lundi 30 août 2021

Maurice Genevoix: Trente mille jours

 J'ai retrouvé dans ma bibliothèque ce recit de Maurice Genevoix : "Trente mille jours" sorte de mémoires de cet écrivain , écrits à plus de quatre vingt ans et qui, au soir de sa vie, se souvient. On sait qu'il a vécu et beaucoup aimé les bords de Loire, qu'il raconte comme aucun autre cette campagne qu'il connaît si intimement depuis son enfance et c'est de cette enfance qu'il nous parle. En réalité et comme ille dit il ne suit pas un plan mais bien plutôt la survenue de ses souvenirs, les uns appelant les autres, passant d'une partie de sa vie à une autre, évoquant tous ceux qu'il a connu et beaucoup de morts parmi eux. La mort est présente, chez lui, depuis toujours, depuis plus précisément la mort de sa mère alors qu'il n'avait que douze ans et qui le hante encore.

Bien sûr il revient sur ses années d'apprentissage depuis l'Asile de sa toute jeune enfance jusqu'à l'école Normale Sup où il se fit tant de camarades et où il eu le bonheur de rencontrer des personnalités hors du commun comme Lucien Herr et     . Bien sûr il revient avec un émotion toujours vivante sur ses années de guerre et celui qui écrivit "Ceux de 14" nous replonge dans cet enfer qu'il connut si jeune et qui le marqua à vie.

Tout cela dans un style magnifique, précis  et si émouvant.

Il raconte comment au lendemain de la guerre une carrière à l'Ecole Normale lui était ouverte qu'il a refusé et comment, quelques temps après, à cause de l'épidémie de grippe espagnole il a quitté Paris pour son pays de Loire.

Il a été qualifié successivement d 'écrivains de guerre puis d'écrivains régionaliste alors qu'il est, à coup sûr, un écrivain universel qui sait toucher le coeur de ses lecteurs. On aimerait citer des pages et des pages de ses souvenirs, sur les animaux depuis le chat Rrour jusqu'au petit écureuil de la fin du livre, les pages sur les morts nombreux de la guerre et d' ailleurs, sur ses goûts en matière de peinture, ses pages très drôles sur les conférences qu'il a été amené a donner un peu partout dans le monde.

Il a connu les honneurs et récemment le Président Macron ,au cours d'une cérémonie que l'on peut voir

ici l'a fait entrer avec les soldats de la guerre de 14 au Panthéon.

Je voudrai terminer en lisant dans cette vidéo les dernières pages de ce beau livre. J'ai choisi les dernières mais il y en a beaucoup que j'aurai voulu lire à haute voix





vendredi 6 août 2021

Plaidoyer pour l'interdiction des partis religieux en Tunisie.

 Publié dans Kapitalis

 Analyse pour une interdiction des partis religieux.

 

 

J’écris ce texte après avoir lu de très nombreux articles de juristes constitutionnalistes et hier l'article de Monsieur Mezri Haddad dans Kapitalis. Une très grande majorité pour ne pas dire l’unanimité dresse un constat accablant des règles constitutionnelles et électorales qui gouvernent la Tunisie et qui ont été voulu, ne l’oublions pas ,par les islamistes.

Ces règles  dans leur principe ont été élaborées et certains les justifient encore par le fait qu’elles empêcheraient tout retour à la dictature.

Alors certes aucune dictature n’est possible car il n’y a en réalité aucun pouvoir : 

le Président à Carthage n’a aucune réel pouvoir, l’Assemblée divisée et composée d’une multitude de partis qui ne représentent rien n’a pas ,non plus, le pouvoir et le Premier Ministre est, malgré tout sous la coupe  de quelques partis qui font des alliances contre nature et qui ont le pouvoir de nuisance et celui de le démettre.

Autant dire que le pays n’est absolument pas dirigé, qu’aucun réel programme n’est en place et cela se constate jour après jour depuis dix ans avec une régression dans tous les domaines telle que le pays n’en a jamais connu !

