mardi 30 janvier 2018

Magda de Mazarine Pingeot

Mazarine Pingeot vient de publier chez Julliard un nouveau roman :"Magda"inspiré, semble t-il, de cette affaire qui a défrayé la chronique d'un groupe de jeunes soupçonnés de terrorisme et, notamment d'avoir tenté de saboter des voies de chemin de fer.( L'affaire de Tarnac) L'auteur met en scène à la fois celle qui est poursuivi avec son compagnon , Alice et les parents de celle-ci,Magda et Guillaume.
C'est l'occasion pour l'auteur de nous plonger dans le monde à part de  ceux qui refusent notre temps et nos façons de vivre, qui se replient dans des groupes assez fermés qui veulent expérimenter une nouvelle forme de vie, de consommation , de rapport aux autres et au pouvoir sous quelque forme qu'il soit. Cela pourrait être au Larzac et dans la Zad de Nantes mais là dans la campagne de Lozère.
Le roman débute lorsque Alice,son compagnon et ceux de son petit groupe sont arrêtés pour actes de terrorisme. La mère Magda l'apprend en regardant la télévision et sa vie s'en trouve tout à coup bouleversée.
Magda et Guillaume , eux-même, ont choisi une vie à l'écart dans un petit village des Pyrénées.Ce sont des réfractaires à notre vie moderne et ils sont nourris de lecture philosophiques et politiques, mais ils sont dans la réflexion et non dans l'action. On s'attache à leur vie dans ce petit village avec un fils handicapé et leur petite fille Rosa qu'ils recueillent  quand  Alice est mise en prison.
Ce qui arrive à Alice , l'instruction de l'affaire , les visites en prison vont les contraindre a réfléchir sur l'éducation qu'ils ont donné à leur fille. Quel est leur part de responsabilité? Doivent-ils remettre en question leur mode de vie et de pensée? Ne se sont-ils pas laissés "envoûtés" par des discours idéologiques? Il y a sur ce point une scène intéressante et significative entre Magda et un représentant de ces "idéologies" dont elle comprend le vide (p.192) et qui dénote comme elle le dit que "l'humour circule difficilement" dans ce genre de groupe! (p 53) C'est Magda qui donne son titre au roman et c'est justifié car elle est le personnage central, celui dont essaye de comprendre la psychologie te les comportements , bien plus qu'Alice, Guillaume ou Rosa.
Et il y a, ensuite, dans ce roman uns sorte de coup de théâtre que l'on pressentait tout au long du livre mais qui est bien amené et qui donne lieu à un chapitre passionnant dont je ne dirai , évidement rien, car c'est un des charmes de ce roman que de nous y amener, et , aussi , vers une fin émouvante et dure. Voilà une vidéo dans laquelle Mazarine Pingeot parle de son roman.

lundi 29 janvier 2018

François Sureau: Le chemin des morts

Voilà un tout petit livre ( 64 pages) paru chez Gallimard: "Le chemin des morts" et que je viens de lire, debout, dans ma librairie habituelle. Je ne l'ai pas acheté car je savais que je ne le lirai sans doute plus. Je voulais rester sur la réflexion et surtout sur l'émotion que sa lecture rapide m'avait donné. C'est un livre qui devrait être lu par tous les juges et tous les avocats qui tiennent, un jour, le destin d'un homme entre leurs mains.
L'auteur raconte  un épisode de sa vie de juge. Il est tout jeune et vient d'être nommé auditeur au Conseil d'Etat et il est très fier de ce métier qui le rapproche des plus grands juristes. Dans la Commission des recours dont il fait partie est examiné le sort d'un militant basque dont l'Espagne demande le retour et qui s'y oppose soutenant que sa vie serait en danger.
L'auteur nous raconte le délibéré de cette affaire les raisons des uns et des autres. Le Conseil d'Etat peut-il méconnaître que l'Espagne,libéré de Franco est une démocratie et un état de droit? Certains montrent bien, pourtant, que les anciennes milices, polices plus ou moins secrètes sont encore agissantes.
La Commission rejettera le recours du militant et François Sureau apprendra ,plus tard, au hasard de la lecture d'un journal l'assassinat du militant et il nous dit son émotion, sa hantise,ses pensées , son pèlerinage sur la tombe de ce militant.Comme il l'écrit il a oublié le visage de beaucoup de morts mais pas celui-ci et il a cette formule que je ne cite qu'à peu prés : "La faute renforce la mémoire" surtout quand la faute (d'ailleurs collective) est commise par un homme juste. Voyez dans cette video comme il en parle remarquablement.Et je partage cette idée que le droit n'est pas tout. Les romains le disaient déjà "summum jus summa injuria" (voir pour une analyse poussée de cette expression par J. Carbonnier. Voir aussi sur Babelio toutes les critiques des lecteurs qui tous ont adiré ce texte

mercredi 24 janvier 2018

Lecture d'extraits du premier homme de Camus

J'ai lu ,il y a quelques temps des extraits du Premier Homme d'Albert Camus et je les place ici pour ceux qui veulent ,à nouveau les entendre.
Le premier de ces extraits est celui où le héros(Camus) se rend a St Brieuc pour voir ,pour la première fois la tombe de son père mort à la guerre de 14




Le deuxième extrait raconte ce moment crucial dans la vie d'Albert Camus où, grâce à Monsieur Germain son instituteur il put aller au Lycée au lieu d'entrer en apprentissage comme le souhaitait sa grand mère.


                     

Et , enfin , un dernier extrait celui au cours duquel le maître Monsieur Germain, appelé dans le roman Monsieur Bernard, lit aux enfants des extraits du roman de Roland Dorgeles sur la grande guerre : Les croix de Bois.


