dimanche 22 décembre 2013

Histoire des relations entre juifs et musulmans

Un ami vient de m’offrir un très beau livre à la fois par la qualité de sa présentation, de sa documentation, de son texte et de ses illustrations et par les questions qu’il aborde : « Histoire des   relations  entre juifs et musulmans des origines a nos jours ». Ce livre est publié à la fois en France et a Londres par un collectif d’auteurs (une vingtaine) sous la direction  de Abdelwahab Meddeb et Benjamin Stora qui, en début d’ouvrage et en guise d’ouverture,  nous rappelle leur enfance l’un, Abdelwahab Medeb dans une famille  Tunisienne d’oulémas et l’autre dans une famille juive de Constantine. Ces deux intellectuels sont connus à la fois par leur érudition mais aussi pour leur ouverture d’esprit et c’est ce qu’il fallait absolument pour traiter cette question. Un site est également consacré a ce livre.


                         
Je dirai d’abord qu’il est tout à fait passionnant de parcourir cette longue histoire qui commence avec le Prophète lui-même dont on apprend qu’il espérait recueillir l’adhésion des juifs en devenant l’un de leurs prophètes et qui malgré un échec sur ce plan voulut que les juifs soient préservés et cela même après que ces derniers aient pris le parti de ses ennemis. On lira donc avec attention et intérêt le chapitre intitulé : « Les juifs d’Arabie à la naissance de l’Islam » (p. 39 à 51) et le texte en annexe de ce chapitre :  « Le prophète et les tribus juives selon Al-Sîra. (p.54)
Egalement captivant le sort des juifs dans l’Andalousie musulmane puis en Afrique du Nord lorsqu’e chassés par isabelle la Catholique ils se réfugièrent au Maroc pour essaimer ensuite dans toute l’Afrique du Nord ou existait déjà des populations juives.
Les auteurs  s’attachent a bien analyser le statut des juifs dans ces situations, statut de « dhimis » certes inférieurs mais protégés et l’on se rend, très bien compte, sur la longue durée que les juifs furent beaucoup mieux traités dans l’ensemble dans les pays musulmans qu’en occident chrétien.
Puis ce fut la période de la Shoah en Europe ou le paroxysme de l’horreur fut atteint ce qui jamais ne fut le cas dans le pays musulmans, même aux pires périodes de conflit,  et ou des souverains musulmans protégèrent, au contraire, les juifs des lois scandaleuses prises en Europe (voir les articles sur Moncef Bey  en Tunisie  ( p.367)et Mohamed V au Maroc p.362).
C’est après que tout se gâtera  a cause, d’abord, des politiques des pays coloniaux qui favorisèrent les juifs par rapport aux musulmans (voir l’étude sur le fameux décret Crémieux) et ensuite de la question palestinienne qui est décidément le problème géopolitique majeur de notre époque. (Voir l’article d’Elias Sanbar : « Al-Nakba, quelques clés de lecture d’une  « catastrophe » (p.375)
Il faut également lire l'analyse de Philip Ackerman-Lieberman (p.683 et s.) qui montre que les deux religions se ressemblent beaucoup en ce qu'elles mettent la loi en avant et il y a dans la méthode une ressemblance presque parfaite.Il y a la Chari'a dans l'islam et la Halaka dans le judaïsme  et cela est fort proche comme méthode. La loi juive et la loi islamique ont été transformées par leur rencontre avec la modernité , "ce qui a entraîné dans les deux cas des réactions tantôt progressistes tantôt traditionnelles et conservatrices."

Je livre  ici une analyse à grand trait mais il y a une foule d’informations et d’analyses dans ce livre qui en fait une somme, un instrument d’études pour tous. Il est possible et même conseillé de ne le lire que comme une sorte de dictionnaire en allant ça et là consulter des articles sur telle ou telle question.

vendredi 20 décembre 2013

Dostoievski

J’ai suivi avec intérêt le feuilleton d'ARTE consacré à Fiodor Dostoïevski, cet écrivain que je connais depuis si longtemps. C’est, en effet en classe de philosophie au Lycée Bugeaud a Alger que j’ai fait un exposé sur « Souvenirs de la Maison des morts ». Pourquoi ? Tout simplement parce que mon père venait de recevoir la collection des œuvres de Dostoïevski dans la collection « rencontre » et que j’ai eu la facilité de m’inspirer, sans doute d’un peu trop prés, de la préface de ce livre.
Ceci étant j’ai toujours continué à lire cet écrivain et j’ai parlé de Crime et Châtiments dans mon livre  « Justice et Littérature »
Le feuilleton d’Arte consacré principalement a la vie privée de Dostoïevski ses femmes, ses dettes et sa passion du jeu évoque ici et là les œuvres de l’écrivain et l’acteur qui joue le rôle de l’auteur est remarquable de ressemblance avec ce que l’on sait de Dostoïevski.
Du coup je me suis mis à relire les conférences, absolument remarquables, d’André Gide sur Dostoïevski qui , elles , analysent davantage l’œuvre.

vendredi 6 décembre 2013

Au revoir là haut.

Au revoir là haut, au-delà ce roman qui vient d’obtenir le prix Goncourt est une belle histoire, triste souvent, et dans laquelle on trouve une grande diversité de types de personnages, mais l’essentiel est, selon moi, la belle histoire d’amitié entre deux jeunes combattants de la grande guerre Albert Maillard et  Edouard Petricourt. Albert doit la vie  a Edouard qui, en le sauvant d’une mort affreuse va lui-même devenir une de ses gueules cassées comme la Grande guerre en a tant fabriqué. Il n’a presque plus de visage et en cela je n’ai pas pu m’empêcher de penser a un autre roman que j’avais beaucoup aimé : « La chambre des officiers » de Marc Dugain.
L’amitié de ces deux hommes, complètement perdus au retour de la guerre après ce qu’ils ont vécu est émouvante.
Mais il y a aussi dans ce roman une intrigue complexe mettant en scènes ceux qui, après la fin de la guerre, ont fait de l’argent avec  le souvenir, les commémorations les monuments aux morts. Les caractères, les ambitions, les saloperies sont remarquablement racontés et l’escroquerie à laquelle se livre les deux amis est époustouflante. C’est donc un beau roman sur la guerre, sur ses suites sur la façon dont ceux qui en réchappent voient désormais la vie. On peut entre l'auteur le lire