Beaucoup des constitutionnalistes que je lis font ce constat et estiment que la Constitution et les règles électorales doivent impérativement être changées.

Pourquoi malgré cette belle unanimité de l’analyse cela ne se fait pas ? Et bien tout simplement parce que les islamistes d’abord mais aussi quelques partis opportunistes et sans patriotisme, savent qu’avec un changement des règles ils sont à peu près sûr de perdre leurs postes et leur maigre pouvoir de nuisance.

Mais il y a autre chose ! Et cela je ne le lis jamais. 

Il faudrait aussi interdire les partis qui utilisent la religion. Et je vais dire pourquoi car , selon moi il existe des raisons fondamentales de le faire.

La première des raisons est que les partis islamistes qui instrumentalisent la religion ont, partout où ils ont eu le pouvoir, conduit  leurs pays au désastre et au déclin. Ils ont fait régresser des pays qui étaient sur la voie du progrès et les ont fait faire un bond en arrière évident.

Ceux qui ont eu une apparente réussite ne l’ont eu qu’au prix d’une dictature et parce que ils avaient des richesses sur leur territoire. Examinez le cas de l’Iran et celui de la Turquie et demandez vous si c’est une réussite en terme de démocratie et de liberté ! 

Quant aux autres, ceux qui soutiennent, hors de chez eux, une démocratie islamiste ce sont des dictatures plus ou moins familiale et dans lesquelles il n’existe aucune liberté!

La seconde raison plus juridique celle-là est que les partis islamistes qui accaparent le religieux ont nécessairement une vocation totalitaire et dictatoriale dans la mesure où ils prétendent parler au nom de Dieu, usurpant de manière d’ailleurs blasphématoire le nom et la parole de Dieu.

Quand vous parlez selon la « parole de Dieu » en tous cas celle qu’apparemment vous adoptez, pensez vous qu’il y a une place pour une autre pensée, pour d’autres règles ?

Avez-vous déjà entendu une religion dire : « voilà ce que veut Dieu » mais faisons autre chose plus conforme à notre intérêt ?

Toutes les religions et pas seulement l’Islam ont une vocation totalitaire et veulent de manière univoque le respect de ce qu’elles croient ou présentent comme étant la volonté divine. Le Catholicisme a été totalitaire :il a été à la base de la monarchie  absolue. 

Une religion cesse d’être totalitaire non pas dans sa vocation mais dans la pratique quand dans un pays elle est minoritaire où que la volonté populaire l’a mise en dehors du jeu politique , en dehors du pouvoir.

L’histoire nous démontre cela avec éclat.

 

Troisièmement, en dehors de cette dérive totalitaire inévitable, puisque parlant soi-disant au nom de Dieu, ils ne peuvent se tromper et ne peuvent admettre une opposition, ces partis dans les pays à grande majorité musulmane ne peuvent qu’aboutir à une division inacceptable entre « les bons  musulmans » ceux qui adhérent à leur parti et « les mauvais musulmans » ceux qui les combattent .

Et puis je demande aux musulmans de réfléchir au fait qu'il y a, de toute évidence, de nombreuses obédiences de l'Islam. Quel rapport entre des soufis et des fondamentalistes? Alors qu'est un parti qui se fonde sur l'Islam? Quel Islam? Cette simple réflexion montre qu'il y a grand danger de divisions et la division est dangereuse pour tout peuple et une Constitution doit tenter d'éviter tout ce qui peut être source de division et de paralysie.

 

Alors ce qui s’est passé en Tunisie a été un contre sens par rapport a cette situation, pourtant, selon moi, évidente. 

M Yad Ben Achour qui est , je n’en disconviens pas, un grand universitaire a tenté, en allant chercher dans le Coran, ce qui pouvait lui permettre de dire que l’Islam était compatible avec la démocratie. Je dois dire que sa démonstration est assez laborieuse et qu’elle est contredite par des milliers d’année d’histoire.