                                 

samedi 13 janvier 2018

Max Moreau : Meurtre par balle à blanc.

Je termine la lecture du nouveau roman que Max Moreau vient de publier aux Editions L'Harmattan et qui a pour titre Meurtre par balle à blanc. Je suis allé le 12 janvier l'écouter en parler au Parvis. Je savais que Max Moreau écrivait mais je savais qu'il était surtout un économiste et il suffit, d'ailleurs, de voir la liste impressionnante de ces livres pour s'en convaincre. Il nous a dit au Parvis qu'il avait été quelques fois heureux que certaines de ses idées aient été reprises par des gouvernements.
Mais,ici, nous sommes dans le roman et dans le roman à la fois de mœurs et policier.L'ensemble se déroule dans un certain milieu, celui de la grande bourgeoisie parisienne et notamment dans un environnement de golfeurs que l'auteur connaît bien. Je dois avouer que j'ai été un peu perdu dans les termes du Golf qui émaillent le texte et qui, pour moi, n'évoquaient rien. Mais j'ai aimé la description des milieux mondains et des mondanités qui est très réussi et qui est ,à la fois , très cruel et probablement très vrai, m^me si j'ai été un peu agacé par cette énumération des marques de chaussures, de vêtements ou de robe de chambre de luxe!Mais c'est ,sans doute, pour accentuer le côté un peu snob et m'as-tu-vu" de ces mondains!
Il y a , aussi une description du monde des courses automobiles, avec au détour l'apparition de Jean Manuel Fangio et là encore, on sent que l'auteur est un connaisseur.
Mais, en définitive ce qui passionne dans ce roman c'est l'histoire de ce Fabrice Passy, cet industriel de haut vol, cet homme de pouvoir assez dénué de scrupules, cet homme à femme qui se trouve jeté dans une histoire criminelle, le mari de sa maîtresse étant mort de manière douteuse. Le récit est fort bien mené avec ce qu'il faut de suspense pour que le lecteur ait envie de continuer pour savoir. Cet homme a t-il été tué et par qui où s'est-il suicidé? Le lecteur attend de savoir et c'est là tout l'art des auteurs de romans policiers. Enfin, ancien avocat, j'ai aimé la description de l'instruction et du procès d'Assises avec des remarques justes sur magistrats et avocats.
Je ne dirai évidement rien de la cause de la mort et je trouve que c'est bien trouvé et que cela justifie bien le titre du roman qui, a priori, est assez énigmatique.

jeudi 11 janvier 2018

Je voulais leur dire mon amour de Jean-Noël Pancrazi

Ce livre vient de sortir mais je ne pouvais pas le rater. D'abord parce que j'admire beaucoup son auteur, Jean-Noël Pancrazi dont j'ai lu presque tous les livres dont j'ai parlé ici mais, aussi, parce que le thème de ce livre: le retour en Algérie à l'occasion d'un festival de cinéma, après cinquante ans d'absence, ne pouvait qu'éveiller des échos en moi.
De cet écrivain j'ai beaucoup aimé "Les quartiers d'hiver", "Madame Arnoul","Renée Camps","Longs séjours, "Dollars de sable" et "La montagne" à la fois parce qu’ils nous racontent mais surtout par l'écriture où l'émotion est toujours a flotter à la surface de presque toutes les phrases, à cette façon de décortiquer le passé, d'une certaine manière à essayer de le faire revivre.
Cet écrivain est né à Sétif et a vécu dans la région et je crois même qu'il a dû avoir des contacts, à l'époque, avec mon grand père et la Compagnie Genevoise des colonies suisses car ses parents travaillaient dans une minoterie qui devait dépendre du blé de la Compagnie toute puissante à Sétif. Il évoque d'ailleurs Sétif et ,notamment, la Fontaine et la statue d'Ain Fouraa!
Dans ce récit il nous raconte son voyage en Algérie à Annaba, l'ancienne Bône pour un festival de cinéma et il y a , au fil des pages, de permanents aller-retour entre le passé et le présent et un bel hommage au cinéma qui m'a fait penser à bien des égards au magnifique film "Cinéma Paradisio" ici c'est le cinéma Régent, c'est l'évocation du Cours Bertagna a Annaba.
Profitant de ce festival l'auteur avait envisagé de retourner sur les lieux de son enfance à Batna et l'on verra que cela va s'avérer impossible malgré l'amitié des algériens qui étaient prêts a tout pour lui faciliter ses retrouvailles. Cela nous vaut des pages absolument bouleversantes.
Je retrouve des sensations que j'ai moi-même ressenties lors de mon voyage de retour et pendant sa préparation: au Consulat,pendant le voyage et même des expressions comme celle du sentiment de "boucler" quelque chose.
Jean Noël Pancrazi a encore réussi là à bouleverser le lecteur comme il avait réussi à le faire dans ses autres livres.On pourra écouter ,ici, quelques critiques et , surtout écouter ce long entretien avec l'auteur qui permet de mesurer sa grande humanité.
Je relis ce livre aujourd’hui 11 juin 2018 après avoir écouté l'auteur dans un exposé au Leclerc de Pau. Je me rends compte que je lis toujours trop vite la première fois et là je mesure , encore plus , l'émotion que ce livre procure. Dés le début il est émouvant et jusqu'à la fin.
                               
J'ai relu Madame Arnoul ce livre paru en 1995 et dans lequel l'auteur évoque ses derniers mois à Batna avec la peur des attentats, les attentats, les départs de plus en plus précipités vers la metropole
et tout ce climat que j'ai connu est fort bien rendu. On retrouve dans son dernier livre les mêmes
souvenirs de Batna qui reviennent en force et voici une critique complète et excellente de ce livre

Et voici un entretien  avec l'auteur