire ! Chacun sait qu’il fut un héros de la Résistance mais, là, avec le récit de Daniel Cordier « Alias Caracalla » on entre dans la vie quotidienne de ce héros à Lyon, à Paris et à Londres et, dans une certaine mesure dans l’intimité du personnage.

Daniel Cordier qui nous a raconté, avec bonheur, son enfance dans les « Feux de Saint-Elme » (qui devait faire partie d’Alias Caracalla), évoque, ici, pour nous, les quelques années qu’il passa en qualité de secrétaire de Jean Moulin, après avoir quitté clandestinement la France à dix neuf ans pour rejoindre la Résistance. Ces années qui marquèrent si durablement sa longue vie.

Dans ce gros livre de près  de 1200 pages il évoque cette vie clandestine loin des siens à Lyon d’abord puis à Paris. Il narre au jour le jour cette vie à la fois un peu répétitive, complétement clandestine, les difficultés de liaison entre les membres de cette résistance (il n’y avait ni portable, ni internet et le danger était partout), les difficultés pour se loger, pour se rencontrer sans risques et l’on voit s’organiser au fur et à mesure de notre lecture la difficile union des groupes de résistants.

Cela pourrait être un peu fastidieux mais Daniel Cordier réussit la prouesse de nous rendre tout cela captivant et de nous montrer au travers d’actes banaux le courage et la détermination qui animaient ces gens et la difficulté qu’il y eut à unir les mouvements de résistance très divers et très soucieux de leur autonomie, même si elle nuisait à l’efficacité.

Mais il y a aussi l’analyse de ce rapport singulier avec son « patron » dont jusqu’à la fin, si invraisemblable que cela nous paraisse, il ne connaitra pas l’identité. On voit apparaître ainsi derrière le héros connu un homme de culture, amateur d’arts et notamment de peinture moderne et qui sera à l’origine d’une partie de la carrière de Daniel Cordier.

Le livre se termine par le drame de Caluire qui fut un drame pour l’histoire mais aussi un drame personnel pour Daniel Cordier.

Daniel Cordier avait écrit une monumentale histoire de Jean Moulin mais dans ce livre qui reçut le Prix Renaudot Essai en 2009 il nous donne a voir une relation à la fois institutionnelle et personnelle et c’est captivant.


samedi 5 décembre 2020

Hervé Le Tellier : L'anomalie

 

L’anomalie le roman d’Hervé Le Tellier qui a reçu le prix Goncourt se lit agréablement et les quarante premières pages environ sont comme des nouvelles assez courtes, évoquant des vies, des parcours de vie. On s’y intéresse et on voudrait même connaître la suite de ces histoires.

Après quand il s’agit d’expliquer un phénomène anormal (ces personnes sont en quelques sortes dupliquées dans un avion !) j’ai beaucoup moins suivi car je n’y ai rien compris. Et les formules mathématiques évoquées ne m’ont pas du tout aidé ! C’est la partie « science-fiction » et je n’ai jamais beaucoup adhéré à cette partie de la littérature.

On s’intéresse cependant à l’enquête mené par les autorités américaines entourées des plus grands savants, prix Nobel et autres sommités du moment et la discussion de la psychologue en chef avec les représentants des différentes Eglises sur la nature de ces « créations » divines, diaboliques ou humaines est assez drôle.

Enfin il y a toute une partie intéressante lorsque chacune des personnes rencontres son « double » et où l’on voit ses réactions face au double de lui-même.

Et surtout lorsque l’on apprend ce qui va vous arriver dans peu de temps puisqu’il y a un léger décalage entre l’original et la copie, comme dans le cas de celui qui voit son « double » en train de mourir d’un cancer !

Il y a, sans doute, beaucoup de réflexions philosophiques sur la réalité, sur l’essence des personnes, sur le destin, sur la question du déterminisme, de nos vies programmées mais je dois avouer que je n’ai pas complétement adhéré et que ce roman m’a laissé sur ma faim, ne m’a pas entièrement convaincu. Je vais être attentif a ce qu’en diront les critiques qui me permettront, peut-être , de mieux le comprendre.