Par ailleurs savoir si l’Islam est compatible avec la démocratie ne résout pas le vrai problème qui est celui  de l’existence même de partis politiques basés sur l’Islam. Même si l’Islam est compatible avec la démocratie, cela veut seulement dire qu’un pays ,dans lequel la majorité des citoyens sont musulmans, peut avoir un pouvoir politique démocratique mais cela ne veut en aucun cas dire qu’il faille accepter qu’un parti instrumentalise la religion car dans ce cas outre que ce parti divisera les citoyens musulmans entre les bons et les mauvais, il aura lui, une vocation totalitaire même si il veut la camoufler et la réalité dans tous les exemples de l’histoire l’a démontré.

Je pense donc que le Professeur Ya d Ben Achour a commis une très grave erreur en favorisant la Constitution actuelle de la Tunisie. 

Certains de ceux qui, avec lui, voulaient cette Constitution avaient peut être un agenda et des projets cachés. Je n’en sais rien mais ,une chose est certaine, ils ont nui et gravement par leur idéologie a ce pays en le faisant régresser , le mettant en danger et en le traitant avec un certain mépris puisqu’ils lui donnaient une règle qu’ils se gardaient bien d’appliquer chez eux  !

Je pense donc fortement qu’il appartient aux règles constitutionnelles de faire en sorte d’empêcher une telle dérive totalitaire et elle n’est possible qu’en interdisant les partis religieux car ils créent  de manière inévitable et très grave une division de la société , une « fitna » qui ne peut que nuire au fonctionnement des pays.

Et ce d’autant qu’ils utilisent abusivement les mosquées et les imams pour leur propagande mettant tous les autres partis dans une position d’inégalité contraire aux règles d’une réelle démocratie.

Depuis la survenue de ce véritable cancer qu’est l’islamisme politique la politique est devenue inefficace  et donc a été atteinte dans son essence même car elle a conduit les citoyens à douter d’elle mais, d'un autre côté, la religion aussi a perdu du terrain car beaucoup se sont demandé à quoi croire quand ils voyaient les dérives commises par les prétendus « religieux ». On ne compte pas les jeunes et moins jeunes qui, désormais ont relégué la religion au rayon des idées nuisibles. Paradoxalement ces partis qui prétendent défendre la religion (ce qui en réalité est une immense hypocrisie) lui nuisent infiniment.

De toute manière dans l’histoire de toutes les religions elles ont montré que lorsqu’ elles étaient au pouvoir elles étaient dictatoriales.

Je pense donc qu’il existent des raisons objectives et majeures d’interdire ces partis et c’est une question dont les Constitutionalistes devraient s’emparer. Un    article récent semble donner raison à mon analyse.

Après la parution de ce texte sur les réseaux sociaux et dans Kapitalis, le Professeur Yad Ben Achour a répondu pour contester fermement ce que j’avais écrit . Il déclare en substance qu’il a mis en garde et adressé de nombreuses critiques à la Constitution sans être entendu, notamment par les islamistes. Dont acte.

Cependant  cette situation a évoqué ,pour moi, la situation du Pape Pie XII au moment du nazisme et ce qu’en dit Albert Camus. Il écrit en substance :  « Moi, l’incroyant j’attendais qu’une grande voix s’élevât à Rome pour condamner clairement et fermement le nazisme. On me dit que la condamnation fut portée mais qu’elle le fut dans la langue des encycliques ! La condamnation aurait été portée mais n’a pas été entendu. Qui ne voit que c’est bien là le problème. »

Par ailleurs le Professeur Yad Ben Achour nous dit que la condamnation des partis religieux ne peut être une condamnation générale mais qu’elle devrait intervenir au cas par cas !

Dans ce cas on aimerait bien connaître les critères d’un tel tri ! Encore le vrai et le faux Islam, le bon et le mauvais ! Mais qui est habilité à le dire ? Et qui ne voit que cela entrainera encore et encore des difficultés immense et des dérives inévitables ?